AUDI TT S (8S) (2015 - )
L'ESPRIT ET LA LETTRE
Dans la foulée de sa commercialisation, le TT troisième du nom reçoit sa déclinaison Sport. Avec sa transmission Quattro et son deux litres turbo, elle reprend les ingrédients de la précédente génération tout en se basant sur une nouvelle plateforme. Cela suffira-t-il pour lutter contre des coupés plus noblement motorisés ?
Texte :
Maxime JOLY
Photos : Étienne ROVILLÉ
Quand l'Audi TT de première génération est sortie, en 1998, son langage stylistique à base de formes géométriques et de rondeurs a fait d'elle une icône du design. A tel point, que cette empreinte semble s'inscrire durablement, à la manière du design inamovible et pourtant sans cesse renouvelé, d'une Porsche 911. La 3ème génération (type 8S pour les "audistes"), lancée en 2014, donne lieu à une nouvelle réinterprétation des grands principes de base du TT mais cache aussi de nombreuses évolutions techniques. Quelques jours avant d’essayer le TT Roadster avec le 2.0 TFSI de 230 ch, nous avons pu prendre le volant du nouveau TTS fort de 310 chevaux. La puissance élevée de son 4 cylindres lui permet de lutter dans une catégorie d’ordinaire réservée aux grosses cylindrées tout en évitant un gros malus écologique. Un argument de taille, même dans cette de gamme de prix élevée ?
PRESENTATION
Redessiner sans démoder, telle est la devise d’Audi. C’était moins vrai sur la seconde génération de TT (8J) qui marquait une certaine rupture avec le premier Tourist Trophy mais dont la silhouette demeurait immédiatement reconnaissable. Pour le modèle 2015, Audi a procédé aux quelques retouches qui permettent de mettre à jour son poulain sans bouleverser les codes majeurs du "style TT". La face avant s'aiguise par la présence des nouvelles optiques autour d'une calandre tracée à la règle. Sous ses airs de mini R8, le coupé accentue sa compacité du fait de ses 4,17 mètres de long, soit 21mm de moins que le TT Mk2. L'empattement du TT 3ème génération progresse cependant de 37 mm, à 2m50, tandis que la largeur diminue elle aussi légèrement. Seule la hauteur reste inchangée, à 1m35.
N’espérez passer inaperçu au volant d'un TTS jaune poussin comme celui de notre essai - son vrai nom est "Vegas" et son prix 385 € - mais si vous osez un peu de couleur, vous constaterez à quel point ce coloris lui va bien ! Cela change tellement des flottes de voitures blanches ou grises que l’on croise à n'en plus finir sur nos routes… Apanage de la version S, les deux doubles sorties d'échappement habillent le bas du bouclier arrière et les coques de rétroviseurs en aluminium ajoutent la petite note chic et premium à l'ensemble.
En ce qui concerne les tarifs, Audi n’y est pas allé avec le dos de la cuillère au changement de génération. De toute évidence, les commerciaux sont très confiants dans le succès du TT 3 malgré une concurrence féroce dans la catégorie des coupés et cabriolets. Livré de base avec des jantes 18", il faut rajouter 1.275 euros aux 55.800 du TTS pour passer à la taille du dessus comme sur notre modèle d'essai, équipé des jantes en aluminium forgé (pneus 245/35), et 2.130 € si vous allez jusqu'aux 20 pouces disponibles (pneus 255/30). Et pour ce prix, vous ne disposez même pas des phares à LED. Et pour cause, le surcoût s’élève à 1.475 € et même 2590 € si vous craquez pour le sphares Matrix LED adaptatifs… Une note très salée face à la BMW M235i qui débute à 48.000 € en propulsion mais qui est également disponible en Xdrive. Malgré son rapport poids/puissance pas très éloigné, le coupé Peugeot RCZ-R ne fera sans doute pas d'ombre au TTS. Sur le papier ses performances sont en retrait et il ne dispose ni de 4 roues motrices, ni d'un blason prestigieux... Chez les concurrents potentiels, citons plutôt les deux coupé-cabriolet allemands que sont les Mercedes SLK 350, facturé 56.100 €, et le Z4 sDrive35i affiché quant à lui bien moins cher que l'Audi, à 51.650 €. Ils offrent certes deux places en moins, mais compensent avec deux cylindres en plus et l'avantage de leur toit rigide escamotable. Même le Porsche Cayman, certes moins puissant et encore moins équipé de série, affiche un prix d’appel moins élitiste. De quoi hésiter sérieusement...
