© L'AUTOMOBILE SPORTIVE (03/03/2008)
SPORT
BY ASTON !
Chez Aston Martin, la dernière DBS vient coiffer
la gamme des versions routes en remplacement de la très charismatique et
déjà regrettée Vanquish. S'appropriant un patronyme déjà
usité dans la généalogie des Aston Martin " DB ",
elle change toutefois de style pour être plus musclée que ses héritières
des années 60-70. Un trait d'union entre la très aristocratique
DB9 et la version du Mans DBR9, selon les propres dires de l'usine de Gaydon...
Texte : Gabriel LESSARD
Photos : D.R.
Alors que les Ferrari, Porsche et Lamborghini rivalisent sur les chronos et se rendent coup pour coup, Aston
Martin cultive sa tradition d'une vision du sport chez les Grand-Tourismes
qui lui est propre. Un impératif lui conférant ainsi une place à
part ne venant pas rivaliser directement avec les furies énoncées
plus haut. Acheter une Aston, c'est en quelque sorte s'initier à des sports
très sélects inconnus du grand public continental comme le cricket
ou le polo. Le populaire est vulgaire à bord d'une Aston qui cultive toujours
cet art de vivre automobile emprunt de noblesse. La Vanquish ayant terminé ses offices avec en apothéose une version " Vanquish
S " de toute beauté, il lui fallait une remplaçante à
la hauteur qui sera étrennée selon la coutume par l'incontournable
agent secret au service secret de sa très gracieuse Majesté : James
Bond.
C'est donc Daniel Craig le dernier acteur endossant le costume de 007, qui
eut la primeur de faire rouler sur le grand écran la dernière DBS.
Mais si dans les années 60 la première Aston Martin DBS était plus
une lourde GT dotée d'un six en ligne un peu juste pour lutter contre l'embourgeoisement
ambiant (la DBS V8 sera déjà plus convaincante),
la dernière DBS s'équipe d'un V12 de 517
ch la dotant de performances de premier plan. Mais comme toujours à Gaydon,
la manière est venue policer la force brute
DESIGN
DB9 + DBR9 = DBS ? Si l'équation semble aussi simple,
la réalité l'est déjà moins car la DBS possède
des cotes différentes de sa sur DB9 qui joue plus les graciles élégantes
se muant sans cesse avec une noblesse d'âme et de cur. Sans retomber
dans le genre Bad Boy de feue la Vanquish, la DBS n'hésite pas à
bander ses muscles et ouvrir les naseaux pour mordre le bitume à plein
nez ! Les ouvertures ne manquent pas pour permettre l'oxygénation de la
mécanique avec la calandre Aston " maison " au centre cinq ouvertures
dans le bouclier avant dont deux pour les freins, sans compter le capot (tout
en carbone comme la malle de coffre, les ailes et les branches de rétroviseurs
pour un gain de 30 kilos) qui est ajouré comme celui des DBR9 du Mans.
Au fin museau de la DB9, la DBS lui oppose une mine déjà plus entreprenante.
Bien échancrée, notamment au niveau des ailes arrière, la
découpe des vitres latérales devient la signature du profil des
Aston de route. De nombreux détails viennent agrémenter le style
sans pareil de cette noble dame anglaise comme les rétroviseurs, les poignées
de portes encastrées à basculement, ou encore les prises d'air latérales
traversées par un jonc chromé (avec le répétiteur
latéral encastré) qui déborde même sur les portes.
Les jantes de 20 pouces sont splendides même si elles semblent bien grandes
pour l'allure générale, tandis que la croupe est assurément
une pièce de choix devant laquelle il est difficile de résister
! Entre le dessin des feux partagé avec les DB9 et V8
Vantage, ses extracteurs en carbone laissant à peine percer les sorties
d'échappement et son becquet intégré, c'est le sans faute
! A ses côtés, seule une Gallardo semble être aussi bien proportionnée
et pure dans son dessin, une F430 ayant décidé
d'adopter une posture plus torturée hésitant à trop singer
sa sur l'Enzo, et une 911
GT2 semble presque tuning ! Partisans nous ? Non pas réellement, mais
c'est avant tout pour illustrer la plastique superbe de la DBS, même si
cela reste toujours un avis subjectif.
