EN RESISTANCE !
La Maserati Quattroporte
était pendant longtemps habillée chic à l'italienne, mais
dotée d'une âme de sportive au caractère bien trempé.
Pas exempte de paradoxes, elle présentait cependant une alternative très
originale et un peu esseulée sur un marché très consensuel
dans la catégorie. Mais la concurrence a réagi avec une foultitude
de " coupés 4 portes " (initié par Mercedes-Benz et son
CLS), et l'arrivée prochaine de nouveautés marquantes chez ses concurrents
directs, impose à Maserati de se pencher à nouveau sur sa noble
berline...
Texte : Gabriel LESSARD
Photos : D.R.
Maserati ne cesse de peaufiner sa Quattroporte.
Avec déjà plus de 15 000 exemplaires produits depuis 2003, elle
s'érige déjà en succès pour les habitudes de Maserati.
De très ombrageuse et caractérielle dans les précédentes
générations, le constructeur frappé du trident a su faire
évoluer significativement sa grande berline vers toujours plus d'homogénéité
et de confort de conduite en usage courant, sans pour autant vendre son âme
au diable. Une démarche osée qui cadre bien avec l'esprit maison
et dont nous nous félicitons. Mais la concurrence n'est pas restée
inactive, surtout depuis le coup de maître (tant esthétique que commercial)
de Mercedes-Benz et son CLS.
Le CLS 55 AMG puis désormais en
version 63 AMG venaient véritablement
marcher sur les plates-bandes de la berline italienne. Et demain, c'est Porsche avec la Panamera et Aston Martin qui vont
venir jouer les trouble-fêtes, sans compter peut être une proposition
également de Lamborghini comme pourrait
le laisser entendre l'étude Estoque vue au salon
de Paris.
MOTEUR
Pas de répit donc à Modène, où il a
fallu mettre les bouchées doubles pour rappeler à tous qui était
le patron ! La Quattroporte profite donc des
dernières nouveautés de la marque en chipant le V8 de 4,7 litres
à la GranTourismo S (qui est également
partagé avec celui de la belle Alfa
8C Competizione). Mais cet emprunt n'est pas allé jusqu'à la
boîte Cambiocorsa (la boîte F1 de Maserati).
Dommage, du coup c'est une transmission automatique ZF à 6 rapports qui
est imposée. On peut se demander pourquoi la nouvelle technique de la transmission
à double embrayage de la Ferrari California n'a pas été envisagée pour la Maserati ? Peu importe finalement
car à posteriori, qui voudrait jouer l'as des freinages et des trajectoires
tendues sur un circuit avec une berline de près de deux tonnes ? La concurrence
actuelle fait également confiance en majorité à des boîtes
auto ou robotisée. La part des ventes de boîtes automatique dans
la gamme Quattroporte est très forte (90%), notamment en Amérique
du Nord, justifiant un tel choix. Et puis le conducteur peut toujours compter
sur la brillante mécanique qui dispose tout de même de 430 ch à
7 000 tr/mn (seul le V8 AMG de 6,2 litres se permet des rotations presque aussi hautes) et surtout d'un couple
appréciable de 50,1 mkg à 4 750 tr/mn dont la plupart est disponible
dès 3 000 tr/mn. Souplesse à bas régime garantie (cela répond
d'ailleurs aux critiques des clients sur du V8 de 4,2 litres), et reprises canons
avec le kick-down en prime ! D'ailleurs, malgré la transmission automatique,
la Quattroporte S s'offre un beau 280 km/
en vitesse maxi (faisant ainsi un pied de nez à la triple entente allemande
sur les 250 km/h auto-limlité) et un 0 à 100 km/h en 5"4. Voilà
de quoi moucher largement la première GTI venue
SUR LA ROUTE
Au
départ, on trouvait le crayon magique de Pininfarina (très rare
chez Maserati) qui avait tracé les lignes d'une berline originale, mariant
le sport et le luxe à merveille. Signe des temps, le (léger !) restylage
de la robe de cette diva italienne adoptent les derniers tics à la mode
: feux à diodes et boucliers plus enveloppants. Les plus perspicaces noteront
la nouvelle calandre inspirée de la GranTurismo avec ses lamelles chromées verticales et non plus horizontales. Des détails nous direz-vous
mais qui inscrivent la Maserati dans l'ère du temps et lui permettront
certainement de continuer à faire bonne figure face à la (jeune)
concurrence. L'habitacle est légèrement revu avec notamment un meilleur
agencement de la console centrale pour une ergonomie plus efficace, et l'apparition,
comme chez le cousin Ferrari, d'une télématique
plus actuelle (GPS grands formats couleur, disque dur de 30 GB
). La Quattroporte
est en décalage sur le marché car finalement elle adopte une tarification
et une vivacité propre au segment des CLS ou BMW Série 5, mais offre une habitabilité digne des voitures de la taille
au-dessus (S63 AMG, S8 et 760iL). L'adoption de la boîte automatique dégrade
la répartition des masses qui passe de 49/51 avec la Cambiocorsa à
47/53 avec la ZF. La raison est simple, la Cambiocorsa était accolée
au pont arrière, tandis que la ZF est accolée au moteur
à
l'avant. Sur la route, la Maserati est toujours aussi dynamique, en phase avec
ses deux tonnes, mais bien plus alerte que la concurrence teutonne. Seule ombre
au tableau, un amortissement très ferme qui impose des trépidations
sur chaussées dégradées, la suspension pilotée Skyhook
n'y changeant rien.
:: CONCLUSION
Comme le bon vin, plus les millésimes passent, plus la Quattroporte nous
rappelle qu'elle est un grand cru. Alors que la concurrence tente les coupés
4 portes pour affirmer plus de sport marketing, la Maserati préfère
ne pas y couper et être une vraie belle berline sportive. Plaisir de conduite
sans édulcorant et V8 orchestrant la symphonie musicale appellent à
l'essentiel de la passion et du plaisir des sens. Point besoin ici du dernier
gadget à la mode, la Maserati se distingue par une vocation finalement
devenue rare : le grand tourisme au sens noble du terme qu'il est possible de
pratiquer en famille. Sacré réussite et une auto qui mérite
d'être envisagée pour les acheteurs de grosses berlines à
caractère sportif...
CE QU'EN PENSENT NOS
CONFRERES :
"La Quattroporte S risque de bousculer quelques concurrentes
cachées derrière leurs grosses cylindrées. Oubliez donc la
surenchère technologique, la Maserati demeure authentique. Son truc à
elle, c'est le plaisir de conduite. Certainement la limousine la plus " coupé
" de toutes."
Sport Auto - Septembre 2008 - Maserati Quattroporte
S - Vincent Frappeau.
"Le restylage n'a
globalement pas affecté la personnalité de la Quattroporte, qui
demeure une voiture à part. Elle propose l'habitabilité d'une grande
berline allemande, mais s'avère beaucoup plus dynamique par son comportement
et par la façon dont elle communique avec son conducteur."
Le
Moniteur Automobile - Septembre 2008 - Maserati Quattroporte S - Bert Troubleyn. |