MASERATI GRANTURISMO Sport (MY2018) (2017 - )
C'est dans les vieux pots qu'on fait le meilleur son
En attendant le coupé Alfieri, Maserati fait le choix de faire durer le plaisir avec les GranTurismo et GranCabrio. Parfait pour les mélomanes en manque de V8 atmosphérique mais, dix ans après sa présentation, peut-elle encore avoir de l’ambition ?
Texte :
Maxime JOLY
Photos : D.R.
La fin de la GranTurismo est régulièrement annoncée, et à chaque fois repoussée. A tel point que l'an dernier, Maserati a même offert un petit lifting à sa diva. Tant mieux, car le V8 F136 Y (voir notre historique sur les V8 Maserati) fait partie de ces moteurs que l’on n’a pas envie de voir disparaître. Retiré du reste de la gamme Maserati au profit de l’inévitable duo downsizing/suralimentation, il est déjà acquis que l’Alfieri passera au V6 bi-turbo des Ghibli et Levante S. Alors, si vous avez toujours rêvé d’un V8 Italien, mieux vaut ne pas traîner…
PRESENTATION
Le concept d’origine du "Gran Turismo" à l'italienne était d’une merveilleuse simplicité. Il consistait à un intégrer un moteur de voiture de course sophistiqué à une berline luxueuse et façonnée à la main. Et c’est exactement ce que fit Maserati en 1947 en créant l’A6 1500 GT Pininfarina. 70 ans plus tard, le duo GT/GC est le dernier modèle Maserati à être produit dans l’usine historique de Modène, dont on ne sait pas encore de quoi l’avenir sera fait. Le millésime 2018 ou "MY2018" a été présenté en juin 2017 et conserve toute la beauté qui caractérise ce chef d'oeuvre de la décennie 2000 signé Pininfarina. La GranTurismo 2018 n'est plus proposée qu'en deux versions, Sport et MC, partageant les mêmes caractéristiques de base mais se distinguant au niveau du look et des équipements (voir encadré plus bas).
Principalement, la GranTurismo restylée (ou facelift) se reconnaît à ses nouveaux pare-chocs. Les conduits d'air latéraux, introduits sur la MC Stradale et adoptés en série en 2012, sont redessinés pour 2018 avec des ouvertures élargies. L'avant de la MY2018 s'accompagne aussi de phares retravaillés dans leur partie interne et d'une plus grande calandre hexagonale avec un profil «nez de requin» inspiré par le concept Alfieri. Cette conception permet d'optimiser la distribution du flux d'air et de réduire la traînée aérodynamique de 0,33 à 0,32. Le pare-chocs arrière présente aussi un design plus affirmé, la GranTurismo Sport se distinguant avec des sorties d'échappement ovales (rondes sur la MC). Concernant les jantes, d'un diamètre de 20 pouces, le client aura le choix entre 14 dessins différents. Enfin, le coloris "Blu Inchiostro" (bleu encre) de notre exemplaire est l'une des 9 couleurs spéciales (option à 9000 €) dans la palette des 16 couleurs proposées.
Apparu en 2011, le kit MC Sport Line optionnel est reconduit. Il se compose de plusieurs packs, ajoutant principalement des éléments carbone à l'extérieur ou à l'intérieur. Mais si vous partez sur ce terrain là, vous aurez rapidement de quoi hésiter avec la GranTurismo MC...
HABITACLE
A l’intérieur, la planche de bord est redessinée pour que l’Italienne reçoive un outil d’info-divertissement plus évolué incluant un large écran de 8,4". L’habitacle fait aussi la part belle au raffinement, le tableau de bord, les panneaux de porte et garnissages arrière s’ornant d'inserts en carbone, métal ou bois précieux au milieu du cuir ou de l'alcantara de la sellerie proposée en pas moins de 8 coloris. Les rares plastiques visibles ne sont heureusement plus choquants comme aux débuts de la GranTurismo en 2007...
Le prix de départ de la GranTurismo Sport dépasse les 130 000 € et il en coûte 17.000 € de plus pour profiter des quatre places à l’air libre du GranCabrio Sport. Ce n’est pas donné pour une GT 2+2 « âgée » quand on voit que la Lexus LC 500 de 477 chevaux démarre à 109.000 €. Bien que moins luxueuse, la Ford Mustang GT restylée offre aussi les charmes de son V8 de 450 ch pour beaucoup moins cher...
SPORT OU MC ?