HABITACLE
L'habitacle réserve encore bien
des (bonnes !) surprises que laissait déjà augurer la clé
de contact plutôt inattendue avec son look à son extrémité
en saphir. Un joyau l'Aston ? Presque, car une fois la porte ouverte, c'est une
véritable invitation à l'éveil des sens. Les yeux sont immédiatement
attirés par cette profusion de cuir et les superbes baquets. Moquette en
fibres synthétiques, alu, placages carbone mat et black piano laqué,
Alcantara, cuir
toutes les matières nobles mais aussi branchées
et chics sont là. Dans un tel univers, où l'équipement de
série est pléthorique, notamment pour tout ce qui est exogène
à la conduite (sono de 700 watts, climatisation, téléphone
),
l'instrumentation semble bien pauvre et désuète, et le volant d'une
tristesse affligeante. Pour le reste c'est le sans faute avec des réglages
de sièges à mémoire disposés le long du tunnel central,
le pédalier alu à picots anti-dérappants et son pommeau de
vitesse tout alu taillé en carré assez gros prendre en main. Petites
poignes, s'abstenir ?! La position de conduite est très bonne à
quelques détails près comme les vitres qui sont assez étroites
et dont la base est haute limitant la visibilité périphérique,
tandis que le tunnel central très haut, lui aussi, et proéminent
impose une petite habitude pour manier le gros levier comme il se doit. Et là
clé au fait ? Elle s'insère dans le rond " engine - start "
au-dessus de la radio, le saphir vers vous. Rien que pour vos yeux
MOTEUR
Pour son fleuron, Aston Martin a chipé le V12 6 litres tout alu de la DB9
(5 935 dm3 plus précisément) en lui donnant encore plus de vitamines.
Et surtout un supplément d'âme car les vocalises ombrageuses du bouilleur
de la Vanquish étaient difficiles à oublier. Etant donné
les qualités naturelles du V12 de la DB9, les motoristes ont laissé
tel quel tout l'équipage mobile et se sont concentrés sur l'admission
et l'échappement. Pas de doute, voilà un V12 qui n'est pas aphone.
Les prises d'air dynamiques placées un peu partout apportent une des composantes
indispensables à une bonne combustion interne. Cet air arrivant à
vive allure passe par des tubulures d'admission à géométrie
variable, améliorant ainsi la réponse du V12 à tous les régimes
possibles. Alors que la DBS joue les sportives par rapport à sa "
petite " sur, un carter sec aurait permis à défaut d'être
totalement indispensable, de confirmer sa fibre plus sportive. Le V12 est heureusement
plus fougueux sous le capot ajouré de la DBS avec 517 ch à 6 500
tr/mn (soit 67 ch de plus qu'une DB9 tout de même !) tandis que le couple
stagne et n'est disponible que 750 tr/mn plus haut que sur la DB9. Cela dit, qui
se plaindra qu'il faille aller chercher un peu plus haut dans les tours un couple
goulu de 58,1 mkg ? Preuve des contraintes pour passer des couples aussi importants
par des boîtes mécaniques, l'embrayage est renforcé et de
type compétition signé AP Racing. Et pour pallier à toute
critique à ce sujet, la boîte 6 rapports tire plus court que sur
la DB9 participant ainsi à l'accroissement général des performances.
D'ailleurs, lorsque la DBS passe, il faut l'admirer vite, car le 0 à 100
km/h est réglé en 4"3 et la cible des plus de 300 km/h est
atteinte. Mais plus que les données brutes, ce V12 dispense des sensations
à foisons. Entre sa sonorité qui se démarque très
nettement (évitez de rouler de nuit dans les petites rues !) dans le paysage
sonore automobile, et les reprises réellement tonifiantes, la conduite
se révèle vite comme un moment de bonheur pour amoureux des belles
mécaniques. Animer par ses orteils droits et son poignet droit ce V12 c'est
mettre en route l'opération tonnerre !
