FORD MONDEO ST200 (1999 - 2000)
AVANT QUE L'OMBRE
Si la Ford Mondeo ST220 a eu ses adeptes et reste aujourd'hui une auto plutôt connue, il en va autrement pour sa devancière ST200 basée sur la première Mondeo. Le monde de l'automobile sportive est rempli de modèles de qualité ainsi oubliés. Des voitures comme la Mondeo ST200, dans la bonne moyenne de leur catégorie mais sans éclat particulier et que nous avons plaisir à redécouvrir pour ne pas les laisser sombrer dans l'oubli...
Texte: Jérôme MATTEUDI - Photos: Sébastien DUPUIS
Mondeo ST250 ECO Concept
Au salon de Genève en 1999, Ford présente avec la ST200 un concept car baptisé Mondeo ST250 ECO Concept et motorisé par un inédit V6 Duratec de 3.0, agrémenté d'un turbo avec échangeur et d'une alimentation "bi-fuel" (essence + GPL). La puissance de 250 ch est modeste mais, en avance sur son époque, la ST250 met l'accent sur la performance "propre" et l'environnement. A noter que cette Mondeo a reçu de la main du designer Ian Callum (célèbre pour son renouveau d'Aston Martin) un petit lifting. La transmission sans embrayage est signée Prodrive tandis que le châssis reçoit des jantes 18" et des freins Brembo que la ST200 pourrait lui envier. Avec son gros aileron et sa grille de calandre, la ST250 couleur Ford Racing Blue prend des airs de BTCC tandis qu'à l'intérieur le raffinement est de mise avec une sellerie cuir et alcantara.
Présentée au salon AAA de Berlin en 1998 aux côtés du concept car Mondeo ST250 ECO Concept, la Ford Mondeo ST200 introduisait la sportivité qui manquait alors cruellement à la familiale germano-américaine, y compris pour la version ST24 réservée au marché anglais, par le biais de son nouveau département Sport Technologies. La version définitive est alors dévoilée un an plus tard, au salon de Genève 1999. Avec son kit carrosserie expressif, son V6 2.5 boosté à plus de 200 ch et son châssis revu et corrigé pour la bonne cause, la Mondeo ST200 avait tous les ingrédients pour faire une carrière brillante dans la catégorie des familiales sportives en Europe. Pourtant, ce n'est pas peu dire que la Mondeo ST200 sera restée dans l'ombre la plus totale, avec à peine 300 exemplaires distribués par Ford France en l'espace de deux millésimes...
PRESENTATION
Cette première Mondeo sportive utilise déjà les atouts qui seront mis en oeuvre sur la ST220. Inspirée du super tourisme, la ST200, à l'instar de sa grande rivale la Honda Accord Type R, présente des teintes vives, des apendices aérodynamiques, de grosses jantes 17", une double sortie d'echappement chromée et une hauteur de caisse bien basse pour une familiale. Si aujourd'hui le style général a plutôt bien passé les années, il est vrai que cette Ford affiche quelques aspects pouvant laisser penser a du tuning un peu bas de gamme, chose qui va la différencier d'ailleurs de la Accord, expliquant peut être en partie qu'aujourd'hui la Ford s'affiche deux fois moins chère que la nippone...
Entre temps, le design des Ford a également considérablement évolué. Fini le biodesign rondouillard, parfaitement incarné par cette première Mondeo, qui de ce fait a pris un bon coup de vieux dans les dents en l'espace de quelques années. Néanmoins, pour qui n'est pas totalement addicté à la mode, la Ford Mondeo ST200 conserve une certaine élégance et une qualité de fabrication plutôt honorable. La note sportive est visible sans tomber dans l'extrême ce qui n'est pas plus mal. Même les jantes 17" ne choquent plus personne étant donné qu'on trouve désormais ce diamètre sur une simple Twingo RS. Sachez enfin que la Mondeo ST200 a existé en plusieurs coloris : bleu Ford Racing, rouge Radiant, gris Stardust et noir Panther. Malheureusement, seuls le bleu et le gris ont été proposés au catalogue français. La ST200, commercialisée chez nous à partir de l'été 1999, n'a de plus été proposée que dans les carosseries 4 portes et break (Clipper), cette dernière représentant d'ailleurs le gros des ventes.
