REPORTAGE
: LA FIN D'UNE GTI
SMART FORFOUR BRABUS (2005-2006)
POST
MORTEM
Ainsi
va le monde
La smart forfour n'aura pas réussi son challenge dans
un segment de marché hyper concurrentiel. Son absence de notoriété
l'a laissé dans l'ombre de la charismatique smart fortwo, aux yeux de tous,
considérée comme " LA " smart. Pourtant, la forfour avait
quelques arguments de choix notamment pour les amateurs de petites GTI explosives
avec la version Brabus et ses 177 ch. Alors nous avons souhaité la reprendre
en main une dernière fois en guise de requiem. Nous sommes véritablement
tous passés à côté d'une des dernières GTI modernes
ayant conservé la trempe de celles qui avaient marqué nos esprits
dans les années 70-80 !...
Textes
: Gabriel LESSARD et photos : D.R.
"M.
et Mme smart ont le regret de vous annoncer l'arrêt de leur forfour Brabus".
Tel aurait pu commencer un communiqué de presse émanant du constructeur
si l'humour était de mise. Pourtant, au-delà de l'échec industriel
et commercial avec les conséquences humaines et financières qui
en découlent, c'est aussi l'échec d'une rencontre entre un public
et un modèle. Nous voulons parler bien entendu de la smart forfour Brabus.
Une auto, qui, aujourd'hui encore a été oubliée de tous,
à commencer par les journalistes. Alors
qu'à longueur d'articles, la presse auto spécialisée sur
les voitures sportives se plaint de la prise de poids qui pourrait sembler inéluctable,
et son incidence sur la caractère et comportement des sportives modernes,
tout le monde a " zappé " le fait que la forfour Brabus, surtout
depuis la disparition de la Renault
Clio RS 2004, était finalement la dernière GTI moderne avec des sensations " d'anciennes ". Comprenez par-là
qu'elle n'est pas avare en sensation tout en conjuguant les qualités intrinsèques
des autos modernes. Alors, comme pour nous faire pardonner de ce manque de lucidité
de l'ensemble de la profession à son égard, nous avons souhaité
reprendre une dernière fois le volant de cette petite bombe survoltée,
et, le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle s'était appropriée
avec brio la génétique " GTI "
DESIGN
Autant
l'avouer tout de suite, la smart forfour ne s'est pas imposée par un design
novateur ou élégant dans le paysage automobile. Certes, dans ce
segment de marché l'innovation ne paie jamais, mais la forfour, uniquement
disponible en carrosserie cinq portes, n'a pas su se faire remarquer. On avait
bien noté les similitudes avec la smart
fortwo ou le roadster par
l'emploi de la cellule tridion apparente et des panneaux de carrosserie en plastique
appelés " bodypanels " chez smart. Heureusement, Bottrop est
passé par-là et s'est chargé de viriliser la ligne de la
forfour : kit carrosserie complet (boucliers avant et arrière, spoiler
avant
), double sortie d'échappement chromée, logos "Brabus"
et petit becquet sur le hayon. Uniquement disponible en gris argent ou noir, il
faudra attendre 2006 pour connaître des versions Brabus simplifiées
avec d'autres coloris. Mais elles sont très rares car présentées
juste avant l'annonce de l'arrêt de la gamme forfour. L'habitacle lui joue
la carte du luxe sportif avec une sellerie cuir complète (siglée
Brabus elle-aussi), un pommeau mixte cuir-alu, des compteurs au graphisme spécifique,
un pédalier alu, des parements en plastique argenté et un volant
sport à la jante très épaisse et doté de deux gros
bourrelets à "8h20" forçant ainsi vos mains à une
position peu habituelle sur un volant. L'équipement de série était
plutôt complet avec le minimum vital mais il fallait tout de même
piocher dans la liste des options pour profiter du GPS ou du toit ouvrant. Serions-nous
exigeants ? Affichées alors à 27 000 euros, à comparer aux
23 000 euros d'une Renault Clio RS,
reine de la catégorie, on était en effet en droit de l'être.
