MG ZR 160 (2001 - 2005)
DERNIERS ESPOIRS...
Si à l'aube des années 2000 vous étiez nostalgique de la fièvre des GTI qui faisait rage au beau milieu des années 80, la petite MG avait ce goût agréable d'une cuvée bien vieillie en remettant à l'honneur des sensations sportives authentiques et sans artifice. Ultime et vaine tentative pour relancer les ventes du groupe Rover après l'échec retentissant de BMW, la gamme sportive labélisée MG tentait en d'autres mots de faire du neuf avec du vieux. Comme à la pire époque qui amorça le déclin de l'automobile britannique...
Texte :
Sébastien DUPUIS
Photos : Bahman Cars
Pourtant le rachat par BMW en 1988 de 80% du capital de Rover, appartenant alors à British Aerospace, pouvait laisser espérer une meilleure gestion que celle qui avait lentement mais sûrement mené toute l'automobile britannique vers la faillite. La reprise de Rover par BMW avait été fêtée comme une prise stratégique majeure permettant au spécialiste du haut de gamme d'élargir sa production et son offre en rejoignant le clan des "gros", le top 10 des plus grands constructeurs européens. La surprise fût telle que Honda, non informé de l'opération (!), mettait fin à sa collaboration avec Rover 15 jours plus tard en revendant à BMW ses 20% de parts. Le signe d'un début déjà difficile puisqu'il obligerait BMW à investir plus que prévu afin de reconstruire une gamme... mais qu'importe, à l'aide de plusieurs milliards de Marks d'argent frais, l'impossible semblait de nouveau possible : investir dans de nouveaux modèles ! Le nom MG résuscité en 1993 avec le lancement de MG RV8, fut d'ailleurs accompagné rapidement par le lancement du petit roadster MG F en 1995. Enfin une vraie nouvelle voiture inédite ! Cette renaissance avait rapidement éclipsé les doutes, d'autant qu'elle fut suivi par le lancement de plusieurs modèles réussis (600, 800, 75) et bien accueillis par la presse.
Mais après six années de pertes (près de 16 milliards de marks au total !) et grand fracas - l'ancien président de BMW responsable de l'achat de Rover en 1994, Bernd Pischetsrieder, fût licencié en 1999, trois autres membres du directoire favorables à la poursuite de l'aventure ont été remerciés avant la revente - , le groupe automobile allemand prononça le divorce en 2000. Une issue qui lui coûta encore très cher, le prix à payer pour se débarraser du fardeau industriel qu'était Rover en conservant toutefois un souvenir : la Mini et son usine à Oxford. Land Rover, seule filiale profitable du groupe, sera quant à lui revendu à Ford. Le reste revient dans les mains du consortium d’investisseurs britanniques "Phoenix Fours" menés par l’ancien patron de Rover Group, John Tower. Ca ne s'invente pas... Le nouveau groupe, baptisé MG Rover, bénéficie alors d’un sursaut patriotique et les ventes de Rover repartent à la hausse en avril 2000. De nouvelles versions sportives de la gamme font même leur apparition sous label MG en 2001. La MG ZR sur base Rover 25, la MG ZS sur Rover 45, et la MG ZT pour la Rover 75. Une version V8 de la Rover 75, la MG ZT 260, est même commercialisée. On croit alors que tout est enfin reparti pour de bon...
PRESENTATION
Née Rover 200 en 1995, rebaptisée Rover 25 en 1999 puis maquillée en MG ZR en 2001, la petite sportive anglaise reflète à elle seule les errements de politique d'une marque à l'agonie. Sous son allure de compacte sauvagement "bolidée", disponible en 3 ou 5 portes, la MG surfe sur la mode et s'équipe comme une GTI à l'ancienne, faisant oublier qu'elle ne bénéficie pas des derniers raffinements technologiques. Alors que la tendance générale est plutôt à la discrétion dans la catégorie, le meilleur exemple étant la 206 S16 qui sombre même dans l'anonymat complet, la MG ZR vise une clientèle qui est restée à la recherche d'un modèle performant mais aussi distinctif par son look. Même la Renault Clio RS, ténor de la catégorie à l'époque, ne peut d'ailleurs rivaliser sur le terrain de celle qui en met le plus plein la vue ! Too much ? Oui, sans doute... mais c'est aussi cela qui fait son charme.
