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FERRARI F430 Spider 16M (2008 - )

ferrari spider 16m
© L'AUTOMOBILE SPORTIVE (14/03/2011)

HOMMAGE A LA COURSE

Après l’effarante F430 Scuderia, Ferrari profite de son 16ème titre constructeur en Formule 1 pour décliner le concept sur la Spider. La formule magique qui consiste à gonfler le moteur et à réduire le poids est donc reconduite pour cette édition limitée à 499 exemplaires. Vraie nouveauté ou simple coup marketing ?

Texte : Maxime JOLY
Photos : Étienne ROVILLÉ

C’est tous les ans pareil. Avec l’arrivée du Soleil, l’envie de rouler sans toit revient en force. Alors quand il s’agit d’essayer un collector de choix sortant des usines de Maranello, l’excitation est à son comble. Lassé par les éditions limitées trop souvent dénuées d’intérêt, il nous tenait à cœur de vérifier l’attrait du Spider 16M Scuderia ! En novembre 2008, un 16ème titre mondial des constructeur a été épinglé au tableau de chasse de la Scuderia Ferrari avec les pilotes Felipe Massa et Kimi Raïkonnen. Une performance qui aurait surtout fait plaisir au Commendatore, mais qui est surtout à mettre à l'actif de la période faste initiée par Luca di Montezemolo.

Même si la période Schumacher est révolue, les succès perdurent sur les circuits comme sur la route. C'est ainsi que Ferrari décida de célébrer comme il se doit son 16ème titre par une version spéciale de la F430 aujourd'hui remplacée par la 458 Italia. On en avait entendu parlé, et le net bruissait de signes avant-coureurs, jusqu'à ce que le directeur commercial de Ferrari Spa lors de la présentation de la California laissa en fond d'écran sur son ordinateur une photo de la future Spider 16M, que l'on appelait alors encore la Scuderia Roadster ! Une nouveauté produite à seulement 499 exemplaires et dévoilée officiellement cette fois au Mugello, lors des World Series 2008.

PRESENTATION

arriere ferrari spider 16m

Sculptée comme une déesse, on marque un temps d’arrêt dès qu’on aperçoit ce joyau automobile qu'est la Ferrari Spider 16M Scuderia. Par rapport au Spider F430, elle arbore les spécificités esthétiques de la F430 Scuderia. La liste est longue et commence par un abaissement de 15 mm, un aérodynamisme retravaillé, un bouclier avant redessiné, un nouveau diffuseur d’air arrière, deux immenses sorties d’échappement centrales et les jantes de 19 pouces héritées de la version coupé. L’écusson 16M Scuderia est évidemment positionné à certains endroits stratégiques.

Ainsi, la 16M n’est pas qu’une belle gueule, elle dégage aussi une intimidante bestialité… Face à une telle beauté qui s’offre à vous dénudée, vous auriez le courage de la rhabiller ? Ce serait du gâchis. Et puis, peu importe la configuration choisie, la tradition du moteur exposé est perpétuée, y compris dans cette déclinaison décapotée, là où chez Lamborghini et Audi, on préfère jouer les pudiques sur les Gallardo et R8 V10 Spyder. Quelle faute de goût… Le programme de personnalisation, toujours très riche chez Ferrari, permettait aux acheteurs de choisir entre une multitude de détails afin que chacun ait l’exemplaire dont il rêve. L’option la plus recherchée en occasion semble être les bandes italiennes, comme sur notre modèle d’essai, en lieu et place des bandes grises.

HABITACLE

compteurs ferrari

Dépouillé, l’intérieur l’est assurément. Il a bien fallu économiser quelques kilos pour arriver aux 80 qui séparent la Spider de la 16M. Cependant, je m’attendais à quelque chose de plus affirmé. Pour preuve, bon nombre d’éléments de confort sont encore présents, à commencer par le GPS qui demande gentiment de respecter le code la route (sic) ou bien encore la climatisation automatique. Si Madame en a marre de subir les cris du V8, elle pourra se consoler en écoutant de la musique sur l’Ipod gracieusement offert. Seule l’installation à bord de la voiture demande un peu de dextérité, et encore, ce n’est absolument comparable à une Lotus Elise.

