SUZUKI SWIFT (IV) Sport 1.4 140 ch (2018 - )
Epoque révolue
Nostalgiques des petites pompes à feu abordables, la Suzuki Swift Sport tente de vous séduire. Poids et puissance contenus sont la promesse de sensations pour un tarif amical. Sur ce dernier point, ça commence mal car le constructeur a opté pour la politique du « tout équipé ». Espérons que cela ne se fasse pas au détriment des sensations…
Texte : Maxime JOLY
Photos : D.R.
Les Citroën Saxo VTS et autres Peugeot 106 Rallye avaient une ambition simple : le sport pour pas cher ! Une philosophie minimaliste qui, après son apogée des années 80, avait fini par se diluer dans l'embourgeoisement progressif des citadines. Conséquence directe d'une demande exprimée par les clients, la prise de poids a accompagné la course à la puissance, au détriment du prix et, souvent aussi, des sensations. Suzuki avait toutefois choisi de défendre une place sur ce marché délaissé et ce fût brillamment mis en pratique avec la première génération de Swift Sport (SSS) qui succédait à la Swift GTI arrêtée en 1995. Faisant figure de dernier des Mohicans face à des normes impitoyables, la seconde génération de Swift Sport laissait malheureusement craindre une succession difficile. Cette "Swift Sport III" était donc très attendue, non sans une pointe d'anxiété...
PRESENTATION
La recette de la Swift Sport a toujours été d’associer la puissance d’une sportive du segment A aux dimensions du segment supérieur. En effet, avec sa longueur de 3m84, notre Suzuki Swift III - c'est en fait la quatrième génération officiellement au Japon, le nom ayant même été utilisé sur certains marchés depuis la Cultus de 1988 - est nettement plus proche d’une Peugeot 208 GT Line que d’une Renault Twingo III GT. C’est pourquoi la Ford Fiesta ST-Line 140 trouve sa place dans la liste des concurrentes directes de la Japonaise mais aussi la SEAT Ibiza FR de 150 ch, l'Opel Corsa S ou encore la MINI Cooper. Moins directement, on pourra lui opposer l'Abarth 595 ou la nouvelle VW UP! GTI. Car contrairement à elles, la principale conséquence d'un positionnement à cheval entre deux catégories est la disparition de la carrosserie trois portes sur la Swift. Comme l’écrasante des majorités des constructeurs automobiles, Suzuki a fait le choix de la rationalisation face à une demande globale en baisse pour les compactes 3 portes.
La Swift Sport risque peut-être de froisser quelques clients fidèles mais les designers ont tenté de faire oublier l'ajout des portes arrière avec des poignées cachées dans les montants, à l'instar d'une Clio 4 RS. Pour renforcer son caractère, la Swift Sport 2018 présente un regard plus affirmé. La calandre béante ajoute même une certaine agressivité qui ne faisait pas partie de son ADN. Pour lui conférer une allure plus dynamique, la caisse a été raccourcie de 10 mm (3m84) sur un empattement allongé de 20 mm, abaissée de 15mm et élargie de 40 mm sur ses voies pour muscler les passages de roues. A noter que le "jaune champion" de notre modèle d'essai est une couleur héritée de la Swift de rallye. Au total, sept coloris sont proposés, parmi lesquels les nouvelles teintes Burning Red Pearl Metallic et Speedy Blue Metallic introduites sur l’ensemble de la nouvelle gamme Swift.
HABITACLE
L’empattement allongé de la Swift 2018 permet d'offrir plus de place aux occupants de la banquette arrière, confirmant son orientation familiale. Un point qui pourra aussi séduire une clientèle plus féminine et des couples avec un enfant. Ça ne sera en revanche pas sur sa présentation intérieure, pas très sexy dirons-nous malgré les sièges sport, que la Swift pourra s'imposer face à une MINI qui reste la reine incontestée du "sport chic". La nippone compense par un équipement pléthorique (y compris en ce qui concerne les assistances à la conduite), trop peut-être pour ceux qui auraient souhaité un ticket d'entrée plus abordable. Avec son tarif de base de 20 700 €, la nouvelle Swift Sport creuse en effet un écart conséquent avec sa devancière qui misait au contraire sur un prix d'appel imbattable...