CHASSIS
La
DBS reprend la structure tout alu de la DB9 comme base de départ. Un matériau
qui est employé avec d'autres pour traquer chaque kilo drastiquement. Le
résultat est certes satisfaisant avec 180 kilos de moins qu'une Vanquish,
mais le total s'élève tout de même à près de
1,7 tonnes. On est bien dans l'esprit GT et très loin des supersportives
de la trempe des F430 Scuderia, 911 GT3 RS et même V8
Vantage N24, toutes sous la barre des 1,5 tonnes. Et que dire des productions
d'Heithel (Lotus) qui pour l'instant résistent toutes à la
tonne ?... La suspension triangulée est elle aussi empruntée à
la DB9 mais dispose de réglages spécifiques avec des ressorts et
barres antiroulis plus rigides de 50%. Mais toute cette base " saine "
est sublimée par un système d'amortissement piloté ADS (Adaptative
Damping System) à 5 lois et deux modes au choix. Il permet ainsi une conduite
coulée très confortable malgré la taille très sportive
des excellents Pirelli PZero (AV 245/35 ZR 20 et AR 295/30 ZR 20). Une fois sur
le programme le plus sportif (vous avez dit dur ?), le confort devient plus anecdotique
mais encore présent, et l'Aston ne peut totalement faire oublier sa masse
en mouvement, malgré toute l'efficacité de l'ADS. La direction à
crémaillère assistée retransmet fidèlement la route
au volant ce qui participe au plaisir du placement de l'auto. Très équilibrée,
facile à conduire mais restant communicative en toute circonstance, la DBS affiche ainsi une offre
pas si courante dans la catégorie à mi-chemin entre les " trop
assistées, trop faciles " et les " trop viriles ". Seule
la visibilité périphérique complique un peu la tâche,
mais pour les manuvres, des détecteurs de recul sont très
discrètement intégrés dans le bouclier arrière, extracteur
d'air compris ! Bien que dépourvu de fond plat et d'aileron trop voyant,
l'extracteur d'air complété par les deux lames en carbone incrustées
dans le bouclier avant plaquent l'auto au sol et permettent d'obtenir une portance
nulle au niveau de la poupe. Malgré sa bonne volonté évidente
et le travail exceptionnel réalisé, la DBS reste une GT et est ainsi
plus rivale d'une Ferrari 599 Fiorano que d'une berlinette à moteur V8
central. Pour ralentir cette étoile filante, Aston a vu les choses en grand
avec un ensemble carbone/céramique pour les disques ventilés et
percés et des étriers fixes à 6 et 4 pistons pour l'avant
et l'arrière. Complété de l'incontournable ABS, ainsi que
de l'EBD et de l'EBA, la DBS freine en toute circonstance et conserve une souplesse
d'usage dans son toucher de pédale qui n'est pas toujours courant chez
ses rivales dotées d'un système analogue. On notera avec satisfaction
des aides à la conduite (ASR et ESP) totalement déconnectables,
même s'il y a fort à parier qu'ils ne le seront jamais ou presque
sur les exemplaires vendus
:: CONCLUSION
Quelle époque ! En pleine période de prédictions catastrophistes
et de souhaits plus ou moins acceptés de prises de conscience sur la protection
de la planète, l'offre des automobiles de luxe et ultra-performantes ne
s'est rarement aussi bien portée ! Aston Martin entend bien profiter de
cette embellie du marché, et nous présente une auto plus sportive
et radicale qui vient coiffer avec autorité le catalogue de Gaydon. Cette
DBS fait honneur à son patronyme et mérite sa place parmi les GT
ultra-performantes avec des arguments convaincants : luxe, exlusivité,
la beauté du diable en prime et un caractère bien trempé.
Une main de fer dans un gant de velours avec, cerise sur le gâteau, une
conduite qui n'est pas " surassistée " et distille des sensations
véritables. Cette DBS est un véritable morceau de choix dans le
paysage automobile des " +300 km/h " et avec 500 exemplaires produits
chaque année maximum, on risque pas d'en croiser sur nos routes, à
moins de traîner près des Casino Royal ?...
CE
QU'ILS EN ONT PENSE :
"Le petit constructeur anglais voulait une
voiture de conquête, il l'a et peut désormais aller chasser sur des
terres qui lui étaient jusqu'ici interdites. Sans pour autant parler de
nouvelle voiture, la DBS est une super DB9, un monstre de sportivité dont
la générosité fait oublier qu'il ne se bat pas réellement
dans le monde des supercars en performances pures. Aston nous a envoûtés,
une fois de plus. Ça se soigne docteur ?"
Motorsport - novembre
2007 - Aston Martin DBS - Nicolas Gourdol.
"Sportive
ou pas, une Aston Martin reste
une Aston Martin : la DBS suggère
la performance comme un art de vivre plutôt qu'une quête aveugle et
perpétuelle. Ce n'est pas une bête de circuit mais une auto au charisme
écrasant, terriblement attachante."
Sport Auto - décembre
2007 - Aston Martin DBS - Laurent Chevalier.
"Sur
la route, le résultat est à la hauteur des meilleures. Les accélérations
peuvent vous catapulter en un éclair à une vitesse totalement inavouable,
et la DBS n'a pas à rougir de la comparaison avec les sportives les plus
abouties. Mais là n'est pas le plus important pour elle. Ce qu'elle est
capable de vous offrir va bien au-delà. La qualifier de performante, d'efficace,
de follement plaisante à conduire, voire même confortable est peu
dire. Aucun qualificatif ne peut retranscrire avec exactitude l'émotion
qui vous traverse lorsque vous avez la chance d'en prendre le volant
Un
subtil mélange de sportivité, de luxe, de raffinement et de noblesse
so British, qui en fait une voiture unique."
L'Auto-Journal - HS spécial
Haut de Gamme 2007 - Aston Martin DBS - Mélina Priam. |