2006-2016 : 10 ANS DE GTI COMPACTES
Age mûr ou déraison ?
Cela fait 40 ans que cela dure et ce n'est pas parti pour s'arrêter. Quasiment toutes les marques sont représentées dans cette catégorie des compactes sportives, y compris les premiums. Chacune désirant sa part du gâteau, un décryptage s'impose...
Texte : Maxime JOLY & Sébastien DUPUIS - Photos : D.R.
Si vous faites partie de nos plus fidèles lecteurs, vous vous souviendrez peut-être qu'il y a (déjà !) 10 ans, nous avions réalisé un comparatif consacré à l'évolution des compactes sportives entre 1985 et 2005. Une mise en lumière sur l'évolution de l'espèce qui permettait de constater qu'en 20 ans, la puissance moyenne avait doublé dans la catégorie. Qu'en est-il dix ans plus tard ? La machine continue à s'emballer, sous l'impulsion des premiums allemands. La puissance moyenne a fait un nouveau bond de +50% et on s'apprête à accrocher prochainement la barre à 400 ch avec la nouvelle Audi RS3, tandis que Mercedes l'avait déjà hissée à 380 ch avec sa Classe A 45 AMG restylée... Et cela ne concerne pas que le trio Mercedes-Audi-BMW, puisque désormais on peut disposer de 350 ch en toute décontraction à bord d'une Ford Focus. Vous avez dit déraisonnable ?
10 ANS DE COMPACTES SPORTIVES
Lancée en 2010, après une première génération qui avait progressivement évolué, la Renault Megane 3 RS de 250 ch a rapidement imposé de nouvelles références dans la catégorie. Alors qu'elle vient de faire ses adieux avec 275 ch, ce n'est pourtant pas celle qui contribua le plus à la course à la puissance. Elle laisse néanmoins derrière elle deux records en catégorie traction sur le Nürburgring qui auront marqué la décennie écoulée comme celle du renouveau des berlines compactes sportives. Car avec la généralisation du turbo, les « petites » GTI poussent aussi derrière et la barre des 200 chevaux est à présent le minimum syndical. 208 ch pour la 208 GTI by Peugeot Sport, 220 pour Renault Clio RS Trophy, 231 pour les Audi S1 et MINI F56 JCW, on constate des performances dignes des « grosses » d'il y a 10 ans. La catégorie supérieure doit s'adapter et céder à la course à la puissance. SEAT n'a jamais été à la traîne sur ce point depuis la première Leon. Avec déjà 240 ch en 2006, la Cupra mk2 était encore l'une des mieux servies. La Cupra récemment revue à 290 ch ne mise plus sur le seul argument de la puissance. Avec son châssis redoutablement efficace et un record chipé à la Megane RS pendant quelques mois, elle est incontestablement devenue l'une des stars du moment. Se dotant des meilleurs atouts pour séduire, elle est même disponible dans toutes les carrosseries possibles, break inclus.
Après des débuts timides en 2010 et seulement 200 ch, la 308 GTi est revenue en 2015 avec 270 ch et enfin réintroduit Peugeot dans le top de la catégorie. En dépit de son petit moteur 1.6L face à une majorité de 2.0L, elle compense par un poids contenu (cf. notre comparatif avec la Civic Type R) et un malus écologique rikiki. En ligne de mire de la Peugeot, toujours la même référence indéboulonnable : la Golf GTI. Depuis 40 ans, elle anime les débats et défriche de nouvelles voies. Comme c'est le cas depuis la VR6, elle propose plusieurs philosophies par le biais de multiples versions pour ratisser toujours plus large. Il y a, d'un côté, la GTI classique (qui n' a gagné que 20 ch en 10 ans) et de l'autre la R de 300 ch, liée à la transmission intégrale. Cette dernière est l'héritière d'une R32 qui pouvait compter sur son 6 cylindres pour séduire, malgré des performances simplement dans la moyenne. Pas sûr qu'on ait gagné au change. De son côté la GTI a sérieusement repris du poil de la bête pour fêter son quarantenaire, établissant un nouveau chrono de référence sur le "ring" cette année, via une version Clubsport S boostée à 310 ch ! Puisqu'on parle chrono et renaissance, impossible de passer sous silence la Civic Type R. Malmenée par la concurrence en 2007, la CTR FN2 avait perdu de sa superbe et décevait par des performances en retrait. Dernier défenseur du moteur atmo à haut régime, Honda aura mis du temps pour accepter la marche du "progrès". Convertie sur le tard au turbo, au terme d'une longue abstinence, la Civic Type R est finalement revenue en 2015 au mieux de sa forme. Revue de fond en comble et passant de 200 ch à 310 ch (soit la même évolution que la Golf GTI, sans overboost), elle a signé elle aussi de son nom la liste des championnes du nurb'. Sans manquer de créer la polémique...
Un autre constructeur dispose de plusieurs offres à son catalogue : il s'agit de Ford. La Focus ST de 250 est une pure traction tandis que la méchante RS de 350 ch est passée aux 4 roues motrices. Affichée moins de 40.000 €, hors malus, elle brouille les pistes et fait mal à la concurrence. Mieux, elle conserve un véritable état d'esprit GTI malgré sa solution technique. Difficile pour autant de faire oublier le fameux 5 cylindres des Focus ST de 2005 et RS de 2009 (cf. notre reportage sur les 3 générations de Focus RS)...