Dans le détail, le relooking de la très sage Rover 25 devient tout d'abord MG par la pose d'une calandre spécifique, avec deux "naseaux" façon BMW de part et d'autre du logo MG et des grilles en nid d'abeille polies. La transformation passe aussi par la panoplie complète de la sportive : un bouclier avant plus massif, un aileron "king size" posé en haut de la la lunette arrière (il n'est pas que décoratif rassurez-vous, son appui supplémentaire est garanti à haute vitesse) des jupes latérales et comble du raffinement, un entourage de sortie d'échappement en inox faisant office de protection thermique. Les jolies jantes à rayons de 17" se chaussent de pneus taille basse pour un effet ras du sol. Les coloris sont proposés étaient au choix très voyant (Solar Red ou Trophy Yellow) ou au contraire offraient un peu de retenue à l'image du Vert "Le Mans", du Bleu "Trophy", du gris Anthracite ou argenté.
HABITACLE
Alors que la carrosserie présente plutôt bien, quand on aime, l'habitacle fait rapidement retomber la pression d'un cran. Malgré un effort consistant à poser un matériaux moussé sur le haut de la planche de bord et un mélange cuir/tissu bicolore sur les sièges, l'anglaise ne fait pas longtemps illusion. Plastiques durs et brillants, assemblages approximatifs, dessin de la planche de bord et position de conduite datés marquent franchement l'âge de conception de la Rover 200. Siège conducteur et volant sont ajustables, le maintien est bon mais c'est insuffisant pour offrir une position de conduite parfaitement ergonomique et confortable pour les grands gabarits. Enfin, pour accéder à l'arrière, l'espace dégagé n'est pas ridicule mais la contorsion est de mise.
Les passagers arrière disposent de trois ceintures trois points, mais, hélas, pas d'appui-tête ni d'aumônières. Les vitres électriques à l'avant ne disposent pas de fonction de remontée automatique, l'affichage de température extérieure est quant à lui aux abonnés absents. Mais il est vrai que le prix (19 000 Euros) contenu de la voiture par rapport à la concurrence aide à faire avaler la pillule. En effet nulle trace de contrôle électronique de trajectoire ou autres airbags latéraux.
MOTEUR
La MG ZR 160 reprend à l'identique le moteur "série K" de Rover déjà rencontré sur la MG F 160 Trophy. Il s'agit du 1.8 16V avec une admission variable VVC retravaillée, délivrant pas moins de 160 ch à 6900 tr/mn. En effet les pistons ont été retravaillés, la boite à air, le colelcteur d'admisison, les injecteurs et les paliers de villebrequin ont également fait l'objet d'importantes modifications. Avec une nouvelel cartographie, la recette a porté ses fruits puisqu'on compte 15 chevaux supplémentaires. En revanche le couple reste assez modeste avec seulement 174 Nm disponibles à 4700 tr/mn, un moteur qui s'annonce donc plutôt pointu ! Linéaire cette mécanique se montre en effet rageuse à l'approche de la zone rouge, avec une facilité à se maintenir dans les tours.
Bien étagée la boîte de vitesse pêche par ses verrouillages beaucoup trop fermes sans pour autant y apporter de la précision. De plus, il faut composer avec un embrayage à la course excessivement longue mais au point de friction proche du plancher. Il devient alors vraiment diffcile de monter et descendre les rapports à la volée, handicapant pour une sportive.
La petite MG sait pourtant être véloce en dépassant les 200 km/h (208 km/h). Sa conception antédiluvienne lui confère au moins l'avantage d'un poids plume comme jadis. Cela se retrouve sur les performances qui sont loin d'être dépassées. Les accélérations ne sont pas non plus en reste puisque le kilomètre départ arrêté est parcouru en 28.8 sec. Tout cela est donc très honorable.
Frugale, la MG nous avait aussi considérablement étonné lors de notre essai à l'époque, puisqu'en utilisation intensive sans se priver des montées en régime, nous n'avons pas dépassés les 13,4l/100 km de consommation lors de notre essai. De façon beaucoup plus raisonnable, il n'est pas vain de descendre sous les 8l sur le réseaux secondaire.
