PATTES DE VELOURS...
Adieu 406, bonjour 407. Etant donné que chez Peugeot on
a décidé de tout faire soi-même en matière
de Design, le brillant dessin de Pininfarina qui aura compté
pour beaucoup dans le succès du coupé 406 a finalement
été classé affaire sans suite. Le nouveau porte-drapeau
de Sochaux a-t-il néanmoins les moyens de rivaliser sur un
créneau où luxe rime avec performances ?...
Texte :
Sébastien DUPUIS
Photos : D.R.
Incontestablement, la Peugeot 406
coupé fût une véritable réussite
commerciale, ayant largement dépassé les espérances
du constructeur pour atteindre 109 000 exemplaires produits durant
9 années de carrière. Le coupé 407 ne sort plus des
chaînes d'assemblage du carrossier italien Pininfarina, mais de
l'usine PSA de Rennes-la-Janais. Car les prévisions de vente
sont encore plus ambitieuses, grâce à des capacités
de productions presque doublées. Toutefois, face aux ténors
du marché tels que la BMW Série
3 coupé, la Mercedes
CLK ou encore les Alfa Romeo GT
et Brera V6, la Peugeot
semble un peu mal armée, notamment au niveau des motorisations,
même si elle disposera dès le départ d'un V6
essence et... d'un V6 HDI.
DESIGN
La longévité de son prédécesseur est
le résultat d'une ligne intemporelle, d'un dessin magnifique
qui aura tout juste été remodelé avant la retraite,
histoire de préparer le terrain pour le successeur.
Un restylage que nous qualifions volontiers de catastrophique tant
il s'avérait aussi inutile que raté. La face avant
de la berline 407, que reprend presque intégralement le coupé
en y ajoutant simplement 3 petites ouïes d'aération de chaque
côté du bouclier, ne fait d'ailleurs pas vraiment l'unanimité
avec son porte-à-faux surdimensionné et sa grille
de calandre étirée au maximum. La partie arrière
est bien plus réussie avec un style assez massif mais élégant,
qui rappelle quelques gros coupés d'outre-Atlantique. Avec
ses 4m82 de long, le coupé 407 flirte d'ailleurs avec la
catégorie supérieure, tels que le BMW
série 6. Pour faire illusion sur ses vraies dimensions,
la Peugeot monte des roues de 18 pouces de diamètre en série
ou même 19 pouces en option sur cette version V6 ! Un artifice
coûteux qui ne masque pas un certain manque de finesse dans le dessin.
Le profil est élancé mais un peu déséquilibré
par le nez proéminent. Quel que soit l'angle de vue, le coupé
407 trahit une inflation conséquente de sa taille et la félinité
délicate du coupé 406 laisse ici place à des
formes plus imposantes, massives et moins "sensuelles".
HABITACLE
3 niveau de finitions et équipements sont proposés
: sport, sport Pack et Griffe. Autant de noms qui semblent aujourd'hui
totalement incongrus à bord d'une voiture qui n'a pas réellement
la fibre sportive ni les griffes très éguisées...
Comme sur toutes les 407, l’architecture du poste de conduite autorise
un parfait alignement entre le pédalier, le volant et le siège du
conducteur. Les nombreux réglages disponibles permettent une installation
optimale, y compris pour des personnes de grande taille. La position
de conduite est abaissée de 20 mm et reculée de 9 mm par rapport
à celle des autres 407. La sacro-sainte qualité perçue
n'est pas un vain mot dans la Peugeot et de gros efforts ont été
accomplis sur les choix de matériaux même si quelques
résidus de plastique dur sont encore présents dans
les endroits les moins visibles. Sur les deux finitions supérieures,
le garnissage cuir des sièges est de série, avec en plus pour la
"Griffe", des extensions sur la planche de bord. Les sièges
avant sont à commandes électriques avec réglage de site et nappes
chauffantes pour l'assise et le dossier. Très agréable,
la position de conduite assure un grand confort et un excellent
maintien. L'accès aux deux places arrière est aisé mais l'espace
y progresse finalement peu compte tenu des nouvelles dimensions
extérieures. Toutes les finitions de la Peugeot 407 coupé
reçoivent un équipement conséquent, comprenant une
climatisation bizone à régulation automatique, 7 airbags, un système
audio de qualité et d'innombrables fonctionnalités
électroniques optionnelles destinées à faciliter
la conduite, comme l'aide au stationnement avant et arrière,
les rétroviseurs à mémoire ou les feux à
Xenon bidirectionnels, qui continuent à se répandre
au sein de la gamme PSA.
MOTEUR
Sous le capot du coupé Peugeot 407, on retrouve, malheureusement
sans surprise, le V6 français, à peine modifié
depuis sa dernière évolution sous le capot du coupé
406 V6. D’une cylindrée de 2 946 cm3, il développe une puissance
maximale de 211 ch à 6 000 tr/mn et un couple maximum de 290 Nm
à 3 750 tr/mn. Les seules maigres évolutions concernent l'adoption
pour les arbres à cames d'admission d'un système de distribution
à calage variable en continu (VVT) variant de 0 à 40 degrés par
rapport au calage du vilebrequin. Cette caractéristique rend essentiellement
le moteur plus souple car la puissance n'évolue pas et se
montre désormais vraiment "juste" pour mouvoir
sereinement les 1612 Kg de ce pachyderme... On note enfin l'emploi
d'une nouvelle ligne d'échappement dotée d'un silencieux bimode
actif comme sur l'Audi TT V6. Ce
système permet dans des conditions normales d'utilisation de ne
laisser filtrer que les douces harmonies du V6 et de n'ouvrir (un
peu) la voix qu'en cas de forte sollicitation. Quelle que soit la
motorisation qui l'anime, le Coupé 407 reçoit une boîte de vitesses
à six rapports, mécanique (ML6/C) ou automatique (Tiptronic Porsche).
