TECHNIQUE : LA TRANSMISSION
Le système
de transmission transmet la puissance aux roues motrices. Sur les
voitures actuelles il comprend un embrayage, une boîte de
vitesses, un différentiel et des demi arbres de transmission.
Texte & photos : D.R.
La puissance produite par le moteur peut
être transmise aux roues motrices par l'intermédiaire
d'un certain nombre d'organes. Ils constituent ce qu'il est convenu
d'appeller "la transmission". Traditionnellement, le moteur
était placé à l'avant, dans le sens de la marche,
la puissance étant transmise aux roues arrières par
l'intermédiaire d'un arbre de transmission, courant sous
le plancher, un renvoi d'angle associé au différentiel
(pont arrière) assurant la transmission aux roues. Cette
disposition largement majoritaire jusque dans les années
70, est encore adoptée sur un certain nombre de véhicules
haut de gamme et de fortes puissance. Une solution qui n'a cessé
de perdre du terrain face à la traction avant, transmettant
la puissance beaucoup plus directement aux roues. Enfin, dernière
évolution du siècle dernier, la transmission intégrale
semble être la meilleure solution pour les moteurs
très puissants.
L'EMBRAYAGE
L'embrayage est en quelque sorte l'organe tampon entre le moteur et le reste
de la transmission. Il faut être en effet en mesure de faire
tourner le moteur sans faire avancer la voiture, et il est indispensable
de désacoupler la boîte de vitesse et le moteur à chaque
passage de vitesses avec une commande manuelle ou même robotisée. On utilise pour cela un système comprenant
un disque garni d'un matériau anti-friction à base
d'amiante mais remplacé depuis peu par une autre matière.
La Porsche Carrera GT est la première voiture du monde à
recevoir un embrayage en céramique, le PCCC. Le plateau étant
ici plus petit (169 millimètres de diamètre), il donne
à l'ensemble un centre de gravité abaissé.
Autre avantage décisif, l'embrayage pèse moins lourd
et permet d'améliorer la dynamique du moteur. Auparavant,
seul un système en fibre de carbone pouvait offrir ces avantages
mais avec un durée de vie réduite et peu compatible
avec un usage au quotidien de la voiture. Le PCCC possède
une durée de vie supérieure à celle d'un embrayage
conventionnel devant encaisser des contraintes aussi importantes
que celles infligées par le V10 de la Carrera GT. L'inconvénient de ce matériau en revanche, c'est qu'il augmente considérablement le prix pour installer un kit d'embrayage neuf...
LA BOITE DE VITESSES
Le rendement du meilleur des moteurs thermiques est tel qu'il n'offre
pas un couple suffisant pour entraîner valablement un véhicule
de 0 km/h à sa vitesse maximale sans un dispositif de démultiplication.
Chacun a pu constater comme il était difficile de démarrer
en 2ème, et à plus forte raison sur les autres rapports,
sans faire patiner exagérémment l'embrayage. Seules
quelques voiture de forte cylindrée y parviennent mais au
risque de détruire leur embrayage. La boîte de vitesses
comprend un carter à l'intérieur duquel se trouvent
un certain nombre de pignons pouvant s'engrener les uns sur les
autres pour assurer la démultiplication ou la surmultiplication.
Ces arbres sont soit parallèles, soit dans le prolongement
l'un de l'autre (le plus souvent les deux, la boîte ayant
3 arbres). Ces pignons tournant à très grande vitesse,
ils sont lubrifiés en permanence par l'huile contenue dans
le carter. La commande des vitesses est soit mécanique, soit
automatique. Dans le premier cas, les pignons sont à taille
oblique, dans le second ils sont du type épicylcoïdal
(un pignon central - le planétaire - est entouré de
trois pignons qui tournent sur lui - satellites). La commande mécanique
se fait par un levier, agissant sur une tringlerie, elle-même
sur des fourchettes de sélection. Le passage des vitesses
ne peut se faire que lorsque l'embrayage est déconnecté
du moteur. Dans une boîte mécanique, le passage en
douceur de srapports est obtenu par les synchros, dispositif permettant
de coupler arbres primaires et secondaire, ou bien de bloquer un
pignon par rapport à l'arbre secondaire. La sélection
automatique des vitesses se fait par l'intermédiaire de circuits
hydrauliques commandés par pompe. L'embrayage est, le plus
souvent, assuré par un convertisseur hydraulique. Certaines
boîtes automatiques utilisent un disque classique qui évite
tout glissement et donc toute perte de puissance. Les boîtes
automatiques sont longtemps restées à 3 ou quatre
rapports mais depuis peu on en trouve à 5 ou 6 rapports et
même 7 pour la dernière née de chez Mercedes
! DAF puis Volvo et Nissan, utilisent depuis longtemps un variateur
par courroie en lieu et place du système traditionnel. La
variation d'écartement des deux flancs coniques d'une poulie
assure la démultiplication qui se fait de façon linéaire.