La position de conduite n'est pas idéale. On est assis un peu trop haut
et les sièges sont fermes et pas assez enveloppants. Il faut se caler avec
les genoux lors des phases d'appui. Attention aussi aux montants de parebrises
qui occultent parfois des angles morts. L'instrumentation, quoique rigolote est
tout de même succinte puisque l'on ne peut même pas admirer la pression
de turbo, pourtant possible sur un roadster
smart Brabus. Une pingrerie commune à toutes les GTI actuelles !
MOTEUR
Ce
petit moteur 1,5 litres d'origine Mitsubishi (le même que la Colt
CZT) est ici boosté par un turbo de la même origine. Il est plus
puissant sur la smart que sur sa cousine japonaise avec 177 ch à 6000 tr/mn
et 23,4 mkg à 3500 tr/mn. Premier constat au démarrage, il émet
une sonorité très sympa avec un ronronnement grave, certainement
du en grande partie à la ligne d'échappement Brabus. Mais c'est
à souligner tant les sportives modernes semblent parfois étouffées ou complexées de leurs
vocalises. Même à froid, ses évolutions se font sans heurts,
mais notre mollet gauche sait désormais qu'il va travailler. Si la commande
de boîte reste en effet correcte, l'embrayage est assez dur. Cela nous ramène
quelques années en arrière, lorsque les GTI d'antan nécessitaient
de la poigne. Dès les plus bas régimes, le moteur se montre souple,
mais il est très loin de cette mauvaise manie actuelle qui tend à
concurrencer le caractère des mécaniques diesels : plein de couple
en bas et plus rien en haut. La smart forfour Brabus reste une authentique sportive
mécaniquement parlant avec de la disponibilité, mais surtout une
pêche qui arrive créscendo et qui devient réelle au-dessus
de 3500 tr/mn. Passé ce régime, le moteur se met à râler
plus fort, mais de manière très agréable et il incite à
être cravaché. Tant et si bien qu'on se retrouve sans coup férir
à des vitesses fort répréhensibles sur route ouverte, mais
en distillant tout de même son lot de sensations. La boîte mériterait
certainement un rapport de plus et un étagement plus serré, mais
globalement les performances sont réelles tant en sensations de conduite
et de poussée que chrono en main : 221 km/h en Vmax et un 0 à 100
km/h en 6,9 secondes ! Chapeau ! La seule véritable ombre au tableau est
une consommation de précieux or noir assez conséquente avec minimum
10 litres au cent, et nous avons même réussi à dépasser
allègrement les 13 litres au cent sur certains parcours...
CHASSIS
Toute
la gamme forfour bénéficie d'un freinage à quatre freins
à disques au-dessus de tout soupçon. La version Brabus n'échappe
pas à cette règle et en toute circonstance le freinage se montre
endurant et puissant. L'attaque à la pédale et son dosage est également
un modèle du genre, du même tonneau que la dernière Clio
RS ou encore la Mégane
RS phase 2. La motricité se montre finalement assez efficace, malgré
une technique assez basique au niveau de l'architecture des trains avant (pas
de pivots indépendants comme chez Renault Sport) avec peu de remontées
de couple dans le volant. En revanche, la direction lors de fortes relances a
tendance à s'alléger et si la chaussée est humide ou dégradée
il conviendra de doser le poids de vos orteils qui se poseront sur la pédale
de droite. le châssis se montre lui sous un jour que beaucoup de GTI actuelle
aimeraient se prévaloir. Il est vif (le poids contenu à 1090 kg,
si rare aujourd'hui, presqu'un exploit !), sain et équilibré. Lors
des enchaînements rapides l'arrière est mobile. Pour ceux qui ont
connu les GTI de la belle époque, on dirait un mélange avec un moteur/train
avant de supercinq GT Turbo (la motricité
en plus, grâce en partie aux larges jantes alu chaussées de Michelin
Pilot Sport AV 205/40 ZR 17 et AR 225/35 ZR 17, plus larges à l'arrière
qu'à l'avant !) et d'un train arrière de Peugeot
205 GTI 1.9. Le sans faute alors ? Hélas non en raison d'un vigile
électronique qui vient vous empêcher de faire le zouave... ESP et
ASR se chargent de vous remettre dans le droit chemin. Bon avec un peu d'habitude,
sans toucher aux freins, il est possible de faire quelques belles figures, mais
c'est tout de même un peu frustrant et surtout très surprenant sur
une sportive de cette trempe de ne pas pouvoir déconnecter l'ESP ! Quoiqu'il
en soit, le châssis est un tel régal, que non seulement le plaisir
est au rendez-vous, mais qu'on arrive à lui pardonner cet excès
de zèle électronique. En revanche, vertèbres sensibles, s'abstenir,
car si l'auto "tient le pavé" comme on dit dans les milieux autorisés,
l'amortissement est très exigeant avec une détente qui semble inexistante
au rebond, surtout derrière.
