© L'AUTOMOBILE SPORTIVE (09/03/2013)
BOURGEOISE EN JARTELLE
Avec la 406, Peugeot semble vouloir tirer un trait sur l'ère des berlines sportives pour se concentrer sur des modèles plus bourgeois et mieux finis. Néanmoins, avec des qualités routières aussi remarquables que celles de la 406, il eut été dommage de ne pas tenter une petite incursion sur le terrain du sport. Bien que timide, cette tentative donnera naissance à la 406 ST 2.2 16V Pack Sport, véritable sleeper réservé à une poignée d'amateurs…
Texte :
Sébastien DUPUIS
Photos : D.R.
Lancée en octobre 1995, la Peugeot 406 remplace directement la 405 en proposant les même types de carrosserie, berline et break (à partir d'octobre 1996). A cela, s'ajoute même un remarquable coupé 406 dessiné chez Pininfarina à partir de mai 1997. La famille est donc complète mais il manque de toute évidence pour les passionnés une descendante aux turbulentes 405 Mi16. Plus qu'un oubli, il s'agit d'un véritable renoncement puisque PSA ne semble plus en mesure de suivre la montée en puissance dévastatrice amorcée par les allemands. En effet, si une 405 T16 pouvait éventuellement bousculer une M3 e30 sur autoroute, il apparaît évident que même avec son V6, la 406 peut oublier l'espoir de courir derrière une BMW M3 e36, une Audi S4 ou une Mercedes C43 AMG... C'est donc sur ce constat désolant que les amateurs de berlines françaises vont devoir remballer leur fierté et se contenter d'une version "Pack Sport" plutôt que "Peugeot Sport" pour arômatiser une 406 dotée du nouveau 2.2 16V...
PRESENTATION
En février 1999, soit 4 ans après sa sortie, la Peugeot 406 est restylée. On peut réellement parler de "facelift" puisque les modifications sont concentrées sur les faces avant et arrière ainsi que la planche de bord. Le nouveau visage arbore des optiques plus étirés à glace polycarbonate qui modernisent d'un coup la 406. La calandre perd ses barrettes pour une grille en nid d'abeille étendue sur toute la largeur, augmentant le dynamisme de la face avant. Les feux arrière sont séparés en deux par des inserts couleur carrosserie et le couvercle de la malle n'est plus concave mais convexe. Toutes les finitions sont également modifiées, avec en haut de gamme la SV comprenant des sièges électriques velours, un régulateur de vitesse, un rétroviseur électrochrome, un chargeur 6CD. Avec le pack SVE elle devient même résolument Premium en se dotant du cuir intégral et des sièges électriques chauffants à mémoires.
En juin 2000, à l'occasion de l'arrivée du 2.2e 16V, Peugeot ajoute la finition "ST Pack Sport", disponible sur la berline et le break. La 406 affiche désormais un brin de sportivité avec, en tout et pour tout, des jantes 16" (identiques à celles des 206 GT et 206 CC 2.0)...
A BORD DE LA 406 ST 2.2 16V
A l'intérieur, la sellerie mixte cuir/tissu, des cadrans à entourage chromé avec en exclusivité la température huile se chargent d'améliorer l'ordinaire. En 2001, c'est le multiplexage intégral qui est ajouté avec de nouvelles fonctions électriques comme l'allumage automatique des feux, accompagnant une nouvelle organisation des finitions (Confort pack et Sport pack). Lumineux et chaleureux, ergonomiquement bien pensé, tout concourt dans l'habitacle de la Peugeot 406 à rendre la vie à bord agréable même s'il manque quelques aspects pratiques comme des rangements immédiats.
MOTEUR
La famille de moteurs EW de PSA a été introduite en 1998 pour remplacer les blocs XU, à la fois en essence et en Diesel. Tout d'abord proposé en 2.0 (type EW10 repris sur la 206 S16), le moteur évolue à 2231 cm3 (type EW12J4) dans la Peugeot 607 par augmentation de l'alésage (+1 mm) et surtout de la course (+8 mm) avant d'arriver sous le capot des 406. Typé longue course, le 2.2e 16V vise donc à offrir un caractère plus rond que rageur malgré la présence du déphaseur d'admission VTC. Remplaçant avantageusement le vieux XU10 alias 2.0 Turbo CT, le 2.2 16V se montre très souple à bas régime et exempt de vibration grâce à ses deux arbres d'équilibrage. Il manque cependant d'un caractère plus affirmé à haut régime pour revendiquer le titre de moteur sportif et reste très loin de la rage du 2.2 Vtec de la Honda Accord type R ! Délivrant seulement 160 ch à 5650 tr/mn, on devine que la recherche de la puissance n'était pas prioritaire mais ce 2.2 tombe à point nommé pour combler le trou entre le 2.0 16V de 137 ch et le V6 2.9 de 210 ch. Néanmoins, fort d'un couple intéressant de 217 Nm à 3900 tr/mn disponible à 85 % entre 2600 et 5500 tr/min, le 2.2 16V permet d'offrir à la 406 des performances dignes d'une petite GTI avec son rapport poids/puissance de 8,6 kg/ch. Vendue 7.933 F de plus que la 2.0 16V et 31.735 F de moins que la 406 V6, la 2.2 16V ST Pack Sport était judicieusement positionnée. Caractérisé par sa souplesse et son insonorisation soignée, le 2.2e 16V fait de la Peugeot 406 une routière au long cours. Dommage que la commande de boîte soit si peu précise (par câbles sur la boîte type ML5T, remplacée par la ML5C à débattement raccourcis) car en quittant l'autoroute, on découvre alors le vrai talent de la 406 ST 2.2 Pack Sport : son châssis !
