VOLVO C30 T5 (2007 - )
LA "GTI" QUI VENAIT DU FROID
Après l'épisode des Volvo 480 ES, Volvo est revenu à l'assaut d'un segment porteur et lucratif, celui des compactes sportives et luxueuses. Après le succès réel des Audi A3, BMW Série 1 et certainement de Mercedes, la C30 entend bien faire entendre ses arguments nordiques pour convaincre. Et comme chacun y va de sa version sportive, le constructeur suédois a sorti sa "T5" avec le cinq cylindres de 230 ch
Texte & photos : Gabriel LESSARD
Les plus érudits amateurs de la marque suédoise, se souviendront très certainement que le sport n'a pas toujours été le parent pauvre chez Volvo, puisque dans les années 80, les grosses berlines 240 Turbo écumaient avec succès les circuits de supertourisme. Un peu plus tard, dans le courant des années 90, conscient d'une image trop conservatrice, les Berline et Break 850 T5 vont enflammer les routes glacées de Scandinavie. Depuis, Volvo nous gratifie au fil des modèles de versions plus ou moins sportives, mais reste toujours proche de son "fond de commerce" : robustesse, sécurité, confort et finition.
La nouvelle berline compacte C30, inédite dans le catalogue Volvo, est pourtant coiffée depuis 2006 par une version T5 qui nous évoque évidemment feu la 850. Comme une synthèse de l'esprit sportif de la marque ? La réponse est affirmative avec cependant un fort penchant pour la tradition maison
PRESENTATION
La C30 s'est offert une coupe typée, ce qui est plutôt courageux dans ce type de segment. Si sa proue reste encore très classique et dans la droite ligne de ce qui se pratique sur la gamme S40/V50 (calandre rectangulaire Volvo aux avant-postes, les blocs optiques étant situés en retrait de chaque côté), c'est surtout la poupe qui séduit ou rebute. Une originalité qui s'inspire de feues les 480 Turbo et ES mais aussi les P1800 ES. Les hanches sont très nettement marquées et se font appréciées dans les rétroviseurs extérieurs une fois au volant.
Un léger parement sportif teint de la même couleur que le reste de la caisse vient donner un peu plus de dynamisme : bas de caisse, tours d'ailes, spoiler avant et arrière, béquet de toit ). Les larges aérations de la face avant ne sont certainement pas de trop pour refroidir la bouillante mécanique. Des jantes de 17 pouces à 5 doubles branches en alliage poli sont réparties
HABITACLE
La lourde porte (oui, c'est bien fini et cossu) s'ouvre sur un habitacle qui respire le bien être et la qualité. Tout semble bien pensé, et d'emblée votre séant apprécie le moelleux du confort des assises des sièges recouvert d'un cuir. Les habillages de l'originale console centrale creuse (mention spéciale pour chatouiller les mollets de votre pilote) sont à la fois beaux et valorisants. L'accès aux places arrière ressemble en revanche vite à un défi, et, pour rester sur des critères bassement matérialistes et pratiques, le coffre joue les divas capricieuses avec 230 dm3 à comparer aux 356 dm3 d'une Audi A3.
L'ergonomie générale est soignée, et la C30 s'érige en voiture agréable de l'intérieur, sauf le GPS qui se manipule à l'aide d'une télécommande. Agréable, jusqu'à ce qu'on accélère le rythme A cet instant, l'art de vivre se transforme en " sauve qui peut ", la faute à des sièges qui n'assurent aucun maintien latéral et glissent, tandis que le volant aux multiples revêtements surprend. L'instrumentation à fond bleue est des plus succincte et ne donne pas beaucoup d'informations écanique, compte-tours et température d'eau exceptées.
MOTEUR
Ford avait chipé le cinq cylindres suédois pour motoriser avec succès la Focus ST. Juste retour des choses, Volvo a repris cette mécanique à son compte pour sa C30 T5. Par son architecture à cinq gamelles, cette mécanique dispose ainsi de 20 soupapes qui s'agitent de manière aléatoire (mais calculée) en raison d'un calage variable tant à l'admission qu'à l'échappement. Une astuce technique de plus en plus répandue qui permet d'aller chercher un couple conséquent et de la souplesse à bas régime, et un regain de puissance dans les tours. Un turbocompresseur Borg Warner complété d'un échangeur air/air se charge de souffler à 0,55 bars pour apporter un regain de forme. Résultat, ce moteur affiche de belles valeurs avec 230 ch à 5 000 tr/mn et surtout un couple de 32,6 mkg dès 1 500 tr/mn.
Mais malheureusement, bien que la vigueur soit réelle à bas régime, l'étagement de la boîte de vitesses à 6 rapports tire long et dégrade les possibilités de performances.
