ASTON-MARTIN VANQUISH II (2014 - )
QUAND LA MUSIQUE EST BONNE
A l’instar de son illustre prédécesseur, la Vanquish II se situe au sommet de la gamme Aston Martin. Deux ans après son lancement, elle s’offre une remise à niveau dynamique. Moteur, boîte et suspensions ont été soit retouchés soit changés pour progresser dans les domaines qui lui faisaient défaut. De quoi en faire la meilleure GT du monde ?
Texte : Maxime JOLY
Photos : Étienne ROVILLÉ
Sortie en 2001 et produite à seulement 2578 exemplaires (dont 1086 Vanquish S) la Vanquish MkI est pourtant l'une des Aston Martin récentes les plus populaires. Elle doit ce privilège notamment à James Bond, puisqu’elle fut la monture du plus célèbre des agents secrets dans le film Meurs un Autre Jour, avant de laisser sa place à la DBS. Mais surtout, la Vanquish marquait le grand retour d'Aston Martin dans la catégorie des Supercars en ce nouveau millénaire.
Préfigurée par le concept "Project AM310" présenté en 2012 au Concours d'élégance de la Villa D'Este, la Vanquish II a remplacé à son tour la DBS en 2012. Le coupé Aston et son gros V12 ont donc eux aussi décidé de mourir un autre jour. Présentée en août de cette année, la Vanquish "2015" a d'ailleurs reçu de nouvelles améliorations. Un gros succès pour Aston Martin puisqu’il s’agit de son modèle le plus vendu actuellement, les ventes dépassant largement les niveaux atteints par la DBS.
PRESENTATION
La Vanquish II a le mérite de se différencier des autres modèles Aston Martin. Après s’être longtemps enfermé dans un seul et même dessin, initié par Ian Callum avec la DB7, le constructeur de Gaydon s’est inspiré du design de la spectaculaire One-77 pour en donner quelques attributs à la Vanquish réalisée elle aussi sous la tutelle de Marek Reichman, nouveau responsable du style de la marque. C’est de l’arrière que le lien de parenté entre les deux supercars est le plus frappant, notamment à cause du dessin des optiques. Les phares avant sont plus classiques et reprennent les codes de la marque.
L’utilisation de carbone dans la carrosserie a permis d’insérer l’aileron au sein même de la carrosserie. Il ne s’agit pas d’une pièce rapportée. Au total, cinq types de fibres de carbone sont utilisés dans la Vanquish. Cela suffit à justifier la différence de prix par rapport à la DB9, sans même évoquer la différence de performances et de technologie embarquée.
Puisque nous en sommes à parler d’argent, le prix de départ de la Vanquish millésime 2015 est de 307.000 €. Plusieurs options relativement classiques telles que les jantes 20" en aluminium forgé ou bien la couleur des étriers sont au catalogue. En plus, nous y retrouvons le coloris Diavalo Red qui était jusqu’alors une exclusivité de la V12 Vantage Zagato mais aussi, des pièces de carrosserie avec le carbone apparent. Plus globalement, un haut niveau de personnalisation est proposé, à l’extérieur comme à l’intérieur, pour en faire un véritable joyau.
A propos de l’intérieur, l’habitacle est extrêmement accueillant et bien construit. La finition ne souffre d’aucune critique. Seul bémol, le volant qui n’est pas des plus élégants.
VANQUISH VOLANTE
Depuis 2014, la Vanquish MkII se décline en version Volante et profite des mêmes améliorations que le coupé. Absolument magnifique, elle permet de profiter pleinement des vocalises et de la souplesse du V12. Seulement 18.000 € plus cher que le coupé (une broutille à ce niveau de prix...), il y a de quoi franchir le pas d’autant que les performances ne sont que légèrement en baisse…
MOTEUR
Mettre en route une Aston Martin à moteur V12, c’est comme écouter sa chanson préférée. On a beau la connaître sur le bout des doigts, il y a toujours ce petit quelque chose que l’on redécouvre à chaque nouvelle écoute et c’est ce qui fait qu’on ne s’en lasse pas. L’insertion de la superbe clé qui sert à lancer la symphonie du V12 5,9 litres est déjà un moment privilégié en soit mais lorsque les douze cylindres détonnent, plus rien d’autre ne compte. Vous voilà seul avec votre monture. Vous la touchez, vous respirez son parfum. Elle vous appartient. Le bouton Sport au volant ouvre totalement les valves d’échappement. Lorsque la personne chargée de me présenter la voiture s’est apprêtée à me montrer comment fonctionnait le système Hifi Bang & Olufsen, je l’ai immédiatement coupé dans son élan en lui disant que le seul autoradio qui m’intéressait était logé en position centrale devant nous.
