OPEL ASTRA (H) GTC OPC (2006 - )
FULGURO POING !
Dans le segment des GTI compactes, il existe plusieurs écoles. Celles de la discrétion sportive à la limite de l'austérité, et celle qui adopte l'exubérance comme signe distinctif pour mieux affirmer son caractère sportif. Opel a adopté la deuxième voie pour son coupé Astra GTC. La variante sportive, l'OPC est un vrai missile et cela doit se voir. Une aubaine pour les amateurs de voitures de sport, d'autant plus qu'avec ses 240 ch sur ses seules roues avant, il va y avoir du sport avec l'Astra GTC OPC...
Texte & photos : Gabriel LESSARD
Avec son label OPC (pour Opel Performance Center), Opel développe toute une gamme de produits sportifs ou à tendance sportive puisque même le petit Meriva n'échappe pas à la cure de vitamines. De l'Astra à la Vectra en passant par le Zafira, Opel n'y va pas de main morte avec ses sportives qui ont bien du mal à s'imposer dans un segment de marché déjà très encombré. La nouvelle Astra OPC est la première d'une série de modèles très sportifs que nous allons présenter au cours des prochains mois, a annoncé Hans H. Demant, directeur général d'Opel. Avec la nouvelle gamme OPC, nous souhaitons affirmer un fort potentiel de dynamisme au sein de l'offre Opel.
On avait connu dans la catégorie des GTI à Rüsselsheim les Kadett GTE, puis GSI et enfin les Astra A GSI. Puis l'Opel Astra B se contenta au départ de motorisation timide (2 litres atmo 16 soupapes de 137 ch), puis vient la première Astra (G) OPC avec son moteur atmosphérique de 160 ch. Mais l'ensemble aussi séduisant soit-il, faisait encore un peu préparation artisanale. La version OPC turbo de 200 ch de l'Astra qui suivi n'eut pas de grand retentissement, et pourtant elle méritait le détour avec des performances canon ! Pour sa nouvelle Astra H, Opel a adopté une nouvelle stratégie de gamme : la 5 portes et break restent conventionnels, tandis que la trois portes se présente sous la forme d'un très élégant coupé baptisé "GTC". Pour la lutte dans les hautes sphères, c'est donc le coupé GTC qui est revisité par le label OPC. Le résultat se voit mais se sent aussi volant en main avec 240 fougueux chevaux qui tentent de tous galoper par le seul train avant. Chaud devant !
PRESENTATION
L'Opel Astra H GTC, sans renouer avec la ligne sculpturale du coupé Calibra, a tout de même soulevé un concert de louanges. Ramassé, mais équilibré, compact mais racé, le coupé GTC est une vraie réussite. Son kit carrosserie très suggestif la rend très agressive et nous rappelle une époque bénie où l'autophobie ambiante n'existait pas encore. Tout le bouclier avant, largement aéré concours à cette agressivité et lui donnerait presque des allures de Manga japonais. Bas de caisse, bouclier arrière et jantes alu de 18 pouces, toute la panoplie est posée. L'Astra GTC bande ses muscles et affirme sa sportivité. Avec sa teinte rouge, ses grilles d'aération noires tranchent astucieusement. Pas de doute, l'Astra GTC OPC en jette ! Certains détails sont particulièrement suggestifs et évocateurs comme l'échappement trapézoïdal situé au milieu ou l'aileron de hayon.
HABITACLE
Mais comme tout coupé qui se respecte, l'habitabilité en pâtit. Surtout à l'arrière où l'espace aux jambes et la hauteur de plafond sont comptés. Le pare-brise très incliné, s'il contribue au dynamisme de la ligne, amène un désagrément inattendu. La visibilité depuis le poste conducteur est finalement très limitée car l'emplacement du rétroviseur intérieur occulte 80% de la moitié droite du pare-brise. Pour le reste c'est tout bon heureusement ! Les excellents sièges baquets Recaro de série maintiennent idéalement le corps, la boîte tombe bien en main, même si le pommeau n'est pas très agréable par sa forme presque carrée. La planche de bord reste simple et bien finie. Les plastiques sont de bonne qualité ce qui confirme la volonté affichée d'Opel de faire progresser ses produits.
