PEUGEOT RCZ R (2013 - )
POUR RUGIR DE PLAISIR
Le coupé RCZ marquait le retour de Peugeot dans le monde des coupés désirables, 10 ans après avoir connu le succès avec la 406 Coupé. Comme pour cette dernière, il manquait à la française un moteur puissant capable de rivaliser avec les références de la catégorie mais aussi les maxi GTI. C’est alors même que l’on n’y croyait plus que Peugeot présenta le concept R de 270 chevaux. Un concept de plus, pensions-nous. Par chance, cette fois nous avions tort…
Texte :
Maxime JOLY
Photos : Étienne ROVILLÉ
La RCZ R devrait être la première d’une nouvelle lignée de Peugeot sportives, peaufinées par le département Peugeot Sport. En réalité, c’est l’équipe de Citroën Racing ayant oeuvré sur le projet abandonné DS4 Racing, puis relocalisée chez Peugeot Sport, qui fut en charge de mener à bien ce développement. L’arrivée de Carlos Tavares à la tête de la marque devrait favoriser le développement de la gamme R. La 308 R est dans les cartons alors que les rumeurs sur une possible 208 R se font insistantes. Après des années de frilosité à Sochaux, la passion semble donc de retour comme à la grande époque de la 205 GTI ! Plus encore que le retour du nom GTi sur la 208, le dernier record à Pikes Peak avec Sébastien Loeb ainsi qu'un retour prochain dans l'épreuve du Paris Dakar sont autant de symboles qui ont marqué toute une génération de passionnés, à commencer par nous...
PRESENTATION
Le Peugeot RCZ R Concept fut présenté au Mondial de Paris 2012. Un an plus tard, c’était au tour du modèle de série de s’afficher au public à Francfort. Basé sur la version restylée du coupé RCZ, la version R affiche un style qui lui est propre. Si la différence n’est pas flagrante vue de l’avant ou seul un petit R logé dans la calandre permet de savoir à qui on a affaire, l’arrière est nettement plus démonstratif. Jugez par vous-mêmes : deux sorties d’échappement chromées symétriques, aileron fixe et diffuseur. Les autres indices qui vous mettront la puce à l’oreille sur le pedigree du bolide sont les gros freins logés dans les jantes de 19" élargies, biton diamantées et frappée du R et les étriers rouges siglés Peugeot Sport.
Les arches noires mates disponibles en option sur les autres modèles depuis le restylage sont ici livrées en séries tandis qu'en option, l’acheteur a la possibilité de faire coller des stickers latéraux ainsi que d’opter pour des coques de rétroviseurs noires. En revanche, il devra se contenter d’un choix de seulement quatre coloris (rouge Erythrée, noir Perla Nera, gris Sidobre et blanc Opale).
HABITACLE
La vie à bord de la Peugeot RCZ R est agréable. Visuellement, Peugeot a travaillé le qualitatif. La présentation est nettement supérieure à celle d’une Mégane 3 RS, par exemple. Malheureusement, il y a ce gros levier de vitesse qui n’a rien à faire là. Les plus pointilleux décèleront quelques assemblages douteux et des plastiques de qualité moyenne. Autant de détails courants sur une berline compacte mais qui ont du mal à passer lorsque le ticket d’entrée se situe à 43.150 €.
Alors, il y a la production annoncée à seulement 1.000 exemplaires par an pour créer la rareté et justifier des tarifs élevés, notamment face au coupé Megane RS 265 ch. Mais jeter un coup d’œil chez Audi pour voir que la TT-S de 272 ch (bientôt remplacée par le TT-S Mk3 de 300 ch) nécessite un rajout de 9.000 € est un bon moyen de se contenter de quelques défauts…
D’autant que la lionne a d’autres atouts dans sa manche. Les nouveaux sièges baquet en cuir et alcantara de cette version R sont superbes et procurent un maintien excellent. Il en est de même pour la position de conduite du RCZ, à condition de ne pas dépasser 1m95. Attention aux places arrières, purement symboliques mais ce n’est pas une nouveauté…
MOTEUR
Le 1.6 THP est un peu le PRV des temps modernes. Ce moteur initialement conçu avec BMW aura été beaucoup critiqué. D’abord par son manque de caractère sur la 207 RC, avant que des soucis techniques ne s’en mêlent. Depuis sa version 200 ch, les problèmes de fiabilité semblent avoir été résolus. Peugeot a mis fin à son partenariat avec BMW et propose de nouvelles déclinaisons du 1.6 THP.
