RENAULT CLIO (4) RS 220 Trophy (2015 - )
MINIMUM SYNDICAL
Après la décevante Clio 4 RS 200, Renault Sport se devait de corriger le tir pour satisfaire les puristes en revoyant ce qui n’allait pas. Pour autant, toujours pas de boîte mécanique ni de vrai autobloquant à se mettre sous la dent. Tout le monde attendait une Clio Gordini, mais elle n'est pas venue. A la place, RST propose une série Trophy avec un châssis et boîte EDC revus ainsi qu'une poignée de chevaux supplémentaires. Cela s’avérera-t-il suffisant pour reconquérir la clientèle ?
Texte :
Maxime JOLY
Photos : Thomas POSLUSZNY
Il n’y a pas meilleur ambassadeur possible que Laurent Hurgon pour parler de la nouvelle Clio RS 220 EDC Trophy et, par chance, il était présent au Festival of Speed de Goodwood ce qui nous a permis de discuter. Malgré les critiques reçues, la Clio 4 RS est un beau succès commercial (du moins en ventes mondiales…) mais Renault Sport étant à l’écoute de ses clients et Peugeot ayant riposté avec la 208 GTI 30th, une version plus sportive de miss Clio était inéluctable pour rester dans le top des petites sportives...
RENAULT TROPHY : C’EST QUOI ?
Le nom Trophy est apparu en 2005 sur la Clio 2 RS 182, sous la forme d'une série limitée réservée à la Grande-Bretagne et à la Suisse. La même année, on le découvrit aussi sur la Megane 2 RS. Si la Clio Trophy est resté une déclinaison réellement unique, il n’en est pas de même pour les Megane Trophy qui ont souvent servi de base à l'évolution suivante. Ce fut le cas 2005 et 2011. L’année dernière, la RS 275 Trophy proposa également quelques nouveautés désormais adoptées sur toutes les Megane 3 RS, y compris châssis Sport. Aujourd’hui, c’est à la Clio 4 RS d’arborer le label Trophy. Futur collector ou prémices du restylage à venir ?...
PRESENTATION
Le premier sujet de discorde de la dernière génération de Clio RS concernait ses portes et plus exactement leur nombre. Ce n’était pourtant pas de la faute de Renault Sport si le directoire de Renault avait décidé de stopper la carrosserie trois portes sur la Clio pour cause de rentabilité. On pouvait en revanche déplorer la disparition des ailes élargies qui donnaient à la Clio 3 RS cet aspect si brutal.
La sobriété de la Clio 4 RS est maintenue et les quelques éléments distinctifs de la RS 220 Trophy sont la lame avant (comme sur la Megane 275), les jantes Radical de 18 pouces et les sigles sur le jonc décoratif de portière. Le modèle de presse inaugure la nouvelle teinte Givre Nacré verni mat, en option à 1.600 € qui s’ajoutent aux 28.900 €. Calquée sur les prix de la 208 GTI by Peugeot Sport, la Trophy creuse donc l'écart par rapport à une Clio 4 RS châssis Cup à 2.450 €. Un geste commercial pour offrir le RS Monitor, facturé 250 € aurait été le bienvenu.
Un petit effort a été fait sur l’habitacle avec en particulier des sièges redessinés à l'avant qui intègrent les appuie-têtes. Ils ne font pas oublier les anciens baquets recaro mais apportent un léger mieux. On retrouve aussi les seuils de porte Trophy et quelques éléments en chrome satin pour jouer sur la qualité perçue. Malheureusement, la qualité globale d’assemblage et de certains matériaux laisse encore à désirer sur la Clio 4...
