TOP GUN !
Chez Cadillac, la tradition est quelque peu délaissée
depuis plusieurs années. Fini les grosses berlines et limousines
statutaires à la tenue élastique et très souple.
Désormais, Cadillac perd des parts de marché dans
son segment de marché même aux USA. Ses principaux
rivaux se nomment BMW, Mercedes-Benz, Audi et Lexus. Alors General
Motors réagit vite et renouvelle entièrement la gamme
Cadillac avec des produits plus novateurs et surtout plus dynamiques.
La dernière Cadillac CTS est donc également touchée
par cette stratégie avec la greffe du V8 5,7 litres de 400
ch de la Corvette C5. Il va y avoir du sport !...
Texte:
Gabriel LESSARD - Photos: D.R.
Devant la chute des ventes de Cadillac
dans son segment, il est apparu très clair pour General Motors,
son propriétaire, que le simple blason Cadillac et ses limousines
statutaires désuètes et très typées
US ne séduisent plus, même aux USA. Un grand coup de
jeune a donc soufflé depuis 2001 sur la marque de prestige
américaine à la fois dans les produits proposés,
que dans le design beaucoup plus marqué et typé et
enfin dans le dynamisme. Cadillac est même présent
sur tous les fronts. Engagé en compétition américaine
SCCA avec déjà des succès, Cadillac tente de
rendre coup pour coup à ses rivaux les plus directs : Mercedes-Benz,
Audi,
BMW
et Lexus.
La Cadillac CTS est donc l'entrée de gamme chez Cadillac
dans la catégorie berlines correspondant aux BMW Série
5, Audi A6 et Mercedes Classe E. Mais si chez chaque rival on pouvait
opter pour du sport avec une BMW
M5, une Mercedes
E 55 AMG Kompressor,
Jaguar S Type R et chez Audi avec l'ancienne Audi
S6, Cadillac n'avait rien à leur opposer jusqu'à
présent. La nouvelle Cadillac CTS V animée par le
V8 5,7 litres de feu la Corvette
C5 vient à point pour se jeter à corps perdu dans
la course à l'armement, même si côté puissance,
elle rend jusqu'à 100 ch de moins à ses rivales les
plus performantes
DESIGN
Aujourd'hui une Cadillac se reconnaît entre mille. Si par
le passé, l'Européen peu au fait des américaines
pouvait confondre une Cadillac avec une Buick, c'est désormais
impossible tant le design des Cadillac est typé et emprunt
de personnalité. Ce n'est pas nous qui nous en plaindrons,
bien au contraire. Avec ses lignes tendues, la Cadillac CTS V reprend
les mêmes traits que le reste de la gamme Cadillac à
l'instar du Cadillac
XLR. Si la Cadillac CTS V est de forme classique tri-corps (comprenez
avec une malle arrière traditionnelle plate), le traitement
des faces avant et arrière, assez original permet d'identifier
rapidement notre Cadillac du reste de la production automobile.
Les optiques avant et arrière sont notamment dans le prolongement
des ailes. Sur la poupe, ce choix est plutôt heureux, alors
que la proue affiche ainsi un espace entre chaque bloc optique que
même la calandre seule ne suffit pas à combler. Les
boucliers sont redessinés pour l'occasion de cette version
" V " avec notamment à l'avant des entrées
d'air agrandies. Normal, le gros V8 tapis sous le capot a besoin
d'air frais pour respirer et se refroidir !
On notera une ligne
de caisse plus basse au niveau des vitrages permettant ainsi aux
designers de redonner du dynamisme au design avec des traits supplémentaires.
