L'EUROPA
SE... FACHE ?
Lotus a voulu être plus consensuel avec son
Europa S afin de ratisser plus large et capter des clients jugeant le duo Elise
et Exige trop radical. Mais à trop vouloir plaire au plus grand nombre,
certains reprochaient à l'Europa S de céder à trop de concessions.
Lotus a entendu le message et s'est penché sur la destinée de l'Europa,
d'autant plus que l'arrivée imminente de l'Evora peut rebattre les cartes
dans la gamme Lotus. Avec l'Europa SE, Lotus donne ainsi une regain de tonus,
un châssis optimisé et une présentation revue. Est-ce pour
autant suffisant ?...
Texte : Gabriel LESSARD
Photos : D.R. Lotus ne cesse de nous étonner
par ses bons choix et sa vigueur tant sportive que commerciale retrouvée.
L'ADN de la marque initié et imposé avec tant de brio par la première
Elise en 1997 s'est depuis décliné sur
toute une gamme large et complète... passionnante en réalité.
Elise et Exige sont donc les
deux gammes phares chargées de faire autant le volume que l'image. Quelques
exceptions viennent agrémenter avec un piment sans égal le catalogue
comme la Lotus 2 Eleven dont la radicalité vient
chasser sur les terres des "superlight" comme les Caterham,
Donkervoort, les KTM
ou les Ariel. Depuis 2006, Lotus tente d'élargir
le cercle de ses initiés en proposant de pouvoir rouler au quotidien dans
plus de confort, sans pour autant céder aux sirènes de la bourgeoisie.
Une sorte de pari de l'impossible puisque l'Europa
est basée sur la structure de l'Opel
Speedster Turbo et son empattement allongé. Alors évidemment,
bien que mieux présentée, l'Europa S n'est toujours pas la reine
de l'accessibilité et de la polyvalence, même si elle se place tout
de même un cran au-dessus du duo Elise/Exige en la matière. Seulement
son châssis un peu plus "mou", et son moteur turbo d'origine Opel
de 200 ch (seulement ?) est presque trop juste pour justifier sa différence.
Et côté design, les avis sont très partagés, bien que
nous soyons là sur un critère très subjectif donc difficile
à prendre en compte. Mais Lotus a entendu la complainte de ses clients
passionnés et a pris la mesure au salon de Genève en mars 2008 avec
la nouvelle "gamme" Europa. Désormais le client peut opter soit
pour l'Europa S, soit pour la toute dernière
Europa SE. Attention, la vitesse supérieure
est enclenchée !
DESIGN
Ne
cherchez pas de refonte fondamentale du design de l'Europa S, car cela n'était
pas le but de l'opération. Les hommes de Lotus ont avant tout chercher
à gommer quelques aspects jugés trop doux et redonner un peu plus
de pep's à une ligne qui ne demandait qu'à se faire remarquer. Légèrement
plus basse, les nouvelles (grosses !) jantes sont plus larges et remplissent mieux
les arches de roues. Résultat, alors que la version S semblait sous certains
angles fluette, presque gracile, la version SE semble afficher une virilité
toute retrouvée. Le modèle présenté à Genève
arborait en outre une teinte Blanc Glacier du plus bel effet, également
repris sur les grilles d'aération. La grande force de Lotus sur l'Europa
est d'avoir réussi à la différencier réellement de
l'Elise et l'Exige. La partie avant nous semble la plus réussie alors que
la poupe est plus grossière, comme en panne d'inspiration. Question de
goût toutefois.
A BORD DE LA LOTUS EUROPA SE
L'habitacle se veut encore plus soignée dans sa présentation
et dans sa dotation en équipement
de série. Heureusement, car l'addition avec un tarif à 41 500 euros
HT (environ 50 000 euros TTC) est tout de même copieuse. L'intérieur
adopte donc en plus de la climatisation de série, une sellerie cuir intégrale
du plus bel effet. Même les tapis de sol sont assortis et de série.
Le comble du luxe pour une Lotus ? Désormais depuis le millésime
2008, l'Europa est dotée d'un bouton de démarrage "START"
et de nouveaux combinés d'instruments intégrant un ordinateur de
bord. Seule fausse note à notre avis, c'est le pommeau de levier de vitesse
en bois qui semble bien déplacé dans cet univers très sport
et sombre. La position de conduite est excellente mais demande quelques contorsion
pour y accéder ou s'en extraire. Les limites des souhaits de polyvalence
de Lotus ?...
MOTEUR & CHASSIS
L'adoption
de jantes plus grosses tant en diamètre qu'en largeur (chaussées
de pneus Goodyear F1 GSD AV 195/45 R 17 et AR 235/40 R 18) a permis de placer
des freins plus gros avec des disques de diamètres de 308 mm contre 288
auparavant. Mais surtout, les disques avant sont désormais pincés
par des étriers AP Racing à 4 pistons, contre deux sur a S. Une
donnée importante qui en dit long sur le choix du retour aux performances
de la SE chez les "Europa". Avec 995 kilos à traîner, le
pilote du "quotidien" va pouvoir retarder ses freinages à loisir...
Côté suspensions, on retrouve les tics de la course avec une double
triangulation avant et arrière. Pour les aides électroniques à
la conduite, elles sont fort heureusement réduites au minimum vital. Sous
le capot arrière, le moteur est en réalité celui de l'Europa
S, d'origine Opel donc, qui est doté de l'option Kit 225 ch (environ 2100
euros en après-vente) disponible pour la version S. Il porte la puissance
à 225 ch à 5 750 tr/mn et le couple à 300 Nm à 5 000
tr/mn. Pour arriver à ce résultat, ce kit comprend une nouvelle
unité de calcul moteur (ECU), un jeu de bougies et quatres disques de freins
ventilés-percés pour améliorer le mordant du freinage. La
puissance du moteur passe de 200 à 225 chevaux et le couple est supérieur
au couple initial tout au long de la courbe pour culminer à 300 Nm. Reprises
et accélérations, déjà très bonnes, seront
d'un niveau exceptionnel. Le 0 à 100 km/h est revendiqué à
5"7 et le 0 à 160 km/h en 14".
::
CONCLUSION
L'Europa SE se veut la Lotus la plus utile et conciliable
avec une conduite quotidienne. Certes, elle est plus polyvalente et mieux finie
que ses soeurs plus radicales, mais elle conserve quelques désagréments
inhérents à ce type de véhicules. Très basse elle
ne ménage pas votre souplesse naturelle. En revanche, en version SE, les
quelques améliorations esthétiques, notamment par l'adoption de
nouvelles jantes et teintes, un habitacle plus personnalisé et surtout
des freins plus puissants avec une mécanique plus puncheuse redonne de
l'intérêt à une auto qui était déjà bien
sympathique. Ainsi gréée, pour celui qui ne fait que de la route
et qu'occasionnellement du circuit, l'Europa SE peut représenter une alternative
très séduisante, surtout que la concurrence est soit aussi chère
ou plus, mais surtout généralement beaucoup plus lourde. Une donnée
non négligeable actuellement pour les amateurs de véritables voitures
de sport... |