SUR LA ROUTE
Par rapport à la Rover 25 qui lui sert de base, la MG ZR 160 a subi un traitement particulier visant à canaliser la fougue de sa mécanique sur un châssis typé plutôt "pépère" à la base. Les amortisseurs ont été tarés plus fermement (très !), la largeurs des pneus a été revue à la hausse et leur flanc à la baisse (205/45) pour être montés sur des jantes de 17".
Mais hélas le poids des années se fait sentir rapidement au volant de la ZR, par manque de rigidité de la structure et du guidage des trains, l'auto se tortille et les pertes de motricité sont omniprésentes. De plus, en entrée de courbe il faut être vigilant au sous virage intempestifs. Bref du sport à l'ancienne avec beaucoup de sensations fortes mais pas beaucoup d'efficacité pure. Pas du tout pesante, la direction donne trop souvent l'impression de ne pas savoir où l'on met les roues. De plus, le rayon de braquage important ne facilite guère les manoeuvres. Equipée comme une sportive moderne de quatre disques gérés via l'ABS, la MG n'a pas de mal à s'arrêter mais le contact de la pédale de freins manque de franchise et de progressivité. De ce fait il est assez difficile d'évaluer les limites avant le déclenchement de l'ABS.
De par la fermeté de ses ressorts et ses enveloppes surdimensionnées, la MG offre un confort que l'on peux qualifier de symbolique. Les réactions sur les moindres aspérités de la route sont sèches tandis que le bruit du moteur, combiné aux nombreux sifflements aérodynamiques, crée un brouhaha digne de l'envol du Concorde.
EVOLUTION
Pour les 80 ans de la marque MG en 2004, le groupe MG-Rover a offert un petit lifting à sa MG ZR 160. Rien de révolutionnaire pour cette ZR 160 MkII (lire notre essai), mais un visage plus actuel offert par Peter Stevens (auteur de la McLaren F1 !) et surtout plus en harmonie avec la nouvelle ligne stylistique de la gamme MG et Rover. Malgré ces artifices esthétiques, la MG ZR 160 ne pourra masquer l'âge de ses artères. Toutefois, avec son tarif serré et un esprit très GTI d'antan, la MG ZR 160 affichait toujours des arguments intéressants pour les amateurs de sensations. L'arrivée de versions Diesel et de la ZR 120 ch au restylage confirme que la marque était vraiment prête à tout pour vendre. Suffisant pour en faire la voiture la plus vendue du groupe en 2004, en Angleterre, mais pas pour sauver Rover de la faillite. En 2005 sa production sera stoppée prématurément et définitivement. Après le rachat par le groupe chinois SAIC, le modèle ne sera pas relancé, hormis sous la forme des MG3 vendues uniquement en Chine...
ACHETER UNE MG ZR 160
Si partir à l'aventure en achetant une voiture dont le constructeur a disparu ne vous effraie pas, vous aurez déjà la bonne surprise de découvrir que les MG ZR 160 s'échangent à petit prix en occasion. Contrairement à bon nombre de petites sportives, la cote de la MG ZR 160 n'a pas subit d'inflation ces dernières années et il est encore possible, avec de la patience, de trouver un bel exemplaire dans une tranche de budget de 3000 à 5000 euros. Rapidement éclipsée de la scène française par la bouillante Renault Clio RS1 et la Peugeot 206 RC, la petite GTI de MG n'aura connu qu'une carrière très timide en France et, par conséquent, le choix se montre assez rare pour les exemplaires encore dignes d'intérêt. Le restylage de 2004 n'aura pas sauvé sa carrière et cette ultime évolution "phase 2" produite seulement deux années est encore plus difficile à dénicher.