Ces traits permettent ainsi mieux de mettre la carrosserie en valeur
avec les jeux de lumière. Bien vu également la ligne
qui semble traverser la caisse et la rend symétrique de part
et d'autre de son axe central. La poupe, malgré son gabarit,
échappe à la lourdeur de style. Les grosses jantes
alu multi-branches de 19 pouces avec les deux sorties d'échappement
sont les seuls signes distinctifs réels de sport sur cette
Cadillac CTS V. Discrétion assurée, sauf pour les
tympans
A BORD DE LA CADILLAC CTS-V
L'habitacle prouve que les américains, s'ils
ont progressé en matière de finition, sont encore
un ton en dessous des européennes. Cela est d'autant plus
dommage que l'équipement est ultra-complet surtout à
ce niveau de prix (66 950 euros à comparer aux 94 800 euros
demandés par la BMW M5, 101 350 euros par la Mercedes E 55
AMG Kompressor et 73 420 euros par la Jaguar S-Type R). En revanche,
et c'est très américain car on retrouve cela également
dans les productions de Chrysler
ou de Ford
USA, des petites lumières et des petites alarmes et bips
sonnent un peu partout pour chaque occasion : portières mal
fermées, phares allumés, ceintures de sécurité
Ce mal gagne également l'Europe, mais il est encore très
développé aux USA.
Le design de la planche de bord
est nettement moins kitsch et flamboyant que les Cadillac d'antan.
Elle perd en charme ce qu'elle gagne en bon goût et ergonomie.
La position de conduite est excellente grâce aux multiples
réglages du siège et également
du pédalier
! L'habitabilité arrière est en revanche comptée
et il ne faudra pas être trop grand ou trop volumineux pour
voyager à l'arrière de la Cadillac CTS V. Bref, la
Cadillac CTS V, malgré une discrétion de bon aloi,
offre un physique et un équipement pour un prix défiant
toute concurrence.
MOTEUR
C'est bien connu, nos amis du pays de l'Oncle Sam, lorsqu'ils veulent
dynamiser une gamme et obtenir de la performance, n'y vont jamais
par quatre chemins. Un bon gros V8 est alors sorti de la banque
d'organes et est greffé dans l'auto désignée.
C'est exactement le choix opéré par Cadillac pour
sa Cadillac CTS V. C'est donc le V8 5,7 litres LS6 de la Corvette
C5 qui a été repris. Mais pour autant, nos amis américains
ne se sont pas contenter du V8, puisqu'ils ont repris en fait le
V8 des versions Corvette C5 Z06, qui développe 400 ch ! Mélange
des genres et des techniques, ce V8 s'il possède un bloc
en alu, il conserve néanmoins une distribution des plus classiques
avec un arbre à cames latéral et seulement 2 soupapes
par cylindres. Différents éléments sont spécifiques
et prévus pour les hautes performances avec des pistons renforcés,
des soupapes d'admission creuses, des soupapes d'échappement
refroidies au sodium, ressorts de rappels plus dur... Après
tout, peut importe les culbuteurs et la noblesse mécanique,
pourvu que l'on ait l'ivresse des sens. Et on les a ! Car les 400
ch à 6000 tr/mn et les 529 Nm de couple à 4800 tr/mn
sont bien présents et offrent à la fois des performances
que peu de sportives peuvent prétendre et également
une sonorité sans pareille. Pour un peu, on se croirait au
volant d'une Corvette. Le V8 gronde et offre toute sa vigueur dès
4000 tr/mn.
Sur la Cadillac CTS V, les américains n'ont pas
cédé à la mode du limiteur électronique
et c'est donc une vitesse de pointe de 262 km/h que revendique le
constructeur américain. C'est certainement le seul domaine
où elle bat ses rivales allemandes en performances pures.
Côté accélérations, le 0 à 100
km/h est franchit en 6,1 secondes et le kilomètre départ
arrêté en 25,1 secondes. Des chiffres détonnant
mais qui la relègue assez loin de la BMW M5 et de la Mercedes
E 55 AMG Kompressor. Seule La Jaguar S-Type R, et son V8 compressé,
fait jeu égal avec l'américaine. On aurait pu craindre
qu'une voiture américaine soit imposée avec une boîte
automatique. Il n'en est rien au contraire puisque seule la boîte
manuelle à 6 rapports Tremec est montée d'office.
Son maniement est malheureusement très laborieux et empêche
tout rétrogradage musclé en conduite sport. Heureusement
que le couple moteur autorise de rouler depuis un filet de gaz sur
le 5e rapports, le 6e étant en fait un rapport pour abaisser
la consommation et le bruit (boîte de vitesses 5+1). Cela
permet en outre de faire " glouglouter " le V8 à
souhait.