VERS LA FIN DU LEVIER DE VITESSES
De plus en plus couramment le traditionnel levier de vitesse laisse
place à des commandes de type séquentiel. Des "palettes" au volant
permettent de passer les rapports plus facilement et plus rapidement.
Les vraies boîtes à commande de type séquentielle
sont en réalité des boîtes mécaniques
dont l'interface levier de vitesse et pédale d'embrayage
est remplacée par un système électronique qui
se charge de toute la manoeuvre. On trouve également ce type
de commande sur des boîtes automatiques (Tiptronic Porsche
par ex.). Depuis la nuit des temps, les ingénieurs étudient
et travaillent pour concilier les avantages réunis des boîtes
automatiques et mécaniques. Les différentes études
menées jusque-là n'étaient pas toujours convaincantes
et l'agrément de conduite souvent absent. Il a fallu ainsi
à BMW deux générations de SMG pour parvenir
à un résultat acceptable. Audi a réutilisé
les enseignements de la compétition pour sa nouvelle boîte
robotisée DSG (Direct Shift Gearbox). Initialement monté
et exploité sur les Audi Quattro en championnat du Monde
des rallyes en 1985 (Sur l'Audi Quattro Sport S1), il est ici adapté
à la série. Le grand avantage de ce système
est de supprimer les à-coups d'interruption de charge qui
existent lors du débrayage, et également de limiter
le temps de passage des rapports. Techniquement, les ingénieurs
d'Audi ont greffé sur une boîte séquentielle
un bloc électro-hydraulique. Grossièrement, on pourrait
décrire l'ensemble comme deux demi-boîtes autonomes
avec double embrayage (une gérant les rapports pairs et l'autre
les rapports impairs) sur lesquelles sera transmis le couple à
tour de rôle selon que l'on monte ou descend les rapports.
Il ne faut ainsi que 0,2 secondes à cette boîte DSG
pour changer de rapports, le tout sans à-coups !
DE LA PROPULSION A LA TRACTION AVANT...
Retenue par de nombreux constructeurs jusque dans les années
soixante, la solution du "tout à l'arrière"
consistant à mettre le moteur à l'arrière en
porte à faux a été presque abandonné
et ne persiste plus que sur une voiture justement très appréciée
pour son caractère : la Porsche 911. A l'opposé, la
traction 7CV Citroën peut être considérée
comme la première voiture de grande série ayant adopté
la traction avant. La marque française est depuis toujours
resté fidèle à cette architecture qui imposa
de résoudre le délicat problème de la transmission
de la puissance aux roues directrices... Il a fallu pour cela mettre
au point des demi-arbres de transmission capables de transmettre
intégralement le couple reçu, quel que soit l'angle
de braquage des roues. Le traditionnel joint de cardan utilisé
pour transmettre le mouvement entre deux arbres non alignés
ou soumis à de faibles variations angulaires se révela
insuffisant. Il fallut mettr eau point des joints homocinétiques,
dont la fragilité entrava, dans un premier temps, le développement
de la traction avant. Pendant longtemps on conserva une disposition
longitudinale du moteur, de vant ou derrière lequel on plaçait
la boîte de vitesses qui intègrait différentiel
et renvoi d'angle. (un peu comme dans un pont arrière. On
en est venu depuis à disposer le moteur transversalement
à l'axe de la voiture, la boîte étant située
sous lui ou dans son prolongement. Elle intègre le différentiel
mais le renvoi d'angle est devenu sans objet. Autre cas à
part dans la rpoduction mondiale, les Porsche 928, puis 944 inaugurèrent une solution inédite - le fameux Transaxle
- consistant à implanter la boîte de vitesse directement
sur l'essieu arrière. Combiné à l'implantation
du moteur sur l'essieu avant, la répartition des masses est
idéale (50/50) et apporte un équilibre qui a depuis
largement fait ses preuves. Mais rapidement, en compétition
tout d'abord, la solution idéale va s'imposer comme étant
l'implantation du moteur, longitudinalement ou transversalement,
en position centrale arrière, associé à une
propulsion ou une transmission intégrale.