HABITACLE
L'Audi TT "3" inaugure une nouvelle présentation intérieure, également reprise dans la dernière R8. A l’opposé de certains constructeurs qui ne jurent que par la philosophie « un bouton = une fonction », Audi a choisi d'épurer au maximum l’habitacle. Ne cherchez pas non plus d’écran ou de tablette dédié à la navigation et/ou au système audio. Et pour cause, tout est concentré dans l’écran du tableau de bord appelé ‘Virtual cockpit’. Un concept ressemblant à ce qu’on trouve sur l’Alfa Romeo 4C. A l’aide des divers boutons et molettes concentrés sur le volant, vous pouvez naviguer dans les menus et sous-menus. Pour ne pas totalement perturber les habitués, il reste quand même quatre boutons autour du clavier digital, en plus des classiques Audi Drive Select, ESP, warning et autres choses selon les options souscrites. Enfin, contrairement à Peugeot qui a compilé la ventilation dans l’ordinateur de la 308 II, on reste dans le TT3 sur un fonctionnement autonome. L’apprentissage du cockpit réclame un peu de temps mais on finit par s’y faire. Les geeks apprécieront le degré élevé de personnalisation de ce gadget qui ne l’est finalement pas tant que ça.
La qualité d’assemblage est irréprochable, au même titre que le choix des matériaux, au moins dans les endroits qui attirent le regard et les mains. La dotation de série comprend la climatisation automatique, le rétroviseur électrochromatique et les jolis sièges sport "S" badgés de leur lettre dans lesquels on est assis bas. Le pack cuir étendu et les sièges chauffants sont en options. A l’instar du coupé Peugeot RCZ, les deux places arrière sont purement d’appoint ce qui bénéficie au vaste coffre à hayon. D'un volume de 305 litres, il a gagné 13 litres.
MOTEUR
Il est maintenant de coutume que l'Audi TTS partage sa mécanique avec la compacte S3, tout en proposant un petit surplus de puissance. Ce principe hiérarchique initié sur la première TTS en 2008 avec son moteur de S3 8P qui passait de 265 à 272 ch a donc été conservé. Sur le TTS 8S, le 4 cylindres 2.0 TFSI EA888 de la S3 8V affiche 310 chevaux, constants entre 5.800 et 6.200 tr/min. Le régime maximal est situé à 6.500 tours. Les valeurs de couple ne changent pas avec 380 Nm annoncés dès 1.800 tr/min mais sur une plage encore plus étendue. Dans les faits, le pic semble davantage se situer à 2.500 tr/min, sans flancher jusqu’à 5.700 tours. Pas mal pour un moteur turbo ! Gorgé de couple sur toute la plage d’utilisation, le 2.0 TFSI en devient extrêmement linéaire et mériterait un regain de folie pour attiser la passion. Pas seulement pour le côté sportif de la chose mais aussi pour gagner en sensations. Les performances annoncées, pourtant remarquables (4.9s pour le 0 à 100 en boîte mécanique) paraitraît presque optimistes en ressenti. Mais le compteur qui grimpe aussi vite que le risque de perdre son permis donne raison aux chiffres du constructeur…
Audi a beau avoir monté un échappement actif et une amplification accoustique dans l'habitacle pour donner de la voix à son deux litres, le plaisir auditif demeure en retrait face à la concurrence. Cela a vraiment de quoi rendre nostalgique de l’époque du VR6 qui animait le premier TT V6. Le marketing dicte sa loi et préconise de laisser le 5 cylindres exclusivement pour le TT RS mais BMW démontre qu’il est possible d’avoir deux six cylindres dans sa gamme sans que cela ne nuise aux ventes du modèle le plus cher…
Pour clore ce chapitre, nous avons eu la chance de tester un exemplaire équipé de la boîte mécanique. Les rapports sont bien étagés, le maniement du levier est précis et chaque rapport se verrouille parfaitement. La boîte S-Tronic est bien sûr proposée en option, moyennant un supplément de 2.400 €, desquels il faut déduire 600€ d’économisés sur le malus écologique (155g contre 164g pour la boîte méca). Un bilan écologique flatteur qui correspond à la réalité de la consommation… en conduite douce. A l’inverse, la moyenne grimpe très rapidement lorsque le pied droit se fait lourd. La magie du cycle normalisé et du stop&start agit rarement dans la vraie vie, surtout lorsqu'il s'agit d'une sportive… Avec les jantes de 20" en option, il est d'ailleurs à noter que la valeur de Co2 du TTS grimpe à 169g/km, directement liée à la surconsommation engendrée par les plus gros pneus.
SUR LA ROUTE
Le TT2 se distinguait de l’A3 par la présence massive d’aluminium afin de rendre le coupé et le roadster plus légers que la compacte. Or, depuis le développement de la plateforme MQB, tous les nouveaux modèles l’utilisant revendiquent une baisse de poids spectaculaire. En partant de ce postulat, comment faire pour que le TT conserve de son exclusivité ? En rajoutant de l’aluminium à celui déjà présent, notamment sur la carrosserie. Ainsi, la baisse de poids d’une génération à l’autre se situe entre 45 et 50 kg. Significatif mais un peu décevant car on reste proche des 1400 kg, ce qui finalement peut sembler encore élevé pour une sportive de ce gabarit.
