NISSAN 350Z 300ch (2005 - 2007)
LES SENS DU PLAISIR
Depuis la fin de l'année 2003, Nissan avait revisité son glorieux passé en ressuscitant le coupé Z ! Doté d'une ligne pure et musclée à la fois, le coeur de ce coupé nippon battait au rythme et son d'un V6 3,5 litres sonore et coupleux à souhait. Depuis, Nissan n'a cessé de lui apporté de nombreuses améliorations et plus récemment encore un moteur de 313 ch dont le constructeur japonais nous annonce des modifications internes en nombre. Mais avant de pouvoir mesurer ces évolutions, nous nous sommes attardés sur la dernière évolution mécanique de la "saga Z" moderne, avec le V6 de 300 ch...
Texte & photos : Gabriel LESSARD
On ne pourra pas reprocher à Nissan de rester passif, surtout avec sa gamme "Z". Après s'être progressivement éloigné du concept des Nissan/Datsun 240 Z des débuts, en offrant des autos, certes sportives et de qualités, mais souhaitant flirter avec les GT européennes établies (Porsche, Maserati, Jaguar...) avec ses 300 ZX notamment, Nissan est revenu fin 2003 dans le même segment et concept que feue les 240 Z. La Nissan 350 Z fit mouche auprès du public. Notamment auprès du marché américain qui ne resta pas insensible à sa ligne, à la fois pure et athlétique, et qui ne se lassa pas de la mélodie enchanteresse de son V6 de 3,5 litres de 280 ch. Stricte deux places, la Nissan 350 Z pu avoir en renfort une version roadster de toute beauté en 2005, puis au début de l'année 2006, le constructeur japonais opéra quelques retouches esthétiques et mécaniques sur sa gamme Z avec notamment un moteur revisité à 300 ch et un caractère modifié pour tenir compte des critiques des clients.
PRESENTATION
Si la Nissan 350 Z a connu quelques modifications de détails, notamment sur sa face avant, les designers de la firme japonaise n'ont heureusement pas modifié l'allure de ce coupé aux traits ravageurs. Ce n'est pas compliqué, malgré déjà quelques années à son compteur, le Nissan 350Z fait toujours tourner les têtes ! Avec son design très lisse agrémenté de fins plis de carrosserie qui permettent à la lumière de faire jouer formes et volumes, le "coupé Z" assure le son et l'image. Notre modèle d'essai était doté des jantes alu de 18 pouces allégées, permettant ainsi de diminuer le poids non suspendu, mais aussi d'améliorer le refroidissement des freins. Une bonne occasion aussi pour les amateurs d'admirer les étriers de freins Brembo à l'avant. Tout est viril dans ce design, mais sans aucun artifice de style de mauvais goût. Lorsque Nissan lui colle un becquet, ce dernier reste discret tel une lèvre effleurant la malle de coffre. Les feux avant et arrière sont étirés et altiers, tandis que les larges aérations devant et les deux sorties d'échappement rappellent la vocation sportive de la Nissan. Pour un peu, avec un regard un peu vague, on prendrait les clignotants avant pour des crocs.
HABITACLE
Véritable voiture d'esthète, elle réserve en revanche le plaisir du voyage à deux personnes seulement. Deux places donc, mais avec une habitabilité correcte. La position de conduite est excellente avec en prime un réglage de volant qui est solidaire du combiné d'instruments. Une astuce que la Porsche 928 avait déjà inauguré dès 1978, et qui présente l'immense mérite d'avoir une amplitude de réglage en hauteur du volant sans pour autant masquer les instruments de bord. Dommage en revanche que le volant ne soit pas réglable en profondeur. L'ergonomie générale ne souffre pas la critique et tout le nécessaire est là. Les commandes sont intuitives, et il n'est pas nécessaire de lire le mode d'emploi pour faire marcher un accessoire.
Assis bas, le bras posé sur la console centrale, la position est typique d'une vraie GT. En revanche, la chaleur dans l'habitacle dès que l'on roule devient vite importante, et le tunnel central est relativement chaud. La climatisation est donc vite indispensable en mode "froid". Un intérieur plaisant, une bonne position de conduite, des détails amusants... Le sans faute alors ? Tout de même pas, car les plastiques et l'assemblage ne sont pas dignes d'une auto de ce niveau et étonnent surtout comparé aux finitions des Nissan 300 ZX ou même des Nissan 200 SX finis plus "à la japonaise" des années 90. Autre bémol, l'absence de boîte à gant, même si quelques rangements sont présents, notamment derrière les sièges, est un peu frustrant et peu pratique.