Nous aurions aimé une boîte plus précise et ferme,
à l'image d'une série 3, mais Peugeot reste fidèle
à ses vieux principes. Heureusement, l'étagement est bon
et le couple présent à tous les régimes permet de mieux faire oublier
les kilos à traîner. Pour répondre à d'ambitieux objectifs
de confort et de vibrations, une suspension moteur spécifique dite
"en croix" et à biellettes verticales actives a été développée.
Le traitement rigoureux de l'insonorisation complété
par du verre feuilleté sur les vitres latérales en finit d'annihiler
totalement le peu de sensations qu'est capable de procurer le V6
dans un tel environnement. Des impressions confirmées par
le chronomètre puisque les performances sont décevantes
à l'image du 0 à 100 en 8"4, tout comme la consommation
moyenne qui grimpe facilement au-dessus des 16L/100 km en ville.
CHASSIS
Bardé d'électronique, le châssis de la Peugeot
se montre comme attendu bien moins amusant et vivant, comprenez
plus sous-vireur et moins mobile, que celui du coupé 406
mais plus facile et rassurant (c'est la mode). Toutefois, compte
tenu des contraintes imposées, les ingénieurs s'en
sortent avec les honneurs car ils ont réussi à "effacer"
les kilos de ce gros lion. Scotché au bitume sur jantes aluminium
de 18 pouces de diamètre et 8 de large, chaussées par des pneumatiques
de dimension 235/45 YR 1 (ou 235/40 ZR19 en option) le coupé
407 se montre impérial et conforme à son ambition
de GT. La mise au point des systèmes de direction issus de 407 berline/SW
est spécifique afin de proposer un centrage et une précision renforcés.
L'assistance de direction est hydraulique et variable en "continu"
sur le V6. Ce comportement sans faille et réellement plaisant
est également dû à une suspension pilotée électroniquement
(AMVAR) et indépendamment sur chacune des roues selon 9 lois, avec
un changement possible toutes les 2,5 ms. Grâce à un bouton poussoir,
il est toujours possible de passer en position "Sport ",
qui oriente directement vers les l'amortissement le plus ferme.
Le train avant sophistiqué assure la quasi-suppression des
remontées de direction, favorisant également l'inscription en virage,
ainsi qu'une moindre sensibilité au balourd de roue. Par rapport
aux autres 407, la voie avant s'élargit de 19 mm sur le V6 grâce
à un écuanteur de roue plus important. Pour contrôler la prise de
roulis, le diamètre de la barre anti-dévers avant augmente de 0,5
mm (24,5 mm). Comme sur toutes les 407, le train arrière multibras
intègre des combinés ressorts/amortisseurs inclinés et, de chaque
côté, un bras longitudinal découplé du pivot afin de travailler
intégralement en longitudinal et ainsi supprimer des efforts parasites
générateurs de vibrations. La voie arrière du coupé 407 V6 s'élargit
également (+ 45 mm) par l'adoption d'un moyeu plus large
ainsi que par l'utilisation d'écuanteur de roue plus important.
Pour contrôler la prise de roulis, le diamètre de la barre anti-dévers
arrière des versions 3,0 l essence augmente de 0,8 mm (20,6 mm).
La hauteur de caisse est abaissée par un raccourcissement des ressorts
(- 10 mm à l'avant et - 23 mm à l'arrière) dont la tarage est plus
ferme et les butées d'attaque sont plus courtes et plus denses.
Le freinage est assuré par des disques avant ventilés de grand diamètre
(330 mm pour une épaisseur de 30 mm) et des disques arrière de 290
mm pour une épaisseur de 12 mm qui sont rapidement mis à
rude épreuve en usage sportif, ce qui confirme définitivement
que là n'est pas la vocation de l'engin. L'ESP, fourni d'emblée
sur tous les modèles finit par intervenir fréquemment pour
contrer un sous-virage naturel. Il comprend les fonctions principales
ABS, AFU (aide au freinage d'urgence), ASR (antipatinage) et CDS
(contrôle de stabilité). A l'aise sur tous les terrains,
le coupé 407 souffre principalement d'un poids trop élevé
et d'une mécanique pas assez vigoureuse. Malheureusement
sur ce dernier point, nos espoirs semblent vains...
:: CONCLUSION
Comme le confirme notre essai du coupé Peugeot 407 V6, la
polyvalence d’usage, ajoutée à des capacités dynamiques très
élevées, le situe dans l’esprit du Grand Tourisme contemporain,
c'est à dire privilégiant le confort sur la performance.
Faisant pattes de velours, le coupé du Lion se prive donc
naturellement d'une certaine partie de la clientèle qui se
tournera fatalement vers la production allemande... |