LA
FILLE DES VENTS !
Volkswagen est un des rares constructeurs généralistes
a posséder (à l'instar de Peugeot) en permanence un cabriolet dans
sa gamme. Toutefois, depuis l'arrêt en 2003 de la Golf cabriolet, seule
la New Beetle défendait le concept du plaisir cheveux au vent dans la gamme
Volkswagen. Avec l'Eos, Volkswagen revient sur le segment des cabriolets compacts
et de quelle manière ! Exit les arceaux disgracieux (mais rassurants) des
Golf 1 et 3, c'est désormais un maître du design des concept CC qui
s'est penché sur le berceau de la dernière-née pour le plus
grand bonheur des yeux et des sens...
Texte : Gabriel LESSARD
Photos : D.R.
Volkswagen possède une longue tradition des variantes cabriolets. Déjà
du temps de la célébrissime Coccinelle, une variante cabriolet vit
le jour et resta longtemps au catalogue du constructeur de Wolfsburg. Quelques
autos moins diffusées comme les cabriolet Karmann Ghia ou encore la VW-Porsche
914 permettaient également aux amateurs des "voitures du peuple"
de profiter du plein air et se passer de brushing. Avec sa compacte Golf
mk1, Volkswagen allait inaugurer la succession bien méritée
de la "Cox" cabriolet. Puis l'histoire du cabriolet Golf devient plus
étrange avec un cycle de vie et des transformations qui ne suivirent pas
toujours l'évolution de la gamme et des générations Golf.
En shématisant, Volkswagen renouvelle sa variante cabriolet toutes les
deux générations. Les générations paires de Golf (la
2 et la 4) durent en effet accepter de bonne grâce la génération
précédente décapsulée. Avec la nouvelle Golf
5, Volkswagen repasse à l'attaque avec sa nouvelle Eos mais
dans une interprétation plus en phase avec le marché et l'essor
des coupés-cabriolets. Fini la berline compacte décapsulée,
c'est désormais un vrai cabriolet sans arceau sur lequel les forces de
ventes du réseau VW peuvent s'appuyer. Et comme Volkswagen ne fait pas
les choses à moitié, l'Eos est disponible avec plusieurs motorisations
essence : le 2 litres FSI 150 ch et le 2 litres FSI de 200 ch avec turbocompresseur.
En fait, cette dernière reprend tout simplement le moteur de la Golf
5 GTI. Evidemment, pour le guide des sportives de L'Automobile
Sportive.com, nous avons retenu la version la plus puissante de la
gamme en attendant la future Eos 3.2 V6...
DESIGN
Murat Günak,
designer de talent, est passé maître dans l'art de dessiner des autos
découvrables avec le concept CC (Coupé-Cabriolet). Pour ceux qui
ont encore la mémoire trop ramollie par les vacances d'été,
il fut en effet l'un des principaux artisans du design du premier Mercedes
SLK R170, puis ensuite du concept car Peugeot 20Coeur (préfigurant la future Peugeot
206 CC avec le succès que nous lui connaissons). Après
avoir quitté Peugeot pour retourner chez Mercedes-Benz, il va finalement
poser ses valises chez VAG. Une bonne initiative pour le constructeur allemand
tant le résultat de l'Eos nous semble à la fois réussi et
abouti. Voilà le premier CC quatres places qui reste à la fois élégant
de ligne et en plus équilibré. On ne retrouve pas ce défaut
si souvent reproché aux autres CC de "sac à dos" avec
un coffre proéminent. L'explication est à la fois technique et stylistique.
D'une part, le toit CSC permet, par sa cinématique particulière
en trois partie (il se déploie en seulement 25 secondes et surtout ne nécessite
pas de hauteur de plafond particulière dans les parkings) d'offrir un profil
plus équilibré et qui s'intègre mieux dans le prolongement
du parebrise sans que ce dernier soit obligé de déborder peu élégament
au-dessus de la tête des passagers avant comme sur les Peugeot
307 CC et les Renault
Mégane CC. L'autre trouvaille pour diminuer cette illusion
de l'effet "sac à dos" est d'avoir des flancs très hauts.
