SEAT
LEON
(2) Cupra R
(2009 - )

© L'AUTOMOBILE SPORTIVE (09/04/2010)

C'EST DANS L'R...

Avec la Leon Cupra, Seat semblait mettre un point d’honneur à ce que son slogan (Auto Emocion) et les victoires en BTCC et FIA WTCC trouvent un véritable porte-drapeau sur la route. Il faut reconnaître qu’entre un prix canon et un moteur hérité de l’Audi S3, dégonflé à 240 ch, la Leon avait de sérieux arguments. Mais dans la catégorie, la concurrence est rude et la puissance pure ne fait pas tout ! Seat semble avoir tenu compte des critiques émises avec la nouvelle Cupra R. Bon nombre de corrections ont été apportées, à commencer par une arme secrète : le XDS, autobloquant électronique. Mais est-ce suffisant pour se battre avec le gratin de la catégorie ?…

Texte : Gabriel LESSARD
Photos : D.R.

Il y a seulement quelques millésimes, la Leon Cupra se permettait de boxer en tête de la catégorie des compactes sportives les plus puissantes. Avec ses 240 ch hérités du moteur 265 ch de l’Audi S3 de 2ème génération (et non de la Golf 5 GTI !), elle était troisième sur le podium des compactes quatre cylindres les plus puissantes, juste derrière la Mazda 3 MPS (260 ch). Heureusement que la Leon jouait sur la puissance pure et sa présentation, car côté efficacité, la motricité faisait les frais d’une absence d’autobloquant et d’un train avant apte à digérer la vigueur mécanique du 2.0 TFSI. En face, la Mégane RS et ses différentes déclinaisons, avec 10 à 15 ch de moins, se plaçait d’autorité à la tête de la catégorie (en témoignent ses différentes récompenses), tandis que les autres suivaient avec plus ou moins de bonheur. Pour marquer le retour de la Cupra R au sein de la gamme Leon, Seat n'a pas eu d'autre alternative que mettre la barre plus haute avec un moteur porté à 265 ch (tant pis pour la « noble » cousine Audi S3 !) et un châssis amélioré. Car depuis la concurrence se déchaîne : Focus RS à 305 ch, Mégane 3 RS avec 250 ch mais des châssis aux « petits oignons », Golf 6 et Scirocco R avec 270 ch… Seat n’oublie pas ses fondamentaux : prix canon, présentation sportive et partage de technologie VAG avec un différentiel électronique XDS…

DESIGN

Impossible de passer à côté de la Leon 2 Cupra R sans la remarquer ! Avec sa ligne quelque peu « monospacisée », l’Ibérique semble avoir mis la panoplie complète de la sportive : grosses aérations dans le bouclier avant, échappement sport, rétros noirs, becquet de toit, jantes de 19 pouces de série (c’est la seule à le proposer) qui peuvent être blanches en option gratuite… Ajoutez à cela le léger facelift qui modifie essentiellement (et légèrement !) la calandre et les optiques et des teintes qui parfois acidulées, comme le vert de notre modèle de présentation, et la Cupra R fait sa petite impression. Avec les jantes blanches, le contraste avec les étriers peints en rouge n'en est que plus visible.

HABITACLE

Dans l'habitacle, on est accueilli par d’excellents sièges baquets Corbeau recouvert en leur centre d’un cuir matelassé. La position de conduite est toujours parfaite par des réglages multiples en tout genre. Profitant du facelift 2009, la Cupra R est donc d’emblée dotée de la planche de bord réhabillée pour faire plus cossue. L’instrumentation reste toujours un peu pauvre de série. Véritable bonne affaire, la Leon Cupra R offre la totale en équipements de série : nouveau système de navigation désormais composé d'un ensemble radio et navigateur avec écran tactile, fonction Integral Parking Pilot, fonction Optical Park System, qui affiche à l'écran une représentation visuelle des obstacles entourant le véhicule, en complément des avertisseurs sonores. Outre les éléments déjà mentionnés, l'équipement de série de la Leon Cupra R intègre également les éléments suivants : indicateur de perte de pression des pneus, phares antibrouillard avec fonction éclairage statique de virage (Cornering), ordinateur de bord, radio CD + MP3 + huit haut-parleurs + Aux-in, installation combinée port USB + Aux-in et vitres teintées, entre autres. Heu… dites, et le sport dans tout ça ? Pas de « gadgets » comme le RS Monitor de Renault pour les pilotes en herbe ? Dommage étant donné que Seat s'adresse avant tout à une clientèle jeune et adepte de ce genre de petit "plus" …

