SUBARU IMPREZA (GH) WRX Anniversary (2007 - )
QUETE D'IDENTITE
Emblème de la marque grâce à 3 beaux succès en championnat du monde des rallyes par le passé, la Subaru Impreza en est aujourd'hui à sa 3e génération. Lancée en 2007, la nouvelle Impreza WRX nous est réapparue sous les traits inédits d'une variante à 5 portes. Heureusement, le fameux "flat four" turbo est toujours là, mais comme pour mieux laisser briller la STI, la WRX de base a fait l'objet d'un consensus "mou"...
Texte :
Sébastien DUPUIS
Photos : Vincent MAUBOIS
L'appellation WRX est née en octobre 2000, date à laquelle Subaru lançait la remplaçante de la mythique GT Turbo. Bien que capitalisant sur des succès en WRC encore récents (3 titres constructeurs en 1995, 1996 et 1997 et 1 titre pilote en 1995 avec Colin McRae), la philosophie de la WRX se voulait moins brutale que ne l'était l'Impreza GT Turbo. En complément, et pour ne pas trahir son engagement sportif, Subaru proposa donc une WRX STi, offrant un niveau de performance encore jamais atteint par un modèle de série de la marque en France. Cette deuxième génération d'Impreza sera couronnée par 2 titres pilotes en 2001 et 2003 avec Richard Burns.
Et puis nous voici en 2007, année de mise en production de la 3ème génération d'Impreza (code GE/GH/GR). A cette occasion, la filiale de la Fuji Heavy Industries a remis tout à plat, y compris le moteur (ouf !). Le dernier titre constructeur en WRC datant de 10 ans maintenant pour Subaru, l'Impreza a une nouvelle fois fait l'objet d'un traitement visant à la rendre plus "grand public" avec notamment une inédite carrosserie 5 portes. Elle quitte donc le segment des familiales à coffre, en perte de vitesse, pour introduire celui des berlines compactes, catégorie la plus prisée en Europe. Dans le cas de la WRX, les concurrentes s'appellent donc VW Golf 6 GTI, Mazda 3 MPS, Ford Focus ST, Honda Civic Type R ou du côté de "François le français", l'indétrônable Renault Megane RS, véritable maître-étalon dans sa variante R26 en attendant la relève prochaine.
Sauvée de justesse par la version mazout face au quotas de CO2, la WRX nous est donc revenue en 2007 sous la forme d'une série limitée à 225 exemplaires, baptisée Anniversary, avant d'intégrer le catalogue officiel sous le même nom jusqu'à épuisement des quotas. Un anniversaire commémorant les 15 ans de l'importateur Subaru France qui suscite, déjà, la nostalgie des toutes premières Sub GT Turbo. Alors, concrètement, que donne cette Sub' du 3ème millénaire ?
PRESENTATION
Lorsqu'on ne se cache pas d'avoir pour "benchmark" l'Audi A3, mieux vaut éviter les faux pas sous peine de sentence impitoyable. Pour ce qui concerne le design, qui est bien évidemment une affaire de sensibilité très personnelle, reconnaissons par les statistiques d'opinion que l'Impreza n'a jamais vraiment su séduire le plus grand nombre, évoluant de mal en pire au gré de ses relookings d'inspirations très variables... Bref, objectivement ou subjectivement, la Subaru Impreza WRX dernier cru ne pourra toujours pas être considérée comme un canon de beauté si l'on en croit les réactions du public, sur Internet ou dans la rue. Principalement, c'est la partie arrière qui anime le plus les discussions. Entre les feux transparents typés tuning ou l'apparition de la 5ème porte "hatchback" à la place du coffre, les avis divergent grandement.
Néanmoins, dans un segment où la banalité dictée par le "consensus mou" d'un design qui doit séduire le plus grand nombre d'acheteurs, force est de reconnaître que la Subaru Impreza ne passe toujours pas inaperçue. Notamment dans cette superbe teinte blanc nacré, elle accroche immanquablement le regard et affirme le souci de rouler différent qui anime tout propriétaire de Subaru. Par ailleurs, l'ouverture béante formée dans le capot pour aspirer l'air frais sur l'échangeur de turbo perpétue la signature forte des Impreza "musclées", avec leur atypique moteur à plat turbocompressé. Mais c'est pour ainsi dire le seul trait de sportivité apparente que s'autorise cette WRX nouveau cru. Car même les jantes alliage de 17" ou la grosse sortie d'échappement intégrée à droite du diffuseur arrière ne semblent pas devoir alerter plus que ça le passant sur le potentiel mécanique de la WRX. La banalisation des "finitions" sportives sur un grand nombre de berlines impose il est vrai à une surenchère pour les vraies sportives. Dernier exemple en date, la Ford Focus RS.