HABITACLE
Même constat à l'intérieur : c'est la chasse aux angles, tout est arrondi, doux au regard mais relativement fade. La finition n'est pas des plus flatteuses (le faux carbone plaqué sur la console et les portes pouvant même donner une impression de tuning de centre-auto...) et certains plastiques durs sont définitivement d'un autre âge pour une voiture de ce standing. En revanche la qualité de l'ensemble est prévue pour résister à l'épreuve du temps et les 171.000 km de notre exemplaire d'un jour en attestent. Les bruits de mobilier sont bien contenus et les superbes baquets Recaro maintiennent à la perfection tout en relevant d'une belle manière cet habitacle assez quelconque.
Comme à l'habitude chez Ford, l'équipement de série est pléthorique et devait représenter à lui seul une belle valeur sur la liste d'option d'un équivalent allemand ! Clim automatique, 4 vitres électriques, centralisation avec télécommande, siège conducteur réglable en hauteur électriquement, intérieur cuir/tissu Recaro, rétros électriques et dégivrants, anti-brouillards avant, réglage des phares en hauteur, réglage du volant en hauteur/profondeur, airbag conducteur/passager/latéraux, lecteur CD avec chargeur 6 disques sont là ! Côté options c'est vite vu : le choix se limitait au parebrise dégivrant !
MOTEUR
Le V6 24v Duratec retravaillé chez Sport Technologies de Ford se distingue nettement de celui qui office sur bien des modèles de la marque. La principale différence avec le bloc 170 ch classique se situe au niveau du haut moteur (profil des arbres à cames, conduits d'admission polis, gestion électronique) ainsi que de la ligne d'echappement. Notons aussi au passage des bielles en titane et des pistons forgés, signe d'un soint tout particulier apporté à ce nouveau moteur. D'où un résultat honorable de 205 ch à 6500 tr/mn et un couple de 230 Nm perché à 5500 tours. Un rendement de bon niveau que l'on peut comparer pour la forme aux 204 ch du 2.5 des Porsche Boxster ou encore aux 192 ch du 2.5 BMW des 325i e36. Ce bloc doit mouvoir une berline longue de 4.56m et surtout évidemment 1375kg, ce qui en faisait une auto lourde alors, mais qui aujourd'hui est a rapprocher par exemple des 1615 kg et 231 ch d'une Jaguar Xtype ou plus simplement des 1405 kg d'une Subaru WRX du début des années 2000.
Le verdict du chrono confirme "des bonnes prédispositions mais sans plus" avec un 0 à 100 effectué en 8s et un 1000m en 28s4. Des chiffres moyens donc, inférieurs a ceux de la Type R, mais qui ne reflètent pas la bonne disponibilité moteur ni le tempérament sportif dont la version 170 ch ne fait pas preuve. En effet, très discret, souple et élastique à bas régime, le V6 Cosworth se réveille pour donner de la voix vers les 5000 tr/mn et grimpe ensuite avec bonne volonté jusqu'à la zone rouge fixée un peu avant les 7000 tr/mn. La sonorité devient alors plus métallique, avec le feulement typique d'un bon 6 cylindres bien élevé. La Mondeo ST220 qui suivra fera autrement mieux avec seulement 20cv de plus, mais bon tout de même nous parlons d'une auto à même de supporter la comparaison avec une Audi A4 3.0 220 ch ou une Skoda Octavia RS 180. D'un point de vue consommation, la Mondeo se place là encore dans la moyenne du segment, tournant habituellement autour des 10 litres/100 km.
