© L'AUTOMOBILE SPORTIVE (30/01/2010)
GAULOISE FILTRE (PRESQUE) LIGHT...
Quoiqu'on dise, entre polémique et effets d'annonces, Porsche se sait menacé, au moins dans son orgueil par de nouveaux arrivants sur le marché des super GT. Que ce soit le cousin Audi avec sa R8 ou le lointain rival japonais Nissan avec sa GT-R qui ne recule devant rien (pas même le Nurburgring) pour faire démonstration de la supériorité de sa machine, la 911 est attaquée de toutes parts. Ayant perdu un round face au chrono, la 911 Turbo résiste pourtant encore et toujours à l'envahisseur grâce à une potion magique dont seul Porsche semble détenir le secret. C'est ainsi que prenant ses ennemis à contre-pied en tapant là où ça fait mal, Porsche a choisi de mettre l'accent sur la consommation de la nouvelle 911 Turbo (7ème génération) et sur son poids plutôt que sur les performances pures, qui parviennent malgré tout à progresser significativement...
Texte :
Anthony SINCLAIR
Photos : D.R.
Présentée pour la première fois au public à l’occasion du salon de l’automobile de Francfort le 17 septembre 2009, la nouvelle Porsche 911 Turbo type 997 phase 2 succède à une longue lignée démarrée en 1974. Avec la désormais mythique type 930 Porsche présentait la première 911 Turbo à l’occasion du salon de l’automobile de Paris. 35 ans après, la société Porsche est toujours aussi fier de dévoiler le fleuron de sa (vaste) gamme de voitures de sport. Toutes les caractéristiques de la 911 Turbo type 997 ont été une nouvelle fois améliorées : un tout nouveau moteur d’une cylindrée de 3.8l, une puissance en hausse de 20 ch et une vitesse de pointe de TGV à 312 km/h, pour une consommation et un poids en baisse. Si elle ne se veut pas la plus sportive de la famille 911, les GT3 et GT2 sont là pour ça, la Turbo joue habilement d'un talent de "bonne à tout faire", capable de déposer les enfants à l'école comme d'aller tartiner du pneu sur le ruban noir d'Estoril, lieu de sa présentation officielle à la presse en octobre dernier.
DESIGN
Disponible simultanément en coupé et en cabriolet, la nouvelle Porsche 911 Turbo 3.8 type 997 2ème génération ne cesse de perfectionner ses innovations technologiques, sa sportivité et son esthétique sans renier totalement les modèles qui lui ont précédé. Un bon moyen de ne pas faire fuir une clientèle déprimée à l'idée de voir dégringoler la cote de leur voiture à la sortie de cette 2ème évolution. Le réseau Porsche aurait-il reçu quelques remarques acides de clients désabusés de 996 Turbo ? Car on peut se douter que la sortie de la 911 type 997 a collé une sérieuse claque aux précédentes 911 qui se voient pour certaines bradées en occasion. Pour distinguer les deux générations de 997 Turbo, il faut donc un oeil de porschiste exercé. De face, les rétroviseurs sont plus larges, les lames d'entrées d'air latérales du bouclier sont de couleur titane et l'éclairage de jour à Led remplace les petits antibrouillards. Notez aussi que pour la première fois, la Porsche 911 Turbo propose une option phares directionnels. A l'arrière, on retrouve bien sûr les nouveaux feux à Led et les échappements, élargis, sont en acier chromé spécial. Si d'ordinaire la 911 Turbo sait se faire aussi discrète qu'une "banale" Carrera, autant vous dire qu'avec cet éclatant bleu Mexico l'anonymat n'est pas garanti ! Ajoutons quand même que les jantes "RS Spyder" à écrou central (3528 €), les stickers "Turbo" latéraux, l'aileron biplan fixe ou encore l'aérokit Porsche Exclusive (5382 €) empruntés à l'épais listing des options ne sont pas là pour aider. Cela étant, nous, on adore ! Vous en conviendrez sûrement, belle allure non ?
