LA
BIEN NOMMEE !
Après l'Elise " déguisée
" en Opel, c'est au tour de la nouvelle GT de servir de porte-étendard
" fun et image " à la gamme frappée du Blitz. Mais si
le Speedster jouait sur le plan du sport pur et dur, l'Opel GT, dérivée
de la Pontiac Solstice et de la Saturn Sky, a décidé de se laisser
aller à la flânerie des GT et cabriolets routiers, réservant
ses balades à ses seuls deux occupants. Un changement radical de philosophie
qu'il convient de prendre en compte avant de prendre en main ce roadster germano-américain,
sous peine d'être surpris...
Texte : Gabriel LESSARD
Photos : D.R. Le Speedster est mort, vive la
GT ! C'est un peu le discours officiel chez Opel,
avec comme point commun d'un modèle à l'autre le plaisir. Mais si
le Speedster, en bonne Lotus
jouait dans la catégorie mouche avec moins de 900 kilos sur la bascule,
la GT change de catégorie avec 500 kilos de plus ! Du coup, nous ne sommes
plus face à un roadster intégriste réservé aux amateurs
des trajectoires léchées et freinages tardifs, mais en présence
d'un roadster à la vocation plus consensuelle. L'art des compromis semble
donc avoir touché les dirigeants d'Opel qui ont du s'arranger avec des
autos déjà existantes aux USA (Pontiac
Solstice et Saturn Sky) pour concevoir la GT. Une chose est certaine, nous
sommes plus chanceux que nos amis américains, car la GT est la plus performante
des trois et reçoit le moteur de l'Astra GTC
OPC porté à 264 ch avec quelques modifications comme l'injection
directe d'essence. Attention, vous êtes en présence d'une "GT"
décapsulée. Vous voilà prévenu
.
DESIGN
La plus grande force d'attraction de l'Opel GT est assurément
son look ! Inspiré très largement de la Saturn Sky, délaissant
ainsi les rondeurs un peu molles de la Pontiac, le design de la GT est très
acéré avec des disproportions qui suscitent admiration et étonnement.
Long capot avant plongeant (ce qui n'est pas sans poser quelques problèmes
pour avoir son gabarit en tête) tandis que l'arrière est atrophié.
Pour un peu on trouve des similitudes d'architecture avec la Dodge
Viper. Tout le masque avant est la partie la plus réussie de l'auto
à notre avis (encore que les goûts et les couleurs
), tandis
que derrière la tête des occupants, un bossage prolonge les appuie-tête.
Superbe ! Les flancs sont creusés avec des extracteurs d'air, purement esthétiques, mais l'effet est là. Les jantes de 18 pouces sont
à 5 branches d'un dessin très aéré dévoilant
ainsi son système de freinage.
HABITACLE
Tandis que les passants continuent de s'extasier
sur le physique de l'engin, il est temps de descendre à bord. La première
impression est excellente avec une position de conduite jambes tendues et bras
pliés. Vous avez dit GT ? Très vite l'espace intérieur semble
confiné en raison de la taille imposante du tunnel central caché
par la (très) large console centrale. Si l'ensemble de la planche de bord
offre un dessin sobre et réussi, avec quelques habillages intéressants,
l'instrumentation est indigente pour une voiture
de sport, et la qualité des plastiques nous rappelle les standards
d'outre-Atlantique. Toutefois, il faut rester indulgent, car la GT est affichée
à un prix sans concurrence sur le marché avec 31 400 euros !! Pas
chère certes, mais quelques conflits de concept nous semblent à
souligner. Que la GT ne joue plus la sportive light peut se comprendre, mais si
sa vocation est le voyage, l'absence de (réel) coffre, surtout capote repliée,
va vite refroidir vos ardeurs de week-ends en amoureux à moins d'acheter
tout sur place
La capote est manuelle mais d'un maniement aisé et
dotée d'une lunette arrière en verre. Le
coffre de l'Opel GT est véritablement le point noir de l'auto qui une fois
la capote repliée n'a plus de rangement. Même capote en place, c'est
pas beaucoup mieux...
MOTEUR
Histoire
de donner à cette belle gueule des performances à la hauteur, chez
Opel on a puisé dans le catalogue maison avec ce qui se faisait de mieux
en quatre cylindres essence : le moteur de l'Astra GTC OPC. Ce deux litres est
cependant passablement modifié avec une culasse en alliage intégrant
deux arbres contrarotatifs. Ces derniers, comme sur les moteurs quatre cylindres
des Porsche 944, sont ainsi là pour diminuer
les vibrations à bas régimes. Histoire de donner plus de rondeur
afin de compenser l'absence de 6 cylindres ? L'autre grande modification est l'adoption
d'une injection directe, ce qui n'est pas sans conséquence. Si la puissance
en profite ainsi que la pollution, les injecteurs nous ont semblé assez
bruyants venant gâcher le bruit travaillé du quatre cylindres à
bas régime. Si la puissance passe donc de 240 à 264 ch par rapport
à l'Astra, il nous a semblé moins plein en bas dans les tours. Ce
n'est qu'à partir de 3 000 tr/mn et passé les deux premiers rapports
qu'il semble accepter de donner toute sa vigueur. Passé ce cap, les accélérations
sont dantesques et le bruit assourdissant avec notamment une wastegate qui crache
toute sa hargne. Très sympa ! Le chrono est éloquent, puisque le
0 à 100 km/h est avalé en 6"6, le kilomètre DA en 26"3.
