BMW Z3 Roadster 2.8i (1997 - 2000)
Ode à la joie
Considérant que les versions 4 cylindres du BMW Z3 manquaient de peps pour faire honneur à la marque, l'arrivée des 6 cylindres en ligne au millésime 1997 va réellement changer la donne. Plus homogène que la sauvage Z3 M, le roadster Z3 2L8 constitue-t-il le compromis idéal ?
Texte & photos : Sébastien DUPUIS
Initié par la Mazda MX-5 NA, le renouveau des petits roadsters populaires est l'évènement automobile marquant du début des années 90. Dès 1991, BMW met à l'étude sa réponse au phénomène Miata et prévoit de produire un nouveau roadster plus économique que le Z1. Le BMW Z3, conçu en 38 mois sur une plateforme E36 modifiée, apparaît en 1995 en même temps que les Fiat Barchetta et MG F. Il se positionne toutefois au-dessus de ses rivales, plus par ses tarifs que par ses performances. En effet, ses 4 cylindres manquent de puissance pour justifier pleinement le prix du blason. La sortie du Mercedes SLK (R170) et de la Porsche Boxster (986) en 1996 va probablement conforter BMW dans l'idée qu'il faut satisfaire la clientèle acquise à la cause du 6 en ligne. Avec les versions 2.8L et M, le roadster Z3 possède enfin un ramage à la hauteur de son plumage !
PRESENTATION
Vingt ans après sa sortie, le style du roadster Z3 continue de faire l'unanimité ou presque. Le centre de design maison a su, par la main de Joji Nagashima, créer avec intelligence une ligne néo-rétro mêlant des galbes sensuels à des codes plus modernes. Preuve que le brassage fait de belles choses, le Z3 pourrait se définir comme une version allemande américanisée d'un roadster japonais inspiré par une anglaise. Avec sa belle gueule, le Z3 s'impose comme un sex-symbol. En matière de design, on appelle ça un coup de maître. Il faut d'ailleurs remarquer que ni le Z4 E85, ni le Z4 E89, ne sauront réitérer les exploits commerciaux de ce best-seller, au grand désarroi de BMW. Le revers de la médaille, c'est une aérodynamique sacrifiée avec un Cx peu reluisant de 0,42. Mais qu'importe, aux USA, premier marché de destination du petit roadster bavarois où il sera d'ailleurs produit, on ne se soucie guère de cet aspect et le look prime sur le reste !
Esthétiquement, les versions 6 cylindres se distinguent des 4 par quelques discrets remaniements qui ne font qu'ajouter un peu plus de séduction au petit roadster BMW. Petit oui, car derrière son immense capot se cache une biplace qui dépasse à peine les 4 mètres de long, pour 1m74 de large et 1m29 de haut. Pour commencer, sur les Z3 2.8 l'ouverture du bouclier avant a été élargie pour refroidir le moteur. Il intègre également une lame aérodynamique plus importante afin d'augmenter l'appui sur l'avant. A l'arrière, la différence est encore plus perceptible puisqu'on remarque immédiatement les ailes élargies que le 2.8 est le seul à partager avec la version M. Des galbes généreux qui se laissent contempler jusque dans le rétroviseur. Plus discrète, la sortie d'échappement à double embout souligne l'augmentation du nombre de cylindres. Enfin, le Z3 2L8 hérite en série de jantes de 16" en étoile, déjà disponibles en option avec le 1.9L. Une surmonte en 17" était disponible en option (245 de large à l'arrière), contre la modique somme de 7500 FF.
HABITACLE
Avec son long moteur avant reculé jusque sous le pare brise, le poste de conduite du Z3 repousse le conducteur juste devant l'essieu arrière. Profitant d'une position de conduite presque parfaite, à l'exception d'un volant non réglable, le coude posé sur la portière pile poil à la bonne hauteur, on se sent déjà prêt à tailler du kilomètre au grand air. Le siège de série manque toutefois de maintien mais l'habitacle du Z3 étant un peu étroit, on se retrouve finalement calé entre la portière et le tunnel central. Les pieds ne sont pas en reste avec des pédales judicieusement placées et un vrai repose-pied. La course d'embrayage un peu trop longue est typique des BMW de cette époque mais on finit par s'y habituer.
Si la finition "made in USA" du Z3 n'est pas exceptionnelle, les matériaux utilisés sont globalement de qualité (plastiques moussés ou peints, cuir épais) et l'ensemble fait plutôt bonne impression. On s'amuse cependant de retrouver quelques composants issus de la série 3 E30, les économies d'échelle étant passées par là. Comme sur tous les roadster Z3 phase 1, la capote simple épaisseur est à ouverture manuelle et pourvue d'une lunette arrière en plastique souple. Non isolée phoniquement et thermiquement, cette capote à l'ancienne a cependant le mérite d'être très rapide à manipuler, contrairement au couvre-capote en vinyle, aussi encombrant que peu pratique, censé la protéger une fois repliée. Les remous d'air sont plutôt modérés à bord du Z3 mais un filet coupe-vent s'avère bien utile.