Bien sûr, il y a les esprits chagrins qui vous répètent que si une Ferrari FF a 660 chevaux alors Aston est en retard d’un wagon. Pire, à l’époque où une simple Golf est en passe de recevoir une déclinaison de 400 chevaux, proposer une GT de 576 chevaux serait saugrenu. De vous à moi, par rapport à une compacte de 400 ch et compte tenu du matraquage répressif ambiant sur route, vous me permettrez d’écrire que la plus irrationnelle des deux voitures n’est pas l’anglaise… A ceux qui reprochent à Aston Martin de ne pas suivre la folle course à la puissance qui sévit depuis ces dernières années je répondrai que j’aimerais que d’autres constructeurs suivent leur exemple. Sur ce nouveau millésime, la gestion électronique Bosch a été revue. La puissance en profite légèrement pour grimper à 576 chevaux à 6.650 tr/min. Plus que la puissance pure, c’est le couple qui sort grandi de l’opération. Le V12 (ici type AM29) progresse de 10 Nm pour passer à 630 Nm mais, surtout, il semble mieux rempli à bas régime. Adieu le petit trou en bas du compte-tours que l’on pouvait lui reprocher. Du régime ralenti à 5.500 tr/min, régime où le couple maximal est atteint, le moteur est plein comme un stade de foot anglais chaque soir de match Avant cette mise à jour technique, la Vanquish avait la particularité d’avoir sa vitesse maximale inférieure à 300 km/h. Bien que cela n’ait pas une importance fondamentale, inconsciemment cela n’allait pas. Défaut corrigé puisque la Vanquish est à présent annoncée pour 323 km/h en Coupé !
TRANSMISSION
Aston Martin continue de se fournir chez ZF mais à la place de la précédente boîte automatique à six rapports, la Vanquish 2015 reçoit désormais la ZF8. Même si nous n’avions pas de reproche à faire à la ZF6 sur la DB9 restylée l’an dernier, il faut bien admettre que cette nouvelle boîte fait preuve d’une rapidité redoutable. Plus légère que sa devancière de 4 kg, elle est montée à l’arrière sur le Transaxle pour une répartition des masses idéale (51/49).
Autant le dire tout de suite, les deux derniers rapports sont purement « économiques » pour faire baisser la consommation et les émissions de CO2. Quatre modes sont disponibles : D, D-Sport, Paddle et Paddle-Sport. Comme c’est de coutume chez Aston, le roulage se lance en D puis, au moindre toucher, d’une palette, le mode Manuel s’active. A l’exception d’un sous-régime, la boîte ne reprend plus jamais la main, y compris au rupteur. Grâce au programme Adaptive Drive Recognation, la boîte analyse votre conduite et s’adapte à elle en mode automatique. Il y a aussi la fonction rétrogradage à la volée et la boîte va jusqu’à, parfois, sauter deux rapports à la fois.
L’étagement de la boîte a été revu et le Launch Control recalibré pour améliorer les performances. 3,8 secondes suffisent pour vous catapulter dans une autre galaxie. Beaucoup de voitures font mieux et à ce petit jeu, la Nissan GT-R est une des références de la catégorie. Pourtant, les sensations sont bien plus impressionnantes dans le coupé anglais qu’elles ne peuvent l’être dans le "golgoth" japonais…
A la question de combien nous avons consommé durant l’essai, je répondrai d’abord que nous n’avons pas du tout roulé à l’économie et n’avons dû utiliser les septièmes et huitièmes vitesses qu’une ou deux fois. Sur une telle conduite, la note se paye instantanément avec une moyenne de 20L/100 km relevée par l’ordinateur de bord. Les 15 litres de moyenne, en alternant conduite plaisir et sage, sont cependant plus réalistes.
