MERCEDES-BENZ SLK (R171) 280 (2005 - 2010)
Un coupé à découvrir
Dans l'ombre du bestial SLK 55 AMG et du SLK 350, le SLK 280 et son "petit" V6 possède des qualités que l'on apprend à redécouvrir et à mieux apprécier après l'invasion des 4 cylindres et même du diesel sous le capot du coupé-cabriolet Mercedes SLK R171. Et si, finalement, c'était vraiment mieux avant ?
Texte & Photos : Sébastien DUPUIS
Commercialisée début 2004, la gamme du SLK fraîchement renouvelée affiche une montée en puissance certaine, forte du succès de la première génération. Entre le modèle d'accès, le SLK 200K et son modeste 4 cylindres de 163 ch, et le futur haut de gamme incarné par le SLK 55 et son V8 AMG de 360 ch, Mercedes-Benz ouvre suffisamment d'espace de jeu pour contrer le nouveau Z4 de BMW avec 6 cylindres. Après le SLK 350, le choix du V6 se double même l'année suivante avec le SLK 280 qui, comme son nom ne l'indique pas, cache 3 litres de cylindrée et des qualités qui ne le réservent pas qu'à la balade...
PRESENTATION
Le design du SLK R171 n'a peut-être pas autant marqué les esprits que la première génération, ce qui est logique puisqu'il ne jouissait pas du même effet nouveauté, mais avec son nez inspiré des F1 de l'époque et sa ligne tendue, il reste une pièce de design plutôt désirable. Cette ligne, sans artifice inutile, se distingue aussi par une sobriété qui a malheureusement eu tendance à se perdre. Pas de roues démesurées, pas de kit AMG racoleur, ici il n'y a que le design pur d'un roadster dont la simplicité en fait déjà un futur grand classique. Cette pureté du trait se solde en outre par un Cx de 0,32, un peu moins bon que les 0,29 du Porsche Boxster mais meilleur que les 0,35 du BMW Z4 ou les 0,34 de l'Audi TT Roadster. Avec sa longueur de 4m08, le SLK R171 a aussi grandi de 72 mm au total dont 30 sur l'empattement. Malgré tout, il présente toujours un gabarit compact et maniable, bien mieux adapté aux petites routes touristiques que son grand frère le SL.
Même si la mode du "CC" a passé et que la capote en toile fait son grand retour, sur un marché malheureusement en dégringolade, le toit escamotable Vario et son ballet cinématique de 22 secondes font toujours de l'effet à ceux qui ont su garder une âme d'enfant. Dommage qu'une fois repliée cette orfèvrerie mécanique ampute sévèrement le volume du coffre et son accessibilité, au point que partir plus d'un week-end à deux avec les bagages ne pourra se faire que toit en place...
HABITACLE
Toit replié, on peut découvrir d'un seul coup d'oeil l'habitacle du SLK R171. D'emblée, le style de la console centrale un peu massive accuse son âge avec l'afficheur LCD monochrome et une forêt de boutons, déjà "vieillot" à l'ère du tout numérique. Les cadrans cerclés façon moto sous la casquette séduisent en revanche tandis l'ensemble présente une finition soignée avec un cuir de qualité, des plastiques globalement valorisants même si ce n'est pas le cas partout et des assemblages sérieux. L'ergonomie et la position de conduite sont également bien étudiées, sauf concernant la hauteur de caisse qui rend peu naturelle la conduite "coude à la portière"...
L'équipement proposé est digne de la marque à l'étoile mais comme souvent chez Mercedes, si l'essentiel est de série, l'indispensable est en option... Bien appréciable en hiver, le système Airscarf permettant d'avoir de l'air chaud sur la nuque est l'une des plus recommandables. Loin du gadget, cette invention fait vraiment l'unanimité chez les propriétaires de SLK ! Elle coûtera d'ailleurs très cher à Mercedes à l'issue d'un procès perdu en 2016 pour violation de brevet...
