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OPEL KADETT (D) GTE (1983 - 1984)

Une carrière éclair...

A l'aube des années 1980, l'archaïque Opel Kadett qui a fait le bonheur de nombreux pilotes en rallye est remplacée par un tout nouveau modèle... à traction avant. Arrivée sur le tard pour répliquer à la Golf GTI, la version sportive de cette "Kadett D" va avoir la lourde tâche de relancer le sigle GTE auprès des amateurs de performances...

Texte : Sébastien DUPUIS
Photos : D.R.

Conçue pour offrir une alternative moderne et compétitive aux autres compactes de l'époque, l'Opel Kadett D est lancée en 1979. Elle marque un tournant majeur dans l'histoire du modèle en tant que première Kadett à adopter une architecture à traction avant, en rupture avec les générations précédentes à propulsion. Cependant, si cette transition vers la traction a été motivée par des considérations pratiques et sécuritaires, Opel semble avoir renoncé au sport en ne proposant aucune version sportive de son nouveau modèle durant quatre longues années...

Avec le retour d'une version GTE en 1983, blason rendu célèbre par les nombreux exploits en rallye de la Kadett C GT/E, la nouvelle compacte du Blitz va pourtant chercher à reconquérir ses lettres de noblesse. Mais alors que sa remplaçante est déjà en route, la Kadett D GTE n'a pas vraiment droit à l'erreur pour réussir son come-back dans la bataille des petites sportives, dominée par la Volkswagen Golf GTI...

PRESENTATION

Décliné en plusieurs variantes de carrosserie, le design de la Kadett D se caractérise par des lignes angulaires typiques de l'époque qui tranchent sèchement avec les rondeurs des précédentes générations. On peut lui trouver des similitudes avec, par exemple, la Chrysler Sunbeam sortie en 1977 (et dont la talentueuse Sunbeam Lotus - titre constructeur du WRC en 1981 - ne fera pas regretter qu'elle soit restée une propulsion... même si chez Chrysler Europe cette décision visait principalement à réduire les coûts de développement). Ne semblant plus vraiment rêver d'exploits sportifs, la Kadett, elle, a succombé à la traction avant pour suivre la tendance du marché et notamment optimiser l'espace intérieur. Sa principale cible est assurément la nouvelle Golf de Volkswagen, au succès commercial insolent. Ajoutons par ailleurs que c'est sur cette génération "D" qu'apparait le nom Astra chez Vauxhall pour rebaptiser la Kadett sur le marché britannique, marquant d'autant mieux la rupture qu'elle incarne.

Quand une version GTE revient finalement au catalogue de la Kadett, c'est un vrai soulagement pour les fans de la marque et tous les amateurs de sportives abordables. Comme le modèle SR, la GTE a été proposée en 3 et 5 portes mais pas en break. Esthétiquement, elle reprend intégralement le kit carrosserie dessiné pour la SR auquel s'ajoute une jupe arrière. Mais avec ses extensions peintes couleur carrosserie, chose encore rare en 1983, la GTE parvient à se distinguer au premier coup d'oeil. Bien joué ! Selon les marchés, le client pouvait choisir de faire peindre sa sportive en Polarweiß (blanc de base qui sera la couleur la plus populaire, notamment en France où elle était imposée sur le premier millésime !), Karminrot (rouge), Silber (gris métallisé) ou noir Schwarz (noir verni). Les rétroviseurs extérieurs sont également peints couleur caisse tandis qu'un traitement noir est apposé autour des vitrages et de la lunette arrière. Enfin, Opel fourni en série des jantes en alliage léger mais dans un souci d'économie, elles sont issues de l'Ascona SR. Même si peintes en blanc comme le reste de la voiture elles font leur petit effet (argentées avec les autres coloris), elles se caractérisent par un dessin plus aérodynamique qu'esthétique, laissant penser qu'il s'agit de vulgaires enjoliveurs en plastique... Dommage.

HABITACLE

L'habitacle de la Kadett D est spacieux et fonctionnel, offrant un confort appréciable pour une voiture de cette catégorie. Les matériaux utilisés étaient alors de bonne qualité et Opel avait pris soin de ne pas se laisser trop distancer par l'ambitieuse Golf sur le segment des voitures compactes. A l'intérieur, la GTE reprend très largement l'équipement SR et se distingue notamment par d'excellents sièges sport Recaro habillés de velours et des indicateurs supplémentaires dans le combiné d'instrumentation. La GTE y ajoute un volant sport frappé de l'emblème GTE sur le cache central du klaxon et un compteur de vitesse prétentieusement gradué jusqu'à 220 km/h. Même si en pratique Opel aurait pu conserver le compteur des autres versions gradué jusqu'à 200, à l'époque le client potentiel accordait beaucoup d'importance à ce genre de détail...

MOTEUR

Alors que la précédente génération de Kadett avait terminé sa carrière avec une puissante version GT/E ayant fait le bonheur de nombreux pilotes professionnels et amateurs, la nouvelle compacte du Blitz arrive dans un contexte d'économie d'énergie et s'adapte à une gamme de nouveaux moteurs désormais implantés transversalement. La version SR qui fait office de "sportive" de la gamme au lancement n'a alors pas mieux à offrir qu'un petit 1.3 l de 75 ch ! Même si elle finit par recevoir en 1982 un plus gros 1.6l de 90 ch, une nouvelle GT/E se fait sérieusement désirer...