Sans être exceptionnelle, la qualité de fabrication est plutôt bonne, en tout cas bien supérieure à ce que certains veulent bien faire croire même si on remarque ici ou là quelques petits défauts – les commodos un peu cheap par exemple. L’habitacle a beau rappeler l’univers de la course, il se doit de satisfaire les exigences des personnes susceptibles de débourser le coquet prix demandé. Alcantara, cuir et carbone se partagent les meilleures places et si ça ne suffisait pas, il existait un pack carbone pour les sièges baquet au maintien exceptionnel. Et vu les g latéraux encaissés, il faut bien cela ! A part ça, édition limitée oblige, une plaque (non numérotée) rappelle juste le nombre d’exemplaires produits et le compte-tours jaune affiche 10.000 tours et 360 de vitesse maxi.

MOTEUR

moteur v8 4.3 510 ch ferrari spider 16m scuderia

Tout nouveau, tout beau, le V8 de la F430 est de retour. Il partage sa base avec celui qui équipe les Maserati 4200 GT, GranSport et Spyder et fait table rase du passé puisqu’il n’a plus rien à voir avec les précédents 8 cylindres des F355 et 360 Modena. Retour donc à la norme avec quatre soupapes par cylindre pour celui qui restera dans l’histoire comme étant le dernier à échapper à l’injection directe, elle qui sévira peu après sur la California. A peine le contact mis, on comprend immédiatement qu’il est pas là pour rigoler tant le violent coup de gaz vous tétanise et impose le respect. Ce cri strident est la marque de fabrique des V8 très hauts régimes conçus chez Maranello, bien différents des 4.2 et 4.7 qui se trouvent sous les capots des Maserati modernes. Le ralenti est plus doux, à cause des clapets utilisés pour contrecarrer les normes actuelles en matière de bruit. Mais pour le ralenti seulement… Afin d’éviter toute impression de creux à bas régime, les ingénieurs ont utilisé une distribution variable en continu à l'admission et à l'échappement et par rapport à la F430 classique, les Scuderia et 16M reçoivent un nouveau collecteur et un filtre à air en carbone.

Du coup, la puissance dépasse les 500 ch pour 510 annoncés, se rapprochant de la barre fatidique des 120 ch/l, franchie depuis par la 458 Italia. Pour arriver à un tel rendement, le taux de compression passe à 11,8 :1, de nouveaux pistons sont utilisés, les pipes d’admission polies et l’échappement libéré. La puissance maximale est toujours atteinte à 8.500 trs/min, soient 150 tours avant le régime maximal. Au-delà d’une amélioration qui peut sembler anecdotique - le couple grappille 5 Nm pour plafonner ici à 470 Nm - c’est la modification de la courbe qui est la plus intéressante avec un rendu plus explosif en haut et un gain de souplesse en bas. Tout cela se traduit immédiatement sur les chronos où le 0 à 100 passe à 3,7 secondes, c’est-à-dire 0,4 secondes de moins que sur la F430 Spider !

Le dicton qui dit qu’elle obéit au doigt et à l’œil n’a jamais été aussi vrai. Le nouveau Manettino permet de régler à sa guise le tempérament de la Ferrari en bougeant simplement un bouton placé sur le volant. Cinq modes sont disponibles : chaussée mouillée, Sport (normal en réalité), Race qui réduit les temps de passage de la boîte, CT Off où seul le contrôle de trajectoire reste enclenché et enfin le CST Off qui supprime toutes les aides à la conduite. Pour prendre un maximum de plaisir, il faut au minimum enclencher le mode Race, juste jouissif. En plus des clapets qui sont ouverts, les temps de passage des rapports sont abaissés à 60 ms au-dessus de 5.000 tours, incitant le conducteur à faire hurler le monstre. Placé derrière vous, il vous en donne pour votre argent. Mieux qu’un concert, mieux qu’une salle de cinéma, le V8 prend les tours à un rythme endiablé sans jamais montrer le moindre signe d’essoufflement. Plus vous le cognez, plus il en réclame avec énergie. Avec lui, c’est un peu le « je tends l’autre joue pour me faire battre » mais quel (coup de) pied ! Et pour finir, après l’arrêt du moteur, les bruits du crépitement interpellent, fascinent. Ce n’est pas que de la mécanique, c’est presque vivant…