MOTEUR
Face aux multiples variantes de 6 cylindres proposées par BMW sur le Z3, le premier SLK avait laissé sur leur faim les amateurs de belles mécaniques. Avec le SLK II, Mercedes corrige le tir et propose deux versions de son nouveau V6 M172. Cet héritier du M112 qui équipait les précédent SLK 320 et 32 AMG en conserve l'angle d'ouverture de 90° (issu du V8) qui nécessite la présence d'un arbre d'équilibrage pour réduire les vibrations. En revanche, il se dote cette fois de deux culasses à 12 soupapes et abandonne le double allumage, un bon point pour les factures des révisions...
L'autre grande nouveauté du V6 M172 est le système de calage variable en continu des arbres à cames d'admission et échappement permettant d'optimiser le couple à tous les régimes. Sur le 3.0L du SLK 280 cela se traduit par un maximum de 300 Nm disponible en continu de 2500 à 5000 tr/mn, un fait rare sur un bloc atmosphérique ! La puissance de 231 ch est obtenue à 6000 tr/mn.
A l'usage, ce V6 se montre en effet d'une grande docilité, tout en étant apte à prendre ses tours sans paresse. Moins démonstratif que le 3.0L du BMW Z4, autant sur le plan sonore que des accélérations, il n'en faut toutefois pas plus pour vous envoyer rapidement sur la case prison sans toucher vos 20 000...
Pour apprécier à sa juste valeur ce moteur, il faut aussi faire le bon choix en matière de transmission. Car la boîte manuelle à 6 rapports s'avère bien mieux adaptée que la 7G-TRONIC pour profiter du potentiel mécanique autant que du châssis de ce SLK. Malheureusement, la majorité des propriétaires prendront l'option automatique alors que, contrairement aux habitudes passées, la boîte manuelle Mercedes est une petite merveille d'agrément. Précis, rapide et fluide dans son maniement, le levier permet de mener à la baguette le V6 pour profiter de ses vocalises.
Enfin, même si la consommation n'est pas une variable prédominante pour l'achat d'un cabriolet, signalons la sobriété du V6 Mercedes qui sait s'en tenir à la barre des 10L en conduite normale malgré un poids qui dépasse les 1400 kg.
SUR LA ROUTE
Ce n'est vraiment qu'une fois sur route qu'on peut mesurer l'ampleur des progrès par rapport à la première génération de SLK. Tout d'abord, le R171 est superbement bien suspendu, ni trop ferme ni pas assez, offrant un compromis confort/efficacité sur petites routes assez surprenant disons-le (pas d'option châssis sport ici, juste des jantes de 17" au lieu de 16). Basé sur la plateforme de la Classe C W203, le SLK II profite aussi d'un train avant à trois bras par roue avec jambes McPherson au lieu de double triangulation. Egalement plus rigide structurellement, même si quelques craquements de caisse subsistent sur mauvaise route, il se montre plus incisif et très équilibré dans le sinueux, se plaçant avec aisance sur la trajectoire choisie et n'en bougeant plus. Ajoutons enfin au crédit de cette version une direction hydraulique à crémaillère, pas trop assistée et relativement directe, infiniment plus agréable que l'ancien boîtier de direction à recirculation de billes de la précédente Classe C. On la préfère aussi à la direction paramétrique optionnelle dont le feeling se montre moins naturel.
Doté de la boîte manuelle, le petit SLK 280 vient donc empiéter sur un territoire plus sportif que l'on croyait réservé à BMW et Porsche. Avec ce V6 aux performances raisonnables, on prend déjà beaucoup de plaisir au volant et dans le contexte actuel, c'est une qualité non négligeable. Parmi les rares objections qu'on pourra lui trouver en conduite plus sportive encore, il y a bien l'absence de déconnexion totale des aides électroniques et d'autobloquant qui rend son comportement moins ludique que ses rivaux. Mais le circuit est-il vraiment la vocation d'un tel roadster ? A notre avis non, un faux problème. La discrétion des assistances et l'excellente motricité permettent d'ailleurs de les oublier en se faisant plaisir sans arrière pensée. Remarque valable aussi pour l'ABS car le freinage, puissant et progressif, se montre convaincant.