Ce sera enfin chose faite à partir de mars 1983. Sous le capot, la Kadett D GTE adopte un nouveau bloc 1.8 litre en fonte avec culasse alu. Il est alimenté par la très moderne injection électronique Bosch LE-Jetronic lui permettant de développer 115 chevaux. C'est symboliquement autant que l'ancien 2.0l de la GT/E mais aussi 3 ch de plus que la Golf GTI qui dispose elle aussi depuis 1982 d'un 1800 cm3. Ce moteur "OHC" (arbre à cames en tête) offre un couple maximal de 154 Nm à 4800 tr/min et une consommation maîtrisée, il est donc totalement dans le coup face aux Ford Escort XR3i, Fiat Ritmo Abarth et Renault 5 Alpine Turbo.

Ainsi armée, la Kadett GTE offre enfin des performances dignes de la catégorie avec 31 secondes sur le kilomètre départ arrêté et un 0 à 100 km/h en moins de 10 secondes. En raison d'un étagement un peu trop long du dernier rapport de la boîte 5, la vitesse maxi de 187 km/h est toutefois atteinte en quatrième sur les premiers modèles mais le problème sera corrigé au printemps 1984 avec un étagement revu. Les reprises vont en profiter aussi.

SUR LA ROUTE

La suspension de la GTE a été optimisée pour offrir une meilleure tenue de route et un comportement plus dynamique. S'il ne fait pas figure d'innovant à l'époque, Opel se contentant d'employer des solutions éprouvées, le nouveau châssis de la Kadett a été renforcé pour améliorer la rigidité structurelle. Il présente un comportement sain et stable, se manifestant par une tendance au sous-virage si on commet toutefois l'erreur de vouloir la piloter comme les anciennes Kadett... L'amortissement ferme de la GTE associé à des pneus dits "taille basse" était sans doute préjudiciable au confort mais assurait un équilibre généralement salué par la presse de l'époque.

Face à la Golf, la compacte du Blitz n'avait donc pas à rougir et il faudra attendre qu'une certaine Sochalienne vienne bousculer la hiérarchie, à partir de 1984, pour que l'on commence à faire quelques reproches à la sportive Opel en conduite dynamique. C'est notamment le cas concernant une direction lourde et trop démultipliée qui accuse aujourd'hui vraiment son âge...

LA KADETT GTE RALLYE GROUPE A
Opel renoue avec son engagement sportif en proposant une Kadett D GTE Groupe A préparée par la division Opel Sport. Le châssis spécialement renforcé et raffermi s'accompagne d'une augmentation de puissance à 170 ch et 183 Nm grâce à taux de compression relevé à 11:1, le tout pour un poids homologué de 880 kg seulement.

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Malgré sa très courte carrière, la Kadett D GTE a eu un impact significatif dans le segment des compactes sportives. Appréciée largement pour son équilibre entre performances, coût et praticité, elle sera un choix populaire parmi les jeunes conducteurs passionnés de conduite sportive à tel point qu'environ 36 300 exemplaires en ont été produits dans les usines de Bochum et d'Anvers (Belgique). Cependant, environ les deux tiers étaient des véhicules avec conduite à gauche, vendus en grande-Bretagne sous la marque Vauxhall. Et pour ceux avec le volant du bon côté, ils ont principalement été vendus en Allemagne.

Tant et si bien que dénicher une belle GTE aujourd'hui en France est devenu un sacré challenge ! En raison de sa sensibilité à la rouille et des orgies de tuning pratiquées durant les années 1980 et 1990, trouver une Kadett D GTE en bon état d'origine est devenu un sorte de Graal pour Opéliste convaincu et pratiquant...

Chronologie Opel Kadett D GTE

1979 : Lancement de l'Opel Kadett Type D. C'est la première Kadett à adopter une architecture à traction avant. La SR fait office de sportive avec un modeste 1.3l de 75 ch...
1981 : La Kadett SR inaugure un nouveau 1.6l de 90 ch.
1983 : Lancement de la version sportive Kadett GTE en été avec un nouveau 1.8l à injection de 115 ch.
1984 : Au printemps, nouvelle boîte de vitesses à l'étagement revu pour la GTE. Fin de la production de la Kadett D en juillet, remplacée par la Kadett E.

CARACTERISTIQUES TECHNIQUES
OPEL KADETT (D) GTE

MOTEUR
Type : 4 cylindres en ligne, 8 soupapes
Position : transversal AV
Alimentation : Injection Bosch LE-Jetronic
Cylindrée (cm3) : 1798
Alésage x course (mm) : 84,8 x 79,5
Puissance maxi (ch DIN à tr/mn) : 115 à 5800
Couple maxi (Nm à tr/mn) : 154 à 4800
TRANSMISSION
AV
Boîte de vitesses (rapports) : manuelle (5)
ROUES
Freins Av-Ar (Ø mm) : disques ventilés (), tambours
Pneus Av-Ar : 185/60 R14
POIDS
A vide constructeur (kg) : 910
Rapport poids/puissance (kg/ch) : 7.9

PERFORMANCES
Vitesse maxi (km/h) : 187
1000 m DA : 31"
0 - 100 km/h : 9"5
CONSOMMATION
Moyenne mixte (L/100 km) : 7.5
CO2 (g/km) : NC
PRIX NEUF (1984) : 72 000 FF
COTE (2024) : 10 000 €
PUISSANCE FISCALE : 9 CV

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