RS4, EPISODE II
Depuis la célèbre Audi RS2, alors développée
avec l'aide de Porsche et basée uniquement sur l'Audi 90
Avant, Audi sait garnir son catalogue de berlines surpuissantes.
Toutefois, la transmission intégrale Quattro, si efficace,
avait tendance jusque-là à émousser le caractère
de ces berlines dignes de certaines supercars en performances pures.
Avec sa nouvelle Audi RS4 B7et son V8 diabolique de 414 ch, Audi
et sa filiale Quattro GmbH ont placé la barre très
haute ! BMW doit impérativement sortir rapidement sa future
BMW M3 elle aussi équipée d'un V8...
Texte :
Gabriel LESSARD
Photos : D.R.
Tous les amateurs de la marque aux quatre anneaux
se rappellent la célèbre Audi
RS2 qui marqua le départ d'une fantastique famille d'Audi
surpuissantes et performantes. Le programme était alors des
plus simple avec un moteur turbocompressé et une transmission
Quattro le tout emballé dans une plastique avantageuse
mais toujours sobre et discrète. Jusqu'à la dernière
Audi S4 B7,
en berline et en cabriolet, ce précepte était respecté
à la lettre sauf pour la mécanique qui perdait la
suralimentation des premières Audi
S4 et même des Audi
RS4 B5 pour hériter du très beau V8 4,2 litres
des Audi A6 et A8. Ainsi motorisé, ces Audi S4 affichaient
performances et bon goût, un peu à la manière
d'une Mercedes C43 AMG ou de la récente
C55 AMG.
Avec le facelift plus agressif de la gamme Audi A4 B7,
reprenant notamment une calandre béante diversement appréciée,
et des blocs optiques habilement redessinés, Audi allait
enfin pouvoir donner une descendance à feue l'Audi RS4 MkI.
Mais désormais, comme pour les Audi S4 V8, fini les turbocompresseurs.
C'est à un bon V8 atmosphérique travaillé pour
les hauts régimes que Quattro GmbH a fait confiance. Et cerise
sur le gâteau, la transmission intégrale Quattro a
été revue pour autoriser une comportement moins policé
mais toujours aussi efficace
DESIGN
L'Audi A4 B7 est désormais familière dans le paysage
automobile français. Toutefois, depuis le facelift de la
gamme, nous n'avions pas encore eut l'occasion de reprendre
le volant d'une version sportive. Les modifications, si elles ne
sont pas nombreuses ont toutefois donné une nouvelle physionomie
au modèle phare de la gamme Audi. Rien que la modification,
bien vue, du dessin des blocs optiques contribue largement à
l'impression d'une nouvelle auto. Les derniers acheteurs d'Audi
A4 non faceliftées auront certainement apprécié
ce geste élégant du constructeur d'Ingolstadt alors
que BMW et Mercedes optent plutôt pour leur part à
des restyling discrets en court de vie de leurs modèles.
Seule la calandre énorme et prétentieuse, pour revenir
au design de l'Audi A4 MkII faceliftée, est diversement appréciée
selon les personnes. Audi a décidé de ne plus passer
inaperçu face à ses deux rivaux directs, BMW
et Mercedes-Benz,
et il le fait savoir.
La version RS4 (Type 8E) étonne par sa présentation
plus tapageuse que d'ordinaire. D'habitude, les habitudes de la
maison ne laissaient l'extravagance des lignes et de la présentation
sur les modèles S et RS qu'aux jantes largement dimensionnées,
aux passages de roues élargis et fortement marqués
et aux coques de rétroviseurs chromées. Désormais,
les boucliers avant et arrière sont nettement plus voyants
et agressifs. Le bouclier avant notamment affiche des formes et
découpes osées et à la limite du tuning de
mauvais goût. Sur une Audi de près de 76000 euros,
on espérait mieux
Le becquet arrière est intégré
à la malle arrière et se fait donc plus discret alors
que les deux larges sorties ovales d'échappement annonce
fièrement le V8 qui est tapi sous le capot avant. Pour les
jantes, du 19 pouces est monté de série avec un dessin
assez innovant pour Audi (fini les jantes épaisses à
grosses branches héritées du prototype Avus).
