L'ACCES AU MYTHE PORSCHE
En attendant l'arrivée prochaine de la Porsche Cayman,
le Boxster poursuit son rôle d'entrée de gamme. Un
ticket d'entrée à 45 000 euros tout de même,
rappelant ainsi que le blason Porsche n'est pas à la portée
de toutes les bourses. La Boxster S déjà essayé
précédemment dans notre guide d'achat avait démontré
que le Boxster était tout sauf une Porsche au rabais. Avec
son flat 6 de 240 ch, le Boxster 2.7 répond-t-il aux attentes
des passionnés de belles sportives ?...
Texte :
Gabriel LESSARD
Photos : D.R.
Nous vous épargnerons l'injure de refaire l'histoire des
Porsche
à moteur avant (924, 944,
928, 968
)
afin de resituer la Porsche Boxster dans son contexte. Il est clair
que malgré de multiples qualités réelles et
accordées par la presse de l'époque, les Porsche à
moteur avant n'ont pas permis à Porsche d'assurer sa pérennité.
Le souhait des dirigeants de l'époque de mettre un terme
progressif à la Porsche 911 SC pour laisser les moteurs avant
prendre le pouvoir avait alors été très mal
accepté par les clients traditionnels, viscéralement
attachés à la mythique Porsche 911. Le premier Porsche
Boxster commercialisé il y a 8 ans maintenant n'avait pas
le même rôle que les Porsche à moteur avant.
Il ne devait pas supplanter la Porsche
911 type 993, mais au contraire compléter l'offre vers
le bas avec à terme la Porsche
911 type 996. Très bien accepté dès le
départ, le Porsche
Boxster s'est taillé un joli succès dans le segment
des roadsters sportifs, malgré une puissance de base un peu
juste. Une évolution heureuse lui a accordé une version
Boxster S avec
un flat 6 réalésé à 3,2 litres développant
252 ch. La Porsche Boxster, ainsi équipé, n'était
plus une voiture de parade mais bien une authentique Porsche sportive.
L'heure de son remplacement a sonné depuis l'année
dernière, et après une prise en main du Porsche
Boxster MkII S, c'est au tour du Boxster 2.7 de passer au crible
de notre guide d'achat
DESIGN
Quelle que soit la version, " normale " ou " S ",
le design de la Porsche Boxster MkII est une réussite. Avec
ses petits airs de Porsche
Carrera GT, et une similitude de la face avant avec la Porsche
911 type 997, elle fait partie de ces roadsters qui possèdent
une aura et une plastique. Comparé à une ancienne
Porsche Boxster, la nouvelle mouture est plus large et surtout mieux
assise sur ses voies et ses roues qui gagnent un pouce de diamètre.
Le Boxster " new look " s'est affirmé et c'est
tant mieux ! Ses larges entrées d'air béantes sur
la face avant n'y sont pas étrangères et la sortie
centrale d'échappement ovale est du plus bel effet. Pour
les étourdis qui auraient manqué quelques épisodes,
les prises d'air latérales sur les flancs arrière
sont là pour rappeler le moteur en position centrale arrière.
Quelques détails sont amusants comme l'intégration
particulière du troisième feu stop sur la malle arrière
au ras du logement de la capote. Les jantes alu de 17 pouces au
dessin très aéré laissent entrevoir les freins
à disques ventilés et percés. De la bel ouvrage
qui se concrétisera volant en main. Globalement, la Porsche
Boxster MkII 2.7 reste un peu à part face à ses concurrentes
par son esprit roadster réellement sportif. Il n'y a guère
que la Honda
S2000 qui puisse être comparé dans l'esprit car
la Mercedes
SLK 350, la BMW
Z4 3.0 ou la Nissan 350Z roadster semblent plus typées
grand-tourisme, tant dans l'esprit que dans la forme. A noter que
Porsche ne cède pas à la mode du coupé-cabriolet
préférant ainsi le véritable esprit "
roadster ", et surtout pour permettre au Porsche Cayman de
trouver sa voie prochaine dans la gamme Porsche.
INTERIEUR DE LA PORSCHE BOXSTER 2.7
En stricte deux
places, la Porsche Boxster permet par une amplitude de réglages
améliorée à des grands gabarits d'être
à l'aise. La finition a fait un bon en avant tant dans la
qualité des matériaux employés que dans l'assemblage.