MOTEUR
Dès les premières vocalises on reste rassuré ! Le son moteur envoûtant du V6 3,5 litres du coupé 350Z est toujours très présent. Surtout à bas régimes lors des relances où ils offre un récital de tonalités caverneuses. Frissons garantis ! Enfin une sportive qui a de la voix, sans pour autant être obligé de risquer son permis. Pour le reste, Nissan a confié le soin à sa branche sportive Nismo (Nissan Motorsport) de faire évoluer le V6 vers plus de sportivité. Il était reproché à la première mouture d'être presque trop pleine à bas régime et puis assez pale dans les tours. Alors pour faire gagner des tours/minutes à cette mécanique, Nismo a modifié tout ce qui favorise et tient les contraintes des hauts rendements : Pistons renforcés, temps de levée des arbres à cames plus aiguisé, ainsi qu'une admission revue et une modification du programme d'injection.
Alors si on peut être certes un peu déçu des "seulement" 20 ch de gagnés, c'est surtout le caractère plus enjoué de cette mécanique qui profite de ces modifications. Si le V6 rechigne moins à monter dans les tours que sur les premières moutures, il ne faut pas non plus s'attendre à une vivacité d'un VTEC non plus. Passé les 5000 tr/mn, le V6 perd de sa voix pour grogner et manifester un mécontentement, bien que le chrono continue à s'affoler. Les 300 ch répondent ainsi présents à 6400 tr/mn, tandis que le couple est toujours largement présent et en force avec 353 Nm à 4800 tr/mn. Pas si mal pour un atmo ! Et ce couple n'a rien d'un simple chiffre posé sur le papier, car à l'usage, on peut même se dispenser plusieurs fois de descendre un rapport. La seule méthode est d'écraser l'accélérateur et le couple fait le reste !
D'ailleurs, si les verrouillages de la boîte 6 rapports sont agréables, l'ensemble est dur à manier, avec une pédale d'embrayage offrant une belle résistance. Quelques séances dans les bouchons parisiens nous ont rappelé quelques souvenirs avec des sportives plus anciennes. Côté chrono, la Nissan 350Z et son moteur de 300 ch ont oublié de folâtrer avec moins de 6 secondes pour le 0 à 100 km/h et près de 26 secondes pour le kilomètre départ arrêté. Vu le poids de l'ensemble qui frise les 1,5 tonnes, ces performances sont à souligner.
SUR LA ROUTE
Nous ne reviendrons pas en détail sur le châssis de la Nissan 350Z qui a déjà été décrit dans nos précédents dossiers (Cf. encadré "Avant, déjà au top !" plus bas). Ce qu'il faut retenir dans les bonnes nouvelles c'est que la Nissan 350Z est dotée de série d'un autobloquant (pas si courant hélas sur les sportives modernes cédant trop souvent aux sirènes de l'électronique castrateur), d'une direction précise et directe, de jantes bien chaussées en 245/45 R18 (excusez du peu !) et de freins Brembo largement suffisants en usage quotidien et sur route ouverte. Bon, certes, un ESP est de la partie et même s'il est possible de le déconnecter partiellement, il n'hésitera pas à vous donner un coup de main le cas échéant. L'amortissement est du genre ferme, ce qui n'est pas pour nous déplaire, bien au contraire, mais il peut lasser les moins intégristes. Sur route ou en ville, le coupé Nissan 350Z apparaît presque rustique dans sa conduite. "Rustique", un terme que d'aucun jugerait comme une critique mais qui est surtout un plébiscite de notre part. Enfin une GT pas avare en feeling et sensations ! Avec le coupé Z, c'est une belle histoire à chaque démarrage. Certes, le poids se fait sentir, mais entre le couple moteur qui efface tout ralentissement, les freins qui se chargent d'arrêter ce coupé charmeur, et les commandes un peu dures, la position de conduite typée GT, il n'en faut pas plus pour que le cocktail soit très séduisant. Lorsqu'on bouscule ce coupé sportif en haussant le rythme, il se montre toujours prévenant, même si le poids se fait sentir. Malgré des ensembles ressorts-amortisseurs plutôt fermes, le roulis est assez marqué et on apprécie d'autant plus la pose de série de l'autobloquant.
