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OPEL KADETT (E) GSi 16V (1987 - 1991)

Blitzkrieg

Issue de la GTE précédente, l'Opel Kadett GSI lancée en 1984 joue la continuité sur le segment des berlines compactes dynamiques tout en modernisant ses lignes. Mais pour répondre à la Golf, Opel va lancer en 1987 la puissante GSI 16V qui va défrayer la chronique avec son moteur de feu...

Texte : Sébastien DUPUIS
Photos : Julien DEMAIN

L'Opel Kadett, depuis son lancement en 1936, a toujours été perçue comme une voiture fiable, pratique et économique. Mais pour faire rêver les foules au début des années 70, il faut désormais autre chose. Filiale de General Motors depuis 1929, Opel décide donc de dépoussiérer son image et développe pour cela des versions sportives de la Kadett. Comme pour d'autres constructeurs à cette époque, le sport est une stratégie qui va s'avérer payante. Avec des roues arrière motrices, un poids léger et un moteur fiable, les Kadett Rallye et GT/E deviennent rapidement des voitures de rallye populaires. Avec la Kadett D GTE de 1979, la quatrième génération fait pourtant sa révolution en abandonnant la propulsion pour la traction, comme sa nouvelle grande rivale de Wolfsburg, la VW Golf. La variante GTE, fer de lance de la gamme avec son moteur 1.8l à injection de 115 ch, arrive toutefois un peu tard pour s'attaquer frontalement à une Golf I GTI dont le succès a été fulgurant.

En 1984, la Kadett E, cinquième du nom, introduit la première version GSI qui remplace la GTE pour rivaliser avec le nouveau modèle phare du moment : la Volkswagen Golf II GTI. Comme la Golf, elle conserve toutefois le moteur du modèle précédent et la proposition, si elle reste compétitive, va se montrer dépassée dès l'année suivante par une concurrente qui reprend l'avantage grâce à un nouveau moteur 16 soupapes ! La Kadett va finalement lui répondre en 1987 avec l'arrivée d'une inédite GSi 16V au sommet de la gamme, faisant temporairement d'Opel le champion du rendement dans la catégorie...

PRESENTATION

L'Opel Kadett E (ou Vauxhall Astra au Royaume-Uni) remplace le modèle précédent, alors âgé de seulement 5 ans, pour mieux répondre aux nouvelles exigences des années 1980. Opel visait à offrir une voiture fiable, économique et moderne, en phase avec les tendances de l'époque tout en restant accessible à un large public et ce travail est immédiatement récompensé par le titre de "voiture de l'année 1985". Le design de la Kadett E, conçu par le studio de design Opel sous la direction de Klaus-Peter Köhler, marque ainsi un tournant par rapport à son prédécesseur avec des lignes moins angulaires et plus modernes. Résultat d'une aérodynamique soignée, elle s'illustre par un Cx de 0,30 sur la GSI.

Dévoilée au salon de Francfort 1987 pour épauler la version sportive GSI ayant remplacé les précédentes Kadett GTE, la Kadett GSi 16V n'attire pas beaucoup les regards par sa présentation peu distinctive. Disponible elle aussi en 3 et 5 portes, elle ajoute très sobrement des badges 16V à l'avant et l'arrière et des aérations percées de part et d'autre du capot. Elle dispose également d'un silencieux arrière avec double sortie d'échappement rectangulaire. Comble de la sobriété, en Allemagne elle sera parfois livrée avec de vulgaires enjoliveurs en plastique, les jantes alliage de 14 pouces étant une option ! Notons en revanche que l'exemplaire qui vous est présenté ici est au contraire bien équipé puisqu'issu de la rare série limitée "GSI 16V Champion" de 1990, réservée au marché Allemand. Elle présentait ainsi quelques particularités comme ses jantes à rayons de 15", des vitres teintées et un petit logo à trois bandes inclinées "jaune-rouge-bleu".

HABITACLE

A défaut d'avoir du charme, l'intérieur de la Kadett GSI peut se vanter d'avoir été conçu pour le conducteur, avec notamment des sièges sport Recaro offrant un excellent soutien latéral. Le tableau de bord, taillé à la hache comme il se devait dans les années 80, est également équipé de compteurs digitaux, considérés comme très innovants à l'époque. Cet équipement se distingue notamment par son insolite compte-tours dont la graduation épouse la courbe de couple du moteur, marquant un "pic" à 5000 tours avant de redescendre. Le volant à trois branches, le levier de vitesses court et le pédalier sport renforcent également l'ambiance.