CARACTERISTIQUES
SUZUKI SWIFT (IV) Sport 1.4 140 ch
MOTEUR
Type : 4 cylindres en ligne, 16 soupapes + VVT
Position : transversal AV
Alimentation : Injection directe + turbo avec échangeur air/air
Cylindrée (cm3) : 1373
Alésage x course (mm) : 73 x 82
Puissance maxi (ch DIN à tr/mn) : 140 à 5500
Couple maxi (Nm à tr/mn) : 230 de 2500 à 3500
TRANSMISSION
AV
Boîte de vitesses (rapports) : manuelle (6)
ROUES
Freins Av-Ar (Ø mm) : disques ventilés () - disques pleins () + ABS
Pneus Av-Ar : 195/45 R17 81W
POIDS
Donnée constructeur (kg) : 975
Rapport poids/puissance (kg/ch) : 7
PERFORMANCES
Vitesse maxi (km/h) : 210
400 m DA :
1000 m DA :
0 - 100 km/h : 8"1
CONSOMMATION
Moyenne cycle mixte (L/100 km) : 5.6
Moyenne de l'essai (L/100 km) : 8.5
CO2 NEDC/WLTP (g/km) : 125/135
PRIX NEUF (04/2018) : 20.700 €
PUISSANCE FISCALE : 7 CV
MOTEUR
Comme il faut réduire (même artificiellement) les émissions de CO2, le bon vieux 1.6 16s atmosphérique a pris une retraite forcée. C’est peut-être mieux ainsi compte tenu du malus écologique qui aurait attendu chaque acquéreur. Bref, c'est le récent 4 cylindres 1.4 L turbo à injection directe "Boosterjet" de 140 ch des S-Cross et Vitara S qui a été mis à contribution, sans hausse de puissance.
Avec un régime de régulation plafonné à à peine 6000 tr/min, c’en est fini des envolées dans les tours. Ici, tout est dans le couple et Suzuki l’a bien compris en axant la communication sur les 230 Nm disponibles dès 2500 tr/mn. Le rapport poids/couple est, de fait, largement en faveur de cette nouvelle génération par rapport à sa devancière qui devait se contenter de 160 Nm. Entre le couple et le caractère, chacun voit midi à sa porte, mais il est certain que sur une voiture légère, on peut se permettre de privilégier les hauts régimes. Du moins, on le pouvait. Le caractère sportif est maintenant aux abonnés absents et si, plaisir il devait y avoir, ce ne sera pas grâce à la mécanique ni à sa bande son.
Mais assez de « c’était mieux avant ». D’abord parce que les performances (par le biais des reprises notamment) sont plus que suffisantes pour tenir un bon rythme. Cela a été tellement vrai que j’ai été dans l’obligation de laisser une "contribution forcée" à l’état espagnol. Puis, quitte à risquer des courriers d’insulte, l'ensemble moteur-boîte de la Swift 136 n’était pas irréprochable. Sa commercialisation ayant déjà eu lieu dans un contexte de chasse au CO2, l’étagement de la boîte étouffait sensiblement le moteur. C’était un peu l’arbre qui cachait la forêt.
Dans ce souci d’étagement, on appréciera l’effort de Suzuki d’avoir fourni une boîte manuelle à six rapports, même si ce n’est pas encore irréprochable. Le passage 2-3 pose problème mais j’y reviendrai plus loin tandis que le guidage de la boîte n’est pas exempt de tout reproche.