L'équipement de série est très complet et rien ne manque à l'appel. Un peu désarçonnant au départ, mais finalement très utiles et efficaces, les commandes de clignotants fonctionnent par impulsions. La pauvreté de l'instrumentation est en revanche très surprenante pour une sportive de cette trempe rappelant ainsi les travers de feue la Kadett GSI 16V et son tableau de bord digital. Pas de thermomètre d'eau, pas de pression ni de température d'huile et pas de pression de turbo ! Incroyable, ils ont du oublier quelque chose ?... Cela sans parler de la lisibilté des compteurs peu propice à savoir où sont les performances de la bouillante mécanique. Pour reprendre la thématique "OPC" des logos sont disséminés sur le volant, le pommeau de vitesses et les fonds de compteurs, et quelques liserets bleus sur les mêmes accessoires remplacent le rouge utilisé dans les années 80. Difficile de passer inaperçu avec cette OPC encanaillée.
MOTEUR
Le moteur de la nouvelle Astra OPC est basé sur le 2 litres turbo essence de 200 ch développant un couple de 32,7 mkg, la motorisation haute des autres variantes de l'Astra. La puissance supérieure de l'OPC résulte d'un travail d'optimisation effectué sur les collecteurs d'admission et d'échappement, de l'utilisation de composants moteurs de plus haute résistance, ainsi que d'améliorations apportées au turbocompresseur et au système d'injection. Alors évidemment, le résultat est là et il faut compter sur 240 ch avec un turbocompresseur 3K Warner qui souffle à 1,2. Une pression de suralimentation qui devient conséquente et surtout plus élevée que celle de la Renault Mégane RS (1,0) ou de la Ford Focus ST (0,9).
Les performances s'en ressentent et font un net bond en avant : 244 km/h en VMax, 6,6 secondes pour le 0 à 100 km/h et moins de 27 secondes pour le kilomètre départ arrêté. Une vraie bombe qui lui permet de prendre le titre de GTI la plus rapide du moment. Après pour aller plus vite, il faut avoir recours à la Golf 5 R32, dont le V6 de 250 ch et la transmission intégrale (non permanente) permettent plus d'efficacité. Et malheureusement vous n'avez pas le son sur le net, mais c'est grisant. Lorsque le turbo souffle à pleine charge, une sonorité rageuse envahit l'habitacle et on a du mal alors à relâcher l'accélérateur.
Une boîte de vitesses manuelle à six rapports courts se charge de transmettre la puissance aux roues avant. Côté consommation, si Opel revendique des moyennes très basses par rapport aux performances affichées, nous avons tourné autour des 12 litres en permanence. Une moyenne élevée en raison de notre pied droit toujours volontaire mais qui n'autorise du coup qu'une autonomie réduite à 350 km en raison d'un réservoir trop petit.
SUR LA ROUTE
Le terme de "high-tech" s'applique aussi aux réglages sport du châssis de l'Astra OPC. Elle est équipé en série de l'IDSPlus (Interactive Driving System), avec mise en réseau et coordination de toutes les fonctions châssis, comme le contrôle de trajectoire ESPPlus (Electronic Stability Program) l'antipatinage TCPlus (Traction Control) et autres fonctions du système de freinage hautes performances de 17 pouces. Le système d'amortissement piloté CDC (Continuous Damping Control) est l'un des éléments essentiels de ce réseau, dont l'électronique assure que les lois d'amortissement sont automatiquement et en continu adaptées à l'état du revêtement rencontré, aux mouvements du véhicule et au style de conduite. De plus, il est loisible au conducteur de choisir des paramètres encore plus sportifs en appuyant sur le bouton "SportSwitch". C'est le descriptif du dossier de presse sur le châssis de l'Astra GTC OPC.
Mais volant en main qu'en est-il exactement sur la route (un essai sur circuit est décrit dans l'encadré ci-dessous) ? Dans la circulation urbaine et sur route, l'Astra GTC OPC offre un comportement accessible à tous, une certaine fermeté mais un feelling intéressant. Le freinage est très puissant et rappelle un peu celui de la dernière Clio RS ou de la Mégane RS F1 Team. Malgré la taille imposante au sol des larges pneumatiques (225/40 R18), la direction reste douce et précise. Le mode "sport" de la suspension active est nettement plus ferme et dégrade avant tout l'amortissement plus qu'autre chose. Le mode standard est finalement largement notre favori sur route ouverte. Et la motricité ? Force est de reconnaître que le train avant est largement dépassé par le couple du moteur. D'ailleurs, Renault a monté dernièrement un différentiel sur le train avant de sa Mégane F1 Team R26 (présentée au Mondial de Paris 2006) pour optimiser ce travers. Opel aurait pu s'en s'inspirer. En mode sport, c'est pire encore puisque l'amortissement est moins performant. Combien de fois avons-nous vu le voyant du TCPlus s'allumer. Aurions-nous le pied trop lourd ! En revanche, sur autoroute (allemande évidemment !), l'Opel Astra H GTC OPC affiche toute sa superbe dans les grandes courbes. Et quelles reprises ! Dans les virages un peu serrés, il faut lutter contre le sous-virage généré par les pertes de motricité. Pas de doute, l'Astra possède un gros coeur, comme on en fait malheureusement trop peu aujourd'hui...