SUR LA ROUTE
Nos derniers essais d’Aston Martin (Rapide, V8 Vantage mk3, DB9 mk2) ont tous eu une chose en commun. Une Aston n’est peut-être pas faite pour aller sur circuit, il n’empêche que leur comportement routier est exemplaire. C’était d’autant plus vrai sur la berline Rapide dont la version S hérite des mêmes améliorations que la Vanquish. La DB9 serait presque la moins sportive du lot, la faute à son amortissement trop souple. La transition vers la Vanquish "MY2015" est toute trouvée puisque l’amortissement est un des points majeurs de ce nouveau millésime. Les amortisseurs sont raffermis de 20% à l’avant et de 40% à l’arrière. De plus, le logiciel gérant suspension pilotée a été reprogrammé pour différencier sensiblement les trois modes de conduite : Normal, Sport et Track. Et ça fonctionne ! Mieux, ça fonctionne sans nuire au confort. Sur les petites routes du fin fond du 78 et avec le mode Track activé, la voiture n’a jamais été inconfortable. Afin de corriger la prise de roulis, la barre antiroulis arrière a été élargie. Le gabarit et même le poids flirtant avec la tonne 8 se font oublier. La magie de la plateforme V/H opère une nouvelle fois. Dommage qu’elle soit si lourde pour une plateforme en aluminium et que l’utilisation de carbone sur la carrosserie ne se ressente pas sur la balance… Un autre grief que je ferais concerne la direction à assistance variable. Trop légère à basse vitesse, elle gagne heureusement en consistance à mesure que le rythme s’accélère.
Dans la catégorie des GT très haut de gamme, la concurrente désignée de l'Aston Martin Vanquish est la Bentley Continental GT. Mais les deux voitures sont en réalité très différentes. La Vanquish s’apprécie avant tout au volant quand la Bentley est presque plus agréable pour le(s) passager(s). L’Aston n’est donc pas une voiture à chauffeur et ça tombe bien, les places à l’arrière sont ridicules !
CARACTERISTIQUES TECHNIQUES
ASTON-MARTIN VANQUISH II
MOTEURType : 12 cylindres en V à 60°, 48 soupapes, 2x2 arbres à cames en tête
Position : longitudinal AV
Alimentation : Injection indirecte + double calage variable en continu
Cylindrée (cm3) : 5935
Alésage x course : 89 x 79,5
Puissance maxi (ch DIN à tr/mn) : 576 à 6650
Couple maxi (Nm à tr/mn) : 630 à 5500
TRANSMISSION
AR + pont autobloquant mécanique + ASR et ESP (déconnectable) + contrôle de motricité
Boîte de vitesses (rapports) : automatique ZF (8)
POIDS
Données constructeur (kg) : 1791
Rapport poids/puissance (kg/ch DIN) : 3,1
ROUES
Freins : 2 disques ventilés et perforés en carbone/céramique AV (Ø 398 mm) avec étriers fixes 6 pistons et 2 disques ventilés et perforés en carbone/céramique AR (Ø 360 mm) avec étriers fixes 4 pistons + ABS + EBD + EBA
Pneus Av-Ar : 245/35 ZR 20 - 295/30 ZR 20 Pirelli PZero
PERFORMANCES
Vitesse maxi (km/h) : 323
1000 m DA : ND
0 à 100 km/h : 3"8
0 à 200 km/h : ND
CONSOMMATION
Mixte constructeur (L/100 Km) : 12.8
Moyenne de l'essai (L/100 Km) : 20
CO2 (g/Km) : 298
PRIX NEUF (09/2014) : 307.000 €
PUISSANCE FISCALE : 40 CV
CONCLUSION
:-) Présentation intérieure Cabriolet Volante ! V12 extraordinaire Sonorité démoniaque Rapidité de la nouvelle boîte Performances Comportement routier Nouvel amortissement Freinage La classe Aston Martin... |
:-( … et le Poids Direction un peu légère Dessin du volant Places arrière symboliques |
Une Aston Martin, un V12, il faudrait vraiment avoir un coeur de pierre pour ne pas craquer. Sauf qu’aux émotions, Aston a ajouté la technique pour que la raison rejoigne les sentiments affectifs. Et c’est gagné ! Il y a objectivement bien peu de choses à reprocher à cette GT qui sait se montrer douce et agressive, selon ce que vous lui demandez. Difficile de trouver meilleur compromis…