La finition et la qualité de fabrication à l'Allemande sont également perceptibles à bord de la Kadett E, avec des matériaux solides et bien assemblés. L'espace intérieur est également généreux pour une compacte. La Kadett GSI 16V proposait par ailleurs en option plusieurs équipements encore considérés "haut de gamme" comme une direction assistée, la climatisation, les feux anti-brouillard et les vitres électriques ou encore la sellerie cuir sur cette série limitée "Champion".

MOTEUR

La première version de la GSI était équipée du 1800 cm3 8 soupapes de 115 ch, un moteur hérité de la précédente Kadett GTE, dont la cylindrée fut portée à 2 litres pour sortir 130 ch comme la nouvelle Peugeot 309 GTI. Mais il faut attendre la version 16 soupapes du moteur SFI (Sequential Fuel Injection), conçue avec Cosworth, pour que la Kadett E reprenne vraiment l'avantage. Véritable atout maître de cette version sportive, le 4 cylindres en ligne de 1998 cm3 (type C20XE) repose toujours sur le bloc en fonte de la lignée "Family II" mais, en recevant une culasse en aluminium à 16 soupapes avec poussoirs hydrauliques et double arbre à cames en têtes (DOHC) entraînés par courroie crantée et une injection électronique séquentielle Bosch Motronic M 2.5, le 2.0l Opel franchit un nouveau palier pour s'installer temporairement sur la plus haute marche du podium.

Développant la puissance très respectable de 156 ch et un couple généreux de 203 Nm, ce nouveau moteur va en effet mettre tout le monde d'accord : les Alfa Romeo 33 16V, Fiat Tipo i.e. 16V, la Mazda 323 GT et même la référence de l'époque, la VW Golf 2 GTI 16S doivent s'incliner ! Affichant un brio au-dessus de la mêlée des autres 2.0l 16 soupapes en conciliant puissance et couple, se traduisant par un agrément élevé combinant souplesse et sobriété, ce moteur est une réussite incontestable. Il faudra que Peugeot réplique à son tour avec sa 309 GTI16, forte de 160 ch, pour que l'allemande perde le titre de "plus puissante des compactes sportives". Mais avec ce coup d'éclat, Opel aura tout de même marqué durablement les esprits et largement dépoussiéré son image. Revu par Lotus ultérieurement, ce même bloc sera d'ailleurs à l'origine de la lignée des moteurs Ecotec d'Opel, utilisés jusqu'en 2010 !

La boîte de vitesses manuelle à 5 rapports fournie est précise et bien étagée, contribuant à une expérience de conduite dynamique. Avec une accélération de 0 à 100 km/h en moins de 8 secondes et une vitesse maximale de 217 km/h favorisée par son aérodynamique soignée, la Kadett E GSI 16V offrait des performances au top de sa catégorie pour un prix compétitif. De quoi s'assurer un beau succès commercial et ce sera le cas !

SUR LA ROUTE

L'Opel Kadett E repose sur la plateforme T, légèrement retouchée, de sa devancière. Cette architecture éprouvée offrait ici une meilleure rigidité et une plus grande sécurité. Le comportement routier de la Kadett GSI pouvait encore, à sa sortie, faire plutôt bonne figure en proposant un bon compromis entre tenue de route et confort. Equipée de suspensions avant de type McPherson et d'une suspension arrière à bras tirés sur essieu semi-rigide, ainsi que de deux barres anti-roulis, la Kadett E GSI 16V n'était pas au premier plan de l'innovation mais elle proposait un ensemble cohérent. Le rabaissement de 15 mm de la GSI participait également à réduire le roulis. Les freins à disque ventilés à l'avant et pleins à l'arrière assuraient eux aussi un freinage de bon niveau. On remarque à ce propos sur la fiche technique l'étonnante particularité de disques et étriers plus gros à l'arrière, malgré une répartition du poids très clairement sur l'avant (71% !). Certains essais ayant précisément soulevé un manque d'équilibre du freinage entre avant et arrière, Opel réagira en modifiant d'abord le répartiteur puis en installant d'office l'ABS à partir de 1990. La direction assistée enfin était jugée précise et réactive, permettant une conduite sportive et sécurisée. Malheureusement, il s'agissait d'une option et compte tenu de la lourdeur du train avant, inutile de dire qu'elle est à privilégier si vous voulez éviter de transpirer dès la première épingle... ou le premier créneau.