Outre cet accessoire optionnel, l'équipement de série des Z3 2.8 était relativement généreux en France avec 4 airbags, des rétroviseurs électriques dégivrants, des sièges semi-électriques (assise) avec sellerie cuir ainsi que la climatisation manuelle. Enfin, si le coffre est petit (165 L), l'habitacle dispose de petits rangements bien pratiques pour stocker les indispensables casquette, crème solaire, drap de bain et lunettes de soleil.
MOTEUR
Hérité de la berline 328i E36, le six cylindres BMW type M52B28 a été à peine modifié pour intégrer le capot de la E36/7. Pesant 118 Kg seulement, grâce à son bloc en alliage recouvert de Nikasil il est moins lourd d'une trentaine de kilos que le précédent bloc M50 en fonte dont dérive le 3.2L du Z3 M. Mais l'utilisation d'aluminium a imposé des dimensions plus encombrantes, à tel point qu'il n'y plus beaucoup d'espace libre sous le capot ! Equipé du système VANOS (calage variable de l'arbre à came à l'admission) introduit sur la M3 e36 3.0L, ce 6 cylindres profite du savoir-faire incontestable des motoristes BMW pour concilier souplesse de fonctionnement, caractère et sobriété.
Très civilisé de par sa vocation de grande routière, les chiffres pourraient toutefois conduire à sous estimer le potentiel réel de cette mécanique. Les 192 ch sont délivrés à 5300 tr/mn seulement et la puissance spécifique est inférieure à 70 ch/L. La valeur de couple, bien qu'en légère baisse par rapport à la 328i, est en revanche plus parlante avec 275 Nm à 3950 tr/mn, soit plus de 100 Nm/L. De plus, 80% de cette valeur, soit 220 Nm, sont déjà disponibles à 1500 tr/mn.
Cette grande disponibilité dès les bas régimes permet au Z3 d'évoluer en toute sérénité quelle que soit l'allure adoptée, sans vibration ni bruit excessif, des qualités qui se marient idéalement avec la vocation d'un roadster plus orienté vers le cruising que vers la piste.
Mais n'allez pas croire non plus que ce 2.8 s'époumone à haut régime comme un diesel ! La poussée, franche et linéaire, s'accroît légèrement passé les 3500 tr/mn pendant que la tessiture de l'instrument devient plus métallique. Puis ça pousse pleinement jusqu'à 6000 tr/mn avant de chuter réellement sur les tous derniers tours (limiteur à 6300 tr/mn). Très clairement, l'admission a été bridée et calibrée pour favoriser le couple et non la puissance. Mais il n'en reste pas moins dans la pratique une belle efficacité et beaucoup de plaisir, notamment grâce à l'excellent étagement de la boîte.
Fournie par ZF (code S5D 310Z), la boîte reprise à la M3 E36 3.0L se distingue par un réducteur de course (short-shifter) ajouté d'office sur le Z3. Elle conserve un étagement judicieux des 5 rapports dont aucun n'a été allongé inutilement pour optimiser la consommation en laboratoire. La consommation réelle du Z3 2.8 (sur route et non en labo) ne dépassera que rarement les 10 L/100 au 100 km, preuve que les vertus supposées des moteurs turbo actuels sont largement usurpées...
Au fil des kilomètres on apprécie les qualités de cette mécanique bonne à tout faire qui nous gratifie en prime d'une sonorité superbe et bien dosée, passant du grave à l'aigu par une multitudes d'harmoniques sans jamais sortir une seule fausse note. Un moteur atmosphérique mélodieux que l'on apprécie doublement de nos jours, forcé de constater que ce type de motorisation a purement et simplement disparu chez BMW et tant d'autres...
SUR LA ROUTE
Rétro par sa ligne, le roadster BMW Z3 l'est aussi par ses choix de suspension. Privé du train arrière multibras de la E36 pour cause de manque de place, officiellement, la plateforme raccourcie de E36 du Z3 reçoit en greffe le train arrière des BMW M3 e30, composé de simple bras tirés. Heureusement, malgré le désagrément occasionné par des mouvements de caisse plus importants, la tenue de route du Z3 apparaît saine et équilibrée.
Comparé aux versions 1.8 et 1.9, les voies du roadster 2.8 ont été élargies de 67 mm à l'arrière et de 2 mm à l'avant. L'équilibre également été préservé en transférant la batterie sous le plancher du coffre. Même si la motricité est facilement mise à mal avec les roues de 16", sur sol humide, l'antipatinage ajoute un peu de sérénité tandis que l'autobloquant installé de série ravira les adeptes de survirage ! Joueur prévenant et équilibré, le Z3 2.8 ne demande pas mieux que devenir votre partenaire pour les plaisirs de la glisse...