NOUS
AIMONS TOUJOURS |
NOUS
N'AIMONS TOUJOURS PAS |
Le
moteur joyeux et sportif
Performances !
Habillage Brabus flatteurs
Equipement
complet
Poids contenu !!
Etat d'esprit / caractère
Châssis
vif, sain et efficace
Commande de boîte
Freinage ! |
Amortissement
sans concession
Jantes alu très exposées
Position de conduite
à parfaire
5 portes seulement
Consommation
Détails de finition
Motricité
sur chaussée dégradée
ESP non déconnectable !
Embrayage
dur
Instrumentation pauvre |
::
CONCLUSION
A force de pleurer les GTI d'antant et souffler sur les
braises de la nostalgie, nous avons tous oublié de nous intéresser
à cette forfour Brabus. Pourtant, des qualités elle n'en manque
pas et surtout elle distille encore ce caractère et cet enthousiasme que
peu de GTI actuelles arrivent encore à susciter, même à basse
vitesse. Peu asseptisée, la forfour Brabus pousse fort, tient la chaussée
et est très rigolote à conduire. Alors? Pourquoi si peu d'essais
dans la presse, pourquoi pas plus de promotion de ce modèle de la part
du constructeur, pourquoi pas une "Brabus Cup"... Une chose est certaine,
la poignée d'amateurs avisés qui en possèdent une aujourd'hui
ont su faire un achat avisé (parfois au prix fort !) et pour notre part,
c'est avec beaucoup de regret que nous avons du rendre les clés de ce petit
bolide gris argent que la destinée a refoulé...
APPELEZ-LA
" GTI " !
Depuis les roadster et roadster
coupé smart, la jeune marque du groupe DaimlerChrysler poursuit son déploiement
de gamme malgré quelques remaniements internes annoncés par la marque.
Pour sa Forfour, smart vient de la coiffer, d'une version tonique Brabus. Avec
177 ch et plus de 220 km/h en vitesse maxi, la smart Forfour Brabus s'impose côté
tarifs, c'est comme toujours signé Brabus...
TICKET
D'ENTREE
L'annonce est tombée comme un
couperet fin mars : la smart Forfour ne sera plus produite prochainement. Les
contraintes de rentabilité immédiates imposées par le groupe
DaimlerChrysler pour sa filiale Smart ont imposé des conséquences
brutales. Dommage pour une auto qui mérite encore le détour notamment
dans sa variante Brabus...
DERNIER
BAROUD D'HONNEUR...
Smart avait décidé
de frapper un grand coup au salon de Genève dernier avec une gamme Forfour
améliorée et surtout deux versions Brabus au lieu d'une seule. On
espérait même la commercialisation prochaine de la Forfour SBR et
son moteur de 210 ch ! Las, le couperet est tombé et le groupe DaimlerChrysler
ont décidé de réduire la voilure pour la marque Smart. Pas
de chance donc... |