HABITACLE
L'habitacle
reste lui fidèle à la tradition Audi de ces dernières
années : c'est noir, c'est sobre limite triste, mais quelle
finition ! Aucun doute à ce sujet, Audi reste bien à
ce jour une des marques affichant une qualité de finition
perçue la plus réussie qui soit. Plastiques et assemblages
sont à la hauteur de la réputation de la marque. L'équipement
de série est relativement complet par rapport aux attentes
que suscite un tel modèle. A noter dans les équipements
de série les très beaux sièges baquets sport
qui sont complétés d'un mode " S " pour
sport commandé depuis le volant qui gonfle les coussins des
sièges pour améliorer le maintient et qui rend la
réponse à l'accélérateur plus instantané.
Bien vu ! Finalement, l'extravagance de certains détails
du design extérieur de la nouvelle Audi RS4 n'a pas pu franchir
les lourdes portes de l'habitacle et c'est tant mieux. A noter le
volant Sport trois branches avec un méplat dans sa partie
inférieure comme en compétition.
Si pour certains
notre jugement un peu sévère sur le design de cette
berline vitaminée peut paraître hors de propos, il
ne faut tout de même pas perdre de vue que limité sur
route ouverte à 130 km/h maximum sur notre territoire et
que très lourde sur circuit avec ses près de 1,7 tonnes,
le design d'une voiture de sport est donc tout de même prédominant
de nos jours. C'est bien le cas de bon nombre de supercars, comme
la Lamborghini
Diablo ou Murciélago
dont l'usage sur route ouverte est des plus délicat. On l'achète
donc plus pour sa ligne sculpturale et évocatrice, ainsi
que son moteur et sa technique que pour aller doser quelques GTI
sur les routes des Cévennes.
MOTEUR
Sous le capot, c'est une pièce de choix, car Audi n'a pas
cédé aux "facilités" de la suralimentation.
Ce V8 atmosphérique de 4,2 litres dérive du bloc longue course des
S4 et S4 cabriolet. Le type "BNS" se distingue par sa compacité
remarquable, réduite de 52 mm par le report à l'arrière
(côté volant) de la chaîne de distribution pour les double-arbres à cames en tête. En
utilisant un bloc en Alusil, un important travail d'allègement a été
opéré autorisant un poids de seulement 195 kg, soit
l'équivalent de l'ancien V6 biturbo moins puissant. Les arbres
d'admission et tubulures pilotées à double voies possèdent
un calage variable. Pour l'alimentation, la culasse a été revue en profondeur (passage de 5 à 4 soupapes par cylindres) pour adopter le système
FSi d'injection électronique directe d'essence, permettant ainsi d'optimiser au maximum le mélange
injecté dans les chambres de combustion. Ce nouveau système,
également vu sur les VW
Golf V GTI, se distingue par une baisse de la consommation d'essence.
Pistons en aluminium forgé, bielles,
vilebrequin et de nombreuses autres pièces spécifiques permettent de développer 414 ch à 7800
tr/mn tandis que le régime maximum se situe à 8250
tr/mn ! Des régimes de rotation impressionnants qui en disent
long sur le travail réalisé par les ingénieurs
allemands. Pour voir des rotations aussi élevées il
faut lorgner du côté de BMW, Honda et Ferrari. Le rapport
cheval par litre de cylindrée frôle avec les 100 ch/l
ce qui reste une performance en soit pour un moteur atmosphérique.
D'ailleurs si la puissance pure progresse largement comparée
à une Audi S4 V8 dotée de 344 ch d'origine, le couple
moteur évolue très peu avec 430 Nm de couple à
5500 tr/mn contre 410 Nm à 3500 tr/mn pour l'Audi S4 V8.
C'est donc bien la sportivité pure et dure de la mécanique
qui a été travaillée quitte à délaisser
le couple. Bon ne soyons pas bégueules pour autant, car 90%
du couple est disponible dès 2200 tr/mn (contre 1100 tr/mn
sur l'Audi S4).
Les accélérations sont phénoménales
et semblent infinies jusqu'au rupteur ! Vous arrivez à 100
km/h seulement 4,8 secondes après être partis et 15,8
secondes plus tard vous franchissez les 200 km/h ! Un vrai missile
sur quatre roues cette nouvelle Audi RS4. Et avec ce nouveau moteur,
et sa boîte de vitesses mécanique à 6 rapports,
l'Audi RS4 est en passe de devenir une véritable voiture
sportive (avec un moteur au caractère plus proche des autos
de compétition : puissance pure très haut perchée,
et couple moteur en retrait) se démarquant ainsi plus de
la Mercedes C55 AMG et se rapprochant plus de la BMW
M3. Malgré le couple progressant moins que la puissance
pure, les reprises restent d'un niveau exceptionnel, surtout que
nous sommes à bord d'une berline !