Après avoir pu apprécier sur route ouverte et dans le respect des conditions de circulation le caractère de cette Astra GTC OPC, nous avons pris le chemin de Marcoussis pour aller la pousser dans ses retranchements sur un circuit fermé à la circulation automobile. La motricité souvent à la peine sur route nous a incité à de la prudence sur les premiers tours de circuit. Le mode sport activé, les pneus en température, l'huile moteur chaude on peut augmenter le rythme. D'emblée, le moteur fait étalage de sa vigueur étonnante. Quelle santé ! D'habitude la conduite sur circuit, avec l'absence de repère visuel et de circulation diminue la sensation de vitesse. Mais les poussées du 2 litres turbo semblent effacer les virages les uns après les autres. Sauf qu'il convient d'avoir le pied droit rigoureux, car les remontées de pertes de motricités se font immédiatement sentir dans le volant. A mesure que le rythme augmente, vos mains s'agrippent avec fermeté sur le volant pour tenter de contenir la véhémence du moteur. Cela déstabilise ainsi l'auto et empêche de soigner sa trajectoire. Cela est dommage car le châssis fait preuve d'un bel équilibre et le freinage très puissant et endurant permet de jouer au mieux avec les transferts de masse. Au pire la suspension active IDS en mode sport est un poil ferme et fait sautiller l'auto sur les revêtements dégradés. L'Astra H GTC OPC 2.0 turbo, c'est à manier avec doigté et tact pour en tirer la quintessence sans laisser les pneus mourrir sous les 240 ch du moteur.
CARACTERISTIQUES TECHNIQUES
OPEL ASTRA (H) GTC OPC
MOTEURType : 4 cylindres en ligne, 16 soupapes, 2 arbres à cames en tête
Position : transversal AV
Alimentation : Gestion électronique intégrale Bosch Motronic + turbocompresseur 3K Warner (1,2 bars) + échangeur air/air
Cylindrée (cm3) : 1998
Alésage x course (mm) : 86 x 86
Puissance maxi (ch DIN à tr/mn) : 240 à 5600
Couple maxi (mkg à tr/mn) : 32,7 à 2400
TRANSMISSION
AV + ESP + ASR
Boîte de vitesses (rapports) : mécanique (6)
ROUES
Freins Av-Ar (Ø mm) : disques ventilés (331) - disques pleins (278) + ABS + aide au freinage d'urgence.
Pneus Av-Ar : 225/40 R18 (Continental SportContact2)
POIDS
Données constructeur (kg) : 1393
Rapport poids/puissance (kg/ch) : 5,80
PERFORMANCES
Vitesse maxi (km/h) : 244
400 m DA : 14,6
1 000 m DA : 26,5
0 à 100 km/h : 6,6
CONSOMMATION
Moyenne (L/100 Km) : 12
PRIX NEUF (09/2006) : 30.000 €
16 CV FISCAUX
CONCLUSION
:-) Design agressif ! Performances !! Moteur pêchu Equipement de série Comportement équilibré Châssis sain Freins puissants et endurants Bonne boîte de vitesse Finition/présentation intérieure en progrès ESP déconnectable |
:-( Habitabilité Autonomie/consommation Motricité ! Position de conduite à parfaire Instrumentation indigente Prix |
L'Astra GTC OPC ne nous a pas déçu ! On l'attendait au tournant mais c'est avant tout en ligne droite qu'elle étonne par sa vigueur et sa vélocité. Certes, elle reprend les gênes de feue la Kadett GSI 16V avec un gros coeur et un train avant à la peine. Mais il ne faut pas oublier que le marché allemand a besoin d'autos sportives capables de tracer à des vitesses aujourd'hui indécentes en France sur Autobahn. Et dans cet exercice, l'Astra GTC OPC y excelle. Et pour faire taire les mauvaises langues, le comportement routier de l'Astra est également efficace sur circuit à condition d'avoir assimiler le mode d'emploi : ne pas se crisper sur la pédale de droite...