SUR LA ROUTE
Avec la 406, nous sommes encore proche des « années folles » de Peugeot dont la 405 Mi16 reste emblématique dans la gamme des berlines. Spécialistes incontestés des tractions, PSA fait une nouvelle démonstration de son savoir-faire avec sa 406, une berline familiale capable d'offrir un plaisir de conduite digne des références allemandes comme la BMW série 3 e36. La presse de l'époque n'hésite d'ailleurs pas à parler de liaisons au sol "exceptionnelles". Et il faut bien avouer, tout chauvinisme mis à part, que la Peugeot 406 est incontestablement la référence de son époque avec un compromis efficacité/confort/plaisir remarquable. Le nouveau train arrière multibras et les amortisseurs à clapets fabriqués par Peugeot rivalisent sans complexe avec la coûteuse suspension hydraulique de la Citroën Xantia. A l'avant, toutes les 406 bénéficient d'un train avant de type pseudo-Mac Pherson inversé et la 406 2.2 ST Pack Sport ne fait pas exception. Cette finition ajoute des pneus à flanc plus bas (205/55) qui travaillent mieux que les 205/60 VR 15 de la finition SV. La précision de conduite est très bonne, la tenue de route excellente, avec peu de roulis, et le train arrière participe activement dans les virages. La direction, à assistance variable, se montre précise elle aussi, quoiqu'un peu trop légère, la 406 2.2 16V se guidant du bout des doigts avec aisance. Amortie avec rigueur, elle enchaîne sans broncher les virages les plus serrés, se prêtant ainsi volontiers à une conduite sportive. Son train arrière assez vif demande toutefois de rester vigilant, les corrections au volant pouvant aller jusqu'au contre-braquage cela peut surprendre sur une traction de ce gabarit ! La Peugeot 406 ST 2.2 16V offre une conduite vive et joueuse, mais néanmoins sûre dans la majorité des conditions, offrant ainsi un réel plaisir de conduite. Au final, le seul regret vient du fait de ne pas disposer d'une cavalerie plus sauvage !
ACHETER UNE PEUGEOT 406 2.2 16V
Les prix en occasion des Peugeot 406 2.2 16V ST Pack Sport oscillent autour de 4.000 €, selon l’état global et le kilométrage. Pas vraiment rare mais pas non plus si facile à trouver, ce modèle de 406 a été nettement moins diffusé que son équivalent doté du 2.2... HDI. En conséquence, il faudra sans doute vous armer de patience pour trouver un exemplaire pas trop kilométré et dont l'entretien affiche un suivi limpide. En revanche, si seul le moteur 2.2 vous intéresse, vous pourrez vous rabattre sur la finition SV, moins recherchée car plus bourgeoise mais mieux dotée en équipements pour le même prix. S'il ne faut pas craindre pour la fiabilité du bloc EW dérivé du XU, on devra surveiller la consommation d'huile qui peut augmenter avec l'âge et dans le cas d'une conduite sportive régulière. Bon nombre de 2.2e souffrent également d'un bruit de claquement au démarrage dû aux poussoirs hydrauliques qui se désamorcent, mais sans incidence sur la fiabilité. Côté trains roulants, on note quelques cas de train arrière fatigués. Cependant il ne s'agit pas de remplacer cette pièce coûteuse puisque ce sont généralement les biellettes qui présentent une faiblesse. Les problèmes électroniques, dus aux caprices du BSI à partir de la mise en oeuvre du multiplexage en 2001, sont finalement les pannes les plus fréquentes : anti-démarrage, climatisation, de multiples problèmes souvent mineurs constituent un lot de soucis électroniques qui ont été déplorés par les utilisateurs. Pour le reste, il convient de dire que les Peugeot 406 résistent bien aux kilomètres, surtout dans cette phase 2 entrée en vigueur avant l'arrivée du 2.2 16v. Il s'agit donc d'un modèle tout à fait recommandable en occasion, mais à ne pas payer plus cher que sa valeur objective.
PRODUCTION PEUGEOT 406
406 Berlines : 1 236 934 exemplaires
406 Break : 319 632 exemplaires
406
Coupé : 107 654 exemplaires
TOTAL (1995-2004) :
1 667 944 exemplaires
::
CONCLUSION
Pour qui ne veut ou ne peut s'offrir les services du V6, la Peugeot 406 ST 2.2 Pack Sport offre une réelle alternative de choix avec son moteur docile et efficace, à défaut de sportif, et son châssis parfaitement réglé. En outre, la berline 406 s'avère globalement fiable et son intérieur résiste bien à l'épreuve du temps, de même que sa ligne classique et élégante. En conclusion, dans la catégorie des berlines à tendance sportive c'est un modèle à ne pas oublier…
Merci à Cyril DE MARCO pour l'aide apportée à cet article. |