SUR LA ROUTE
Une partie de la non reconnaissance de la Mondeo ST200 vient certainement de la mauvaise réputation que Ford trainait en matière de conception châssis. Si le géant américain a réussi à devenir aujourd'hui l'un des leader du genre via sa filiale européenne, cela s'est fait principalement depuis la première génération de Focus. Si les Mondéo de cette génération se sont avérées de bonnes routières, elles n'ont laissé qu'à peu de monde des souvenirs impérissables de chasseuse d'épingles et de pif paf. Le travail effectué par Ford ST fait donc encore une fois regretter l'anonymat qui a frappé la ST200, car à l'époque elle fût naturellement comparée encore une fois à la Honda Accord Type R. Si la ST rendait un peu les armes niveau motorisation, elle reprenait des couleurs sur les routes qui tournent, et plus particulièrement sur les routes pas très lisses où elle lui imposait sa rigueur et ses réactions plus saines.
Bien campée sur des roues de 17 pouces et ses performants 215/45/17W, la Mondeo filtre bien et fait preuve de trains roulants bien étudiés : suspension spécifique avec triangles en alu, ressorts courts et amortisseurs soigneusement tarés. Et si le souvirage reste son tempérament naturel (et pour cause avec 63% du poids sur l'avant) l'auto roule vite et avec rigueur et fait seulement regretter un freinage hérité des versions plus sages qui ne sont déjà pas les meilleures freineuses du monde. Dommage, mais peut être améliorable après coup. Toute familiale sportive qu'elle est, la Mondeo respecte également ses occupant en conservant un confort de bon aloi. Le conducteur et son copilote profiteront a plein des sièges Recaro, tandis que les passagers seront eux aussi bien reçus sur une banquette arrière ferme juste ce qu'il faut. Un compromis délicat donc, entre efficacité et confort, que les amateurs de Renault 21 Turbo ont pu connaitre par exemple avant elle.
ACHETER UNE FORD MONDEO ST200
Avant d'aborder le moment où vous vous dites peut-être déjà "et pourquoi pas finalement ?", il faut faire état de la rareté de l'oiseau sur notre grand territoire mazouté. Environ 5000 exemplaires de la Ford Mondeo ST200 ont été produits au total, dont environ 300 seulement vendus en France et dont encore 50 seulement sont des berlines ! Et oui, la tâche se complique ! Toutefois, sachez que votre patience sera récompensée par un budget d'achat sans rapport avec la faible diffusion de ce modèle. Il en va ainsi pour certaines grandes oubliées. Comptez 5000 euros pour un modèle un peu kilométré, jusqu'à pas loin du double pour un exemplaire de ST200 en état collection (qui sera néanmoins très difficile à vendre ce prix là...). Les ST200 sont dans une phase ou elles commencent à changer de main rapidement. Ce sont souvent des 2ème voir 3ème mains, donc attention aux propriétaires peu précautionneux qui ont voulu se faire plaisir avec un V6 de 200cv abordable sans en assumer le coût d'entretien. Mais la bonne affaire reste possible malgré tout.
Le revers de la médaille, comme pour toutes les voitures un peu rares, est qu'il faut surtout prêter attention aux pièces spécifiques : le kit carrosserie avec tous ses caches, les jantes, l'intérieur et les échappements. Comme toutes les Mondeo les parechoc sont assez fragile concernant les chocs à faible allure. Même si des refabrications existent pour le kit, la qualité ne vaut pas celle des pièces Ford, qui pratique parfois des tarifs assez prohibitifs. Les Recaro semi cuir sont de très bonne facture (eux aussi) mais introuvables en occasion : donc gare aux trous de cigarette ou aux chiens dévastateurs. Concernant le V6, RAS, la mécanique est saine et on trouve facilement des pièces à bon prix chez nos voisins anglais. Par contre la céramique du catalyseur à tendance à s'effriter passés les 150 Mkm, avec une grosse facture à la clé si le contrôle technique décèle une pollution anormale. Pour le reste, beaucoup de pièces (hormis le freinage et les triangles en alu) sont compatibles avec les autres modèles de la gamme. L'entretien ne nécessite qu'une huile de qualité comme toute sportive qui se respecte ainsi que des bougies constructeur Motocraft (éviter les bougies 3 électrodes et autres babioles censées améliorer l'allumage). Pour les conseils d'achat : il n'y a pas vraiment de cote pour ce modèle. Certaines se sont vendues à des prix dérisoires le vendeur ne sachant pas vraiment ce qu'il avait entre les mains, d'autres sont affreusement chères.