Face à la concurrence de l'époque, la Kadett GSi 16V a été assez largement saluée par la presse pour son comportement sportif. Même s'il convient de relativiser ces jugements, aujourd'hui elle reste encore appréciée pour sa capacité à offrir une conduite engageante tout en restant praticable au quotidien. Pour porter un jugement vraiment objectif 40 ans après, il faut d'abord se replonger dans le contexte de l'époque. Ainsi, le magazine américain Car and Driver, en 1988, évoquait "une conduite vive et engageante" grâce à "son châssis rigide et ses amortisseurs fermes". De même, l'essayeur saluait "la direction assistée réactive, fournissant une excellente rétroaction au conducteur", ajoutant que "la voiture est capable de négocier les courbes avec une confiance presque sportive, tout en restant confortable sur les routes dégradées". Un autre essai dans son pays d'origine cette fois, par Auto Motor und Sport, relevait également un "comportement routier équilibré", précisant que la "suspension sport ne compromet pas le confort tout en offrant une excellente tenue de route". Le journal Allemand appréciait par ailleurs un freinage "qui inspire confiance lors de la conduite dynamique". De son côté, le magazine britannique Autocar mettait en avant dans son essai de 1990 "le dynamisme de la Kadett GSi 16V [...] dès les premiers kilomètres", ajoutant que "la voiture offre une excellente réponse au volant et une adhérence impressionnante grâce à ses jantes larges et ses pneus de qualité".

Pour trouver un avis plus critique toutefois, il faut se tourner vers la presse française et le titre Echappement notamment. Ainsi, en 1988, le magazine estimait que l'augmentation de puissance par rapport à la Kadett GSI 8 soupapes avait fait perdre son homogénéité au modèle. Cette conclusion était justifiée par le fait que la 16V n'avait pas "réellement corrigé les défauts antérieurs (sinon la commande de boîte, fidélisée)... et en ayant mis à jour des défauts jusqu'ici masqués." Au détail des reproches évoqués, on trouve essentiellement une direction trop démultipliée (l'assistance limitait ce problème mais en option), des suspensions sujettes à "tressautements" et un train avant manquant de motricité, à l'origine d'effets de couple importants dans le volant par la faute d'une monte pneumatique non adaptée au surplus de chevaux (du 185/65 HR 14 qui était pourtant la "norme" à l'époque).

On retiendra de tout cela que la motricité n'est effectivement pas la qualité majeure de la Kadett GSI 16V, même avec des pneus actuels, la faute à un sous-dimensionnement évident. Ce point est d'autant plus criant face aux progrès accomplis par des compactes sportives ayant plus du double de puissance aujourd'hui... Concernant le confort, disons en résumé que l'on a vu mieux mais qu'on a aussi connu pire... d'autant que son moteur n'est pas abusivement bruyant contrairement à nombre de multisoupapes de l'époque. Bref, il convient de se laisser du temps pour appréhender comme il se doit les subtilités de la conduite de cette fougueuse Kadett mais son petit côté "cheval sauvage" ne manque pas de charme au final. On est en tout cas loin des sportives aseptisées d'aujourd'hui...

ACHETER UNE OPEL KADETT E GSI 16V

Au total, Opel produira 46 031 exemplaires de sa sportive 16 soupapes, ce qui représente un beau succès même dans le contexte de l'époque très favorable ! Malheureusement, souvent victimes du tuning et des ravages de la rouille ou simplement trop kilométrées, les Opel Kadett E GSI sont devenues beaucoup plus rares avec le temps. Aujourd'hui, le modèle 16V reste toutefois apprécié des collectionneurs et des passionnés de voitures classiques pour ses qualités dynamiques et son design emblématique. Dans son pays d'origine, où Opel jouit d'une bien meilleure image, on lui voue même un certain culte qui peut conduire à afficher des prix très élevés pour un exemplaire en parfait état ou restauré. De façon plus raisonnable, chez nous, il faut compter un minimum de 10 000 € et jusqu'à plus de 15 000 € pour acheter une belle GSI 16V. Une somme que l'on peut voir comme un petit placement car pour ces sportives des années 80 la tendance est clairement à la hausse depuis plusieurs années...