CARACTERISTIQUES
RENAULT CLIO (4) RS 220 Trophy
MOTEUR
Type : 4 cylindres en ligne, 16 soupapes
Position : transversal AV
Alimentation : Injection directe + turbocompresseur (1 bar)
Cylindrée (cm3) : 1618
Alésage x course (mm) : 79.7 x 81.1
Puissance maxi (ch à tr/mn) : 220 à 6050
Couple maxi (Nm à tr/mn) : 260 de 2000 à 5700 (280 avec overboost en 4 et 5ème)
TRANSMISSION
AV + autobloquant électronique (RS Diff)
Boîte de vitesses (rapports) : séquentielle à double embrayage (6)
ROUES
Freins Av-Ar (ø mm) : Disques ventilés (320) - disques (260) + ESP déconnectable
Pneus Av-Ar : 205/40R18 (Michelin Pilot Super Sport)
POIDS
Poids constructeur en ordre de marche (kg) : 1204
Rapport poids/puissance (kg/ch) : 5,5
PERFORMANCES
Vitesse maxi (km/h) : 235
400 m DA : 14"5
1 000 m DA : 26"4
0 à 100 km/h : 6"6
CONSOMMATION
Moyenne normalisée (L/100 Km) : 5,9
Moyenne de l'essai (L/100 Km) : 9
CO2 (g/Km) : 135
PRIX NEUF (08/2015) : 28.900 €
PUISSANCE FISCALE : 12 CV
MOTEUR
Renault Sport profite de la mise à jour du moteur M5Mt (401) qui consiste notamment en l’utilisation d’un plus gros turbocompresseur, opéré par Nismo sur le Juke Nismo RS (code moteur MR16DDT chez Nissan). A l’instar de la version 200 chevaux, la cartographie est propre à RST. Ainsi, la puissance est de 220 chevaux à 6050 tr/min tandis que le régime maximal a été reculé à 6.700 tours. La valeur de couple diffère également car, si 280 Nm peuvent être disponibles, ils ne le sont que par overboost sur les quatrièmes et cinquièmes rapports. Le reste du temps, il faut se « contenter » de 260 Nm (+20 Nm tout de même) sur une plage étendue de 2.000 à 5.700 tr/min.
Les performances de la Clio 4 RS Trophy progressent assez sensiblement et pour cause, elles se situent au même niveau que celle d'une Megane 2 RS 10 ans plus tôt, avec le 1000 mètres départ-arrêté dégoupillé en seulement 26,4 secondes et le 0 à 100 km/h annoncé en 6,6 secondes.
Pour profiter pleinement du potentiel du 1600 cm3, j’enclenche le mode Sport. Immédiatement, le gain en agrément est notable. Le surplus de couple est bien réel et le regain de caractère dans partie haute du compte-tours appréciable. Agréable en ville grâce à une belle souplesse d’utilisation et un moteur partout, la Trophy est un bon véhicule pour tous les jours. En revanche, si vous désirez profiter de la gestion automatique, restez en mode Normal, sans quoi la boîte change trop souvent de rapports pour être constamment calée à un régime moteur « élevé ».
Transition toute trouvée pour évoquer le second point majeur de cette Trophy : la boîte EDC ! Toujours montée d’office, elle a subi les améliorations qui s’imposaient. Outre les temps de passage des rapports raccourcis, c’est surtout le temps de réaction entre le moment d’impulsion sur les palettes - de grande dimension - et le changement effectif du rapport qui a été amélioré. Dorénavant, l’EDC n’a plus rien à envier à une DSG. A la différence que, après avoir lancé la mode de la boîte à double embrayage, Volkswagen s’est décidé à réinstaller une boîte mécanique dans la Polo GTI restylée ! Proposer les deux transmissions sur la Clio serait doublement bénéfique pour les clients puisque cela amènerait à une baisse des tarifs pour ceux qui ne souhaitent pas l’EDC et pourrait réconcilier la frange de clientèle plus puriste, adepte du levier. Avec en face une Peugeot 208 GTI qui s'adresse à eux, Renault devrait y réfélchir...
Le passage aux normes Euro6 bénéficie aux rejets de CO2. La Trophy est annoncé pour 135g du kilomètre alors que la Clio 4 RS 200 est descendue dans le même temps à 133g, faisant que le malus écologique de cette version plus puissante n’est que de 150 euros. Cela aurait été encore mieux si la consommation avait suivi la même courbe descendante. En se faisant plaisir de temps en temps, il n’est pourtant pas simple de descendre sous les 9L/100 en parcours mixte.
SUR LA ROUTE
La Renault Clio 4 RS a été beaucoup critiquée pour son manque de train avant par rapport à la précédente. Sans pivots découplés ni autobloquant, on ne retrouve pas ce qui a fait la force des productions Renault Sport et c’est encore pire en Mode Race où le différentiel électronique E-Diff est désactivé afin de pouvoir proposer un ESP totalement déconnectable. Nous savions que tant que la boîte EDC serait imposée, il ne pourrait pas y avoir de différentiel à glissement limité, la boîte à double embrayage de Getrag ne permettant pas un tel montage. C’est d’autant plus dommage et difficile à accepter que la doublette boîte mécanique + Torsen est disponible sur le Juke Nismo RS... Sans trop y croire, nous espérions en revanche le retour du train avant à pivot découplé, qui ne vint jamais.