... PUIS LA TRANSMISSION INTEGRALE
Pendant longtemps on a discuté pour savoir, qui des tenants
de la traction avant ou de la propulsion arrière avait raison.
Le débat pris même en France, la tournure d'une polémique
entre Citroën, apôtre de la traction, et la plupart des
autres constructeurs, dont Renault et surtout Peugeot qui à
l'époque n'y avait pas encore recours. André Citroën
leur reprochait de mettre la charue avant les boeufs. Comme chacun
sait, le débat a aujourd'hui laissé place à
la solution qui s'est imposée rapidement comme la plus économique
et la plus sûre. Ile st en effet plus facile d'obtenir une
bonne tenue de route avec une traction qu'avec une propulsion, surtout
pour une voiture légère. Quasiment toutes les voitures
compactes actuelles à travers le monde sont des tractions.
Bien que l'on puisse considérer que la traction ait constitué
un gros progrès, cette architecture technique ne procure
pas une adhérence, ni donc une tenue de route, idéale.
Si la propulsion tend à rendre le véhicule sur-vireur
(l'arrière part vers l'extérieur du virage), la traction
tend à le rendre sous-vireur (l'avant part vers l'extérieur
du virage), surtout si le poids du moteur sur les roues avant est
important. La solution idéale consite donc à transmettre
l'énergie aux quattre roues du véhicule. La transmission
intégrale, facile en théorie à appliquer, se
révèle délicate à mettre au point et
onéreuse à réaliser. C'est pourquoic ette solution
ne fut longtemps utilisée que sur des véhicules tout-terrais
ou de chantier, l'adhérence sur sol glissant jouant alors
un rôle prépondérant. Quelques expérience
sfurent conduites sur des véhicules de circuit, le constructeurs
Jensen présentant en 1966 son modèle FF qui ne connu
qu'un succès d'estime. Au milieu des années 70, Jörg
Bensinger, ingénieur oeuvrant aux cotés de Ferdinand
Piech chez Audi, remet à l'ordre du jour l'utilisation de
la traction intégrale sur une voiture de compétition.
L'idée du quattro va alors faire son chemin, contre nombre
de réticences, pour finalement s'imposer au début
des années 80 comme la première transmission intégrale
de série. Conçue non comme un moyen de franchir des
terrains cahoteux, de pentes et de dévers, le quattro est
une solution au problème de l'adhérence des voitures
de tourisme et de rallye. Le système Audi, appliqué
aujourd'hui à la gamme entière de la filiale de Volkswagen,
est très élaboré. Dérivé de la
traction, ce système renvoie la transmission aux roues arrière
par l'intermédiaire d'un arbre longitudinal classique et
d'un pont arrière à roues indépendantes. On
trouve un différentiel à l'avant et à l'arrière
ainsi qu'un troisième au centre, au niveau de la boîte
de vitesses, permettant le dosage du couple entre les deux essieux
en focntion de l'adhérence. Les Audi Quattro (à l'exception
de celles équipées du système Haldex) sont
donc des voitures à transmission intégrale permanente.
Les succès d'Audi en rallye ont conduit tous les grands constructeurs
s'intéressant à ce genre de compétition à
adopter ce genre de transmission, qui fait aujourd'hui la loi en
WRC. Les voitures de tourisme équipées d'une transmission
intégrale bénéficient d'une bien meilleure
tenue de route, surout lorsque les conditions d'adhérence
sont mauvaises et que leur puissance est élevée. Malheureusement,
ces systèmes sont coûteux et lourds autant que plus
consommateurs d'énergie. Une solution plus économique,
dérivée du Quattro, fut inaugurée en série
limitée par Volkswagen avec la Golf II rallye. Il s'agit
du système Haldex consistant à placer un coupleur
sur l'arbre de transmission longitudinal ou en sortie de boîte.
Ce visco-coupleur hydraulique se comporte comme un embrayage, puisqu'il
comporte 2 disques cisaillant une huile à base de silicone.
Le deuxième train moteur se trouve débrayé
lorsque les conditions d'adhérence sont satisfaisantes, et
il s'embraye progressivement lorsqu'elles se dégradent. Cette
solution a le mérite d'une simplification pour une efficacité
très satisfaisante. Moins coûteuse et consommatrice
de carburant, elle n'en assure pas moins un surcroît de sécurité
appréciable et cosntitue sans doute une technique d'avenir
en la matière. |