La boîte robotisée associée aux palettes au volant étant obligatoire, il n’est pas question d’espérer trouver un modèle équipé de la bonne vieille grille. De l’aveu même du propriétaire, c’est un peu une déception mais il admet que la boîte F1 Superfast 2 (qui porte bien son nom !) a d’autres qualités et sait se faire adopter. Contrairement à la boîte double embrayage, au caractère lisse à l’image de notre monde politiquement correct, le comportement de la boîte robotisée est beaucoup plus rock ‘n roll. La poussée est vertigineuse, les rapports passés en un éclair vous collent à votre baquet comme si vous veniez d’être plaqué par Jonah Lomu et maltraitent votre nuque avec la force d’un rouleau compresseur. Mais c’est ça qui est bon ! La panoplie du parfait "kéké" est contenue en une seule et simple fonction, le fameux Launch Control qui vous permet de remporter les grands prix du feu vert.

SUR LA ROUTE

essai ferrari spider 16m

Les cabriolets manquent de rigidité ? Ouais c’est ça… Va falloir se remettre à la page. Ce temps-là semble révolu, notamment depuis la Porsche Carrera GT, entre autres. Nous avions été subjugués par le résultat atteint sur l’Audi R8 Spyder, nous le sommes tout autant avec cette F430 Spider 16M qui arrive quasiment au niveau de la berlinette. A la fois profiter pleinement du soleil et aller tourner sur circuit avec un véhicule vraiment prévu pour, y’en a qui ont de la chance quand même. Le bouton qui est au-dessus du LC gère les suspensions et tout est réglable. Il est désormais possible de combiner un amortissement souple au mode Race et a contrario, une plus grande fermeté au mode Sport, ce qui représente une vraie révolution. Clairement, la Ferrari surprend par son confort d’utilisation qui sied parfaitement à ce que doit offrir un Spider. Moi qui m’attendais à m’asseoir sur un bout de bois, la réalité est toute autre. La polyvalence de l’italienne est remarquable, se payant le luxe d’être supérieure à pas mal de sportives énervées bien moins performantes, c’est dire. Dans le genre, seules les dernières Porsche GT3 et GT3 RS nous avaient autant scotchées.

Le châssis est extrêmement sain et peut au besoin, grâce au Manettino, être suppléé par des aides électroniques afin de parer aux éventuelles erreurs de pilotage dont le contrôle de stabilité et l’antipatinage F1-TRAC. Même si vous les déconnectez, la 16M ne se montre jamais piégeuse, à l’opposé de trop nombreuses sportives modernes conçues pour n’être conduites qu’avec les assistances. Pour tous ceux qui souhaitent perfectionner leur pilotage sans avoir à rédiger leur testament avant d’embarquer, difficile de trouver une meilleure prétendante. Tant qu’ils gardent à l’esprit qu’ils ont 510 purs sang prêts à leur botter le c… Trop polyvalente par rapports aux anciennes supercars de la marque pour certains « puristes » mais que leur répondre, si ce n’est que le but n’était pas de refaire une F40 ? Les temps de passage en courbe, le rythme de croisière avec des temps supersoniques, tout est en dehors des normes que nous connaissons habituellement. Le train avant cisèle la route et aspire tout sur votre passage. Si on apprécie son côté haute sur pattes pour une conduite de tous les jours, cette caractéristique lui fait prendre plus de roulis que ses concurrentes de Zuffenhausen, c’est là le seul défaut que l’on peut lui imputer. Ne pas pouvoir profiter de cette puissance illimitée à cause de nos points de permis qui eux ne le sont pas vire presque à la séance sado-masochiste. Les 80 kg supprimés (soit une masse totale de 1340 kg pleins faits) n’ont fait que de rendre plus agile la voiture à la répartition des masses déjà favorable (43/57). Le Cx a été retravaillé pour passer à 0,33 tandis que l’appui est en hausse de 10% pour atteindre 300 kg à 300 km/h. Les Pirelli P-Zero Corsa de la Scuderia sont également reconduits sur la 16M. Le petit chaperon rouge d’aujourd’hui freine heureusement encore bien plus fort qu’elle accélère ! Avec ses gigantesques disques céramiques (imposés) de 398 mm et ses étriers à six pistons à l’avant, contre quatre à l’arrière, l’inverse serait fâcheux.

