RETROSPECTIVE 2019
La fin d'une époque
L'année 2019 s'en est allée, laissant derrière elle les effets d'une tornade sur le monde de l'automobile. Et ça ne fait que commencer. Plus qu'une rétrospective, c'est une introspection qui s'impose en ce nouvel an...
Texte : Sébastien DUPUIS
Photos : D.R.
Avec la décennie 2010 qui s'achève, l'automobile a amorcé l'une de ses plus grandes mutations en plus d'un siècle d'existence. La voiture électrique n'est plus un fantasme d'ingénieur réservé aux concept-cars de salons sans lendemain. En l'espace de dix ans, elle est devenue une réalité qui commence à envahir nos rues, poussée par des responsables politiques qui font de la baisse des émissions de CO2 le cheval de bataille de la lutte contre le réchauffement climatique. A chaque nouvelle "COP", l'étau se resserre un peu plus sur nos chères vieilles bagnoles thermiques qu'on condamne aujourd'hui à disparaître sans remord et, avec elles, une grande part de notre passion. Ce sont ces mêmes élus qui après avoir laissé trop de largesses aux constructeurs ont repris la main pour ériger de nouvelles règles du jeu beaucoup plus strictes. Pour la première fois, ceux-ci ne donnent plus l'impression de toute puissance et les nouvelles normes s'abattent sur eux comme la foudre de Zeus pour punir leur péchés du passé.
L'Europe, mais pas seulement, leur impose des objectifs ambitieux que d'aucuns qualifient d'irréalistes et dangereux pour la santé de ce pan majeur de l'industrie. Afin de descendre au seuil moyen de 95g de CO2/km imposé dès 2020, (moyenne pondérée par des critères discutables de poids...) la plupart des constructeurs n'ont eu d'autre choix que de se convertir massivement à l'électrique car ces modèles bénéficieront temporairement d'un ratio avantageux dans le calcul de la moyenne. Pour faire simple, une électrique vendue comptera pour 2 thermiques en 2020, puis 1,67 en 2021 et 1,33 en 2022. Pour les petits constructeurs, comprenez ceux qui écoulent moins de 300 000 voitures/an, les règles seront encore différentes et un peu plus souples, en apparence. Par exemple, entre 10 000 et 300 000 véhicules, l'objectif impsoé sera une réduction de 45 % des émissions de CO2 par véhicule par rapport à la moyenne... de 2007. A moins de 1000 exemplaires, aucune réduction n'est imposée (!) mais les cas de figures seront de toute façon bien rares en dehors des quelques fabricants très exotiques...
La reconversion d'un marché de plusieurs millions d'automobiles vers un nouveau mode de propulsion en l'espace de quelques années seulement n'est donc pas une mince affaire. Surtout quand dans le même temps, on a découragé les gens d'acheter du diesel (pourtant favorable au bilan CO2 des constructeurs) et que ces mêmes clients préfèrent massivement les SUV, plus gloutons ! Le basculement du carburant fossile vers une énergie prétendument plus "propre" n'est donc pas encore fait, loin de là, bien que largement encouragé par de généreuses primes à l'achat... Lesquelles devraient toutefois se tarir plus vite que les puits de pétrole. On peut déjà se dire que la voiture électrique, à base de batterie au lithium, n'est qu'une solution transitoire puisque ne pouvant à elle seule convenir à tous les usages de l'automobile. Il faudra donc trouver d'autres solutions, rapidement.
Au sein de cette révolution des moeurs, l'automobile sportive est en première ligne et vit ses heures les plus sombres depuis la crise du pétrole des années 70. Ce sont surtout les modèles populaires et les plus abordables qui ont les premiers fait les frais de cette stigmatisation. Las, les constructeurs généralistes jettent l'éponge les uns après les autres comme vous l'aurez constaté à travers l'actualité de ces derniers mois. Illustré par nos essais sur ce segment qui se réduisent comme peau de chagrin, le temps des GTI ludiques et abordables semble révolu, laissant derrière nous les souvenirs d'une jeunesse insouciante mais ô combien heureuse. Moins sensibles au prix, les catégories supérieures pourraient elles aussi se voir décimées en 2020, notamment sur le marché hexagonal. Non pas que le précédent barême de malus se montrait particulièrement tendre, mais en cumulant les effets du WLTP et d'un nouveau plafond fixé à 20 000 €, les carnets de commandes - qui affichent un bon artificiel en ce mois de décembre - pourraient bien connaître la déprime en 2020. Oubliez les compactes sportives et même les petits coupés et cabriolets sportifs, la liste des modèles touchés de plein fouet par les nouveaux malus donne le vertige (cf. notre actu sur le malus auto 2020).
Il reste maintenant à attendre l'arrivée d'une nouvelle génération de modèles qui, grâce à l'hybridation, vont pouvoir réduire fortement leur bilan carbone... au moins sur le cycle d'homologation. Same player, play again... Pour le moment, ce luxe est réservé à quelques modèles hors de prix mais l'espoir se trouve sans doute ici à court terme pour bon nombre de sportives.
Entre technologies du passé et du futur, l'automobile se cherche un nouveau chemin plus vert(ueux)...
Dans les prochains mois, beaucoup d'acheteurs et passionnés pourraient se tourner vers le marché de l'occasion pour satisfaire leurs envies de changement. Cet intérêt pour les modèles anciens ne se dément d'ailleurs pas depuis plusieurs années, dopé par le phénomène des youngtimers. Plus que jamais, rouler en ancienne s'apparente à un acte de résistance de ce ceux qui entendent préserver le plaisir de conduire et le refus du "tout assisté". Mais si le secteur se porte bien, c'est uniquement à la faveur d'une fiscalité et d'une législation qui tolèrent ces excentricités du petit monde de la collection parce qu'elles restent marginales. Pour combien de temps encore ? Là est la question...