HABITACLE
Toute la planche de bord de la Turbo 3.8 et les garnitures intérieures ont été conservées mais Porsche s'est concentré là encore sur les détails. Ainsi, les volants sont nouveaux et peuvent (enfin !) recevoir des palettes pour piloter la boîte PDK... moyennant un supplément de 418 €. On monte donc les rapports avec la palette de droite et on les descend avec celle de gauche. Solidaires de la colonne de direction, les palettes offrent une prise en main logique et assez intuitive. Sur notre modèle d'essai, la configuration plus sportive que d'ordinaire se confirme par la présence des superbes baquets sport (2990 €) dans lesquels le fessier se cale impeccablement et du Pack Sport Chrono (4568 €). Vous l'aurez compris, en dépit d'un tarif de base déjà salé, la 911 Turbo n'a pas de scrupule à proposer toutes sortes de suppléments pour améliorer l'ordinaire, et ce n'est pas fini !
MOTEUR
Cette septième génération de 911 Turbo brille donc tout particulièrement par son nouvel ensemble moteur-boîte. Car il s'agit bien d'une mécanique 100% nouvelle sous le capot de la Turbo qui n'a plus rien à voir avec le lointain ancêtre qui équipait les 911 les plus sportives depuis la GT1 jusqu'à la dernière GT3 3.8 qui, elle, conserve donc l'ancien bloc mais porté à 3797 cm3. Vous suivez ? En effet, partant du moteur de la dernière Carrera S 3.8 dont il ne conserve que 40% de pièces communes, Porsche a réalésé le bloc à une cylindrée de 3800 cm3 précisément. Plus léger de 12 kg ce nouveau bloc tout en alumimium utilise une lubrification par carter sec avec pompe de refoulement et participe largement à la baisse de poids affichée par la nouvelle 911 Turbo. Plus facile à dépolluer que l'ancien 3600 cm3, le nouveau flat 6 biturbo peut se vanter d'une puissance en hausse pour accrocher la barre symbolique des 500 ch pour un couple colossal de 650 Nm disponibles dès 1950 tr/mn ! Avec l'overboost (+0,2 bar) inclus dans l'option Pack Sport Chrono, celui-ci bondit même à 700 Nm de 2100 à 4000 pendant un maximum de 10 secondes. Prévoir les séances chez le kiné... Toujours doté de l’injection directe d’essence (DFI à 140 bars de pression) et d’un turbocompresseur à géométrie variable, ce qui reste à ce jour une exclusivité Porsche sur un moteur essence, le bloc 3.8 affiche un taux de compression élevé (9,8:1 contre 9,1:1).
Toute la ligne d'échappement a elle aussi été revue en profondeur pour gagner à la fois en poids (-2 Kg), en dépollution (catalyseurs plus grands) et en facilité d'entretien (silencieux en 3 parties). Ce concentré de technologie garantit un niveau inégalé de rendement et de performances. Ainsi, la Porsche 911 Turbo 3.8 génère des émissions de CO2 près de 18 % inférieures à celles du modèle précédent, une prouesse sans égal dans cette catégorie. Autre nouveauté, disponible en option : la boîte de vitesses double embrayage PDK 7 rapports à l'étagement spécifique, qui élève encore cette prouesse avec une consommation moyenne de 11,4 l aux 100 km (soit 16% de baisse par rapport à l'antique Tiptronic qui se fait définitivement oublier). En termes de performances pures, la nouvelle 911 Turbo se définit comme la référence du segment : le 0 à 100 km/h est abattu en seulement 3,4 secondes et le 0 à 200 km/h en 11,3 secondes, en combinaison avec le Pack Sport Chrono Turbo (qui apporte l'assistance du launch control) et la boîte PDK. Le Pack Sport Chrono Turbo optionnel intègre également pour la première fois la suspension dynamique du moteur par de petits amortisseurs électromagnétiques (inaugurée sur la nouvelle génération 911 GT3), qui réduit les oscillations et les vibrations de l’ensemble du groupe motopropulseur.