CHASSIS
C'est sur la piste Goodyear à Minerval dans le sud de la
France qu'Audi avait convié les journalistes à la
présentation et premières prises en main de la nouvelle
Audi RS4. Piste sèche, piste arrosée, tout était
testé pour étaler auprès des journalistes présents
les qualités routières de l'Audi RS4. Sa tenue de
route l'Audi RS4 la doit en premier lieu à ses liaisons au
sol constituées à l'avant de quatre bras transversaux
en alu avec ressorts hélicoïdaux et barre antiroulis.
Le train arrière reçoit des bras trapézoïdaux
avec des ressorts hélicoïdaux et barre antiroulis. Bien
évidemment, le système de transmission intégrale
Quattro permet de compléter ce dispositif et de procurer
à la fois efficacité et sécurité. Mais
par rapport à la tradition Quattro chez Audi, le système
est légèrement revu pour offrir non plus une répartition
de la puissance et du couple de 50/50 entre les deux essieux mais
de 40 sur l'avant et 60 sur l'arrière.
Si sur le papier cette
modification ne semble pas flagrante, le résultat au volant
est évident. La nouvelle Audi RS4 est nettement moins typée
sous-vireuse que ses surs Audi S et RS. Une bonne nouvelle
pour les amateurs de conduite typée et sportive. On reste
certes très loin d'un comportement d'une propulsion, mais
au moins cette nouvelle loi de répartition permet de bien
plus s'amuser au volant. Que l'on soit pour ou contre la transmission
intégrale sur une voiture de sport, il faut admettre l'efficacité
du système Quattro. Nous avions déjà eut l'occasion
avec Audi de tester une Audi RS6 avec les roues droites sur une
surface au coefficient d'adhérence correspondant à
du verglas, et les deux roues gauches sur du bitume sec. La consigne
était alors de passer " pied au plancher " ! Un
peu inquiets, nous sommes passés comme si les quatre roues
étaient sur le sec. Avec une propulsion, la trajectoire aurait
été plus hasardeuse
Même lorsque l'on
arrive trop fort en courbe avec l'Audi RS4, on peut relâcher
l'accélérateur sans sortir forcément de la
route. Superbe et efficace, mais pour les joies de la glisse et
du transfert de masse, il faudra repasser ! Le freinage semble endurant
et reste très performant. Il sera intéressant de pouvoir
tester plus en longueur des freinages puissants et répétés
sur circuit pour voir si les 1,7 tonnes de l'Audi RS4 ne mettent
pas à mal l'endurance.
:: CONCLUSION
La nouvelle Audi RS4 s'annonce comme la berline sportive torride
de la rentrée. Par sa définition et son caractère,
elle se rapproche encore plus de la BMW M3 qui n'a pour l'instant
à opposer que sa carrosserie 2 portes (plus sportive), une
présentation moins tapageuse (c'est une question de goût
et donc subjectif) et sa propulsion. Performante, efficace avec
le Quattro et désormais amusante à conduire avec sa
nouvelle loi de répartition aux essieux, il ne reste plus
qu'une esthétique un peu torturée sur certains détails
qui peuvent encore faire hésiter au moment du choix. Le sans
faute ? Presque...
CE QU'ILS EN ONT PENSE :
"En fait, Audi a toujours dit que la S4 était juste
un tour de chauffe et qu'elle n'allait pas vraiment attaquer la
M3. Avec la RS4, on a un moteur sauvage, des freins surpuissants,
un amortissement réglable (comme sur la RS6), une répartition
de la transmission plus fun (destinée à être
généralisée sur tous les 4x4 de la marque)
et enfin une direction améliorée. La RS4 confirme
donc la montée en puissance d'Audi. Elle se donne les moyens
de ses ambitions, et devient une vraie sportive à même
de menacer la M3 sur son terrain. Bien entendu, si vous êtes
un fanatique des propulsions pures et dures, la M3 vous conviendra
mieux. Pour autant, l'écart entre les deux voitures s'est
considérablement resserré. La RS4 est plus désirable
que jamais, et notre comparatif à venir entre ces deux monstres
promet d'être explosif !"
EVO - -juillet-août 2005 - Audi RS4 MkII. |