C’est ainsi qu’après avoir sollicité le préparateur Mahle, le constructeur français est en mesure de proposer sa voiture la plus puissante jamais commercialisée. La RCZ R, oui c'est elle. Ce n’est pas la première fois que Peugeot fait appel à une compétence externe pour dynamiser une de ses motorisations. Ce fut déjà le cas du V6 ES de 210 ch retravaillé par Porsche ou encore du 2.0 EW de la 206 RC revu chez Lotus. Après être passé par les mains expertes de l’équipementier allemand, le THP en ressort métamorphosé. Imaginez un peu, 270 chevaux sont extirpés de ce petit seize-cent ! Nom de code, EP6CDTR. Une véritable opération à cœur ouvert qui aura nécessité un traitement thermique du bloc, l’utilisation d’un nouveau turbo à double entrée (Twinscroll), un collecteur d’échappement redessiné et inspiré de la RCZ VLN et de nouveaux pistons forgés, au refroidissement assuré par deux gicleurs, qui ont permis d'obtenir un taux de compression de 9,2:1. Les bielles sont conçues pour résister à une utilisation intensive à haut régime. En parallèle, Mahle a déposé un brevet concernant le revêtement polymère des coussinets de bielles, utilisé pour la première fois en série sur le RCZ R. L’assemblage du moteur se fait en petite série dans l'usine de Hérimoncourt. Pour donner plus de voix au quatre cylindres, Peugeot Sport a installé un nouvel échappement. Le moteur rugit davantage, c'est vrai, mais il lui manque toujours au moins un cylindre pour ravir les mélomanes…
Comme après toute opération, il fallait s’assurer que la greffe avait bien prise. Rien de tel que plusieurs tours sur le circuit du Mans, terrain historique de nombreux exploits de Peugeot, pour voir ce que le moteur a dans le ventre. Pas la peine de tourner autour du pot, le 1.6 THP est méconnaissable ! Plein partout, rageur, impossible de se douter qu’il n’y a qu’un 1.6L sous le capot. Il gagne le regain de vitalité qu’il lui manquait passés 5.000 tours et, sans jamais faiblir, il accroche les 6.800 tr/min. Le couple fait un immense bond en avant en grimpant à 330 Nm. A des années-lumière d’un diesel, sa plage de couple maxi s'étend de 1.900 à 5.500 tr/min, sans jamais descendre sous la barre des 250 Nm. Plus que le 0 à 100 km/h en 5,9 secondes, c’est le 1000 mètres départ-arrêté expédié en 25,4 secondes qui impressionne.
Aucune boîte robotisée n’est pas proposée sur la RCZ R. La boîte manuelle MCM R à six rapports est reconduite, en récupérant des pignons renforcés et un étagement revu pour plus de sportivité. Son guidage précis fait qu’elle ne souffre d’aucune critique, hormis un étagement un peu long, et participe directement au plaisir de conduire du RCZ R. Plaisir, oui, ça y'est, le mot est lâché !
SUR LA ROUTE
L’envie d’une motorisation plus puissante était dictée par le châssis largement surdimensionné de la RCZ THP 200. Contrairement à la 407 Coupé, la RCZ n’eut pas recours aux pivots découplés pour soulager le train avant. Toutefois, c’est bien sur la 407 - classique - que Peugeot est allé puiser des pivots de plus gros diamètre. Une alternative qui s’avéra moins coûteuse. Pour la R, ils sont restés sur cette configuration mais en ajoutant un différentiel autobloquant Torsen intégré à la boîte dans l'usine PSA de Valenciennes, la motricité s'en trouve totalement sublimée. Un vrai autobloquant mécanique à l’ancienne, comme on les aime ! Tout le contraire des béquilles électroniques à la mode dernièrement.