EVOLUTION
Au restylage du SLK R171 présenté fin 2007, à quelques jours du salon de Detroit 2008, Mercedes offre à son roadster de nouveaux boucliers pour renforcer le lien avec la F1. Avec une lame inférieure à l'avant et un diffuseur à l'arrière, le SLK gagne en sportivité ce qu'il perd en sobriété. Dans l'habitacle, plus subtilement retouché, de nouvelles harmonies de couleurs font leur apparition avec un volant trois branches inédit. Tous les SLK reçoivent à cette occasion un nouveau système de direction à rapport variable. Sans changement de puissance, le SLK 280 voit sa sobriété légèrement améliorée.
En juin 2009, le SLK 280 est remplacé en France par le SLK 300 (qui était déjà son nom sur de nombreux marchés) sans changement mécanique mais avec quelques équipements supplémentaires dont de nouvelles roues de 17 pouces.
SERIES LIMITEES
Présenté comme un showcar en octobre 2006 au salon de Paris, puis commercialisé en janvier 2007, le SLK "Edition 10" fête 10 ans de production du SLK avec une série limitée de 350 exemplaires. Proposée sur les 3 motorisations (42 911 € pour le SLK 280 Edition 10), cette série se distingue par une peinture spécifique mate gris Allanite Magno ou noir Obsidienne, des jantes de 17" Chrome Shadow, des feux arrière fumés et de petits badges sur les ailes avant. A l'intérieur, on note les tapis de sol spécifiques, le cuir étendu avec surpiqûres argent et une ambiance grise foncée pour la sellerie cuir brodée "EDIT10N". L'équipement de série est particulièrement complet avec notamment Airscarf, Thermotronic (Clim automatique) et Comand (GPS) de série.
Entre juillet et septembre 2007, Mercedes France lance les offres "Contact", proposant un prix d'accès plus attractif sur toutes les versions du SLK y compris 55 AMG ! Ainsi, à équipement équivalent, cela baissait le prix du SLK 280 "Contact" à 37 700 €, soit une remise de 5400 € ! Un très bon plan avant l'arrivée de la phase 2...
Il faut attendre le printemps 2009 pour revoir une série limitée sur le SLK, avec la "2Look Edition". Comme son nom l'indique, cette série propose deux personnalités en noir ou blanc exclusivement avec habitacle dans la teinte opposée. Outre les classiques blanc Calcite et noir Obsidienne, Mercedes propose le Mystic White pour un supplément de 1.700€. Côté look justement, on dispose aussi de très belle jantes 18" en finition titane ou chrome shadow. Le roadster SLK "2LOOK Edition" ne sera produit qu'à 300 exemplaires dont seulement 50 pour le marché français.
La troisième et dernière série limitée du SLK R171 Baptisée "Grand Edition" sera commercialisée par Mercedes France en mars 2010 à 50 exemplaires seulement... et uniquement avec la motorisation 200 K. En fin d'année, du 10/09/2010 au 30/12/2010 Mercedes relance une opération commerciale sur le SLK (sauf 55 AMG) avant son remplacement par le SLK R172. Sous la forme d'un équipement de série enrichi nommé "Pack roadster" et vendu sous le nom de SLK "Optimum", il équivalait à un avantage client de 4900 €. Ces modèles recevaient la sellerie cuir avec sièges chauffants et Airscarf, les rétroviseurs intérieur et extérieur gauche automatiques et le pack d'éclairage intérieur. Le tarif était de 44 750 € pour le SLK 300 "Optimum" en BVA 7.
ACHETER UNE MERCEDES SLK 280 (R171)
Commercialisé d'avril 2005 à juin 2009 sous le nom SLK 280 puis jusqu'en janvier 2011 sous le nom SLK 300, cette version "intermédiaire" du SLK R171 n'est ni la plus recherchée ni la plus courante sur le marché. Victime de son positionnement "entre-deux chaises" avec d'un côté le petit SLK 200K permettant un ticket d'entrée abordable d'un côté et le SLK 350 qui offre des performances plus musclées de l'autre, le 280 excelle pourtant dans l'art du compromis et brille par son homogénéité. Ni trop puissant, ni trop peu, ni trop sportif, ni pas assez, ni trop cher, ni trop banal... de surcroît avec la boîte manuelle qui lui donne toute sa véritable dimension de voiture plaisir.