SUR LA ROUTE
Nous avons donc eu la chance de dégourdir les bielles de la nouvelle Swift Sport sur les sublimes routes d’Andalousie. Un terrain de jeux idéal pour une voiture de ce gabarit. Rien de tel pour jauger un châssis. Le passage à bord est sans surprise. L'effet "tabouret" d'une position de conduite un peu trop haute est encore présent, rien de neuf sous le soleil. Comme dans l'Abarth 595, on finit pourtant par oublier ce désagrément pour se focaliser sur l'essentiel. Seconde étape, désactiver les avertisseurs de passage de ligne qui perturbent la direction. Dans le genre "option à ne pas prendre", en voilà une !
Annoncée pour 975 kg sur la version française toute équipée, la Swift Sport 2018 perd officiellement 80 kg grâce à sa nouvelle plate-forme HEARTECT, à la fois plus légère et plus rigide. La coque représente 40% de ce total contre 15% pour les sièges, 10% pour le moteur et les pièces externes, 5% pour les portières et les pièces internes. Il reste 15% placés dans « autres » en sachant que le réservoir a été réduit à 37 litres, seulement.
Cependant, il faut bien admettre que la réduction de la masse n’est pas flagrante derrière le volant. Pire, cela ne profite pas au comportement routier. L’amortissement, trop axé sur le confort, pénalise le train avant, devenu laxiste. Sous cet aspect sage, il va falloir se méfier des grandes courbes et tenir fermement le volant. L’empattement rallongé tempère les ardeurs du train arrière qui reste parfaitement soudé à la route et ne demande pas d’attention particulière. Le train avant semble chercher son chemin, la faute aussi sans doute à la hausse significative de couple qu’il a à digérer. D’un train avant salué pour son mordant, on revient à du plus classique avec une direction comme on en trouve sur toutes les productions actuelles. Dans 90% du temps, la Swift Sport fait pourtant le travail mais comme l’ensemble des productions restantes, en fait.
Enfin, La boîte semble conçue pour tout faire en troisième. L’étagement empêche de repasser en seconde lorsque nécessaire puisqu’il est quasiment aussi impératif de remonter d’un rapport. Puis, l’attaque de la pédale de freins demande un temps d’adaptation du fait d’une course un peu longue.
CONCLUSION
:-) La dernière de la catégorie... Poids en baisse Performances suffisantes Polyvalence / confort Aucune option... |
:-( ...mais tarif de base élevé Manque de sportivité Position de conduite Moteur sans âme |
Essayer la nouvelle Suzuki Swift Sport, c’est prendre un coup de vieux car c’est comprendre que le temps des petites GTI abordables et marrantes est définitivement derrière nous. Plus sage pour plus de polyvalence, la Swift Sport 2018 rentre dans le rang. Elle tient quand même son rôle en ayant le mérite d’exister dans un segment laissé à l’abandon…
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Bonjour, cela fait maintenant un an que je roule avec cette nouvelle Swift Sport. Je suis passé, un peu par hasard, de la SSS2 à la SSS3 (pour laquelle j'avais laissé aussi un avis sur ce site), sur un coup de tête : j'avais quelques frais d'entretien et j'ai fait une offre sur un VD que je venais d'essayer. Résultat, j'ai donc craqué pour une belle Burning Red. J'ai donc un point de comparaison intéressant entre deux générations, d'une voiture que j'apprécie particulièrement. La Swift Sport c'est quoi ? Tout simplement une petite voiture à l'ancienne, à vocation sportive mais qui ne pète jamais plus haut que son cul. Pardonnez-moi l’expression, mais elle résume bien sa philosophie. Car croyez-le ou non, mais c'est une voiture de connaisseur, particulièrement ici en France : Suzu quoi ?? c'est fiable ? c'est cher ? et bien sur l’indétrônable ça consomme beaucoup (la hantise des rouleurs diesel) ? Bref, je ne vais pas vous en parler ici, car nous sommes sur une site de "sportive". - Concernant la partie design, j'adore ! Pour moi ils ont