L'image sulfureuse qui accompagne les anglaises dotées du moteur Rover K dont le joint de culasse d'origine cuisait plus vite qu'un oeuf posé sur le capot ajoute encore un peu plus à la rareté de la bête. Comme d'autres modèles au demeurant, la MG ZR 160 a connu des casses moteur complètes (bielles, soupapes...), parfois bien avant 50.000 km et plus ou moins prises sous garantie les premières années. Désormais il ne faudra compter que sur vous même et donc ne pas surpayer ce modèle dont la fiabilité est globalement assez aléatoire. Le montage d'un joint de culasse renforcé, comme souvent pratiqué sur les Lotus Elise équipées du moteur K, sera un atout non négligeable à l'achat ou à la revente pour sécuriser au moins ce point. Outre les problèmes mécaniques, de nombreuses fonctions électriques ou de confort peuvent également se montrer capricieuses, notamment le verrouillage centralisé. L'achat de quelques pièces d'avance pourra s'avérer judicieux également car certains éléments, notamment de carrosserie, se font rares. Pour le reste, tout ce qui est commun à d'autres MG ou à d'autres marques peut encore se trouver en après-vente via les revendeurs internet ou directement en Angleterre où elle a été bien plus largement diffusée.
CARACTERISTIQUES TECHNIQUES
MG ZR 160
MOTEURType : 4 cylindres en ligne, 16 soupapes
Position : transversal AV
Alimentation : Injection indirecte multipoint et gestion électronique intégrale
Cylindrée (cm3) : 1796
Alésage x course (mm) : 80 x 89,4
Puissance maxi (ch DIN à tr/mn) : 160 à 6900
Couple maxi (Nm à tr/mn) : 174 à 4000
TRANSMISSION
AV
Boîte de vitesses (rapports) : manuelle (5)
ROUES
Freins Av-Ar (Ø mm) : disques ventilés (282) - disques pleins (260) + ABS
Pneus Av-Ar : 205/45 ZR 17
POIDS
Donnée constructeur (kg) : 1120
Rapport poids/puissance (kg/ch) : 6,0
PERFORMANCES
Vitesse maxi (km/h) : 210
400 m DA : 16"2
1000 m DA : 29"5
0 - 100 km/h : 7"8
0 - 200 km/h :
90 - 130 km/h (5ème) : 13"4
CONSOMMATION
Moyenne cycle mixte (L/100 km) : 7,5
Moyenne de l'essai (L/100 km) : 13
PRIX NEUF (2002) : 19000 €
COTE (2024) : 4000 €
PUISSANCE FISCALE : 10 CV
CONCLUSION
Avec sa MG ZR 160, Rover proposait une sportive avec un moteur plein de vitalité, performant et associé à un châssis de la vieille école. Une bonne nouvelle pour les nostalgiques mais malheureusement, ce n'est pas toujours dans les vieux pots qu'on fait la meilleure soupe. N'ayant pas fait illusion très longtemps, cette nouvelle gamme sportive MG ne permit pas d'éviter la faillite du groupe MG-Rover, souffrant d'un manque chronique d'investissements et de clients... Il en reste une GTI d'un autre temps dont les défauts peuvent faire le charme, une curiosité déjà oubliée pour amateurs d'exotisme et/ou collectionneurs.
Les dernières "vraies" MG...
Look sans équivoque
Moteur rageur
Disponible en 3 ou 5 portes
Châssis à sensations
Prix bas
Position de conduite datée
Finition indigente
Bruyante
Boîte imprécise
Amortissement ferme
Freinage (manque de mordant)
Fiabilité...
Disponibilité des pièces...
Tous nos remerciements à Bahman Cars pour les photos de la MG ZR 160 présentée dans cet article.
Vous avez aimé cet article ? Merci de le partager
J'ai acheter ma première voiture une mgzr105 neuve pour 11500 euros! Puis ma 2ème une mgzr120. Je roule tout les jours avec. 160000km très peu coûteuse en entretien: les pièces sont très peu chères en Angleterre et livré en 2 jours. Les pièces courantes sont dispo dans les garages. J'ai changé le joint de culasse, le catalyseur, le silencieux.elle consomme beaucoup de bougies.C'est une voiture parfaite pour les petites routes de montagne. Son comportement dans la neige est impressionnant grâce à son régime moteur très bas. J'espère pouvoir la garder encore le plus longtemps possible. Financièrement je ne pourrais jamais retrouver une voiture aussi exceptionnelle. Elle a quelques défauts: tenue de route sur le mouillés, secousses mais c'est ce qui fait son charme. Et son bruit il est doux et grave parfait pour endormir mes enfants.