CARACTERISTIQUES TECHNIQUES
FORD MONDEO ST200
MOTEURType : 6 cylindres en V à 60°, 24 soupapes
Position: longitudinal AV
Alimentation: Gestion éléctronique intégrale Ford EEC-V, collecteur d'admission variable
Cylindrée (cm3) : 2495
Alésage x course (mm) : 81.6 x 79.5
Puissance maxi (ch à tr/mn) : 205 à 6500
Couple maxi (Nm à tr/mn) : 230 à 5500
TRANSMISSION
AV
Boîte de vitesses (rapports ): manuelle (5)
ROUES
Freins Av-Ar (ø mm) : Disques ventilés (278/252)
Pneus Av-Ar : 215/45 WR 17
POIDS
Données constructeur (kg) : 1375
Rapport poids/puissance (kg/ch) : 5,71
PERFORMANCES
Vitesse maxi (km/h) : 224
400 m DA : 15"5
1 000 m DA : 28"6
0 à 100 km/h : 8"2
80 à 120 en 4ème/5ème : 8"8/12"3
CONSOMMATION
Moyenne (L/100 Km) : 10,1
PRIX NEUF (1999) : 29 000 €
COTE (2024) : 7.000 €
PUISSANCE FISCALE : 13 CV
CONCLUSION
:-) Ligne relevée mais discrète Equipement royal Moteur discret, souple et volontaire Tenue de route soignée Confort et habitabilité Consommation Collector en puissance... |
:-( ... mais pour qui ? Biodesign passé de mode Image un peu "tuning pas cher" Habitacle fade (sauf les Recaro) Antipatinage castrateur |
Profitez-en ! Le titre "Avant que l'Ombre" fait état d'un malheureux constat, à savoir que la rare Mondéo ST200 est en train de passer du statut de sportive de deuxieme main à celui de bagnole un peu vieillotte, passées entre les mains de on ne sait qui on ne sait où... C'est dommage tant son tarif la rend attractive, et tant peu d'autres modèles de familiale seront à même d'en offrir autant avec des prestations sommes toutes assez modernes ! Laissez lui sa chance et venez nous la présenter, cette auto est un collector ignoré !
L'Automobile Sportive remercie chaleureusement Jean-Philippe et son épouse qui n'ont pas hésité à faire des kilomètres pour venir nous présenter leur Mondeo ST200 malgré une météo maussade...
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hé bien je ne peux que confirmer cet essai très juste, tout est dit: un départ arrêté pas forcement saisissant, mais quel châssis, c'en est même déconcertant sur les petites routes de campagne de voir l'agilité de ce qu'on percevoir comme un paquebot à priori... par contre au freinage, la tonne presque 4 se fait sentir, mais ça va, et lorsqu'il faut être incisif dans cet exercice, le moindre mouvement de caisse se corrige aisément, elle tolère beaucoup d'approximations pour les pilotes du dimanche...concernant la consommation, on peut tenir le 9l entre 90 et 100 km, ce qui est raisonnable pour ce v6 au son magnifique. le véhicule se révèle confortable pour les longues sessions autoroutière (bien que les siège avants soient un poil raides, sellerie recaro oblige!) malgré quelques rossignols possibles passé 110 km/h au niveau des portières, ce qui me rappelle ma 306 s16... enfin pour finir, quelle gueule, elle en jette vraiment!