Si l'équipement de série devenu standard dans une
petite citadine (vitres électriques, fermeture centralisée,
climatisation manuelle
) est enfin de série dans le
nouveau Boxster, la liste des options est encore une longue litanie
dans laquelle il faut piocher avec ardeur (surtout celle du porte-monnaie
!) pour espérer avoir le strict minimum d'une voiture de
ce prix. Le comble reste certainement le saute-vent, indispensable
sous peine de remous d'air décapoté très présents,
qui est une option de même que les commandes au volant ou
le régulateur de vitesse. On pourrait nous rétorquer
que cela n'a finalement pas trop d'importance sur une voiture de
sport, mais on verra à la lecture de sa fiche technique,
que la Porsche Boxster MkII 2.7 est loin d'être aussi radicale
et sportive qu'une Lotus
Elise ou sa cousine le Speedster
Opel Turbo ou même le Speedster
Opel 2.2.
MOTEUR
Sous le capot arrière du nouveau Boxster 2.7, c'est toujours
le même Flat 6 de 2,7 litres qui est aux commandes. Si les
premiers Porsche Boxster étaient équipés d'un
Flat 6 de 2,5 litres développant juste 205 ch, le 2,7 litres
actuel possède tout de même 240 ch dans son écurie
et avouant des performances nettement supérieures : près
de 260 km/h en vitesse maxi mais surtout 26,3 secondes au kilomètre
DA et près de 6 secondes à l'exercice du 0 à
100 km/h. De très belles performances pour un modèle
d'entrée de gamme qui le mettent hors d'atteinte de la plupart
des GTI, même puissantes. Les critiques alors émises
8 ans plus tôt sur les performances timorées du Porsche
Boxster 2,5 litres ne peuvent plus être réitérées.
A ce titre, la nouvelle Porsche Boxster justifie plus que jamais
son blason, comme nous l'avait déjà confirmé
l'essai du Boxster MkII S. Si Porsche affirme que le moteur 2,7
litres est resté inchangé, cela n'est pas tout à
fait exact. Une petite traque aux kilos superflus a été
opérée avec succès, puisque rien qu'avec la
nouvelle carter-semelle entièrement en aluminium, 5,5 kilos
ont été gagnés. Si la puissance et le couple
évoluent sensiblement (+12 ch et + 10 Nm), c'est surtout
la plage d'utilisation qui s'agrandit. Comme tous les autres constructeurs
avec leurs mécaniques essence, un filtre à air plus
gros, une gestion moteur modifiée et un collecteur d'admission
à géométrie variable ont été
montés pour optimiser le caractère et l'exploitation
du moteur. Dans le cas présent, la magie sonore Porsche est
toujours présente avec un son du Flat 6 qui, dès que
l'on écrase l'accélérateur vers les cimes du
plaisir (là ou les diesel sont interdits de séjour
!), la sonorité du Flat 6 vous prend au corps et participe
à l'ambiance générale.
CHASSIS
Ce nouveau Boxster MkII 2.7 affiche clairement la vision et la stratégie
de Porsche : vendre dans des volumes plus conséquents et
par conséquent, plaire au plus grand nombre. C'est bien dans
sa définition générale et surtout celle du
châssis que la stratégie de Porsche s'illustre le mieux.
Certes, les essieux constitués d'ensembles MacPherson (dont
les triangles inférieurs sont en aluminium) complétés
de barre anti-roulis garantissent des trains roulants évolués
et bien guidés, pouvant ménager efficacité
de tenue de route et confort préservé. Mais à
part cela, il reste le freinage très puissant et évolué
dont on peut deviner l'efficacité rien qu'au regard : des
très beaux disques ventilés et percés pincés
par des étriers à 4 pistons. Mais si nous étions
mauvaises langues, ou de mauvaise foi, on mettrait en avant l'image
Porsche sur le freinage qui aurait justifié cette monte de
série
Cette mauvaise pensée nous vient de la
suite de la fiche technique côté châssis. Nous
ne reviendrons pas sur notre sentiment sur les aides à la
conduite qui conviennent peu à notre esprit sportif intégriste.