HABITACLE
Fin des présentations avec l'ouverture de la portière. Une chose saute alors aux yeux pour tout connaisseur du modèle et de sa lignée : les portières ont désormais un encadrement de vitre ! Comme chantait France Gall, "c'est peut-être un détail pour vous, mais pour moi, ça veut dire beaucoup" ! En effet, l'Impreza perd ici un trait fort de son originalité par ce simple "détail", probablement sacrifié sur l'autel de la rigidité. Si tout fout le camp à ce point, que va-t-il rester du moteur ?... L'habitacle parlons-en justement. Si le traitement visuel reste très japonais, des efforts ont été faits en matière d'ergonomie et sur la qualité des assemblages.
En revanche, côté finition et matériaux, on reste assez loin des références germaniques ! Surtout à ce niveau de prix... De toute évidence, la voiture est plus proche des normes américaines avec une profusion de plastiques durs, assez décevante. Subaru se rattrape cependant avec, sur cette livrée "Anniversary", un équipement de série très complet (8 airbags, clim auto, radio CD mp3, phares au Xenon, régulateur, 4 vitres électriques) et de superbes baquets, confortables et au maintien impeccable. Le volant tombe bien en mains, tout comme le levier de vitesse et la vue sur le bossage de l'entrée d'air du capot ajoute le charme qui fait défaut à cet habitacle plutôt quelconque. Nous voilà prêts à dévorer le bitume des quatre roues, motrices !
MOTEUR
Sous son capot bombé, l'Impreza camoufle toujours son quatre cylindres à plat aussi atypique qu'attachant face à la masse des 4 en ligne du marché. Premièrement, ce type d'architecture se distingue par sa quasi-absence de vibrations et une sonorité bien particulière. Réalésé à 2457 cm3 depuis quelques temps déjà, il nous revient sans grand changement apparent avec une puissance maxi de 230 ch à 5200 tr/mn (contre 5600 sur l'Impreza 2 WRX. Le couple quant à lui est toujours de 320 Nm, mais disponible dès 2800 tr/mn contre 3600 précédemment. La distribution côté admission intègre un système de contrôle actif appelé AVCS qui permet d'optimiser la courbe de couple, quasiment constante entre 2500 et 5500 tr/mn. Un indice sur le papier concernant une philosophie plus "civilisée", qui devient particulièrement flagrant une fois mis en pratique !
En effet, le flat four n' a désormais plus rien à voir avec la bête sauvage qu'il était lors de son apparition en France. Plein dès les bas régime, moins creux sous les 2000 tr/mn, il monte vers la zone rouge promptement mais en se montrant extrêmement linéaire et... silencieux. Côté sensations, c'est donc un peu la douche froide. De sportive familiale, l'Impreza WRX prend des airs de berline tranquille !
Tranquille, pas tant que ça à vrai dire. Chrono en main, elle continue à faire chauffer l'asphalte de ses 4 roues motrices, avec des accélérations remarquables. 0 à 100 km/h en 6" pour un poids de 1400 kg, c'est très bon et la motricité excellente y est bien sûr pour beaucoup. Les reprises sont du même tonneau et n'imposent que rarement un rétrogradage de rapport. Seul point en retrait sur cette WRX, la vitesse maxi qui se retrouve en revanche pénalisée par un étagement de boite 5 aussi réussi que serré mais qui mériterait un pignon supplémentaire.
Et le revers de la médaille de cet exotique cocktail, c'est comme à la (mauvaise) habitude, une consommation moyenne incapable de descendre sous les 10L/100 km et des rejets de CO2 à 246 g/km ajoutant un malus de 1600 € à l'achat. Avec un prix de base déjà pas "bradé", l'Impreza est désormais bien moins attrayante financièrement qu'elle ne l'était à ses débuts européens. Pour un anniversaire, ce n'est donc pas vraiment cadeau...