réussis à rappeler certains éléments de la SSS1 (sièges notamment) tout en évoluant fortement. Elle est donc maintenant plus agressive, plus sportive mais toujours en restant humble et généreuse. Les bas de caisse en fake carbon, c'est So Swift, mais aussi un rappel des GTI des années 80. Le seul défaut pour moi c'est d'avoir enlever la version 3 portes mais je salue l'incrustation des poignées arrières, très discrètes. - Moteur/boîte : alors là c'est intéressant, vous aurez compris qu'on passe de l'atmo au turbo, et je vous avoue être dans le camps du premier ... Mais il faut relativiser. Tout simplement car le 1,6l de 136ch et bien il était pas incroyable (pas taper), et la boîte très accrocheuse et lente en débattement. Le rupteur à 7200t/min c'était fun mais il le faisait sans réelle hargne. Le nouveau 1,4l quand on lit sa fiche technique c'est pas l'extase mais à l'usage croyez-moi, il n'est jamais creux et même s'il coupe à 6000t/min (aie) il est plutôt du genre rageur! Le rupteur arrive trop vite et on aurait aimé au moins 500t/min de plus pour le coté fun. La boîte est beaucoup mieux, les premiers rapports accroche un peu mais avec quelques km ça s'estompe, et si elle manque toujours de précision elle reste agréable et plutôt bien étagée. Bref, mon ressenti c'est que l'ensemble fonctionne beaucoup mieux que sur l'ancienne, pour les défauts toujours le son ... inexistant ! J'exagère, mais s'il est plutôt agréable (quand on l'entend) au niveau de l’admission c'est l'échappement qui est aphone, dommage. - Châssis : D'emblée, tout est réglé pour optimiser le confort plus que le sport et les premiers mètres vous mettront un doute quant au nom de la voiture ... Mais attendez tout n'est pas fini heureusement ! L'ambiance est au sport, siège semi-baquet, commandes plutôt ferme (boîte), le petit moteur rageur et déborde (littéralement) de couple, les premiers virages arrivent, suspens ... Et bien ça marche bien tout ça ! Je peux vous dire qu'en venant de l'ancienne génération, la première semaine j'avais l'impression d'avoir le double de chevaux. La voiture s'inscrit bien en entrée de virage mais l'avant est moins précis que sur l'ancienne, l'amortissement (Monroe) est un excellent compromis confort/efficacité, cela peut perturber au début car les mouvements de caisse semble nous alerter rapidement sur les limites du châssis, mais finalement elle garde de la réserve pour plus de plaisir. L'arrière est soudé au sol, même avec l'ESP désactivé j'ai pas réussi à le décrocher(mais je ne suis pas un pilote non plus hein), on ressent vraiment la légèreté de la voiture et même si cela a toujours été un leitmotiv chez les Swift Sport, c'est encore plus jouissif de la mener vite. Pour résumer, certains journalistes ont critiqués la perte de "fun" comparé aux anciennes générations, je dirai simplement qu'il n'est pas là où on l'attendais. Le moteur est surprenant, si l'ancien était un atmo plutôt sympa mais finalement assez moyen (encore pas taper), on a affaire ici à un bon turbo performant est très coupleux. Le châssis est beaucoup plus efficace qu'avant, ses défauts en font un véhicule vraiment attachant et je retrouve ce coté "foufou" dans ses réglages, s'ils manquent de rigueur cela accru cette jovialité et cette générosité qui émane d'elle. Au rayon des défauts elle en perds certains, en gagne d'autres, mais le plus important c'est que Suzuki propose toujours ce véhicule en 2019. Oui Vous trouverez mieux ailleurs, mieux fini, plus sportif, mais vous ne trouverez pas cette générosité, cette simplicité et ce fun. J'ai personnellement eu la mienne pour 18500€ avec 5 ans de garantie, et la Sport a l'avantage de n'avoir aucune option (car déjà toute équipée) le seul choix c'est la couleur. L'age de la raison ? peut être, mais si l'adolescence est terminé elle garde l'essentiel : son âme d'enfant.
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