Avec le recul, l'Opel Kadett E GSi 16V apparaît bien construite, profitant d'une qualité de fabrication solide pour l’époque. Correctement entretenu, son moteur peut offrir une expérience fiable et agréable. Néanmoins, acheter une Kadett GSI aujourd'hui nécessite une attention particulière à plusieurs aspects. D'abord, les Kadett E sont sujettes à la rouille, surtout dans les régions/pays où le sel de route est utilisé. Il est important de vérifier les points de corrosion potentiels, notamment les ailes, les bas de caisse et les dessous de caisse, et de traiter tout signe de rouille dès qu’il est détecté. Le moteur 16 soupapes de la Kadett E GSi est généralement fiable mais nécessite un entretien régulier avec une huile de qualité. Les problèmes les plus courants incluent l’usure des joints et des courroies, ainsi que la nécessité de maintenir un système de refroidissement en parfait état pour éviter la surchauffe. La boîte manuelle à cinq rapports est robuste mais les problèmes peuvent survenir si le niveau d'huile n'est pas surveillé en cas de fuites. Les synchros peuvent également s'user avec le temps, rendant les passages de vitesses accrocheurs. Comme beaucoup de voitures de cette époque, la Kadett E GSi 16V peut aussi subir des problèmes électriques, notamment des pannes de capteurs ou des problèmes avec le système d'allumage. Enfin, la disponibilité des pièces de rechange peut être un défi. Cependant, de nombreux propriétaires trouvent encore des pièces via des spécialistes des voitures classiques ou des groupes de passionnés.

Chronologie Opel Kadett E GSI / GSI 16V

1936 : Lancement de la première Opel Kadett.
1984 : L'Opel Kadett E est présentée au public en 1984, en remplacement de la Kadett D. Elle représente la cinquième génération du Kadett et marque une évolution significative en termes de design et de technologie. Le modèle est disponible en plusieurs variantes de carrosserie : berline à quatre portes, coupé à trois portes, et break (Caravan). La version sportive est lancée avec le moteur 1,8 litre de 115 chevaux.
1986 : La version GSi 8V reçoit un 2.0 litre à 8 soupapes développant 130 chevaux (bloc 20SEH). Le 1.8l, ramené à 112 ch, anime désormais la Kadett GT.
1988 : Au printemps, la Kadett E GSi 16V fait son apparition. La gamme d'équipements disponibles s'élargit, incluant des options telles que l'air conditionné et des améliorations technologiques pour le confort et la sécurité. La puissance officielle descend à 150 ch et le couple à 196 Nm sur les modèles équipés du pot catalytique (selon marchés).
1989 : En février, la gamme Kadett subit un restylage, l'intérieur gagne en finition et de nouvelles options apparaissent. L'extérieur subit lui aussi quelques améliorations mineures. Extérieurement, la calandre est redessinée et séparée du pare-chocs avant (sauf GSi).
1991 : Fin de production, la Kadett E est remplacée par l'Astra F. Le nouveau modèle marque une rupture en adoptant le nom Astra jusqu'ici utilisé par Vauxhall mais s'inscrit bien en tant que sixième génération avec la lettre F. Dans certains pays d'ailleurs, comme en Afrique du Sud, l'Astra est encore appelée Kadett...

PRODUCTION OPEL KADETT (E) GSI 16V
GSI 16V 156 ch + 150 ch (1988-1991) : 46 031 exemplaires

CARACTERISTIQUES TECHNIQUES
OPEL KADETT (E) GSi 16V

MOTEUR
Type : 4 cylindres en ligne, 16 soupapes
Position : transversal AV
Alimentation : Injection électronique multipoint Bosch Motronic M 2.5
Cylindrée (cm3) : 1998
Alésage x course (mm) : 86 x 86
Puissance maxi (ch DIN à tr/mn) : 156/150 à 6000
Couple maxi (Nm à tr/mn) : 203/196 à 4800
TRANSMISSION
AV
Boîte de vitesses (rapports) : manuelle (5)
ROUES
Freins Av-Ar (Ø mm) : disques ventilés (256), étriers flottants monopiston - disques pleins (260), étriers flottants double piston
Pneus Av-Ar : 185/65 VR 14
POIDS
A vide constructeur (kg) : 1010
Rapport poids/puissance (kg/ch) : 6.6

PERFORMANCES
Vitesse maxi (km/h) : 217
1000 m DA : 28"5
0 - 100 km/h : 8"1
CONSOMMATION
Moyenne mixte (L/100 km) : 7.5
CO2 (g/km) : NC
PRIX NEUF (10/1988) : 112 158 FF
COTE (2024) : 12 000 €
PUISSANCE FISCALE : 10 CV

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