La direction idéalement assistée, relativement directe (2,7 tours de butée à butée), se montre très informative. Au volant, on lit littéralement la route et le train avant a facilement tendance à suivre le relief. Avec le Z3, la séance de rodéo n'est de toute façon jamais loin dès qu'on augmente l'allure. Sportive moderne par nature, le Z3 saura aussi combler les nostalgiques avec sa conduite d'un autre temps. Sur mauvaise route, entre les mouvements de l'avant et de l'arrière, les adeptes de voitures communicatives seront aux anges. Ceux qui aiment les châssis ultra rigoureux seront en revanche moins à la fête ! D'autant plus que l'amortissement de série a tendance à privilégier le confort au détriment du roulis. Le châssis sport optionnel (ressorts plus courts de 1,5 cm et amortisseurs plus fermes) améliore les choses mais le manque de rigidité de la structure se manifeste par des vibrations et des craquements inconnus des cabriolets modernes.
Efficace et puissant, le freinage fait bonne impression bien que reposant sur de simples étriers flottants et des disques de dimensions classiques. Cependant, attention en usage intensif, les disques auront facilement tendance à se voiler. Qu'importe, c'est de toute façon en balade, voire en balade rapide, que le Z3 2.8 Roadster s'apprécie le mieux. C'est un réel bonheur d'enchaîner les courbes au volant de cette machine dont le moteur à lui seul vous rappelle qu'il est inutile de faire défiler le paysage trop vite pour apprécier toute la saveur de ce roadster d'exception.
Joyeux, comme ses soleils volant À travers le somptueux dessein du ciel, Hâtez-vous, frères, sur votre route, Joyeux comme un héros vers la victoire. Friedrich von Schiller, 1785.
EVOLUTION
Le L6 M52B28 cède la place à une nouvelle évolution M52TUB28 (TU=Technically Updated) en septembre 1998. Les objectifs sont de réduire la consommation et les émissions polluantes, pour répondre à la norme LEV aux USA. Cette évolution marque principalement l'adoption du système Double-Vanos et le retour à un bloc chemisé. La nouvelle gestion électronique Siemens MS42.0 s'ajoute à un vilebrequin allégé, des pistons redessinés, une pompe à huile avec régulateur de pression, un circuit de refroidissement modifié avec contrôle électronique du thermostat, un papillon des gaz électronique et un catalyseur double-sonde intégré au collecteur d'échappement. Le système Double Vanos a initialement été développé pour le moteur de la BMW M3 3.2. Alors que le simple Vanos fonctionnait comme un système on/off, le double Vanos est un calage en continu des arbres à cames qui offre plus de couple aux régimes inférieurs. La courbe ci-contre, traduit clairement l'évolution technique et le caractère qui en découle. Encore plus souple jusqu'à 3500 tr/mn et un peu moins puissant entre 4000 et 5000, le nouveau 2.8L se montre donc plus linéaire.
En 1999, BMW opère un léger restylage de la gamme Z3. La poupe est redessinée et le 2.8 adopte le même dessin que les autres motorisations avec des ailes bombées et de nouveaux feux arrière. Il perd donc les ailes larges du roadster M qui est par ailleurs arrêté. Dans l'habitacle, la finition apparaît un peu plus soignée et la capote est doublée pour un meilleur confort acoustique et thermique. La commande électrique est également proposée en option. En juillet 2000, le Z3 roadster 2.8i est remplacé par le Z3 3.0i de 231 ch qui dispose d'un tout nouveau bloc (M54).
ACHETER UNE BMW Z3 Roadster 2.8i
Proposé à sa sortie à un prix plutôt attractif, le Z3 2.8i l'est encore plus aujourd'hui en occasion. Produit de 1997 à 2000, avant de céder sa place au Z3 3.0i, le 2.8i est la version 6 cylindres la plus répandue du petit roadster BMW. Bien que majoritairement vendu aux USA, même en Europe il est encore facile à trouver en bon état, pour des budgets très abordables allant de 10.000 à 15.000 €. Avec le temps qui passe, sa cote est toutefois sur une tendance à la hausse, sans doute aussi parce que les acheteurs savent désormais que les roadsters dotés d'un 6 cylindres atmosphérique resteront une espèce rare dans les années à venir...