MOTEUR

La Seat Leon Cupra R est propulsée par le moteur à essence à injection directe de la gamme EA113, moteur très flexible et, grâce au turbocompresseur Borg Warner K04 soufflant à 1,2 bars, variable jusqu'aux plus hauts niveaux de puissance. Connu désormais il officie avec succès sous les capots des Golf R, Golf 6 GTI, Scirocco, Audi S3… La respectable puissance du TSI de 1.984 cm3 s'élève à 265 ch à 6 000 tr/mn soit la même puissance que l’Audi S3 (mais cette dernière est dotée de série du Quattro), mais 5 ch de moins que la nouvelle Golf R. Mais plus que la puissance, c’est le couple de 35,7 mkg de 2 500 à 5 000 tr/mn qui épate le conducteur de la Cupra R et autorise des reprises éclaires ! Le moteur se met alors à grogner furieusement et vous êtes plaqué dans le baquet Corbeau. Un véritable bonheur… Les performances déjà coquettes sur la Cupra « standard » progressent encore avec la R : 250 km/h en vitesse maxi, un 0 à 100 km/h en 6"3 et 26"9 pour la borne kilométrique. La Seat Leon Cupra R ne peut bénéficier en revanche la boîte DSG réservée à la Leon FR ou ses cousines performantes (Golf 6 GTI, Golf R et Audi S3). C’est donc une boîte mécanique à 6 rapports, au maniement exempt de tout reproche. La consommation est à l’image des performances de l’auto et de ses rivales directes : élevée (comptez 12 litres/100 km de moyenne en usage courant).

CHASSIS

La nouvelle Seat Leon Cupra R intègre de série l'autobloquant électronique XDS. Ce système électronique, associé à l'ESP (non déconnectable !), agit comme un différentiel autobloquant. En freinant la roue en perte d'adhérence, il améliore le comportement de la voiture dans les situations de perte de traction. Ce système permet d'éviter le patinage de la roue intérieure, surtout dans les virages, et donc de réduire le sous-virage du véhicule. Si, sur le papier on pourrait apprécier, volant en main cela devient vite frustrant et semble laisser un goût de super ESP intrusif ! Ce n’est pas la première fois que VAG nous impose ce type de système en essayant de nous le « vendre » comme aussi efficace qu’un système mécanique. Souvenez-vous de l’EDS… Ce choix qui se veut moderne, semble au contraire à contre-courant face à une concurrence qui tend à ne plus se passer d’un autobloquant mécanique (Mazda, Ford, Renault, Honda) ou carrément d’une transmission intégrale (Audi, Golf R, Impreza…). La motricité est donc vite mise à mal et dès que le volant est braqué, il faudra attendre qu’il revienne au point zéro pour la remise complète des gaz. Alors que la concurrence « mécanique » peut réaccélérer assez tôt dans la courbe et s’en extirper comme des balles, la Cupra R va devoir attendre… au risque de sous-virer malgré l’XDS ! Pour le reste, il convient de souligner la performance du « Châssis agile » de Seat, associant des cotes extérieures bien adaptées avec un empattement très généreux à un système de suspension McPherson à l'avant et Multilink à quatre bras à l'arrière. L’équilibre est sans surprise et le compromis confort/efficacité est de bon aloi. Le freinage est puissant mais aurait mérité un système Brembo à étriers fixes à l’avant que Seat nous avait promis au lancement de la Cupra et qui… n’arrivera jamais ! Côté aides à la conduite et freinage, l’armada lourde est de la partie : ABS + EBA + EBV + ESBS. A noter un poids qui frôle les 1,4 tonnes ce qui commence à générer une certaine inertie. La monte pneumatique, excellente, est en Pirelli PZero 235/35 ZR19 sur les quatre roues.

:: CONCLUSION
La Leon Cupra R poursuit sa quête de succès avec des arguments qu’elle a su développer : prix canon (moins de 29 200 euros), une vigueur mécanique qui fait plaisir à sentir sous sa voûte plantaire, une présentation sportive et un équipement de série très généreux. Il faudra en revanche accepter une motricité toujours médiocre et désormais sous contrôle de l’XDS, d’aides à la conduite imposées et d’une image pas toujours à la hauteur de ses qualités sur un marché français captivé par Renault Sport et la nouvelle Focus RS. Mais notre esprit chauvin ne doit pas nous faire oublier que Seat est engagé dans la voie du sport avec une réelle constance et mérite d’être entendu au moment du choix…

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