SUR LA ROUTE
Le système Symmetrical AWD a été conçu par Subaru en 1972 et a ensuite connu de nombreux développements tant sur le plan technologique que mécanique. Le coeur du système AWD réside dans un montage rectiligne de la transmission, de la boîte de transfert, de l’arbre de transmission et du différentiel arrière, derrière le moteur.
Sur le plan dynamique, Subaru a donc toujours misé sur cette fameuse transmission intégrale permanente et construit son succès et son image sportive sur cette technologie, à l'instar d'Audi et son Quattro qui avait révolutionné les rallyes. Des qualités qui retrouvent bien entendu un écho et une mise en pratique sur les voitures de série, au bénéfice de l'adhérence, notamment sur sol glissant. Sur le sec en revanche, l'intérêt d'une intégrale face à une excellente traction est de plus en plus contesté par des tractions disposant d'un différentiel à glissement limité, comme la Renault Megane RS, se montrant même parfois aussi efficaces sur circuit avec l'aide d'un amortissement rigoureux.
Sur route, les premières impressions à bord de la WRX 2008 ont de quoi surprendre. Étonnamment confortable, l'amortissement semble hérité d'une voiture sans aucune prétention sportive. Dotée de trains roulants modernes et de sa transmission, l'Impreza conserve une tenue de cap sereine mais certaines bosses entraînent des mouvements de caisse importants, de même que l'avant a une nette tendance à plonger au freinage ou se cabrer sous l'effet de l'accélérateur ! Par ailleurs le roulis est très marqué et le sous-virage toujours aussi sensible en cas de forte charge du train avant. Pour continuer à brosser le tableau, notons des freins peu mordants qui abandonnent les étriers fixes pour du matériel flottant à simple piston. On s'étonne également que la monte pneumatique ait elle aussi été revue à la baisse (205/50 R17 contre 215/45 R17). Surprenant là encore... Enfin, la direction très assistée manque de précision et de retour, participant elle aussi au sentiment d'une conduite trop avare en sensations. Un manque de feeling heureusement plus désagréable que perturbante pour l'efficacité globale qui reste de haut niveau, mais qui frustrera l'amateur de conduite musclée sur départementale.
CARACTERISTIQUES TECHNIQUES
SUBARU IMPREZA (GH) WRX Anniversary
MOTEURType : 4 cylindres à plat opposés, 16 soupapes
Position : longitudinal AV
Alimentation : Gestion électronique Nippon Denso
Cylindrée (cm3) : 2457
Alésage x course (mm) : 99,5 x 79
Puissance maxi (ch à tr/mn) : 230 à 5200
Couple maxi (Nm à tr/mn) : 320 à 2800
TRANSMISSION
Intégrale permanente, viscocoupleur central LSD
Boîte de vitesses (rapports) : manuelle (5)
POIDS
Données constructeur (kg) : 1395
Rapport poids/puissance (kg/ch) : 6,1
ROUES
Freins Av-Ar (ø mm) : Disques ventilés (295) - Disques pleins (287) + étriers flottants 1 piston
Pneus Av-Ar : 205/50 R 17
PERFORMANCES
Vitesse maxi (km/h) : 209
400 m DA : 14"9
1 000 m DA : 27"4
0 à 100 km/h : 5"8
0 à 200 km/h : 32"3
CONSOMMATION
Moyenne (L/100 Km) : 10,4
PRIX NEUF (06/2009) : 33 000 €
15 CV FISCAUX
CONCLUSION
Embourgeoisée pour mieux séduire, la Subaru Impreza WRX 3ème génération semble avoir mis de côté tous ses gènes sportifs pour ne conserver que la performance pure et la facilité d'une conduite en transmission intégrale. D'un point de vue général, nous pourrions donc nous considérer comme très déçus. Néanmoins, il résulte de ces efforts une berline compacte originale et bien conçue, facile à vivre et aussi sûre qu'efficace. Difficile donc de trop la blâmer, considérant qu'une part de clients y trouveront très certainement leur compte. Tout n'est qu'une question d'état d'esprit et pour s'en remettre, il reste la STI aux vrais sportifs !
Equipement généreux
Flat 4 atypique
Douceur de fonctionnement
Performances
Transmission intégrale "tous temps"
Esthétique discutable
Plastiques bas de gamme
Conduite aseptisée
Sportivité en chute libre
Pas de boîte 6
Consommation
L'Automobile Sportive remercie chaleureusement André-Luc, propriétaire de cette Subaru Impreza WRX Anniversary.