Avec une cote stable depuis plusieurs années, les prix démarrent vers 10 000 € pour des modèles approchant ou dépassant les 200 000 km et 17 000 € pour les plus récents et moins kilométrés, ce qui nous donne une moyenne autour de 13-14 000 €. En cochant la case boîte manuelle, l'offre se réduit néanmoins comme peau de chagrin et demandera une certaine patience avant de trouver votre bonheur. Ce qui en fait un choix réservé à des amateurs avertis.
Preuve de sa fiabilité générale et de sa polyvalence, de nombreux exemplaires de SLK ont roulé plus que la moyenne des cabriolets. De fait, cette génération est réputée pour sa fiabilité et aucun défaut majeur n'a été relevé sur cette version spécifique alors que la boîte automatique peut parfois causer des soucis. Comme pour tout SLK, le principal point à vérifier est évidemment le bon fonctionnement du toit (et sa rapidité) dont un graissage et une utilisation régulière sont les meilleurs traitements à faire. Dans le même ordre d'idée, inspectez les zones d'étanchéité, notamment le coffre pour vous assurer qu'aucune fuite ne s'y cache. Pour le reste, les petits caprices électroniques sont généralement signalés par un témoin lumineux qui impliquera une recherche de panne et probablement un remplacement de sonde ou de capteur défectueux. Une intervention potentiellement coûteuse, comme toutes les opérations faites dans le réseau Mercedes...
PRODUCTION
Mercedes-Benz SLK R171 (2004-2010) : environ 230 000 exemplaires
CARACTERISTIQUES TECHNIQUES
MERCEDES-BENZ SLK (R171) 280
MOTEURType : 6 cylindres en V à 90°, 24 soupapes
Position : longitudinal AV
Alimentation : Injection électronique + admission variable continue
Cylindrée (cm3) : 2996
Alésage x course (mm) : 88 x 82.1
Puissance ch DIN à tr/mn : 231 à 6000
Couple maxi en Nm à tr/mn : 300 de 2500 à 5000
TRANSMISSION
AR
Boîte de vitesses (rapports) : manuelle (6) ou automatique (7)
ROUES
Freins Av-Ar : Disques ventilés (300-278)
Pneus Av-Ar : 205/55 - 225/50 WR16
POIDS
A vide constructeur (kg) : 1440
Rapport poids/puissance (kg/ch DIN) : 6,2
PERFORMANCES
Vitesse maxi (km/h) : 250
400 m DA :
1 000 m DA :
0 à 100 km/h : 6"3
0 à 200 km/h : ND
CONSOMMATION
Mixte constructeur (L/100 km) : 9,7
Moyenne de l'essai (L/100 km): 10
CO2 (g/km) : 231
PRIX NEUF (2005) : 42.900 €
COTE (2018) : 14.000 €
PUISSANCE FISCALE : 15 CV
CONCLUSION
:-) Coupé et cabriolet ! Position de conduite V6 agréable et mélodieux Boîte manuelle réussie Tenue de route Direction Amortissement Fiabilité Cote raisonnable |
:-( Planche de bord datée Rare en BVM Assistances non déconnectables Coffre à géométrie variable... |
Version moins recherchée du roadster Mercedes R171, le SLK 280 fait pourtant étalage de ses qualités lorsqu'il s'accompagne de l'excellente boîte manuelle. A la fois luxueux et confortable, il saura ravir l'amateur de balades cheveux au vent par son moteur onctueux et l'adepte de conduite dynamique par son excellent châssis et des performances déjà suffisantes. Le tout pour un budget accessible à tous, que demander de plus ?
Un grand merci à Thierry pour l'essai de son SLK 280.
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Bonjour, J'ai acheté ma SLK R171 280 d'occasion (1iere main) en 2018 à 100000 km. En ce début 2021, j'ai toujours autant de plaisir à la conduire et profiter du couple de son moteur 6 cylindres. Elle affiche à ce jour au compteur 138 000 km, rien à signaler que de l'entretien classique. Consommation d'essence (95 ou 98)entre 8,7 et 12,00 litres,en fonction de la conduite. Que du plaisir !!!! P.Meurin