Avec toutes ces mauvaises nouvelles, l’annonce d’une hausse de puissance et de couple sur la Trophy est-elle en contradiction avec un train avant déjà débordé ? La réponse est que le châssis a été revu. Rabaissée de 20 mm à l’avant et de 10 mm à l’arrière, la Clio RS 220 Trophy est également raffermie de presque 50% au niveau de la suspension. Par ailleurs, on nous promet une forte atténuation du sous-virage suite à de nouveaux réglages du train avant. Nous avions hâte de le vérifier et, pour cela, nous sommes allés sur les petites routes du Vexin.
La direction de la Clio 4 RS Trophy adopte une nouvelle crémaillère à démultiplication réduite de 10%. Directe, elle demeure malheureusement artificielle dans son feeling. Je sonde le train avant sur les premiers enchaînements de virages et m’aperçois qu’il y a du mieux. Plus précis, il est effectivement moins sujet au sous-virage que par le passé, sans pour autant atteindre la précision chirurgicale de celui d’une Megane 3 RS. La nouvelle monte pneumatique en Michelin Super Sport est certainement d’une aide précieuse. La motricité est meilleure et on peut s’autoriser à une remise des gaz précoce en sortie d’épingle. Attention toutefois à l’arrière baladeur. Quant au freinage, pas de modification en vue mais nous n’avions pas eu à nous plaindre de son endurance lors de notre essai sur circuit. Malgré une suspension durcie, les mouvements de caisse ne sont pas parfaitement gérés et la Clio Trophy a encore tendance à s’affaisser dans les virages. Bien que correctement maintenus, les occupants des sièges avant sont quelque peu ballottés dans la petite sportive Renault. J’aurais aimé des vrais baquets mais Renault Sport n’est pas friand des Recaro sur ses déclinaisons cinq portes, comme ce fut le cas sur la Megane 2 RS. Le confort, point fort de la Clio 4 RS, perd ici de sa superbe. La nouvelle loi d’amortissement fait paraître l'assise des sièges nettement plus dure... Une caractéristique qui complique la lisibilité de la philosophie de la Clio RS 220 Trophy, trop peu axée sur le sport dans les domaines où on l’attendait et moins conciliante pour une utilisation quotidienne...
ANCIENNE CONTRE NOUVELLE
Nous vous avions déjà proposé en 2006 un match des générations lors de la sortie de la Clio 3 RS opposée à la Clio 2 RS et nous avons remis le couvert avec la Clio 4 RS en 2013. De la même manière, nous avons réalisé ce comparatif avec un lecteur de l'AS, propriétaire d'une Clio 3 RS, qui donne ainsi son avis sans langue de bois à l'occasion d'un échange de volant avec la nouvelle Clio RS...
> Lire le match Clio 4 RS vs Clio 3 RS
CONCLUSION
:-) Agrément moteur en hausse Performances Châssis retravaillé ESP 100% déconnectable Freinage suffisant Dimension des palettes Boîte EDC plus rapide… |
:-( …mais toujours imposée Pas d’autobloquant Direction encore artificielle Assise un peu ferme Pas de vrais baquets Consommation réelle Présentation intérieure Tarifs ! |
Sous la forme de la Trophy 220, la Renault Clio 4 RS s’est indéniablement améliorée. Plus réactive et agréable à conduire, la GTI de Renault Sport se rapproche de ce qu’elle aurait dû être à sa sortie malgré des modifications assez minimes. A tel point que les 2.450 € d’écart avec une Clio RS 200 Cup sont difficilement justifiables. D’une Trophy, on attendrait également des éléments plus sportifs qui sont absents. Le message de Renault Sport semble clair : il faut faire le deuil de la Clio RS telle qu’on l’a connue et appréciée par le passé…
Merci à Thomas pour les photos de cet essai.