Cela se remarque d'autant plus lorsque l'on regarde la taille des roues qui semblent
petites sur l'Eos de profil malgré de très belles jantes en 17 pouces
en option qui équipaient notre modèle d'essai. Pour le reste, impossible
de ne pas identifier l'Eos comme un produit de la marque de Wolfsburg. Avec sa
calandre désormais déployée sur toute la gamme, ses feux
du même design que les Polo
6 ou encore sa poupe mélange de Phaeton et de Passat. L'Eos est une réussite sur le plan du style et nombreux furent
les passants à nous adresser des compliments sur "notre" belle
auto lors de notre essai.
A BORD DE LA VW EOS
Une fois bien installé dans les très bons
sièges, on goûte au confort bien réel tant à l'arrêt
qu'en roulant. D'ailleurs, même décapoté, vous pourrez rouler
à des vitesses plus ébourrifantes pour votre permis que pour votre
permanente. Avec le toit fermé, les bruits d'air sont peu présents,
ce qui est une réussite de la part des ingénieurs. Bravo ! La présentation
intérieure est reprise de la Golf 5. Comme sur la Golf on observe donc
les mêmes qualités d'assemblages et quelques plastiques durs sur
la partie basse de la planche de bord. Pour le reste, c'est noir et encore noir.
Heureusement que la sellerie cuir bordeau sur cette Eos vient amener un peu de
chaleur dans l'habitacle. L'équipement de série est déjà
très complet (climatisation auto, vitres électriques, fermeture
centralisée, direction assistée, régulateur de vitesse, filet
anti-remous...). Remarquez, heureusement, car elle n'est pas spécialement
donnée cette Eos 2.0 FSI avec 32 960 euros en prix de base. Tout de même
5000 euros de plus qu'une Golf 5 GTI dotée du même moteur ! Les seuls
reproches que l'on puissent réellement adresser à l'Eos sont l'accessibilité
et l'habitabilité restreinte des places arrières et un coffre moins
généreux en volume utile intérieur que sa masse extérieure
ne le présage...
MOTEUR
Nous ne reviendrons pas en détail
sur la présentation technique du 2 litres TFSI (FSI Turbo) qui a déjà
fait l'objet d'un dossier sur la Golf 5 GTI (consulter
le dossier VW Golf 5 GTI). Il cependant retenir que sa technologie
d'injection directe d'essence alliée à un turbocompresseur lui apporte
une vigueur et une souplesse de fonctionnement propres à faire de l'ombre
aux effronteries permanentes des motorisations diesel modernes et abouties. Il
est accompagné d'une boîte de vitesses mécanique à
six rapports. Il s'agit en fait de la boîte de la Golf 5 GTI mais dotée
du pont court de la boîte de l'Eos 2.0 FSI atmo de 150 ch pour compenser
la prise de poids (près d'1,5 tonnes sur la bascule pour l'Eos). Toujours
à commande par cables, la commande de boîte peut éventuellement
être rétive ou imprécise mais uniquement lors de passages
à la volée. Mais peut-on le reprocher à l'Eos ? Sa vocation
n'est pas nécessairement d'être menée à la cravache
comme avec une GTI... Quoique ! Avec ses 200 ch à 5000 tr/mn et surtout
son couple de 280 Nm de 1800 à 5000 tr/mn, l'Eos FSI turbo invite l'amateur à
presser l'accélérateur plus longtemps et retarder le passage des
rapports. D'autant plus que cette mécanique au son feutré mais sympa
permet d'aller taquiner les 7000 tr/mn. Evidemment, aller à 7000 tr/mn
ne sert qu'à flatter votre égo d'amateur de mécaniques essence
car le 2.0 TFSI ne pousse pas plus à partir de 5000 tr/mn. Très
linéaire, cette mécanique sied pourtant à merveille à
l'Eos et lui confère des performances très intéressantes
: 232 km/h en vitesse maxi malgré le pont court, 28,5 secondes à
la borne kilométrique et 7,9 secondes pour abattre le 0 à 100 km/h.