La belle suédoise est donc à la traîne face aux ténors de la catégorie des compactes sportives de plus de 200 ch (Mégane RS, Golf GTI, Léon Cupra, Astra GTC OPC, 3 MPS, S3 ), avec autour d'une seconde d'écart au kilomètre départ arrêté, et une gifle analogie sur le 0 à 100 km/h. En fait ses performances sont plus proches de celles de la catégorie du dessous (Civic Type R, Clio RS, 207 RC ou Mini Cooper S). L'allonge de sa mécanique lui permet cependant d'aller chercher les 240 km/h.
A noter un appétit peu frugal en précieux " or noir " qui vous imposera une moyenne de 12,5 litres au cent. Le domaine de prédilection de la T5 reste assurément la conduite rapide sur le couple (même si la commande de boîte est douce et précise) où la rondeur de sa mécanique et surtout égal au quotidien.
SUR LA ROUTE
Avec son McPherson avant et son train arrière multibras, complétés de barres antiroulis, la T5 doit assumer un poids conséquent de 1,4 tonnes. L'amortissement y joue donc un rôle crucial, que Volvo ne semble pas avoir cru bon de choisir sportif. Ainsi, si le confort a été privilégié au sport, les amortisseurs ne donnent pas entière satisfaction en détente, les roues semblant alors boxer dans les passages de roues sur chaussées très dégradées. Les réglages châssis sont en outre très neutres rendant l'essieu arrière très passif lors des phases de transferts de masse. La C30 T5 tourne vite, mais en force. Rien à voir avec la vivacité d'une Mégane RS R26. C'est bien dommage, car l'équilibre général et la prise en main est superbe et agréable. Pas besoin d'être un pilote pour rouler vite.
Autre point critique sur une voiture sportive, sa direction à assistance électrique qui n'offre pas un ressenti exact de la route, et surtout dotée d'un rayon de braquage peu flatteur. A l'arrêt lors de manoeuvre, il n'est pas rare de s'y reprendre à deux fois là où avec d'autres on passe en une seule fois. Les quatre freins à disques restent efficaces en toute circonstance et sont complétés des dispositifs habituels et incontournables pour aider le conducteur 'lambda". La T5 est impériale dans les grandes courbes mariant confort et tenue de route, confirmant ainsi un tempérament plus Grand Tourisme que GTI. Pas de doute, le sport n'a pas été la priorité, mais plutôt le "luxe sportif".
CARACTERISTIQUES TECHNIQUES
VOLVO C30 T5
MOTEURType : 5 cylindres en ligne, 20 soupapes, 2 arbres à cames en tête+ calage variable à l'admission et l'échappement
Position : transversal AV
Alimentation : gestion électronique intégrale Bosch Motronic ME 9.0 + turbo Borg Warner ( 0,55 bars) avec échangeur air/air
Cylindrée (cm3) : 2521
Alésage x course : 83,0 x 93,2
Puissance maxi (ch DIN à tr/mn) : 230 à 5000
Couple maxi (mkg à tr/mn) : 32,6 de 1500 à 4800
TRANSMISSION
AV + ESP (semi-déconnectable) + ASR (déconnectable)
Boîte de vitesses (rapports) : mécanique (6)
ROUES
Freins Av-Ar (Ø mm) : disques ventilés (300) - disques pleins (280) + ABS + EBA + EBD
Pneus Av-Ar : 205/50 R17 (Pirelli PZero Rosso)
POIDS
Données constructeur (kg) : 1 422
Rapport poids/puissance (kg/ch) : 6,18
PERFORMANCES
Vitesse maxi (km/h) : 240
400 m DA : 15"5
1 000 m DA : 27"6
0 à 100 km/h : 7"2
0 à 200 km/h : 28"1
CONSOMMATION
Moyenne de l'essai ( L/100 Km) : 12
PRIX NEUF (04/2008) : 32 050 €
14 CV FISCAUX
CONCLUSION
Volvo débarque dans un segment de marché avec sa C30 où il n'a jamais vraiment été présent ou simplement par intermittence. Mais désormais la concurrence est rude avec les constructeurs dits "premium" qui ont tous développé une offre souvent aboutie et cohérente. Volvo vient avec ses arguments habituels en y ajoutant un design réussi, la T5 se proposant de coiffer la gamme dans un esprit de "GT compacte" plus que véritable sportive. Voilà qui conviendra à merveille pour ceux qui veulent rouler différent, avec une auto aux performances réelles et qui apprécient un châssis sain et une présentation de qualité. Pour les afficionados des trajectoires chirurgicales et du sport pur et dur, il faudra en revanche chercher ailleurs.
Design charmeur
Qualité de la finition !
Confort réel
Equipements de sécurité
Présentation intérieure
5 cylindres musical et rond
Commande de boîte douce
Châssis très équilibré
Position de conduite
Offre originale
Equipements de qualités
Châssis trop neutre
Motricité
Poids
Instrumentation pauvre
Consommation
Boîte longue
Habitabilité arrière et accès aux places
Coffre " rikiki "
Performances moyennes
GPS peu intuitif
Sportive ?