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J'ai une vraie passion pour les productions Renault Sport Technologies. Au fil des ans j'ai eu le plaisir de posséder quasiment toutes les Renault Sportives depuis les années 80 (Alpine y compris). Actuellement, j'en possède 3, Twingo RS, Mégane 3 RS 265 Cup et la petite dernière...la Clio 4 RS 220 Trophy N° 0085. Achetées toutes les 3 neuves (et noires) la Clio est très certainement la plus polyvalente. Alors je vais vous dire ce que j'apprécie...et ce que j'apprécie moins dans cette Clio. Tout d'abord l'extérieur, la voiture est littéralement par terre, les jantes sont sublimes et remplissent bien (18 pouces) les arches de roues. La ligne de l'auto est selon moi très fluide et particulièrement élégante, l'avant annonce la couleur tandis que l'arrière agressif avec son extracteur d'air véritable souligné par les 2 sorties d'échappement réelles elles aussi ne laissent pas indifférents. C'est propre et finalement assez discret si ce n'est la sonorité de l’échappement franchement plaisante, voire même grisante lors des passages de rapports avec les « bangs de retours » et si vous passez vos rapports au bon régime, les 2 sorties d'échappements vous gratifieront d'une déflagration carrément jouissive !! (si si et en mode sport) . Je n'ai toujours eu que des 3 portes, dans ce cas, pas le choix mais les portières arrières sont très bien intégrées avec leurs poignées dissimulées et l’œil non averti ne verra pas qu'il s'agit d'une 5 portes. Passons à l'intérieur, l'ambiance appelle clairement à réveiller le pilote qui sommeille en vous, les sièges sports full cuir type intégral avec borderies « Trophy » en rouge sur les la partie reposes têtes sont de toute beautés et ils sont chauffants. Le maintient est franchement excellent. Les divers inserts façon carbone renforcent l'esprit sportif. La tablette tactile nommée « R-Link » est de bonne qualité et regroupe tout ce que l'on peut espérer d'un système multimédia connecté performant. Le Bluetooth est lui aussi de très bonne qualité. Le son est d'assez haut niveau avec des basses très présentes grâce au système « Bass Reflex » intégré dans les portes avant. Avec le RS Monitor système de télémétrie embarqué et unique sur ce segment vous pouvez surveiller un grands nombre de paramètres et mieux encore en modifier certains comme la sensibilité de la direction et de l’accélérateur jusqu'à un niveau dit « extrême ». La position de conduite est excellente, on est assis très bas, ce qui permet de vraiment faire corps avec la voiture. Les ceintures de sécurité rouges vifs sont du plus bel effet. Les liaisons au sol maintenant, qui dit Trophy dit réglages spécifiques et en effet, la voiture est dure sans pour autant que ce soit inconfortable, une utilisation au quotidien est donc envisageable. Il n'y a pas de différentiel à glissement limité mais le « RS Diff » électronique fait bien son travail et l'illusion est presque parfaite. Cette Clio reste rivée au sol et freine très fort. La boîte EDC à double embrayage de chez Getrag est un pur plaisir, rapide et bien étagée s'est un régal de la manipuler en mode Sport manuel. Le mode auto quant à lui est très intelligent et privilégie le confort et la consommation en mode normal. Génial. Le moteur est plein, plutôt rageur et il ne faut pas hésiter à rétrograder pour obtenir une relance très sportive par ailleurs il offrira à vos oreilles (et votre égo) un petit coût de gaz lorsqu'il tombe un rapport en mode sport comme si vous usiez du mode talon pointe avec une boîte méca. La direction est très précise et permet de placer la voiture vraiment où l'on veut. Je ne m'étendrai pas sur la consommation, en mode normal on est dans la norme, en conduite sportive c'est 10 litres minimum, on a rien sans rien. La monte pneumatique tient du prestige avec des Michelin Pilot Super Sport en 205/40/ZR18 86Y. Ce pneu est exceptionnel et se marie parfaitement au châssis, le grip est remarquable, il est directif, nerveux et aide à stopper la voiture en sécurité tant que l'on est sur le sec. Sauf que......ce pneu est totalement introuvable sur le marché de la deuxième monte, un véritable scandale. Maintenant ce que j'aime moins : La qualité de finition dans l'habitacle n'est pas ce qu'on l'a connu de mieux chez Renault. Il faut être soigneux pour espérer le conserver sans rayures. Le moteur manque de puissance selon moi, 15 chevaux de plus seraient les bienvenus. Bien que parfaitement suspendu, en entrée de courbe serrée ou sur une entrée de rond point prononcée le train avant à tendance à se coucher un peu. Le diamètre du volant est un peu trop grand. Le levier de sélection de la boite de vitesse fait cheap. Le son de l'avertisseur sonore est carrément minable et ne cadre pas avec l'esprit de la voiture. La capacité du réservoir de carburant est trop petite. La commande vocale du système multimédia ne comprends que ce qu'elle veut, on et loin de Siri. Le rétro intérieur n’est pas électro chrome, dommage. En bref, on achète pas une Renault Sport pour sa finition ou pour la liste de ses équipements mais pour la fiabilité et la qualité de son moteur et pour le réglage diabolique de son châssis. Tous les gênes sportifs de la marque sont dans cette voiture, je pense que c'est un futur collector.
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