Sa technologie moderne lui permet également de ne pas trop consommer en
conduite normale mais son réservoir de 55 litres seulement ne lui garanti
pas une très grande autonomie en conduite musclée.
CHASSIS
Le plus gros écueil à surmonter pour les cabriolets est de conserver
un maximum de rigidité de la caisse malgré l'ablation du toit. Alors
pour garantir une rigidité impérative nécessaire à
l'efficacité et au bon travail des liaisons au sol, les cabriolets reçoivent
des renforts. Résultat, la bascule trinque et l'EOS pèse 105 kilos
de plus que la Golf 5 GTI équipée de la même mécanique.
Toutefois, Volkswagen a souhaité placer son Eos au-dessus de la Golf 5
en terme de gamme et de confort. Elle a donc pioché dans la gamme VAG pour
obtenir une stature plus imposante. Le train avant provient lui toujours de la
Golf pour lui garantir un comportement tout de même dynamique, mais le train
arrière multi-bras provient lui de la nouvelle Passat. Un choix cohérent
pour conserver un confort plus bourgeois. Les tarages de suspensions et réglages
châssis ont du être composés en fonction de la prise d'embonpoint
comparé à la Golf. Bien qu'à assistance électrique,
la direction à crémaillère retranscrit bien fidèlement
ce qui se passe sur la route et permet de placer l'auto où l'on veut. Bonne
nouvelle, l'ESP reste encore discret et autorise quelques dérives du train
arrière au lever de pied brutal dans des courbes serrées. On ré-accélère
et l'auto se remet en ligne. Facile et prévenante. Dès que l'on
augmente la vitesse, les courbes sont avalées sans coup férir et
l'Eos affiche un très bel équilibre tout en préservant le
confort des passagers. Le freinage est puissant mais l'attaque à la pédale
est au départ un peu suprenante. Facile à conduire, confortable
mais acceptant de se faire bousculer, l'Eos est toutefois plus taillée
par sa définition pour une conduite coulée mais rythmée qu'une
vraie conduite sportive. Pour le sport pur et dur, la Golf 5 GTI se chargera de
vous combler. De série, l'Eos 2.0 FSI 200 ch est équipée
de jantes alu 16 pouces chaussées de Bridgestone Potenza RE 050 A en 215/55
R 16 mais du 235/45 R 17 est possible en option comme sur notre modèle
d'essai.
:: CONCLUSION
Si nous étions
au départ séduits par sa ligne, nous restions dubitatifs sur les
capacités "sportives" de l'Eos. En fait, elle nous a agréablement
surpris et s'est montrée une compagne homogène et performante lors
de cet essai. Le moteur 2 litres FSI 200 ch de la Golf GTI est toujours aussi
efficace et son caractère plus linéaire nous semble plus adapté
encore à l'Eos qu'à une GTI. On peut donc conduire "confort"
sur le couple et si le besoin ou l'envie se manifestent, on peut aller taquiner
le compte-tours et surprendre plus d'un diesel optimiste. Belle, performante,
homogène et bien présentée, l'Eos 2.0 FSI 200 ch a tout pour
elle ou presque. Reste our vous à assumer cette montée en gamme
avec un tarif coquet de plus de 32 000 euros...
CE QU'ILS EN ONT PENSE
:
"Comme l'Opel Astra et la Ford Focus, l'Eos marque l'arrivée
d'une nouvelle génération de coupés-cabriolets allemands
qui privilégient l'esthétique pour s'imposer sur le marché.
Cela sera-t-il suffisant pour faire de l'ombre aux constructeurs français,
aujourd'hui leaders du segment avec les Peugeot 307 CC et autre Renault Mégane
CC... Chez VW, on n'est pas trop inquiet, malgré des prix pas spécialement
serrés."
Le Moniteur Automobile - Guide d'achat 2006-2007 -
Volkswagen Eos 2.0 FSI (200 ch). |