Si vous avez déjà lu nos essais des VW Golf 7 GTI et Audi S3 Sportback, vous savez tout le bien que l’on pense de la nouvelle plateforme MQB et pour une raison simple : elle a révolutionné la conduite des modèles du groupe Volkswagen concernés. A cela, deux explications. Petit 1, finis les trains avant paresseux. Incisif, celui du TT ne déroge pas à la règle. Autrefois caractérisé par son sous-virage, le TT se découvre de nouvelles vertus et n’hésite plus à défier le conducteur afin de chercher ses limites, et non plus l’inverse. Petit 2, le confort. Autrefois critiquées pour leur manque de confort ou leur suspensions mal calbrées, les productions récentes du groupe Volkswagen démontrent que le bout de bois n'était pas une fatalité. Même si certains modèles n'ont encore pas accès à la suspension pilotée, le TTS - de série - reprend une solution éprouvée, celle du Magnetic Ride qui consiste à faire circuler un liquide magnéto-rhéologique dans les amortisseurs. Placée dans le piston de chaque amortisseur, une bobine électromagnétique va utiliser cette propriété pour freiner ou faciliter le passage du liquide et ainsi assouplir ou durcir la suspension. Il en résulte un confort d’utilisation bluffant sans que le comportement ne soit négligé. Les sièges enveloppants à l’assise douce terminent le travail. L’Audi Drive Select permet de choisir parmi les modes pré-configurés et de créer soi-même ses propres paramétrages sur l’amortissement, la réactivité du moteur ou encore l’échappement. La sportivité "à la carte" est devenu avec le temps un indispensable critère de polyvalence.
Un train avant tranchant, c’est fait. Et l’arrière ? Est-il possible de se faire plaisir avec le Quattro ? On connaît la motricité impossible à prendre en défaut induite par le différentiel Haldex, souvent épinglé comparativement au Torsen des Audi à moteur longitudinal. Il faut reconnaître qu’il a progressé maintenant qu’il est capable de basculer le couple sur l’arrière et de gérer la répartition via le wheel-selective torque control. Toujours typé traction malgré tout par défaut, il n'y a qu'en brusquant les freins qu'on découvre que l’arrière du TTS aurait bien envie de jouer un peu lui aussi. A propos des freins, rien à redire sur leur puissance d’exécution, assez phénoménale !
AUDI TTS Roadster
Un peu plus lourd (1450 kg à vide), un peu moins performant (0 à 100 km/h en 5"2) et plus cher (+3.500 €), le TTS Roadster enlève sa capote en toile sur demande pour aborder la route autrement. On se focalisera moins sur le manque de caractère du 2.0 TFSI pour profiter de sa rondeur et sa capacité à enrouler au couple sans effort. Dans cette configuration, la boîte Stronic retrouve son intérêt pour rendre la conduite plus fluide et abaisser la consommation. Mais le ticket d'entrée atteint alors les 61.200 €, ce qui n'est plus très loin d'une Porsche Boxster S 981...
CARACTERISTIQUES TECHNIQUES
AUDI TT S (8S) Coupé / Roadster
MOTEURType : 4 cylindres en ligne, 16 soupapes
Position : transversal AV
Alimentation : Bi-injection + turbo (1,2 bars) avec échangeur + Valvelift
Cylindrée (cm3) : 1984
Alésage x course (mm) : 82,5 x 92,8
Puissance ch DIN à tr/mn : 310 de 5800 à 6200
Couple maxi en Nm à tr/mn : 380 de 1800 à 5700
TRANSMISSION
4x4 (Haldex) + ESP
Boîte de vitesses (rapports) : manuelle (6) ou Stronic (option)
ROUES
Freins Av-Ar (Ø mm) : disques ventilés (338) - (310) + ABS
Pneus Av-Ar : 245/40 R 18 93Y
POIDS
Données constructeur (kg) : 1365 / 1450
Rapport poids/puissance (kg/ch) : 4,4 / 4,7
PERFORMANCES
Vitesse maxi (km/h) : 250 (limitée)
1000 m DA :
0 - 100 km/h : 4"9 / 5"2
CONSOMMATION
Moyenne cycle mixte (L/100 km) : 6,9
Moyenne de l'essai (L/100 km) : 11
CO2 (g/km) : 164 / 169
PRIX NEUF (05/2015) : 55.800 €
PUISSANCE FISCALE : 20 CV
CONCLUSION
:-) Design Présentation intérieure Maniement et étagement de la boîte mécanique Performances Train avant incisif Magnetic Ride de série Freinage Poids en baisse |
:-( Avare en sensations Manque de noblesse mécanique Tarifs Places arrière symboliques |
L'Audi TT est mort, vive l'Audi TT ! Ce nouveau TTS évolue par rapport à la précédente génération sur le plan dynamique grâce à un train avant plus incisif et un arrière plus mobile. Parfaitement utilisable au quotidien, cela en fait un beau jouet pour tous les jours. Dommage qu’il soit toujours un peu avare en sensations avec son 4 cylindres sans relief, y compris sur le plan musical. Pour les amateurs de gros son, mieux vaut attendre le RS. Mais ce ne sera pas le même prix...