Le capot percé est l'élément qui distingue le plus clairement la GranTurismo MC, vendue 23 000 € de plus que la Sport. Elle se distingue aussi avec ses ailes avant percées d'ouies verticales améliorant la trainée, des phares à fond noir et des jupes latérales spécifiques. A l'arrière, la MC s'exprime à travers des sorties rondes traversant le diffuseur central transparent. Le système d'échappement est aussi plus léger.
MOTEUR
Ce bon vieux V4.7L Maserati nous avait terriblement manqués. Accusant 331g de CO2 sur la balance, il vit pourtant ses derniers jours et semble avoir atteint son apogée avec cette version de 460 ch intégralement reconduite au restylage.
Depuis la déclinaison 450 chevaux de Maserati (à ne pas confondre avec la calibration de l’Alfa 8C Competizione), le défaut de jeunesse du 4.7 litres, à savoir son manque de couple à bas régime a été corrigé. Sur la version 460, c’est encore mieux avec 520 Nm disponibles.
L’agrément est excellent même si l’étagement de la boîte automatique ZF6, montée à l’avant, (la robotisée n’est plus proposée) est trop long. Plus que sur sa rapidité d’exécution, parfaitement honorable sur la 6, c’est dans l’étagement des rapports que la dernière boîte huit rapports aurait eu le plus d’intérêt.
SUR LA ROUTE
Il y avait au moins deux bonnes raisons d'avoir envie de reprendre le volant de la GranTurismo : son moteur et voir comment la voiture a globalement vieilli car les souvenirs peuvent s’avérer trompeurs. Côté moteur, pas de surprise. C’est toujours chouette, très chouette ! On en vient à regretter que ce 8 pistons d’exception n’ait jamais eu d’écrin plus léger à propulser, remarque que l’on a souvent fait au V10 BMW et au premier V8 63 AMG. Si les performances de la GranTurismo n’impressionnent plus beaucoup de nos jours avec la surenchère de puissance, le bloc transalpin peut toujours compter sur son caractère débordant pour faire oublier les exploits des cohortes de V8 "turbalisés", tous plus linéaires les uns que les autres, à quelques exceptions près. La sonorité de l'italien est également toujours aussi grisante et addictive, si bien qu’on lui pardonnerait tout quoi qu'il arrive ensuite...
Car il est vrai que la voiture n’est pas parfaite. Comme mentionné plus haut, la GranTurismo reste désespéremment lourde : 1 670 kg à sec, ce qui est encore très loin de la réalité une fois sur la route. L’amortissement est trop souple et le train avant manque de panache pour que l’ensemble soit qualifié de sportif. Mais, au final, on s’en fiche bien. Une Maserati GranTurismo s’achète avant tout pour son design et son moteur. Et une chose est sûre, l'un comme l'autre font toujours leur effet dans la rue à en juger le nombre de têtes qui se retournent !
CARACTERISTIQUES TECHNIQUES
MASERATI GRANTURISMO Sport (MY2018)
MOTEURType : 8 cylindres en V à 90°, 32 soupapes
Position : longitudinal AV
Alimentation : Gestion électronique intégrale, admission variable continue
Cylindrée (cm3) : 4691
Alésage x course (mm) : 94 x 84,5
Puissance maxi (ch à tr/mn) : 460 à 7000
Couple maxi (Nm à tr/mn) : 520 à 4750
TRANSMISSION
AR
Boîte de vitesses (rapports) : automatique (6)
ROUES
Freins Av-Ar (ø mm) : Disques ventilés carbone-céramique (380x34) étriers fixes 6 pistons - (360x32) étriers fixes 4 pistons
Pneus Av-Ar : 255/35 - 295/35 ZR 20
POIDS
A vide constructeur (kg) : 1800
Rapport poids/puissance (kg/ch) : 3,9
PERFORMANCES
Vitesse maxi (km/h) : 299
1000 m DA : ND
0 à 100 km/h : 4"8
CONSOMMATION
Moyenne normalisée (L/100 Km) : 14,4
Moyenne de l'essai (L/100 Km) : 19
CO2 : 331 g/km
PRIX (04/2018) : 130.480 €
PUISSANCE FISCALE : 38 CV
CONCLUSION
:-) Dernier V8 de l’espèce Son extraordinaire Design extérieur intemporel Coupé 2+2 |
:-( Châssis laxiste Conception ancienne qui se ressent Tarifs difficiles à justifier |
Toujours aussi charmeuse, la Maserati GranTurismo Sport souffle encore le chaud et le froid entre son magique V8 et son châssis dépassé. Objectivement, il y a mieux sur le marché dans cette gamme tarifaire, mais mieux ne signifie pas plus attachant…