OFFICIEUSE
M8...
Lorsque le coupé série 8 (e31)
est présenté en septembre 1989, le haut de gamme Bmw
pourtant équipé d'un gros V12 de 300 ch, va décevoir
les amateurs de sportivité. Ce n'est que 2 ans plus tard que la
850 Csi vient combler un manque, grâce à l'intervention
du département spécialisé : Motorsport...
Texte :
Sébastien DUPUIS
Photos : D.R.
D'une officieuse M8 avortée, découlera une version plus musclée de la série 8, baptisée 850 CSi. Ce sigle utilisé pour la première fois en 1971 sur le coupé 3.0 CSi (E9) évoque à lui seul le grand tourisme façon BMW. Partant de la 850i, coupé sans gros défaut hormis un poids élevé mettant à mal son freinage et ses performances, la 850 Csi ajoute une pointe de sportivité dosée avec la délicatesse qui sied à son rang...
BMW M8 : LE PROTOTYPE
Au début des années 90, McLaren Cars entre en relation avec BMW Motorsport pour la conception et la réalisation d'un moteur de course. Gordon Murray ne sera pas déçu par les sorciers du ///M qui mettent au point un V12 de 5L6 délivrant... 550 ch ! Pour les tests en grandeur nature de ce nouveau moteur, les ingénieurs donneront naissance à un prototype unique de coupé série 8, que beaucoup s'imagineront alors devenir la future M8 de la gamme. BMW Motorsport propose en effet un coupé allégé avec une carrosserie en aluminium, un spoiler avant plus ouvert, des ailes larges avec entrées d'air latérales à l'arrière. Mais finalement, les responsables de BMW renonceront à commercialiser un tel monstre routier...
PRESENTATION
Pourtant fort élégant
et remarquablement bien construit, le coupé série
8 a eu bien du mal à convaincre la clientèle à
ses débuts et il a fallu attendre une plus abordable 840
Ci, version à moteur V8 apparue en 1993, pour que sa diffusion
quitte l'anonymat. Côté look, la 850 CSi se distingue facilement
par son spoiler avant différent, plus bas, et ses jantes, qu'elle
partage avec la M5 3.8. Plus autoroutière de luxe que véritable
coupé de sport telle que l'était la M3 e36, la série
8 possède pour une ligne bien personnelle, dont les gènes
de la M1 se retrouvent partiellement dans sa ligne fluide signée
Klaus Kapitza. Malgré des cotes respectables, la M8 s'impose
toute en finesse et en élégance. Eléments fondamentaux
d'un haut de gamme, le luxe passe aussi par un équipement
technologique important. Il est surprenant de constater que cette
voiture malgré ses plus de 10 ans de bons et loyaux services, comportait
déjà à l’époque presque tous les équipements de sécurité
et de confort dont disposent les berlines d’aujourd’hui. Il
est vrai que vendue 745 000 FF en 1991, la BMW 850 CSi n’était pas
à la portée de toutes les bourses...
MOTEUR
Lorsque Mercedes sort sa monumentale 600 SL au début
des années 90, l'industrie allemande tombe en émoi
devant les performances de ce colosse. Le marché du haut
de gamme se porte bien et la course à l'armement repart de
plus belle. Porsche, à son tour, dope sa 928 et donne naissance
à la GTS. Il n'en fallait pas plus pour que Bmw, éternel
rival des ténors de Stuttgart, remette le spendules à
l'heure. Très critiquée à sa sortie pour son
moteur asmathique, la 850i souffre quelque peu de la concurrence
japonaise, Nissan 300 ZX et Toyota Supra en tête sur les grands
marchés d'Europe et d'Amérique du Nord. Dans le même temps, Mclaren Cars avait commandé à BMW
Motorsport la conception et la réalisation d'un inédit moteur V12
de haute technologie, qu'il était nécessaire de placer dans une
auto pour le tester en grandeur nature. La base retenue fut la 850
CSI. On peut dire aujourd'hui avec certitude qu'elle a contribué
à la réussite technique de la McLaren F1. Le
V12 M70 de la 850i, développant 300 ch pour 5 litres, propose en effet une bonne
marge de progression. Sa nouvelle cylindrée atteint donc 5,6 litres
sur le V12 S70 pour compenser un rendement plutôt moyen (moins de 70 ch/l)
par un couple confortable garant de souplesse, chose primordiale
sur une grande GT, et, surtout, une grande fiabilité. Son
rôle est bien défini, cette 850 devra rester une dévoreuse
de kilomètres d'autoroutes (à vitesse libre notamment...) et non une reine des circuits. Forte
d'un travail en profondeur, la 850 Csi exploite au maximum les 380
ch de son moteur avec la seule boîte manuelle à 6 rapports pour afficher des performances records dans la
catégorie en dépit d'un embonpoint castrateur. Le kilomètre
départ arrêté est ainsi parcouru en 25s8, le 0 à 100 km/h se fait,
lui, en 6s. Pas mal pour un monstre de plus de 1800 Kg !