Puisqu'on parle intégrale et 5 cylindres, le cas Audi est tout aussi intéressant. La première génération de l'Audi S3 se positionnait au sommet de la catégorie question puissance, visant une clientèle qui cherche autant une compacte luxueuse que performante. De 265 ch sur la S3 de 2005, l'allemande "sport et chic" a pourtant fini par être dépassée avec les 300 ch de la S3 actuelle. Mais Audi s'autorise maintenant à aller beaucoup plus loin par le biais de la RS3, dont la deuxième génération est devenue enfin intéressante à conduire. Pour ceux qui cherchent une compacte 5 cylindres en ligne, c'est désormais l'unique offre du marché. Mais gros budget obligatoire ! Même constat pour la Mercedes A45 AMG restylée, le charme mécanique en moins. Et le plaisir, également. La plus chère de la catégorie est la moins marrante à manier, dommage. BMW est évidemment présent dans le haut de l'échelle de puissance, sous une forme unique, puisque la M135i (renommée M140i) est aussi toujours la seule à proposer la propulsion (transmission Xdrive optionnelle) et une mécanique 6 cylindres. Pas fondamentalement sportive cependant, ses deux caractéristiques en font tout de même un modèle attachant, d'autant que ses tarifs sont plutôt compétitifs en prix de départ. On pourra toutefois regretter que la M2 ne soit disponible qu'en coupé.
Terminons sur une note provocatrice. Depuis plus de 10 ans maintenant, le diesel s'est invité dans la course avec, naturellement, des objectifs différents. Encore une fois, la Golf a ouvert une brèche en étant l'une des premières à conjuguer sportivité et Diesel. Pour lui répondre, la Mégane 2 eut également droit à sa RS DCi, avant de restreindre ce choix à la finition GT. Chez Peugeot, c'est justement cette gamme qui sert à vendre du gros HDi mais on s'interdit encore de vouloir en faire une sportive. Un pas que Ford n'hésite pas à franchir avec la Focus ST TDCi. Si la mécanique ne fait pas oublier ses origines agricoles, c'est de loin la plus sportive de toutes côté châssis. Enfin, au sein du groupe VAG, le moteur de la Golf 7 GTD fait également les beaux jours de la Leon FR TDI, avec un ensemble capable de donner du fil à retordre à certaines sportives à essence. Cela étant, l'actualité récente du Diesel laisse penser que malgré les énormes progrès accomplis, cette technologie n'est plus en odeur de sainteté. L'âge d'or du Diesel semble donc bel et bien terminé et son déclin, déjà amorcé dans les ventes, semble désormais inévitable...
QUELLE TENDANCE POUR 2025 ?
Plus puissante, plus efficace, plus sobre et toujours aussi polyvalente, la compacte sportive de 2016 a relevé tous les curseurs d'un cran par rapport à 2006 pour établir de nouvelles références. Mais s'il faut dessiner une tendance pour les prochaines années, celle-ci devrait être marquée par une nouvelle rupture technologique. Si à court terme les prochaines Megane 4 RS et Honda Civic utiliseront globalement des recettes éprouvées, l'horizon qui se dessine pour les motoristes passera surtout par l'introduction de technologies hybrides pour abaisser les consommations et niveaux de co2, de plus en plus durement taxés.
Mais il ne faut pas forcément voir cette perspective comme la fin des (vraies ?) voitures plaisir. Avant de, peut-être, devenir totalement électrique un jour, à n'en pas douter les constructeurs trouveront la parade pour assurer la survie de l'espèce, tout en continuant à augmenter le niveau de performances ! Si le concept-car Peugeot 308R Hybrid semble indiquer le chemin à suivre en la matière, il ne devrait malheureusement pas connaître de suite immédiate en production. Et c'est encore une fois la Golf qui devance tout le monde en proposant une inédite version GTE, sorte de Golf GTI convertie à l'écologie. Perfectible sur le plan sportif, certes, mais elle pose déjà une roue dans le futur...
L'EVOLUTION EN CHIFFRES
VW Golf V GTI PRIX NEUF (2005) : 29.350 € 12 CV FISCAUX 1984 cm3, turbo 200 ch de 5100 à 6000 tr/mn 280 Nm de 1800 à 5000 tr/mn Boîte : manuelle ou double embrayage (6) Freins : Disques ventilés (312 / 286) Pneus : 225/45 R17 Poids : 1355 kg 0 à 100 km/h : 6"9 |
VW GOLF VII GTI Clubsport PRIX NEUF (2016) : 37.400 € 16 CV FISCAUX 1984 cm3, turbo + overboost 265 ch de 5350 à 6600 / 290 ch de 5400 à 6500 tr/mn 350 Nm de 1700 à 5300 / 380 Nm de 1800 à 5350 tr/mn Boîte : manuelle ou double embrayage (6) Freins : Disques ventilés (340 / 310) Pneus : 225/40 R18 Poids : 1300 kg 0 à 100 km/h : 6"3 |
CONCLUSION
Alors que les limitations de vitesse ne cessent de baisser et que les mesures répressives sont toujours plus nombreuses, la puissance et le niveau d'efficacité ne finissent pas de grimper. La recette semblant cependant toujours aussi bien fonctionner, on imagine mal les constructeurs revenir en arrière…
Lire aussi : l'évolution des compactes sportives entre 1985 et 2005