Dès les premiers kilomètres, la première différence qui saute aux yeux, ou plutôt aux fesses, est le durcissement notable des suspensions. Les ressorts sont plus raides de 14% à l’avant et de 44% à l’arrière. Un sacrifice obligatoire pour juguler le roulis qui rebutera peut-être la clientèle habituée à un confort plus orienté GT. Clientèle qui retrouvera le sourire grâce au toucher de route exceptionnel pour lequel Peugeot a toujours été réputé et qui est ici amélioré par la baisse du centre de gravité, permise par la hauteur de caisse réduite de 10 mm. La direction assistée, hydrauliquement pour un meilleur ressenti, est légère à basse vitesse mais gagne en consistance à mesure que le rythme s’intensifie. En conduite dynamique, la direction se montre parfaitement calibrée et retranscrit comme il le faut les aspérités de la route.
EN PISTE !
Nous avons donc également profité de notre présence aux journées Exclusive Drive en tant que partenaire pour tester la RCZ R sur le circuit Bugatti au Mans. Pour rappel, nous avions déjà participé à l’édition 2013 avec la Clio 4 RS pour vous offrir ainsi un essai particulièrement complet. La bonne impression faite par la RCZ-R sur la route demandait confirmation sur piste. La première bonne nouvelle est l’ESP totalement déconnectable. Un simple bouton permet de le désactiver. Pas besoin de procédure fastidieuse, ici on fait simplement confiance au pilote. Pied au plancher pour s'extraire de la ligne droite des stands et aucun signe de motricité défaillante ni de remontée de couple au volant. Il est vrai que le couple de 330 Nm est inférieur à celui des Golf 7 GTI, Mégane 3 RS ou Astra GTC OPC. Cela ne doit pas occulter le travail effectué pour que le train avant digère les 270 chevaux envoyés au marteau-piqueur par le moteur. Pour ceux qui douteraient que l’EP6CDTR dispose de tous ses canassons, l’épreuve de la ligne droite semble démontrer que notre modèle qui affichait 10.000 km avait tous ses chevaux, avec une entrée dans la chicane Dunlop à près de 200 km/h. Certes, il s’agit de chevaux bien élevés. La RCZ R ne vous brutalisera pas tant sa conduite est propre et homogène. Toutefois, en la brusquant sur les freins, on passe d’un train arrière verrouillé à un arrière qui n’hésite pas à jouer la carte de la mobilité. Une caractéristique nouvelle obtenue par les réglages de barres antiroulis modifiés. Il n’y a pas de voiture plus plaisante à piloter dans la catégorie : Mégane RS et Astra OPC viennent de trouver leur maître. L’Audi TT-S de 272 chevaux, il est vrai en fin de carrière, est elle aussi loin derrière avec ses 4 roues motrices. Si l’on se réfère à notre essai de la S3 Sportback, sa remplaçante aura beaucoup à faire pour égaler la Peugeot…
Avec le RCZ-R, on se surprend justement à réaccélérer très tôt en sortie de virage, comme avec une intégrale, la lourdeur en moins. Il n’y a guère qu’un léger sous-virage engendré par un régime moteur inadapté mais qui se corrige aisément avec la pédale de droite. L’autobloquant Torsen permet un pilotage efficace et grisant. Car, malgré une plateforme vieillissante, la RCZ R reste sous la barre des 1300 kg. Cela profite à la fois au dynamisme, en plus de ne pas rendre handicapant un couple inférieur à la concurrence. Plus légère de 17 kg que la THP 200, la RCZ R aurait encore gagné à basculer sur la plateforme modulaire EMP2 de la 308 II. Si bien que nous salivons d’avance de mettre les mains sur la future 308R !