Il est toujours en effet désagréable de se préparer
mentalement et physiquement à survirer sur un rond-point
et se retrouver " corrigé " (dans tous les sens
du terme) électroniquement ! Chez Porsche, l'augmentation
des volumes de vente passe donc par des autos plus faciles à
conduire. Donc le PSM (ABS+ASC + ADB + EDC) est monté de
série sur le nouveau Boxster (alors qu'il était en
option sur le précédent). Il est bluffant d'efficacité
car il arrive presque à vous faire croire que vous êtes
devenu un pilote. Mais nous aurions préféré
au lieu de cela un bon autobloquant privilégiant ainsi la
conduite pure et le sport. Alors lorsqu'on y regarde à deux
fois, la Porsche Boxster MkII 2.7 de série est plus typée
confort et Grand-Tourisme, mais avec un équipement de série
indigent. Son châssis reste certes très efficace, mais
plus sportif, bridé électroniquement. Et si on veut
du sport pur et dur, il faut piocher allègrement dans les
options avec le PASM et les freins céramiques PCCB. Mais
le prix de vente du Boxster s'en trouverait alors sérieusement
grevé. Le Porsche Boxster MkII 2.7 nous laisse donc un goût
d'inachevé. Autant la Porsche Boxster MkII S nous avait réellement
convaincu à tous niveaux, autant le Boxster MkII 2.7 s'affirme
comme une vraie Porsche, à n'en pas douter, avec une âme
Porsche, mais une définition générale qui hésite
entre les gros volumes de vente (et donc des compromis inévitables)
et sa filiation génétique. La survie d'une marque,
aussi forte et prestigieuse soit-elle, semble passer par l'accès
" facile " tant que par le tout-terrain et bientôt
une berline quatre portes. Il faut vivre avec son temps disait l'autre
:: CONCLUSION
Porsche réussi ces dernières années à
déployer dans son catalogue des modèles variés,
conçus pour tous types de conducteurs (ou pilotes) et de
budgets. Le nouveau Porsche Boxster MkII 2.7 s'inscrit parfaitement
dans cette tendance. Performant, efficace et facile à conduire
en toutes circonstances, il permet ainsi à une large clientèle
de pouvoir goûter ou continuer à goûter au blason
Porsche. Mais la définition hésitante du Boxster (sport
pur et dur en option, mais équipements de confort en option
également) laisse un petit sentiment d'inachevé. Pour
les sportifs invétérés, il y a la version "
S ". Pour les autres, le Boxster MkII 2.7 leur conviendra largement,
à condition de " l'habiller " un peu avec des options...
CE QU'ILS EN ONT PENSE :
""Largement inchangé " ! Primo : on peut toujours
s'acheter deux Boxster pour le prix d'un cabriolet 911. Deuxio :
échaudé par de précédentes aventures,
Porsche a décidé d'appliquer la méthode 911
à sa gamme. Et en particulier au Boxster. Né il y
a 8 ans -une génération dans le monde automobile-,
le petit roadster revient tel quel, en mieux. Nous ne portons surtout
pas plainte. Peaufiné dans les détails, il n'a jamais
été aussi Porsche, aussi sportif. Surtout si on l'on
pioche dans les options radicales : suspensions sport pilotées,
boîte 6 de Boxster S et jusqu'aux freins en carbone-céramique
façon Carrera GT ! De quoi se lâcher sur circuit, à
ceci près que le PSM, contrôle de trajectoire Big Brother,
ne lâche pas, lui. Et que parmi les options ultra-sportives,
il en manque une, de base, fondamentale : l'autobloquant. Cette
fois, nous portons plainte. Largement incohérent !"
LE MONITEUR AUTOMOBILE - 10 mars 2005 - Porsche Boxster MkII
2.7.
"Face à l'effondrement des
ventes du Boxster en 2004, Porsche se devait de réactualiser
son roadster fétiche. Sa nouvelle robe n'a rien de révolutionnaire,
mais demeure plus racée, plus athlétique avec une
proue accueillant des optiques oblongues et des prises d'air imposantes.
L'habitacle, lui, perd un peu de son originalité, mais la
qualité de fabrication progresse sensiblement. La version
" entrée de gamme " 2.7 voit flat-6 grimper de
228 ch à 240 ch soit quasiment la puissance de la première
génération de Boxster S (252 ch) ! Autant dire que
les performances et les sensations n'ont rien d'une Porsche au rabais."
SPORT AUTO - juin 2005 - Porsche Boxster MkII 2.7. |