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S’agissant d’éditions limitées, les Ferrari Scuderia et 16M sont faiblement impactées par le phénomène de décote. Ce qui signifie qu’en dehors de quelques illuminés demandant 400.000 € pour leurs modèles, le « vrai » prix se situe entre 230 et 240.000 €. Sachant qu’il peut varier selon l’origine du véhicule, son état, ses options, etc. Récemment, Lamborghini a riposté à l’offre de Ferrari, avec la Gallardo Spyder Performante qui n’est autre que la version découvrable de la Superleggera 2, mas il n'est pas dit que sa valeur de revente restera aussi durable que celle de la Spider 16M !

Contrairement à ses devancières, la F430 bénéficie d’une distribution par chaîne, oubliez donc le casse-tête de la courroie, ce qui aurait dû en toute logique entrainer une réduction des coûts d’entretien. Quand on y regarde de plus près, pas tant que ça. Les tarifs des disques carbo-céramiques (obligatoires) font froid dans le dos (23.000 € les 4), tout comme celui du remplacement de l’embrayage, à la durée de vie très courte (comme toujours avec les boîtes robotisées). On peut quand même considérer que sur un véhicule de plus de 200.000 € qui ne décotera pas, l’acheteur devrait pouvoir assumer ces travaux…

CARACTERISTIQUES TECHNIQUES
FERRARI F430 Spider 16M

MOTEUR
Type : 8 cylindres en V à 90°, 48 soupapes, 2x2 arbres à cames en tête
Position : longitudinal central AR
Alimentation : Gestion électronique intégrale
Cylindrée (cm3) : 4308
Alésage x course (mm) : 92 x 81
Puissance maxi (ch DIN à tr/mn) : 510 à 8500
Couple maxi (Nm à tr/mn) : 470 à 5250
TRANSMISSION
AR + CST + E-Diff + F1-Trac.
Boîte de vitesses : F1 robotisée 7 rapports
ROUES
Freins Av-Ar : disques carbone-ceramique ventilés percés ( 398 x 36 mm) + étriers alu 6 pistons fixes - disques carbone ceramique ventilés percés ( 350 x 34 mm) + étriers alu 6 pistons fixes + ABS
Pneus Av-Ar : 235/35 R19 - 285/35 R19 (Pirelli PZero Corsa)
POIDS
Données constructeur (kg) : 1340
Rapport poids/puissance (kg/ch) : 2,62
fiche technique ferrari spider 16m scuderia
PERFORMANCES
Vitesse maxi (km/h): 315
400 m DA: ND
1 000 m DA: ND
0 à 100 km/h: 3"7
0 à 200 km/h: ND
CONSOMMATION
Moyenne (L/100 Km): ND
COTE (2011) : 230.000 €
PUISSANCE FISCALE : 44 CV

CONCLUSION

:-)
V8 de folie !
Plein les oreilles…
Performances hallucinantes
Travail sur le poids
Châssis efficace et sain
Rigidité bluffante
Utilisable au quotidien
Modèle charismatique
Collector
Efficacité du freinage…
:-(
…mais céramique obligatoire
Pas de boîte mécanique en option
Pas assez radicale pour les puristes ?
Prix !
Pas de permis illimité…

Combiner le plaisir des vocalises du V8 cheveux au vent tout en revendiquant des performances de supercar, il est difficile d’imaginer mieux. Polyvalente et assez facile à prendre en main par rapport aux anciennes gloires de la marque, elle permet à quiconque de mettre un pied dans le prestige Ferrari sans mettre l’autre dans la tombe. Une authentique voiture de rêve…

Nous remercions Air & Compagnie de l’aérodrome de Toussus-le-Noble pour leur accueil et le propriétaire de cette 16M qui se reconnaîtra.

PHOTOS


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