Par conséquent, le Z3 2.8 reste un excellent choix pour l'amateur de "roadster youngtimer". Globalement fiable et peu onéreux à entretenir, c'est un achat plaisir d'une rare accessibilité. A titre indicatif, le forfait vidange est autour de 200 € tandis que la révision type Inspection 1 (vidange + filtres + bougies + contrôle) vous coûtera 400 euros environ dans le réseau BMW. Ne négligez pas l'historique et des révisions fréquentes car les cabriolets changeant de mains de saison en saison et servant peu l'hiver se trouvent souvent victimes d'un entretien "au kilométrage" qui n'est pas adapté...
Les principales faiblesses connues sur les Z3 Roadster concernent les glissières des sièges qui prennent du jeu, des silentblocs de triangles un peu faibles, un boîtier ABS qui se met en défaut à cause d'un problème de soudures internes et pour rester dans les soudures, des supports de pont arrière qui peuvent souffrir d'une conduite top mouvementée, principalement sur les M. Et cela va de soi, comme pour tout achat de cabriolet, l'état de la capote est à vérifier impérativement ! Faite en Alpaga de bonne qualité, son étanchéité peut néanmoins se montrer défaillante au niveau des joints après des années de service et des expositions prolongées au soleil. C'est aussi le cas pour la lunette arrière souple qui finira ternie, rayée et parfois déchirée.
COMPARATIF : BMW Z3 2.8i vs PORSCHE BOXSTER 2.5
Acheter un Roadster n'est certainement pas un acte de raison. En la matière, l'irrationnel est guidé par les émotions visuelles, sonores et tactiles. Opposer deux best-sellers de leur catégorie est donc un exercice délicat à l'issu duquel, il nous faudra élire un vainqueur sur des critères les plus rationnels possibles. Alors, lequel en offre le plus pour son argent ? Eléments de réponse ci-dessous
> Lire notre comparatif BMW Z3 vs PORSCHE BOXSTER
PRODUCTION BMW Z3 2.8 Roadster :
Roadster 2.8i phase 1 : 35 368 exemplaires
Roadster 2.8i phase 2 : 15 239 exemplaires
TOTAL : 50 607 exemplaires (dont 16 672 ex. Euro LHD)
CARACTERISTIQUES TECHNIQUES
BMW Z3 Roadster 2.8i
MOTEUR Type : 6 cylindres en ligne, 24 soupapes calage variable d'admission (Vanos) / Calage variable continu (Double Vanos)
Position : longitudinal AV
Alimentation : Injection multipoint, gestion Siemens MS 41 / MS 42
Cylindrée (cm3) : 2793
Alésage x course (mm) : 84 x 84
Puissance maxi (ch DIN à tr/mn) : 192 à 5300 / 193 à 5500
Couple maxi (Nm à tr/mn) : 275 à 3950 / 280 à 3500
TRANSMISSION
AR
Boîte de vitesses (rapports) : manuelle (5)
ROUES
Freins Av/Ar (ø mm) : Disques ventilés/pleins (286/272)
Pneus Av-Ar : 225/50 ZR 16
POIDS
Données constructeur DIN (kg) : 1260
Rapport poids/puissance (kg/ch) : 6,6
PERFORMANCES
Vitesse maxi (km/h) : 221
400 m DA : 15"1
1000 m DA : 27"5
0 à 100 km/h : 7"1
CONSOMMATION
Moyenne (L/100 Km) : 9,5
PRIX NEUF (01/1997) : 219.900 FF
COTE (2015) : 13.000 €
PUISSANCE FISCALE : 15/13 CV
CONCLUSION
:-) Ligne indémodable Moteur souple et mélodieux Boîte Comportement équilibré et joueur Consommation Rapport prix/plaisir |
:-( Motricité sous la pluie Suspension arrière archaïque Amortissement souple (sauf châssis sport) Capote simple épaisseur Lunette en plastique |
Sans l'éxubérance de la version M, le roadster 2.8i s'avère être le choix le plus homogène et pertinent pour profiter du fameux 6 en ligne BMW dans un Z3. Plus facile et plus économique à l'usage, il forme un équilibre rare entre la passion et la raison. Deux qualités précieuses qui s'additionnent ici pour créer une voiture plaisir idéale...
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Ce petit roadster est un bijou roulant.... Propriétaire d un 2.8 de fevrier 99, donc double vanos , le plaisir passe déja par les yeux à chaque sortie , tellement son look est craquant . A l intérieur , tous les détails font durer le plaisir : vrai compteurs bm,l'odeur du cuir si particulière, la position de conduite ,etc... Le bruit du 6 Atmo est un régal pour les oreilles ,mais aussi pour les sensations ! la boite 5 est précise et bien étagée , autant pour le cruising que pour les franches accélérations ,en effet ce bolide dispose d un couple de camion ! La conso est raisonnnable (entre 9 et 10 litres/100km) L'entretien est facile, sans surprise d autant qu' elle a l' air très fiable. Je recommande donc ce modèle à tout passionné auto , d autant que la mode du youngtimer est grandissante !