Cinq sessions de 20 minutes dont deux consécutives n’ont pas entamé le mordant ni l’endurance des freins. Peugeot Sport a prévu du lourd avec des disques ventilés avant de 380 mm, montés sur bol en aluminium et pincés par des étriers fixes à quatre pistons. Quant au budget carburant, notre essai dans sa totalité s’est achevé sur une moyenne de 14L/100 km. Avec 145g de CO2 rejetés au km, le malus écologique est largement inférieur aux stars de la catégorie. On n'est plus très loin du sans faute...
CARACTERISTIQUES TECHNIQUES
PEUGEOT RCZ R
MOTEURType : 4 cylindres en ligne, 16 soupapes, 2 arbres à cames en tête + arbre dadmission à calage variable en continu
Position : transversal AV
Alimentation : Injection directe + turbo Twin-Scroll (1,5 bars) + échangeur air/air
Cylindrée (cm3) : 1598
Alésage x course (mm) : 77 x 85,6
Puissance maxi (ch DIN à tr/mn) : 270 à 6000
Couple maxi (Nm à tr/mn) : 330 de 1900 à 5500
TRANSMISSION
AV + DGL Torsen
Boîte de vitesses (rapports) : manuelle (6)
ROUES
Freins Av/Ar (ø mm) : Disques ventilés (380), étriers fixes 4 pistons / disques pleins (290), étriers flottants
Pneus Av-Ar : 235 / 40 R 19 (Goodyear Eagle F1 Asymmetric 2)
POIDS
Données constructeur (kg) : 1280
Rapport poids/puissance (kg/ch) : 4,7
PERFORMANCES
Vitesse maxi (km/h) : 250
400m DA : 14"2
1000 m DA : 25"4
0 à 100 km/h : 5"9
80 à 120 km/h en 5ème : 5"7
CONSOMMATION
Moyenne normalisée (L/100 Km) : 6,3
Moyenne de l'essai (L/100 Km) : 14
CO2 (g/km) : 145
PRIX NEUF (03/2014) : 43.150 €
PUISSANCE FISCALE : 16 CV
CONCLUSION
:-) Vrai coupé Enfin des chevaux ! Excellent moteur Train avant Autobloquant Torsen ESP déconnectable Freinage Nouveaux sièges Performances Plaisir de conduite |
:-( Arrive un peu tard (mais mieux vaut...) Amortissement ferme Quelques détails de finition Places arrière symboliques Tarif élevé |
Au moment de faire le bilan de notre essai, nous voilà démunis pour trouver des défauts à la Peugeot RCZ R. Nous pourrions parler du prix, mais la R reste un véhicule d’image destiné à des petits volumes, sans aller jusqu’à la démarche extrême de l’Alfa Romeo 4C. Alors nous saluons avec un brin de chauvinisme ce retour au premier plan de la marque au lion qui se reconstruit étape par étape. Bientôt une 308 R pour transformer l'essai ?
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Heureux possesseur d un RCZ HDI, j au eu la chance de me rapprocher de mon lieu de travail. Cela a été l occasion de se faire plaisir avec l achat d un RCZ R. Cette voiture offre des sensations bien meilleures (le RCZ HDI était déjà pas mal pourtant) : le bruit du moteur, les chevaux en plus, la tenue de route mais surtout la possibilité de réaccélérer très tot. C est le top ! Quelle joie de prendre les ronds points 2 fois plus vite que tout le monde !Niveau consommation, ça reste encore raisonnable mais cette voiture se montre vite gourmande quand on s amuse (je la compare à mon HDI). Quand on roule tranquille la différence est moins flagrante (environ un litre de plus ). En termes de confort c est très correct sauf sur les rues pavées mais c est pour la bonne cause ! Certains diront que cette voiture n est pas idéale quand on a des enfants. Je dis tout le contraire ! Mes neveux de 3 et 6 ans adorent ! Niveau fiabilité pour le moment RAS mais je ne l ai que depuis 1 mois.