Ce ne sera de toute façon que reculer pour mieux sauter et, dans tous les cas, une chose est sûre : le moteur thermique a commencé son inexorable déclin. Plusieurs pays ont même déjà programmé sa date d'enterrement à l'horizon 2030 ou 2040 par des interdictions de vente. Reste à savoir si la décennie qui s'ouvre suffira à transformer une technologie électrique encore balbutiante en une réalité mondiale. Mais une chose est sûre, le changement c'est maintenant...
Nos essais de l'année 2019
VW Up! GTI
La plus petite sportive du marché ! On aurait pu s'attendre à une grosse déception mais il apparaît que la proposition n'est finalement pas inintéressante. Et elle mérite une médaille pour exister sur un segment aussi sinistré...
Aston Martin Vantage
Le retour de la Vantage avec un turbulent V8 AMG qui ferait passer l'ancien atmo pour anémique. Dommage que la baby Aston y perde sa boîte manuelle et une partie de son âme...
Renault Megane 4 RS Trophy
Beaucoup critiquée, rarement égalée. La Megane RS comble ici ses lacunes... mais à quel prix. Le malus risque de rendre sa carrière très brève...
Porsche 914 2.0L
Vestige d'un temps où avec seulement 100 ch on pouvait créer un chouette petit coupé sportif. La smart roadster avant l'heure, le blason Porsche en plus !
Ford Focus 4 ST-Line
Une jolie compacte, un moteur sympa et pas trop vorace, un chassis plaisant... on est pas loin du sans faute en fait ?
Porsche 993 Carrera 2
Retour sur la dernière évolution des "vraies" 911 pour mieux se rappeler tout le chemin parcouru depuis et constater que finalement non, tout n'était pas forcément mieux avant. Mais c'était moins cher
Porsche 991 GT3 RS
L'un des derniers monstres sacrés, une bête de course homologuée route. Privilège rare et réservé à une minorité...
Match Porsche 996 C2 / BMW M3 E36
On refait le match des coupés 4 places 25 ans en arrière. Moderne et communicative, la 996 ne souffre que d'un défaut : celui d'avoir osé faire différent. Un défaut qui est précisément la plus grande qualité de la M3, celui d'être la première à rendre les performances d'une GT accessibles au grand public.
Mercedes-AMG A 35
La plus petite des AMG nous fait déjà oublier la précédente A 45, à quoi bon dépenser plus ? Réponse dans l'essai de la nouvelle A 45 !
Toyota GR Supra
Le retour d'une légende... confrontée à la réalité et au pragmatisme. Base commune et moteur BMW ne font pas oublier le travail spécifique de Toyota. Suffisant pour revenir dans la course ?
Citroën CX GTI Turbo
Quand la France osait faire différent des premium allemands, cela donne un engin aussi marginal que surprenant. L'extravagance à la française.
Ford Focus 4 ST
La même en mieux ? La ST-Line avec un gros moteur.. et une punition maximum. Le malus en janvier, ça pique...
BMW 2002 Turbo
Autre vestige d'une époque où les motoristes BMW pouvaient se permettre de faire différent et d'oser. La première sportive européenne à moteur turbo a ouvert la voie au downsizing moderne... il y a déjà 50 ans !
Porsche 718 Cayman T
La plus petite des Porsche mais pas la moins sympa à conduire, bien au contraire ! Dommage pour le prix car en face il y a maintenant Alpine...
Abarth 124 GT
Coup d'épée dans l'eau dont on ne sait plus très bien s'il est encore vraiment en vente. Déjà collector ! C'est dire si les priorités sont ailleurs dans la maison FCA...
Porsche Panamera Sport Turismo Turbo S E-Hybrid
Le monstre de technologie, la démonstration que "quand on veut on peut". Mais en revanche... à quoi ça sert ?
Renault Megane 4 RS Trophy-R
Comment ne pas féliciter la ténacité de Renault Sport sur cette niche que lui seul occupe ? Même si le prix de la démonstration tient de l'absurde, RS surprend encore une fois. La GT3 RS du peuple.
Porsche Cayenne Coupé (Turbo + Hybrid)
Autre démonstration que "quand on veut on peut". Faire d'une camionnette obèse une tueuse de chronos et de virages, vous en avez rêvé (ou pas) mais Porsche l'a fait.
Toyota Yaris GR Sport
Petites ambitions pour un grand nom, Toyota loupe le coche avec cette pompeuse "GR Sport". Juste une mise en bouche avant une vraie Yaris GR hybride ?
Mazda 3 Skyactiv-X
Non le thermique n'est pas mort, ni même l'atmo ! Merci aux motoristes Mazda d'essayer une autre voie, même si le résultat n'est pas encore au niveau espéré.
Volkswagen Golf 7 GTI TCR
Baroud d'honneur dont la Golf 7 GTI aurait pu se passer après la tonitruante Clusport. Espérons que la Golf 8 ne tombe pas dans le même piège de la facilité...
Porsche 992 Carrera 4S
On termine cette année vraiment très Porsche avec son indéboulonnable icône 911, plus GT que jamais dans cette version 4S déjà trop performante. Certains diront d'elle que c'est la meilleure pour la vraie vie, d'autres qu'elle est devenue bien consensuelle. Difficilement critiquable dans tous les cas, sauf à parler prix...