Notre essai se poursuit sur le circuit de Lurcy-Levis qui nous permettra de mieux pousser dans ses retranchements (et en toute sécurité) ce coupé qui ne demande qu'à jouer. L'auto est chaude et le pilote aussi ! Il est désormais temps de hausser le rythme et surtout de débrancher (en veille cependant) les garde-fous électroniques que sont l'ESP et l'ASR. Quoique très équilibrée et même précise, la Nissan 350Z montre ses faiblesses dans les enchaînements lents. Une enfilade de virage ponctués par une épingle serrée oblige le pilote à avoir un talent certain pour passer le plus vite possible. Heureusement que le couple moteur aide à en sortir assez rapidement. Courbe à droite, et on jette le coupé Z pour tester sa capacité à être contrôlé en dérive. Il se prête à l'exercice avec une grâce et une douceur dans ses réactions qui mérite d'être souligné, d'autant que le différentiel autobloquant permet d'entretenir proprement la dérive.
La ligne droite laisse exprimer les 300 ch du V6 qui permet d'arriver à près de 180 km/h tout de même au bout de la ligne droite juste avant le freinage. Là le coupé Z s'engage dans la parabolique qui se referme progressivement. Il convient de "casser" la courbe en 3 morceaux pour pouvoir d'une part passer le plus vite possible, mais aussi économiser ses pneus au mieux. Lorsque le coupé Z mord à la corde à env. 140 Km/h, il faut alors débraquer légèrement pour le laisser partir doucement en sousvirage. Puis relâcher avec doigté les gaz pour délester l'arrière et qu'elle pivote gentiment sur son train avant qui est du coup "chargé". Dans ce passage, assez technique, le coupé Z montre toute son efficacité et son équilibre. Pas un mouvement de caisse parasite, pas une réaction rétive, tout est téléphoné et on semble pouvoir faire ce que l'on veut de ce coupé. Malgré un poids conséquent pour un usage circuit. Alors évidemment, en haussant le rythme, les freins crient vite leur désespoir, et après 5 tours menés tambours battant, mais pas au niveau d'un pilote professionnel cependant, le coupé japonais a perdu totalement son efficacité de freinage et il faut rentrer au stand pour laisser refroidir tout ça... Au volant, pas de sensation de bagarre ou de lutte, juste du placement, de la précision et de l'équilibre.
CARACTERISTIQUES TECHNIQUES
NISSAN 350Z 300ch
MOTEURType : 6 cylindres en V à 60°, 24 soupapes, 2 x 2 arbres à cames en tête
Position : longitudinal AV
Alimentation : Gestion électronique intégrale
Cylindrée (cm3) : 3 498
Alésage x course (mm) : 95,5 x 81,4
Puissance maxi (ch DIN à tr/mn) : 300 à 6400
Couple maxi (Nm à tr/mn) : 353 à 4800
TRANSMISSION
AR + ASR + ESP (semi-déconnectable)+ autobloquant Torsen
Boîte de vitesses (rapports) : manuelle (6)
ROUES
Freins Av-Ar : disques ventilés (Ø 324 mm) - disques ventilés (Ø 322 mm) + ABS
Pneus Av-Ar : 245/45 R 18
POIDS
Données constructeur (kg) : 1430
Rapport poids/puissance (kg/ch) : 4,76
PERFORMANCES
Vitesse maxi en km/h: 250
400 m DA : 26,2
1 000 m DA : 14,7
0 à 100 km/h : 5"8
CONSOMMATION
Moyenne de l'essai (L/100 Km) : 11,7
PRIX NEUF (05/2007) : 36.400 €
22 CV FISCAUX
CONCLUSION
:-) Moteur toujours aussi sonore ! Performances générales Ligne sublime Position de conduite Equilibre générale de l'auto Facile à conduire vite Distille des sensations, même à basse vitesse Freinage sur route ouverte suffisant Prix d'achat Autobloquant de série Equipement de série Conduite "virile" pour les sensations... |
:-( ...Conduite "virile" au quotidien qui peut lasser dans les trajets urbains Poids Endurance des freins sur circuit Finition intérieur à parfaire (plastiques bon marchés) Moteur qui rechigne à prendre des tours... plus coupleux que puissant à l'usage |
Des sensations non édulcorées, voilà ce que propose la Nissan 350Z au quotidien, et parmi toutes ces sportives largement aseptisées, il est appréciable d'avoir encore des autos de caractère sur le marché. Alors lorsqu'en plus elles combinent, comme le coupé Z, une ligne, une empreinte sonore (quel son ce V6 !), et un comportement routier qui reste joueur et accessible au plus grand nombre, on lui pardonnera volontiers ses quelques détails de finition et ses manques de rangements. Après tout, le plaisir automobile se déguste aussi en égoïste ou à deux, alors au diable les aspects pratiques ou de confort (suspensions exigeantes ?), et vive la passion à chaque coup de clé...