CHASSIS
Le conducteur bénéficie dans cette nouvelle 911 Turbo 3.8 de la transmission intégrale PTM (Porsche Traction Management). Sur un principe plus simple que celui du système Sport Quattro proposé par Audi sur la dernière S4 et S5, le nouveau différentiel arrière à vecteur de couple PTV (Porsche Torque Vectoring), disponible en option, permet de transmettre un couple distinct aux roues arrière droite et gauche jusqu'à 160 km/h maximum. Au delà le système augmente la stabilité en jouant sur le blocage de différentiel mécanique (22% en accélération, 27% en décélération) et vient compléter l'action déjà très efficace du PSM (ESP). Le but du blocage variable est d'accroître ou réduire l'agilité en courbe en contrôlant l'effet de lacet. Ces innovations restent malgré tout discrètes à la conduite et la panoplie de "filtres électroniques " ne vient plus brider le plaisir du conducteur, ce qui est bien l'essentiel. Walter Röhrl ayant particulièrement insisté sur cet aspect lors de la mise au point. D'autant plus que tous les systèmes peuvent être désactivés sur demande. Dans ce cas il suffit d'amener l'auto en limite d'adhérence en courbe, tout en ayant contenu le sous-virage par un important transfert de masses sur le train avant, puis de lâcher les gaz pour faire décrocher l'arrière. Ensuite, tout se contrôle à la pédale de droite et au volant pour entretenir la dérive, un vrai régal ! Précisons que les Michelin Pilot Sport sont toujours la référence en première monte, mais on pourra leur préférer les Bridgestone Potenza RE050A également homologués, en attendant les pneus Cup (mixte route-circuit) qui arriveront cette année. Réputé indestructible, le freinage Porsche a ici fort à faire avec plus de 1600 Kg en action, pilote et plein d'essence inclus. L'option freins céramiques (PCCB) n'en est que plus recommandable pour tous ceux qui envisagent d'aller se frotter aux GT d'exception sur circuit. Facturée 8754 €, l'option n'en reste pas moins un luxe dont on pourra se passer dans la majorité des cas. Les nouveaux réglages de trains roulants confèrent à la nouvelle 911 Turbo 3.8 une direction encore plus précise et plus directe, garantissant ainsi un dynamisme en courbe encore amélioré, bien que la maîtrise des mouvements de caisse par le PASM (amortissement piloté) soit moins radicale, et donc moins efficace, qu'à bord d'une GT3 ou d'une GT2. La 911 Turbo mise donc toujours sur la polyvalence d'usage, ce qui lui réussit d'ailleurs plutôt bien.
WALTER ROHRL ET LA 911
Présent lors des journées presse, le grand (par la taille et le talent) Walter Röhrl a tourné en démonstration au volant de la nouvelle 997 Turbo et de son vieil ancêtre la 935. Pour rappeler la généalogie complète, Porsche, qui ne fait jamais rien à moitié, avait même apporté sur place une 930 3.3, une 959 et une GT1 ! Pour consolider la réputation du bonhomme, Walter a signé un remarquable 7'39" sur le Nurburgring avec la nouvelle 997 Turbo 3.8
:: CONCLUSION
Référence emblématique de la GT "4 saisons" très hautes performances, la nouvelle Porsche 911 Turbo 3.8 saura vous combler de bonheur au quotidien comme à l'occasion d'une escapade sportive sur les petites routes ou les circuits. Commercialisée en versions Coupé et Cabriolet depuis la fin du mois de novembre 2009, au prix client TTC de 147.624 € (coupé) et de 158.866 € (cabriolet), cette perfection automobile a donc un prix. Des tarifs élevés qui ne font pas oublier que la concurrence propose désormais des alternatives aussi performantes, efficaces et moins chères. Mais enfin, vous connaissez le dicton : le prix s'oublie, la qualité reste...
Vous avez aimé cet article ? Merci de le partager
Avis des propriétaires
|