SUR LA ROUTE
Pour le chassis, on est peu inquiet. D'abord, la 850i est une
référence, ensuite, la 850 CSi va être retravaillée, notamment avec
un train arrière directif AHK (Aktive Hinterachs-Kinematik) inédit et un freinage largement revu. Elle va vite
devenir la référence de la catégorie, pour le plus grand malheur
de la Porsche 928 qui vieillit un peu plus. Prix oblige, on la croisera
moins souvent que la M3. Pourtant, la 850 CSi a été vite plébiscité
par la presse, au point de devenir la nouvelle référence de la catégorie.
Cependant, tout comme la 850i avant elle, la CSi a du mal à se positionner.
Les plus sportifs lui préfèreront une Porsche 911, plus légère,
et les plus calmes iront souvent vers une 600 SL, qui offre l'avantage
de passer en cabriolet les beaux jours venus, grace à son hard-top.
Au volant du coupé 850 Csi on a immédiatement l'impression
de conduire une dream car. Techniquement très évolué,
le 850 CSi possède une palette électronique à
faire pleurer un airbus : Automatic Stability Control + Traction
(ASC+T) avec un différentiel à blocage et un essieu
arrière à géométrie active. Grâce
à ses multiples systèmes d'aide à la conduite,
le coupé série 8 est incroyable à tous points
de vue par ses performances ébouriffantes et sa tenue de
route exceptionnelle. Mais aussi efficace et puissante soit-elle,
cette belle réalisation technique et esthétique souffre
d'un manque de "fun" et de sportivité évident
au sein même de la gamme Bmw, notament face aux berlines M3
et M5.
En 1995, l'option jantes 18" type "M Parallel" apparaît pour la 850 CSi. Des jantes également disponibles sur la M5 e34.
ACHETER UNE BMW 850 CSI
A l'image des autres réalisations de la marque, le coupé
850 CSi est une auto très bien construite, capable d'enquiller
les années et les kilomètres sans perdre de sa superbe.
Ses prix sur le marché de l'occasion sont aujourd'hui au
plus bas car son image est assez moyenne et sa réputation
de fausse sportive le pénalise. De ce fait, on trouve cet objet atypique qu'est la 850 CSi pour des sommes allant de 15.000 à 25.000 euros, selon son état et son kilométrage. Pourtant fiable et très
performant, ce coupé élaboré en partie par
Motorsport mérite vraiment le détour pour qui cherche
une grande GT. Pas très cher à l'achat, il demande
en revanche en retour un entretien méticuleux et... très coûteux.
Parmi les faiblesses constatées, beaucoup sont communes à
la série 8 et non spécifiques au coupé 850
CSi. Ainsi, la pompe à essence est à surveiller tout
comme le servo-frein. Le thermostat et la sonde de radiateur sont
aussi à surveiller, quelques cas de surchauffe dû à
leur défaillance pouvant mettre un terme à la vie
du V12... L'embrayage a également du mal à vivre longtemps
à cause du couple important encaissé. Eviter les voitures
ayant fait trop de ville, ce n'est pas le terrain idéal pour
le coupé Bmw 850 CSi. Vérifiez également le
bon fonctionnement de la climatisation, son remplacement est hors
de prix ! (+ de 2000 euros). L'habitacle
est très résistant, le cuir de belle facture vieillit
parfaitement si on prend soin de le nettoyer régulièrement
avec un lait nourrissant. Enfin, que dire de plus, la
série 8 ne se vendait pas très bien en neuf et c'est pourquoi BMW
décida début 2000 d'arrêter la production de son coupé haut
de gamme. Produite à seulement 1510 exemplaires de 1992 à 1996, la Bmw 850 CSi est une voiture rare.
Mais étonnament en occasion,
même punition, la revente est difficile et la 850 CSi n'échappe
pas à la règle, d'où des prix souvent bradés
en regard des prestation de cette GT. La clientèle BMW lui préfère
sans doute la famille M3-M5 et ses bombes plus sportives et abordables
en entretien. Alors, une affaire la 850 CSi d'occasion ? Oui, assurément,
si vous comptez la garder longtemps et que vous l'achetez en connaissance
de cause, donc en prévoyant un budget d'utilisation/entretien élevé pour que le rêve ne devienne pas un cauchemar !...
::
CONCLUSION
Sans être réellement sportif, le coupé BMW 850 CSi, par son tempérament, son standing, ses prestations,
ses performances et plus globalement le plaisir qu'il dispense,
restera pour toujours une formidable embassadrice d'image pour BMW.
Aujourd'hui c'est une pièce de choix en occasion au sein des fleurons de la marque
et certainement un futur collector. La BMW 850 Csi demeure un achat
coup de coeur pour passionné et amateur averti... |