Seule la vitesse maximale reste " timorée " avec 230 km/h ou
presque. Une donnée qui n'a pas de réelle importance et est certainement
tributaire de l'absence d'un 6e rapport et à un Cx qui ne doit pas sembler
très optimal puisque non communiqué par Opel. L' ensemble moteur-boîte-embrayage
reste viril à manier et à faible allure dans le flot de la circulation
urbaine et périurbaine, la GT semble lourde. En cela elle nous a rappelé
un peu la Nissan 350Z : du viril et authentique,
le tout dans un véritable esprit de Grand Tourisme
CHASSIS
Avec
sa ligne si acérée et sportive on s'attendait à un châssis
au diapason. Dès les premiers tours de roues, la légèreté
du Speedster est oubliée, puisque la GT frise les 1,4 tonnes tout de même.
Elle a retenu le châssis poutre en acier pour son châssis délaissant
le léger mais coûteux aluminium. Des suspensions à double
triangulations sont montées à l'avant et à l'arrière
ce qui, sur le papier, est généralement gage d'une rigueur très
sportive en toucher de route. Pourtant une fois en évolution réelle,
la GT avoue vite ses faiblesses d'amortissement. A tel point que dès que
la route est bosselée ou la chaussée dégradée, la
GT semble se désunir, sautiller partout. Pire même, les amortisseurs
tapent régulièrement sur les butées dans un vacarme significatif.
Ainsi, il n'y a que lorsque la chaussée est parfaitement lisse que l'on
peut pousser cette GT plus loin sans appréhension. L'architecture de la
GT à mi-chemin entre une Viper et une Honda
S2000 (on est presque assis sur le train arrière) requiert un mini-mode
d'emploi du type : puisque l'avant est passé, le reste suit ! Son équilibre
général est très bon notamment dans les grandes courbes,
mais il faut s'habituer à une prise de roulis importante alliée
à un autobloquant derrière. Malgré cet équilibre de
bon aloi, nous sommes loin de la précision de placement d'une Honda
S2000, pointue mais impériale dans ce domaine. Du coup, cette Opel
porte bien son nom puisque c'est tout en finesse qu'il faut la conduire vite.
Les amateurs du style brutal en seront pour leurs frais. L'esprit GT à
la lettre finalement ! Malgré des freins à disques ventilés
avant et pleins à l'arrière, on reste un peu sur notre faim avec
une certaine inertie dans les phases de gros ralentissements. Côté
liaison avec le bitume, la GT est chaussée de très performants GoodYear
Eagle F1 en 245/45 R 18 sur les quatre roues.
::
CONCLUSION
Certaines autos laissent parfois dubitatif tant elles semblent
vouloir ratisser trop large. Délaissant le sport pur et dur à d'autres,
l'Opel GT gratifiera ses acheteurs avant tout d'une ligne spectaculaire qui déclenche
l'enthousiasme sur son passage. Son patronyme est fidèle à sa philosophie
car elle préfère la conduite Grand Tourisme aux freinages tardifs.
Mais n'imaginez pas qu'elle traîne sur la route, car lorsque l'on met les
gaz, le quatre cylindres turbo étale ses 264 ch et garanti des performances
rarement mesurées à ce niveau de prix. Pas chère, belle à
se damner, son amortissement, sa finition et l'absence d'aspects pratiques nous
rappellent ses racines américaines. A déguster sans modération
pour les amateurs de belles carrosseries et d'autos rares. Pour les sportifs aguerris,
il faudra chercher ailleurs... L'Automobile Sportive tient à
remercier toute l'équipe du parc presse Opel pour leur gentillesse et leur
disponibilité.
CE QU'ILS EN ONT PENSE
: "Si la commercialisation de cet engin intervient quelques mois
après l'arrêt du fameux Speedster, sa mission n'est pas de remplacer
tout bêtement ce regretté petit roadster, lequel faisait étalage
d'une radicalisation trop marquée, mais de satisfaire un public désireux
d'une plus grande polyvalence routière. Alors que l'ancien modèle
disposait d'un cadre en aluminium aux réglages hyper fermes, le GT est
bâti sur un châssis poutre en acier, et repose sur des suspensions
aux débattements conséquents. Un changement de philosophie qui conditionne
un comportement routier naturellement moins " fin ". Du coup, si l'équilibre
dynamique du GT semlble satisfaisant sur circuit lorsqu'on arsouille sur une petite
départementale défoncée, ses suspensions piochent trop pour
préserver une efficacité équivalente. Cette mollesse généralisée
ne permet pas d'établir une confiance entre la machine et son pilote, lequel
devra faire plus ample connaissance avec sa monture avant de s'adonner sans arrière-pensée
à une conduite aussi musclée." Echappement - septembre
2007 - Opel GT - Jorge Clavell. |