SUR LA ROUTE
Une sportive, surtout avec un poids conséquent d'1,8 tonnes,
doit pouvoir freiner efficacement. Tous les amateurs de sorties
circuit vous le diront, c'est au freinage que l'on double ses concurrents.
Prenant BMW à défaut avec son système toujours
un poil juste en endurance, Cadillac a pris le taureau par les cornes.
Quatre gros disques ventilés (355 mm à l'avant et
365 mm à l'arrière) sont pincés par des étriers
Brembo à quatre pistons. Avec en plus l'ABS, la Cadillac
CTS V offre ainsi un freinage non seulement puissant mais endurant.
Il serait intéressant de pouvoir tester plus en avant ce
freinage sur circuit pour juger totalement de son endurance.
Cadillac ne souhaitant pas faire les choses à moitié,
la tenue de route de la Cadillac CTS V a été mise
au point sur le circuit exigeant du Nürburgring (la grande
portion). Les ressorts de la Cadillac CTS V sont donc 27% plus raides,
les barres antiroulis sont épaissies, et les amortisseurs
gagnent 10 mm en diamètre. Un correcteur d'assiette Nivomat,
monté uniquement sur le train arrière et un système
Stabiltrack
(l'ESP-ASR de Cadillac) permettent de maintenir sur des rails la
bouillante américaine. A noter que le système Stabilitrack
offre plusieurs niveaux d'aide à la conduite jusqu'à
la suppression totale du système. Et dans ce dernier cas,
talents de pilote obligatoire avec de la place pour les dérives
du train arrière. D'autant que l'autobloquant permet de maintenir
une dérive proprement. Il ne reste plus alors qu'à
entretenir de l'accélérateur pour continuer à
regarder par les vitres latérales ! Un jeu qui n'a rien du
jeu d'enfant tant le maniement d'une auto de ce gabarit, de cette
puissance et de ce poids incite à la retenue. Nous sommes
loin de la facilité d'une Lotus
Elise 111R ou d'un Opel
Speedster (pour rester dans le même groupe).
Ce qui est
d'autant plus désagréable est que si le comportement
routier est efficace, le confort ou le placement de l'auto sur petites
routes à la chaussée dégradée est amoindri
par un amortissement perfectible. Dommage
Finalement, la Cadillac
CTS V est un peu à l'image de la Jaguar S-Type R. Pleine
de caractère, performante et assez exotique. Résultat,
l'amateur de berlines sportives bouillantes, mais inconnues du grand
public peut se faire énormément plaisir. Et on ne
pourra certainement pas lui reprocher d'acheter une Cadillac en
France pour la frime puisqu'elle est inconnue et sa ligne relativement
discrète même si originale
:: CONCLUSION
A 66 950 euros, la Cadillac CTS V est évidemment la bonne
affaire dans sa catégorie. Certes, elle n'est pas la plus
performante en chiffres absolus, mais reste la plus véloce,
la mieux équipée, possède le moteur V8 5,7
litres Z06 de 400 ch de la Corvette C5 et une rareté qui
va mettre ses futurs acquéreurs dans la catégorie
connaisseurs. Son design original et discret permet de ne pas se
faire remarquer et l'amateur de Corvette, mais père de famille,
peut trouver là un bon compromis pour rester en harmonie
avec sa tendre et chère...
CE QU'ILS EN ONT PENSE :
"En devenant " V ", la Cadillac s'est transformée
en ultra-sportive exotique et chaleureuse, attachante et abordable.
Dans le genre, en version light, les Européens, enfin, les
Anglais, pouvaient opposer la MG ZT 260. Hélas, elle nous
aura juste laisser le temps d'y goûter. Sinon, pour rester
chez les cow-boys, la Chrysler 300C SRT-8, s'annonce autrement plus
turbulente que la gentille 5.7 Hemi 345 ch. Parce qu'avec son V8
6,1 litres de 430 ch, elle est à la 300C ce que la Mercedes
E 55 AMG, qui se sont hissées hors de sa portée. En
puissance et en prix. Et il en ira de même avec celle qui
manque encore à l'appel : l'Audi S6
"
Le Moniteur Automobile - 28 juillet 2005 - Cadillac CTS V. |